Rational (Durand de Mende)/Volume 5/Septième livre/Chapitre 07

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Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 5p. 35-45).


CHAPITRE VII.
DE LA PURIFICATION DE SAINTE MARIE (5).


I. Parmi tous les saints, la glorieuse mère de Dieu, Marie toujours vierge, occupe le premier rang comme étant la plus digne et la plus excellente de toutes les créatures ( Extra De pœnit. et remiss. nova).

II. L’Église, en son honneur, célèbre à quatre époques de l’année quatre festivités solennelles, savoir l’Annonciation, l’Assomption, la Nativité et la Purification. Car, en tout temps, nous devons avoir en notre mémoire Celle qui, en tout temps, intercède auprès de son Fils pour nous, pécheurs. Deux de ces festivités sont communes à la Vierge et à notre Seigneur : ce sont la Purification et l’Annonciation. Or, ces quatre festivités se font suivant les quatre bénédictions qui sont renfermées dans la salutation de l’Ange à la Vierge elle-même. La première bénédiction est : Ave Maria, gratia plena, « Salut, Marie, pleine de grâce, » qui convient à la première festivité, qui est l’Annonciation, savoir quand l’Ange salua la Vierge, et qu’elle conçut par l’opération du Saint-Esprit, étant devenue ainsi pleine de grâce. La seconde est : Dominus tecum, qui se rapporte à l’Assomption, savoir quand elle fut élevée au ciel, parce qu’alors elle fut avec son Seigneur, c’est-à-dire son Fils, qu’elle vit comme le Seigneur ; car auparavant elle ne l’avait pas vu, en sa qualité de Seigneur Dieu, si manifestement en son essence.

III. La troisième bénédiction est : Benedicta tu in mulieribus, « Tu es bénie parmi les femmes, » qui convient à la Nativité, parce qu’alors elle naquit après avoir été sanctifiée dans le sein de sa mère. Car il n’y a aucune femme qui ait été sanctifiée dans le sein de sa mère, et c’est pour cela qu’elle a été appelée castrum, « forteresse, » à cause de son privilège spécial ; car les démons n’ont jamais brisé ou envahi ce fort. La quatrième bénédiction est : Benedictus fructus ventris tui, « Béni est le fruit de ton entre, » qui s’adapte à la quatrième festivité, savoir à la Purification, parce qu’alors elle offrit ce fruit béni dans le temple.

IV. Il en est encore qui célèbrent une cinquième fête, savoir celle de la Conception de la bienheureuse Marie, en disant que, de même qu’on célèbre la fête de la mort des saints, non à cause de cette mort, mais parce qu’alors ils ont été admis aux noces éternelles, de même on peut célébrer la fête de la conception de la Vierge, non à cause de sa conception elle-même, puisqu’elle a été conçue dans le péché, mais à cause de sa conception comme mère de Dieu, assurant que cela fut révélé à un certain abbé qui avait fait naufrage ; ce qui cependant n’est pas authentique : c’est pourquoi on ne doit pas l’approuver, puisque la Vierge a été conçue dans le péché, c’est-à-dire par un commerce charnel, per concubitum maris et feminœ (De consec., dist. iv, Firmissime). Cependant, bien qu’elle ait été conçue dans le péché, ce péché d’origine a été effacé en elle, puisqu’elle a été sanctifiée dans le sein de sa mère, comme Jérémie et saint Jean-Baptiste ; c’est pourquoi et avec raison on célèbre sa nativité et celle du bienheureux Jean-Baptiste. J’entends parler ici de la nativité ou naissance du sein de la mère, c’est-à-dire quand les enfants viennent à la lumière ou au monde. Mais leur nativité dans le sein de la mère, c’est-à-dire quand leurs âmes ont été infusées dans leurs corps, n’est point célébrée, comme il a été dit ci-dessus. Il y a encore une sixième fête, qui est la festivité de l’accouchée, parientis, c’est-à-dire la fête de Noël ; mais comme c’est en même temps la fête du Fils et qu’elle exige un office plein et qui ait de l’unité, c’est pourquoi on ne la solennise pas en l’honneur de la Vierge, excepté dans l’octave, où il en est ainsi, comme on l’a déjà dit dans la préface de cette partie. Il y a encore une septième fête de la bienheureuse Marie aux martyrs, dont on parlera à la fête de tous les Saints. Or, comme la fête de la Purification, d’après la division de cette septième partie, précède dans l’ordre du temps les autres fêtes de la Vierge, c’est pourquoi nous parlons ici de cette fête.

V. Or, il y a aujourd’hui une double fête. Premièrement, quant à la couche (la fête de la couche), que l’on appelle l’Hypante, c’est-à-dire obviatio (la rencontre), parce que dans cette solennité Anne la prophétesse et Siméon rencontrèrent la bienheureuse Marie qui venait présenter et offrir au temple le Christ son Fils. Car le mot grec υπαντη, qui se dit en latin obviatio, rencontre, vient du verbe qui correspond à ire, aller, et de αντι, contra, à la rencontre. L’arrivée du Seigneur dans le temple désigne son arrivée ou son entrée dans l’Eglise et dans l’ame de tout fidèle, qui est un temple spirituel. Le Seigneur a prédit cette arrivée ou cette entrée, ou cet avènement, par le prophète Malachie (c. iii) : « Voilà que j’envoie mon ange devant ta face, et il préparera la voie devant ma face, et aussitôt le dominateur viendra à son temple ; » ou bien on dit υπαντη, c’est-à-dire prœsentatio, (présentation), parce que le Christ dans cette fête a été présenté au temple.

VI. La seconde fête est (quant à l’accouchée) celle de l’accouchée, et elle est dite fête de la Purification, parce que la bienheureuse Vierge, bien que n’ayant pas besoin de purification, bien que n’étant pas astreinte à la loi de la purification, puisqu’elle n’avait rien d’impur en elle, n’ayant point enfanté suivant les règles ordinaires de la nature (nec peperit suscepto semine), a cependant voulu remplir le précepte de la loi. En effet, il est dit dans le Lévitique (chap xii) : « La femme qui, après avoir conçu, mettra au monde un enfant mâle, sera impure pendant sept jours. » Elle était séquestrée du commerce des hommes et était éloignée de l’entrée du temple, ou ne pouvait entrer dans le temple. Les sept jours écoulés, elle était pure quant au commerce des hommes, c’est-à-dire qu’elle pouvait fréquenter la société des hommes. Cependant elle était encore impure quant à son entrée dans le temple, jusqu’au trente-troisième jour, jusqu’à ce qu’elle fût purifiée menstrui fluxus, aux termes de la loi. Et, après l’accomplissement des quarante jours, le quarantième jour elle entrait dans le temple et offrait son enfant avec des présents. Si elle était accouchée d’une fille, on doublait le temps de sa séquestration d’avec les hommes et de son éloignement du temple, de même que le temps de la formation d’une enfant femelle est double de celui de la formation d’un enfant mâle.

VII. Car le corps d’un enfant mâle est complètement organisé en quarante jours, et le plus souvent, au bout de quarante jours, son ame descend en son corps par infusion. Mais il faut quatre-vingts jours pour l’organisation du corps d’une fille, et son ame vient animer son corps au bout de ce temps, comme il arrive le plus souvent. Ainsi donc, si une femme avait enfanté un mâle, l’entrée du temple lui était interdite pendant quarante jours, à partir du jour de la naissance de l’enfant, et pendant quatre-vingts jours, si c’était une fille. Cependant, aujourd’hui, il lui est permis d’entrer aussitôt dans l’église, de peur que ce qui n’est qu’une peine ne lui soit imputé comme une faute (v d. § Hœc si, et c. seq. ; Extra De purif. post part., cap. uno). Cependant une femme qui se sent prise des douleurs de l’enfantement ne doit pas entrer dans l’église, ou du moins doit prendre ses précautions pour ne pas la polluer. Or, le prêtre doit souvent avertir de se confesser la femme qui est près de son terme, afin que, lorsqu’elle sera pressée par les douleurs de l’enfantement, elle soit disposée à recevoir l’eucharistie : car il ne serait pas décent que le prêtre restât longtemps avec elle dans le temps de l’accouchement.

VIII. Or, c’est pour trois raisons que le Seigneur ordonna que l’enfant fût présenté au temple le quarantième jour. Premièrement, pour marquer que, de même que le quarantième jour l’enfant est conduit dans le temple matériel, ainsi, le quarantième jour après sa conception, l’ame est introduite dans son corps comme dans son temple, comme il est dit dans l’histoire scolastique, quoique les médecins (physici) disent que le corps n’est organisé qu’au bout de quarante-six jours. Secondement, afin que l’ame qui, le quarantième jour, introduite dans le corps, est souillée par ce même corps, soit purifiée par des victimes ou des offrandes, en entrant au temple le quarantième jour après la couche. Troisièmement, pour insinuer que ceux-là méritent d’entrer dans le céleste temple qui ont observé les dix préceptes du Décalogue avec la loi des quatre évangiles. Donc, lorsque les jours de la purification étaient accomplis, l’accouchée entrait dans le temple, offrant son fils ou sa fille et des présents pour elle, c’est-à-dire pour le péché, le petit d’une colombe ou une tourterelle ; pour son fils ou pour sa fille, elle offrait un agneau d’un an en holocauste. Celle qui ne pouvait se procurer un agneau offrait deux tourterelles ou deux petits de colombes ; l’une en holocauste pour sa couche, l’autre pour elle-même, c’est-à-dire pour son péché. C’est pourquoi il est dit dans l’Évangile qu’elles offraient une paire de tourterelles, etc., suivant l’usage de la loi, c’est-à-dire comme la loi paraissait l’exiger. Les femmes donc, en cela, imitent la bienheureuse Vierge, lorsqu’en certains endroits, après leurs couches, elles entrent dans l’église au bout de quarante jours, désignant que si elles imitent la Vierge, après la vie présente elles entreront avec elle dans la vie éternelle. On célèbre donc cette fête quarante jours après la nativité du Seigneur, parce que la bienheureuse Vierge, quarante jours après la nativité du Christ, vint au temple et y présenta son fils aux termes de la loi.

IX. Cette fête vient encore après les festivités de Noël, de la Circoncision et de l’Épiphanie, par la raison du mystère, comme par la raison du mystère aussi, ou par une raison mystérieuse, le Seigneur voulut être présenté au temple, et cela pour deux raisons ou motifs (mystérieux). Voici le premier mystère. Il consiste en ce que d’abord Dieu naît dans l’homme par la foi ; et la circoncision suit : car, lorsque la foi est dans l’homme, l’homme est purifié ; d’où vient qu’on lit dans les Actes des apôtres : Fide purificans corda eorum, « Purifiant leurs cœurs par la foi. » Or, ceux qui ont une foi bonne et sincère abandonnent toutes œuvres mauvaises, et alors Dieu se manifeste ; mais alors aussi on doit faire pénitence, afin qu’il reste en nous comme dans son temple. Puis on y fait une offrande d’une paire de tourterelles, c’est-à-dire qu’on lui offre la pureté du cœur et du corps, ce qui ne peut avoir lieu que par un deuil continuel, comme la tourterelle gémit au lieu de chanter. On offre encore deux petits de colombes, c’est-à-dire la double simplicité.

X. Le second mystère, c’est qu’il vint dans le temple en ce jour pour marquer par là son avènement dans l’ame de tout fidèle ou dans l’église, où il est toujours prêt à entrer. C’est pourquoi dans l’introït il est dit : Suscepimus, Deus, misericordiam, etc., « O Dieu, nous avons reçu ta miséricorde au milieu de ton temple, » parce que le Christ est le bois de vie au milieu du paradis, prêt à subvenir aux besoins de tous également et à leur départir ses biens : Secundum nomen tuum, Deus, ita et laus tua, etc., comme si l’on disait : Comme tu as créé et réparé ou régénéré tous les hommes, ainsi tu dois être loué par tout le monde. Ceci a encore été expliqué dans la sixième partie, au huitième dimanche après la Pentecôte. Or, afin que le Seigneur descende dans notre ame, l’Eglise exhorte ses enfants à aller à sa rencontre. Ainsi elle dit au commencement de l’office du matin, savoir dans l’invitatoire : « Voici que le Seigneur, le Dominateur vient en son saint temple : réjouis-toi, tressaille d’allégresse, Sion, et marche à la rencontre de ton Dieu, » savoir par la foi et les bonnes œuvres ; et c’est pour cela que cette fête se nomme l’Hypante, c’est-à-dire obviatio (la rencontre), parce que, si nous voulons le recevoir dans notre ame, il nous faut y recevoir son image ; c’est pourquoi il est dit dans le premier répons : « Orne ton lit nuptial, ô Sion, » c’est-à-dire purifie-toi par les vertus ; et suscipe, « et reçois, » c’est-à-dire les vertus ; « et c’est ainsi qu’il viendra en toi. » L’épître est : Ecce ego mitto angelum, etc., de Malachie (dernier chapitre). L’évangile : Postquam impleti sunt dies, est de saint Luc (chap. ii), et aussi la postcommunion Responsum accepit Simeon (Luc, c. ii).

XI. Et remarque que du temps de l’empereur Justinien il y eut une grande mortalité à Constantinople, et c’est pourquoi alors on établit la solennité de la purification de Marie, par vénération pour la Vierge, pour les raisons précitées. Mais comme il y a encore une infinité d’hérésies qui pullulent, on a coutume de demander comment peut être vrai ce qui est dit dans le neuvième répons, que la bienheureuse Vierge a exterminé toutes les hérésies. À cela nous répondons qu’elle l’a fait autant qu’il était en elle, parce que c’est elle qui a rendu visible celui qui était invisible. Car d’abord on ne pouvait le trouver ; les uns le cherchaient parmi les délices de la chair, les autres au sein des richesses, d’autres dans les livres de philosophie » et il ne s’y trouvait pas. D’où il est dit dans le Cantique des cantiques : « Je l’ai cherché et ne l’ai pas trouvé. » Maintenant personne ne peut s’égarer dans la voie, à moins qu’il ne le veuille ; d’où il est dit manifestement dans Isaïe : a Voici qui sera la voie droite, » afin que l’insensé lui-même ne puisse s’égarer dans son chemin. Et quelle sera cette voie ? « Voici que je donnerai mon salut en Sion et ma gloire en Jérusalem. » On dit aujourd’hui le capitule Ecce ego mitto (Malachie, c. iii), et celui-ci ; Eradicavi (Ecclés., chap. iv), et celui-ci : Quasi cedrus (du même endroit).

XII. En ce jour on doit faire une procession générale qui désigne la procession que la bienheureuse Marie et Joseph firent au temple. Ceux qui, à la procession, chantent devant les balustres Responsum accepit, etc., figurent les prophètes annonçant la nativité du Seigneur et sa miséricorde. La mélodie de ceux qui leur répondent est la joie de ceux qui reçoivent cette miséricorde de Dieu ; tenant des cierges dans nos mains, disons donc : « Dieu, nous avons été comblés de ta miséricorde, etc. » Ce que l’on chante à la procession et dans l’évangile Accepit eum Simeon, etc., « Siméon le prit dans ses bras, » montre que nous devons non-seulement le porter dans notre cœur, mais encore dans nos bras. C’est pourquoi, dans le Cantique des cantiques il est dit : « Place-moi comme un cachet sur ton bras et comme un sceau sur ton cœur ; » car, comme dit saint Paul aux Corinthiens : « Vous avez été achetés à grand prix ; c’est pourquoi glorifiez et portez Dieu dans votre corps. » Nous devons donc non-seulement porter la divinité ou l’humanité, mais l’une et l’autre, comme fit Siméon ; ce qui est désigné par le cierge que nous portons à la procession ; car la cire que les abeilles produisent avec le miel par une œuvre toute virginale (car cette production n’est due à aucune union impure) désigne l’humanité ou la chair que le Christ a prise dans le sein de la Vierge. La lumière du cierge marque la divinité, parce que notre Dieu est un feu qui consume (Deut., chap. iv). La mèche qui se trouve dans la cire désigne son ame, la plus pure et la plus blanche de toutes, ou la divinité cachée dans la chair, ou, selon d’autres, la mortalité.

XIII. Le cierge allumé que l’on porte à la main désigne encore la foi avec les bonnes œuvres ; car, de même que l’on dit d’une chandelle sans lumière qu’elle est morte, et que la lumière ne peut briller par elle-même et à part du cierge, mais paraît être morte, de même les œuvres sans la foi, et la foi sans les œuvres, sont dites mortes. La mèche cachée dans la cire est l’intention droite. D’où vient que Grégoire dit : « Agissez de telle sorte devant les hommes, que votre intention reste dans le secret, » Or, on bénit les cierges afin que tous les portent dignement ; car il en est beaucoup qui portent les ténèbres au fond de leur cœur, bien qu’extérieurement ils paraissent briller. Ceux-là portent dignement les cierges, qui, de même qu’ils brillent au dehors par la lumière qu’ils portent dans leurs mains, brillent aussi au dedans par une foi vraie et sincère ; c’est en cela que consistent la festivité et la grande allégresse. On porte à la procession des cierges allumés, pour six raisons.

XIV. Premièrement, afin que chacun s’illumine et s’éclaire et donne aux autres l’exemple de ses œuvres, manifestées par la lumière ; secondement, afin que la religion chrétienne change, en l’améliorant, une coutume observée chez les Gentils ; car les Romains, de cinq ans en cinq ans, aux calendes de février, en l’honneur de Februa, mère de Mars, qu’ils considéraient comme le dieu de la guerre, illuminaient la ville pendant toute la nuit avec des cierges et des torches ardentes, afin que Mars, son fils, leur accordât la victoire sur les ennemis, par égard pour les honneurs solennels qu’ils rendaient à sa mère. Cette fête était nommée Ambarvale. Dans le mois de février, ils sacrifiaient encore à Februus, c’est-à-dire à Pluton, et aux autres divinités infernales, pour les âmes de leurs défunts ; ils offraient des victimes solennelles à ces dieux, afin qu’ils fussent propices à ces morts, et les dames romaines elles-mêmes passaient toute la nuit à chanter leurs louanges, et célébraient la fête des lumières. Car les Gentils, en ce qu’il est dit que Pluton, devenu amoureux de la belle et incomparable Proserpine, l’enleva au commencement de ce mois et la fit déesse, et que Cérès, sa mère, et ses parents, ayant allumé des torches, la cherchèrent la nuit pendant longtemps sur l’Etna, montagne de Sicile, comme le marquent les fictions des poètes ; c’est pourquoi eux-mêmes, au commencement de février, en mémoire de cet événement, ils parcouraient de nuit la ville, et y circulaient, portant des torches ardentes ; car les idolâtres, comme il est dit au livre de la Sagesse, faisaient des choses cachées ou mystérieuses.

XV. Le pape Sergius, changeant et améliorant ces usages et ces illuminations (ou ces usages des Gentils de faire des illuminations), établit dans le même mois la fête de la Purification en l’honneur de la Mère de Dieu et décréta que l’on ferait alors des processions, afin que tout le peuple, portant des cierges allumés dans ses mains, marchât en procession dans les églises, en souvenir du royaume céleste, alors que tous les élus, avec les lampes brillantes de leurs bonnes œuvres, iront au-devant de l’Époux et entreront bientôt après avec lui dans la salle des noces de la cité céleste.

XVI. Troisièmement, afin que par là nous imitions les vierges sages dont la bienheureuse Vierge est le chef ; afin que, portant allumée en nous la lampe de la chasteté et des bonnes œuvres, nous méritions d’entrer avec elles dans le temple de gloire, auprès du véritable Epoux. Quatrièmement, parce que c’est en ce jour, comme le dit Siméon, qu’a été présentée la lumière pour servir de flambeau aux Gentils. Donc, cette procession figure celle de Siméon. Cinquièmement, pour marquer la divinité et l’humanité du Christ, comme il a été dit ci-dessus. Sixièmement, pour montrer la pureté de la Vierge, de peur qu’entendant parler de sa purification, on pût croire qu’elle avait besoin d’être purifiée. Nous portons donc des cierges allumés, comme si l’Église disait par ce fait même : La bienheureuse Vierge n’a pas besoin de purification, mais elle est toute brillante, toute resplendissante. Et, pour les raisons précitées, on appelle cette fête la Chandeleur (Candelaria).

XVII. Cette fête n’a pas d’octave, parce que, bien que le Christ, aux termes de la loi, ait été présenté dans le temple, cependant aucun docteur ne nous donne comme d’obligation, de présenter les enfants dans le temple quarante jours après leur naissance. Ainsi, de même que la présentation des enfants au temple, d’après l’ancien rit, est tombée en désuétude, puisqu’elle a lieu dans le baptême, de même aussi il n’y a pas d’octave de l’Hypante. Car, de même que par le premier jour on rappelle ce qui s’est fait dans l’octave, de même par l’octave on rappelle la chose pour laquelle ce qui s’est fait a eu lieu. Nous parlerons en leur lieu des fêtes de l’Annonciation, de l’Assomption et de la Nativité de la Vierge.