Recherches sur des hybrides végétaux/I/6

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Traduction par Albert Chappelier.
Gauthier-Villars (Bulletin biologique de la France et de la Belgique, t. XLIp. 382-384).



La deuxième génération des hybrides.


Les formes qui, dans la première génération, possèdent le caractère récessif, ne varient plus dans la deuxième en ce qui concerne ce caractère ; elles restent constantes dans leur descendance.

Il en est autrement de celles qui possèdent, dans la première génération, le caractère dominant. Les deux tiers d’entre elles donnent des descendants qui portent les caractères dominant et récessif dans le rapport 3 à 1, et se comportent par conséquent exactement comme les formes hybrides ; le caractère dominant ne reste constant que dans un seul tiers.

Les différentes expériences ont donné les résultats suivants :

1re expérience. — Sur 565 plantes provenant de graines rondes de la première génération, 193 redonnent uniquement des graines rondes et, par conséquent, restent constantes quant à ce caractère, tandis que 372 fournissent à la fois des graines rondes et des graines anguleuses dans le rapport 3 à 1. Donc le nombre des individus hybrides est à celui des individus constants comme 1,93 est à 1.

2e expérience. — Sur 519 plantes nées de graines dont l’albumen avait dans la première génération une coloration jaune, 166 donnent exclusivement des graines jaunes, et 353 des graines jaunes et des graines vertes dans le rapport 3 à 1. Il en résulte, par conséquent, une répartition des formes hybrides et formes constantes dans le rapport 2,13 à 1.

Pour chacune des expériences suivantes, on choisit 100 plantes ayant, dans la première génération, le caractère dominant ; et, pour essayer de discerner la signification de ce dernier, on sème 10 graines de chacune d’elles.

3e expérience. — Les descendants de 36 plantes donnent exclusivement des épispermes brun-gris : 64 plantes produisent en partie des épispermes brun-gris, en partie des épispermes blancs.

4e expérience. — Les descendants de 29 plantes possèdent uniquement des gousses à renflement uniforme ; par contre, ceux de 71 autres portaient des gousses les unes bombées, les autres étranglées.

5e expérience. — Les descendants de 40 plantes n’avaient que des gousses vertes, ceux de 60 autres un mélange de gousses vertes et de gousses jaunes.

6e expérience. — Les descendants de 33 plantes n’avaient que des fleurs axiales ; par contre, ceux de 67 autres avaient des fleurs axiales et des fleurs terminales.

7e expérience. — Les descendants de 28 plantes acquirent un axe long ; ceux de 72 autres acquirent, les uns un axe long, les autres un axe court.

Dans chacune de ces expériences, un certain nombre de plantes ont gardé le caractère dominant. Pour bien concevoir le rapport qui existe entre ces formes et celles qui ne présentent plus ce caractère constant, les deux premières expériences sont d’une importance capitale, car elles permettent de comparer un très grand nombre de plantes. La moyenne des rapports 1,93 à 1 et 2,13 à 1 fournis par ces deux expériences est presque exactement 2 à 1.

Le résultat de la sixième expérience concorde exactement avec ces nombres ; pour les autres, le rapport varie plus ou moins, comme l’on devait s’y attendre d’après le petit nombre (100) de plantes d’expérience. La 5e expérience, qui donne le plus grand écart, fut recommencée et l’on obtint alors le rapport 65 à 35 au lieu de 60 à 40. Le rapport moyen 2/1 paraît donc certain. Par conséquent, parmi les individus qui, dans la première génération, possèdent le caractère dominant, les deux tiers possèdent le caractère hybride, l’autre tiers conserve constamment le caractère dominant.

Le rapport 3 à 1, suivant lequel se répartissent les caractères dominant et récessif dans la première génération, se résout donc, pour l’ensemble des expériences, dans le rapport 2 : 1 : 1 si l’on considère le caractère dominant à la fois dans sa signification de caractère hybride et dans celle de caractère souche. Comme les individus de la première génération proviennent directement des graines des hybrides, il est maintenant évident que les hybrides de chaque couple de caractères différentiels produisent des graines dont une moitié reproduit la forme hybride, tandis que l’autre donne des plantes qui restent constantes et prennent, par parties égales, les unes le caractère dominant, les autres le caractère récessif.