Recherches sur la culture de la pomme de terre industrielle et fourragère/CHAP. V

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Aimé Girard
Chapitre V. Des causes qui influent sur l’abondance
des récoltes de pommes de terre
et sur leur richesse en fécule.



CHAPITRE V.


DES CAUSES QUI INFLUENT SUR L’ABONDANCE DES RÉCOLTES DE POMMES DE TERRE ET SUR LEUR RICHESSE EN FÉCULE. — DES MOYENS D’ASSURER CETTE ABONDANCE ET CETTE RICHESSE.




Les causes sous l’influence desquelles les récoltes de pommes tic terre deviennent abondantes, et sous l’influence desquelles également les tubercules s’enrichissent en fécule, sont nombreuses et d’importance diverse. Les unes sont d’ordre général, les autres d’ordre spécial à cette plante.

Parmi les premières, il faut compter les conditions météorologiques de la saison, la nature du sol, sa préparation et notamment la profondeur des labours, la nature et la proportion des engrais ; parmi les secondes figurent la date de la plantation, sa régularité. l’espacement des plant. etc. Si importants, cependant, que soient pour la culture ces éléments de succès, plus important encore est l’élément qu’apporte le choix judicieux des tubercules de plant.

J’examinerai successivement ces divers côtés de la question pour ensuite faire suivre cet examen de la considération capitale de la maladie à laquelle nos cultures de pommes de terre sont si fréquemment exposées.


Conditions météorologiques.


L’influence qu’exercent les conditions météorologiques sur le développement de la pomme de terre, sur l’abondance et la qualité des récoltes qu’elles fournissent, est considérable. J’en ai signalé dans ces Recherches deux exemples remarquables. L’un est fourni par le retard qu’a subi, en 1887, la formation des tubercules. Un mois de mai pluvieux et froid avait retardé la levée et ralenti les débuts de la végétation, si bien que, malgré les conditions satisfaisantes du mois de juin, l’une des variétés, le 20 juillet, ne portait pas encore un seul tubercule, et que pour les trois autres le poids de ces tubercules atteignait 40gr à 80gr, alors qu’il eût dû être de 500gr à 600gr.

Un exemple non moins frappant de l’influence des conditions météorologiques est celui que présentent l’hydratation des tubercules de Jeuxey et la diminution de leur richesse féculente, lorsque, déjà parvenus à maturité, ces tubercules ont, du 20 septembre au 10 octobre 1888, été exposés à une pluie prolongée.

Les exemples de cette sorte abondent, et les cultivateurs connaissent bien la portée de ces changements météorologiques : ce serait une superfétation que d’y insister, mais il m’a semblé intéressant de donner, par les deux faits qui précèdent, la mesure de leur influence.


De la nature du sol et de sa fertilité.


C’est une tradition généralement admise que celle de l’influence absolue que la nature du terrain exerce sur le rendement cultural de la pomme de terre ; j’ai été élevé dans cette tradition.

Au cours de mes recherches cependant, j’avais été frappé de ce fait que, pendant quatre années consécutives, la culture des variétés Richter’s Imperator, Gelbe rose, Red-Skinned, et Jeuxey à Joinvillc-le-Pont et à Clichy-sous-Bois avait abouti à des rendements ne présentant entre eux que des différences d’ordre secondaire.

Ces deux terrains cependant, ainsi que le montre leur analyse (p. 12), sont très différents le premier est un terrain de gravier faiblement argileux, le second un terrain argilo-siliceux déjà très chargé en argile ; le premier est d’une perméabilité remarquable, le second est presque gras et devient plastique à la suite de pluies abondantes ; par les temps secs, cependant, il s’ameublit aisément.

Partant de là, on aurait pu s’attendre à voir la culture conduite exactement de la même façon donner à Joinville des rendements bien plus élevés qu’à Clichy-sous-Bois ; il n’en a pas été ainsi.

C'est ce qui ressort du Tableau suivant, où les résultats de cultures de 2a,50 pour chaque variété sont rapportés à l'hectare  :


Années Joinville-
le-Pont
Clichy-
sous-Bois.
Joinville-
le-Pont
Clichy-
sous-Bois.
Richter's imperator Gelbe rose
1886. 
44,760 41,400 30,300 32,800
1887. 
38,450 33,665 20,700 26,470
1888. 
43,900 41,072 29,200 28,140
1889. 
37,240 35,000 21,000 26,448
Red-Skinned Jeuxey
1886. 
36,000 33,400 30,150 26,750
1887. 
23,545 26,375 20,545 21,965
1888. 
31,650 36,380 26,250 33,018
1889. 
25,000 32,000 20,720 27,500


De l'examen de ces chiffres il résulte que, dans les terrains graveleux de Joinville, la Richter's Imperator a toujours donné des résultats supérieurs à ceux de Clichy-sous-Bois, tandis que, si l'on en excepte deux ou trois récoltes, la Gelbe rose, la Red-Skinned, la Jeuxey, ont donné à Clichy-sous-Bois des résultats supérieurs à ceux de Joinville.

Cultivées dans ces deux terrains, les quatre variétés ont donc montré des facultés diverses propres à leur nature, et non pas dépendantes de la composition de ces terrains mêmes.



Les résultats que je viens de faire connaître étaient de nature à faire naître des doutes sur le bien-fondé de l'opinion d'après laquelle certains terrains auraient, du fait de leur nature même, une aptitude exceptionnelle pour la culture de la pomme de terre, tandis que d'autres lui seraient, du même chef, absolument défavorables.

Ceux qui m'ont été communiqués par mes collaborateurs de 1890 et de 1891 m'ont permis d'établir qu'en effet l'opinion que je viens de rappeler est beaucoup trop absolue et que, sur les résultats fournis par la culture de la pomme de terre, la nature même du sol est loin d'avoir une influence aussi grande qu'on le croit généralement.

En 1889, dix-huit cultivateurs, en suivant exactement mes recommandations, ont atteint les hauts rendements que j’avais annoncé, ; cependant les terrains dans lesquels leur culture. avait eu lien étaient, comme le montre le Tableau ci-dessous, bien différents les uns des autres.

Kilogr.
à l'hectare.
Terrains siliceux 
Fresnoy-le-Luat (Oise) 
37,000
Charleville (Ardennes) 
34,070
Terrains argilo-siliceux 
Saint-Remy (Haute-Saône) 
44,000
Joinville-le-Pont (Seine) 
39,000
Neubourg (Eure) 
37,400
Tomblaine (Meurthe-et-Moselle) 
36,000
Wardrecques (Pas-de-Calais) 
36,000
Melun (Seine-et-Marne) 
33,000
Terrains silico-calcaires 
Contin (Seine-et-Marne) 
32,000
Grignon (Seine-et-Oise) 
32,600
Terrains calcaires 
Vaux-sous-Laon (Aisne) 
36,044
Auxerre (Yonne) 
36,000
Terrains argileux 
Cappelle (Nord) 
41,000
Clichy-sous-Bois (Seine-et-Oise) 
35,000
Arras (Pas-de-Calais) 
30,000
Terrains granitique 
Saint-Dié (Vosges) 
32,125


En 1891 les faits observés ont été plus nombreux encore ; 67 de mes collaborateurs ont obtenu, en Richter’s Imperator, des rendements dont la moyenne s’est élevée à 37157kg par hectare, et, si l’on classe les terrains dans lesquels leur culture a eu lieu d’après la dénomination qu’ils leur ont donnée, on reconnaît que :

22 cultures en sol argilo-siliceux ont donné en moyenne 
39000kg
19 cultur"s en sol argilo-calcaire ont "onné en m"yenne 
37680kg
17 cultur"s en sol sableuxcalcaire on"onné en m"yenne 
38050kg
14 cultur"s en sol argileuxcalcaire on"onné en m"yenne 
42500kg
11 cultur"s en sol silico-calcairecalca"onné en m"yenne 
39950kg
13 cultur"s en sol calcairecalcaire on"onné en m"yenne 
36300kg
11 cultur"s en sol granitiquecalcaire i"onné en m"yenne 
35900kg

Ce sont, on le voit, les cultures en sol argilo-siliceux et en sol argilo-calcaire qui dominent ; les résultats que les unes et les autres fournissent sont bien voisins, et ce n’est pas sans surprise qu’on voit côté d’elles quatre cultures en sol argileux donner des résultats encore plus élevés, plus élevés surtout que ceux des cultures en sol sableux.

Il faut donc admettre qu’il existe une grande exagération dans les appréciations que l’on fait a priori de la valeur des sols au point de vue de la culture de la pomme de terre. Ameublis par une bonne préparation, fumés convenablement, presque tous les terrains, je crois, conviennent à cette culture.


Mais, si la constitution des sols ne paraît pas avoir l’importance qu’on lui attribue d’habitude, c’est, d’autre part, une considération capitale que celle de leur état de fertilité naturelle.

J’insisterai sur ce point. lorsque, à la fin de ce Volume, j’exposerai les résultats fournis en 1890 non seulement par des cultures en terres fertiles, mais encore par des cultures en terres médiocres ou pauvres.


Profondeur des labours.


C’est un préjugé assez répandu que, sous le rapport de la préparation du sol, la pomme de terre n’est pas une plante exigeante ; habituées à voir les tubercules se présenter, en général, à fleur de terre, nombre de personnes considèrent que, pour la culture de cette plante, il suffit de recourir à de légers labours auxquels le buttage servira d’auxiliaire. Quelques-unes, cependant, pensent autrement et estiment que, pour la pomme de terre, comme pour tout autre plante, le recours à des labours profonds ne saurait qu’offrir de grands avantages.

J’ai pensé qu’il serait intéressant de fournir, à la solution de cette question, des documents précis, basés sur la pesée exacte de récoltes comparatives. Dans ce but, à Clichy-sous-Bois et à Joinville, deux pièces de terre à sol bien homogène, mesurant chacune 480mq. ont été, en 1886, travaillées à trois profondeurs différentes. Sur un tiers de son étendue, chacune de ces pièces a reçu un léger déchaumage de 0m,15 de profondeur tout au plus ; le second tiers a reçu un labour profond de 0m,40 ; le dernier tiers enfin, pour exagérer la démonstration cherchée, a été défoncé à 0m,75 de profondeur par couches de 0m,20 environ, chacune de celles-ci étant successivement remise à sa place primitive.

Chacune de ces pièces a été ensuite divisée en huit lots de 60mq sur chacun desquels se retrouvaient trois carrés de 20mq préparés, l’un à 0m,15, l’autre à 0m,40, l’autre à 0m,75 de profondeur.

Sur chacun de ces lots, j’ai planté au même espacement (3,3 par mètre) 60 tubercules, bien égaux, de chacune des huit variétés dont j’ai précédemment indiqué le rendement général pour 1886, et la récolte de chacun de ces lots enfin (60 poquets) a été pesée isolément.

Les résultats fournis par la pesée de ces 48 récoltes ont été les suivants :

Clichy-sous-Bois Joinville-le-Pont
0m,15 0m,40 0m,75 0m,15 0m,40 0m,75
kg kg kg kg kg kg
Red-Skinned. 
57,3 63,0 87,3 70,4 73,9 76,5
Hermann. 
58,5 65,0 72,6 57,5 60,8 66,3
Chardon. 
52,7 53,8 61,3 48,1 52,9 55,7
Magnum bonum allemand. 
74,1 81,6 81,6 66,4 70,8 75,2
Magnum bonum français. 
69,7 72,7 75,9 64,3 71,7 80,9
Richter's Imperator. 
66,5 75,2 93,7 97,8 100,0 104,0
Jeuxey. 
47,8 51,6 66,5 56,0 60,3 66,4
Gelbe rose. 
62,0 64,4 70,7 57,0 60,6 64,5


L’importance relative de ces récoltes est représentée graphiquement sur les diagrammes XI et XII (voir p. 116 et 117) où les poids constatés pour chaque variété, sur le lot déchaumé à 0m,15, correspondent aux lignes pleines, ceux constatés sur le lot labouré à 0m,40 correspondent aux lignes ponctuées, ceux enfin constatés sur le lot défoncé à 0m,75 correspondent aux lignes ondulées.

La conséquence à tirer de cette expérience est frappante au premier chef et, si modeste qu’ait été la culture quant à son étendue, l’expérience semble, en vérité, n’avoir pas besoin d’être renouvelée.

A Joinville-le-Pont surtout, dans le terrain sableux, on voit les rendements croître, suivant la profondeur, avec une régularité presque mathématique ; à Clichy-sous-Bois, dans une terre argileuse. le résultat est le même, plus accentué peut-être, en certains cas.


Diagramme n° XI.
Joinville-le-Pont (1886).


Si, pour rester sur le terrain pratique, on se contente de comparer les résultats obtenus en travaillant le sol à 0m,15 seulement, ou bien à 0m,40, on reconnaît que le plus souvent l'augmentation de rendement, dans ce dernier cas, correspond à 10 pour 100 environ du poids de la récolte. Pour certaines variétés, pour la


Diagramme n° XII.
Clichy-sous-Bois (1886).


Red-Skinned, par exemple, elle s’élève, à Clichy-sous-Bois, à près de 20 pour 100.

Mais ce n’est pas seulement sous le rapport du rendement en poids que l’amélioration se fait sentir en cette circonstance c’est aussi sous le rapport de la richesse des tubercules en matière amylacée.

Les produits des quarante-huit récoltes ci-dessus ont été, en effet, soumis à l’analyse, et dans les tubercules moyens que chacune d’elles a fournis, on a dosé la proportion de fécule ; les résultats obtenus sont, dans le Tableau ci-après, exprimés en centièmes du poids de ces tubercules.

Clichy-sous-Bois Joinville-le-Pont
0m,15 0m,40 0m,75 0m,15 0m,40 0m,75
Red-Skinned. 
14,4 15,3 15,7 13,0 14,6 15,1
Hermann. 
14,7 18,0 18,8 15,5 16,3 18,8
Chardon. 
14,0 14,7 15,3 14,5 15,5 15,8
Magnum bonum allemand. 
14,1 14,6 15,4 15,3 15,4 15,5
Gelbe rose. 
14,6 15,3 16,6 18,2 18,3 18,3
Jeuxey. 
14,6 16,2 16,6 15,9 15,9 15,9
Richter's Imperator[1] 
12,6 14,1 14,6 14,5 15,6 16,7
Magnum bonum franç.[1] 
12,3 13,5 14,0 14,0 15,0 15,7


Les résultats qui précèdent sont d’une grande netteté ; ils montrent que, d’une manière générale et à de rares exceptions près, la richesse des tubercules en fécule augmente au fur et à mesure qu’augmente la profondeur à laquelle le sol a été ameubli.

L’avantage que présentent, pour la culture de la pomme de terre, les labours profonds, peut donc être considéré comme certain. Les travaux de mes collaborateurs, du reste, ont en 1889 et 1890, consacré définitivement la valeur des recommandations qu’à la suite des essais précédents je n’ai cessé d’adresser aux cultivateurs. En 1889, deux seulement de ces collaborateurs ont cru pouvoir limiter l’action de la charrue à une profondeur de 0m,15 ; ils ont obtenu, à la récolte, l’un 20000kg, l’autre 16154kg, ce qui, pour la Richter’s imperator, est un rendement misérable.

En 1890, six de mes collaborateurs encore, les uns parce qu’ils n’ont pas cru à l’importance de mes recommandations, les autres parce que le sol arable n’avait sur leur exploitation qu’une faible épaisseur, se sont bornés à labourer légèrement. Les résultats qu’ils ont obtenus sont intéressants à connaître ; le Tableau suivant les résume :

Labour de Rendement
à l'hectare
m kg
Méry-sur-Seine (Aube) 
0,10 19,000
Saint-André (Aube) 
0,18 17,074
Saint-André (Aube) 
0,15 28,700
Busegny (Vosges) 
0,11 28,000
Culan (Cher) 
0,18 23,200
Villebois (Charente) 
0,15 28,300


Lorsque l'on compare ces résultats à ceux qu'ont obtenus tous les cultivateurs qui ont ameubli leur sol à 0m,25-0m,30 et même 0m,40, résultats qui, ainsi que je l'ai déjà indiqué précédemment. se résument pour la campagne 1891 en une production moyenne de 37157kg, de Richter's Imperator à l'hectare, il ne peut subsister aucun doute sur l'efficacité des labours profonds.


On ne saurait en être surpris lorsqu'on étudie les gravures héliographiques dont la collection forme le complément naturel de mes recherches.

Sur ces gravures, en effet, qui représentent à l'échelle du un pied de pomme de terre à six époques différentes de sa végétation, on voit la plante développer un système radiculaire, dont on ne soupçonnait guère l'importance, dont la longueur atteint quelque-fois jusqu'à 1m,50 et dont un terrain compact, non ameubli, ne saurait permettre la formation.

Deux conséquences résultent des observations qui précèdent la première c'est que dans les terrains sans profondeur il faut renoncer à la culture intensive de la pomme de terre ; la seconde c'est que, pour tirer des terrains convenables ce qu'ils peuvent donner, il convient de les ameublir à grande profondeur, à 0m,35 à 0m,40 si l'on peut.

C'est à quoi l'on arrive aisément en labourant à l'aide d'un fort brabant qui retourne la terre sur 0m,20 ou 0m,25 et en faisant suivre celui-ci d'une fouilleuse qui, en dessous du sillon, ameublit la couche sous-jacente à 0m,15 encore.


Nature et quantité des engrais.


L’étude des engrais qui conviennent à la culture de la pomme de terre a été faite avec tant de soin, par M. le professeur Maerker, qu’il m’a semblé superflu d’entreprendre à nouveau des essais développés sur cette question.

La conclusion à laquelle M. le professeur Maerker a été conduit est, d’ailleurs, d’une grande netteté je me contenterai de la résumer pour ensuite renvoyer le lecteur à l’ouvrage que ce savant a publié sur la question, en 1880[2] :

« L’opinion trop répandue, dit-il, qui veut que les engrais n’aient pas sur la pomme de terre la même influence que sur les autres cultures est erronée et tient à un mauvais emploi de ces engrais. Les essais ont montré que, par leur emploi judicieux, on peut augmenter les récoltes de pommes de terre de 4000kg à 5000kg par hectare. »

Au cours de ses recherches cependant, M. Maerker ne s’est préoccupé que de deux agents fertilisants, l’acide phosphorique et l’azote ; la potasse a été, par lui, laissée complètement de côté ; pour expliquer ce délaissement, il a fait remarquer que ses études ne visaient que les bons terrains de la Saxe, et que l’addition à ces terrains de composés potassiques n’avait, à la suite d’essais antérieurs, donné aucun résultat avantageux.

On trouverait sans doute l’explication de cette anomalie apparente dans ce fait, que très probablement les terrains sur lesquels ces essais avaient eu lieu étaient, par eux-mêmes, riches en potasse, ce qui revient à dire que, là où la potasse abonde, une addition nouvelle de cet agent, généralement fertilisant, ne produit aucun effet.

Mais il est d’autres terrains pauvres, au contraire, en potasse, et dans lesquels l’emploi de composés potassiques comme engrais complémentaires semble appelé à améliorer la récolte.

J’en citerai un exemple, à coup sur intéressant. Un agriculteur distingué des Vosges, M. Paul Genay, président du comice agricole de Lunéville, s’est, depuis longtemps, préoccupé de l’influence que, dans sa région tout au moins, l’emploi de la potasse peut exercer sur le rendement en poids et la richesse en fécule des pommes de terre. Ne possédant pas les ressources scientifiques nécessaires pour suivre à fond cette question, M. Paul Genay m’a demandé de vouloir bien me joindre à lui, ce que j’ai accepté avec plaisir. Il s’est chargé de la préparation du sol, de la culture et de la récolte, me laissant le soin d’estimer, par l’analyse chimique, les résultats obtenus.

Suivant un plan habilement conçu pour la constatation de l’influence des composés potassiques, il a, en 1887, cultivé sur une surface de 3oom, divisée en trois carrés égaux de are chacun, des plants de Magnum bonum choisis avec soin et de grosseur égale.

L’un de ces carrés avait été conservé comme témoin et n’avait reçu aucun engrais ; le second avait reçu un engrais complet (scories phosphoreuses, nitrate de soude, kaïnite et chlorure de potassium) le troisième avait reçu un engrais incomplet, formé des « Moments précédents moins les composés potassiques.

Au cours de la campagne, M. Paul Genay a observé, sur les produits de chaque carré, des différences notables sur le carré avant reçu l’engrais potassique, la végétation était plus vigoureuse et le feuillage plus vert. Malheureusement une gelée survenue le 25 septembre a brusquement arrêté cette végétation, et les tubercules n’ont pu arriver à maturité.

Quoi qu’il en soit, il m’a semblé intéressant de rechercher, dès ce premier essai, si la potasse avait été absorbée en plus grande quantité par les tiges et les tubercules du carré à potasse que par les tiges et les tubercules des autres carrés.

L’expérience m’a démontré qu’il en était bien ainsi. Voici, en effet, quelle quantité de potasse l’analyse m’a fait reconnaître dans 100 parties de tubercules ou de tiges.

Tubercules. Tiges.
Lot sans engrais. 
0,39 0,31 0,09 0,06
Lot avec engrais et potasse. 
0,47 0,44 0,28 0,39
Lot avec engrais sans potasse. 
0,37 0,39 0,05 0,08

L’influence de l’engrais potassique est évidente, puisqu’on voit. sur le carré qui a reçu cette matière fertilisante, la proportion de potasse augmenter de moitié dans les tubercules, quadrupler et même quintupler dans les tiges.


Cependant, et quoique, à la récolte, on ait observé un rendement en poids de tubercules plus élevé sur le lot à potasse, ce premier essai ne pouvait nous satisfaire, M. Paul Genay et moi. Aussi un nouvel essai a-t-il été institué en 1888 ; cinq carrés de 1 are chacun ont été préparés de la façon suivante l’un a été gardé comme témoin, le second a reçu 10kg de scories phosphoreuses, 1kg de chlorure de potassium, 5kg de kaïnite et 2kg de nitrate de soude, c’est-à-dire un engrais complet ; au troisième lot, la kaïnite et le chlorure de potassium ont été supprimés ; au quatrième, ils ont été rendus, mais les scories phosphoreuses ont été enlevées à leur tour ; au cinquième enfin, c’est le nitrate de soude qui a été éliminé. De telle sorte qu’en réalité, développée sur 500mq la culture comprenait cinq lots de 1 are chacun :

Un sans engrais ;

Un avec engrais sans potasse ;

Un avec engrais sans acide phosphorique ;

Un avec engrais sans azote ;

Un enfin avec engrais complet.

Déjà, à la récolte, des différences sensibles dans le rendement. en poids, ont été observées par M. Paul Genay ; l’analyse des produits devait me permettre d’en observer d’autres.

C’est ce que montre d’abord l’analyse des tubercules moyens de chaque lot. On y voit, en effet, la fécule, les cendres. la potasse, représentées en centièmes par les nombres suivants :

Tubercules.
Rendement par are. Fécule anhydre. Matières minérales. Potasse.
Témoin. 
201 15,36 0,78 0,32
Engrais sans potasse. 
210 15,59 0,72 0,31
Engrais sans acide phosphorique. 
194 15,21 0,93 0,38
Engrais sans azote. 
188 15,59 1,06 0,37
Engrais complet. 
223 16,06 0,99 0,44

L’influence de la potasse est ici bien marquée sans doute il serait téméraire de tirer de l’augmentation du rendement en poids pour le cinquième lot une conclusion trop ferme : sur des cultures ne dépassant pas 1 are, des conclusions de cette sorte ne peuvent être adoptées que si le bénéfice de la récolte est important. Dans le cas actuel, il n’est que de 13kg par rapport au deuxième lot ; tel qu’il est cependant, c’est au compte du lot où la potasse figure que ce bénéfice doit être compté il représente en somme 6 pour 100 de la récolte.

Mais ce qui mérite surtout de fixer l’attention, c’est l’augmentation de la richesse en matières minérales d’abord, en potasse ensuite, des tubercules lorsque ceux-ci proviennent des lots ayant reçu des composés potassiques ; de 0,70 pour 100, la teneur en cendres passe à 1 pour 100 ; de 0,31 pour 100, la teneur en potasse s’élève à 0,38 et même à 0,44 pour 100 lorsque l’engrais est complet.

Cette augmentation dans la proportion de matières minérales fixées par les tubercules serait cependant sans intérêt pratique, si elle n’avait pas pour conséquence une amélioration du produit:or cette amélioration est manifeste ; dans les tubercules provenant du lot à engrais complet, la richesse en fécule est de 0,5 pour 100 supérieure à la richesse des tubercules récoltés sur les autres lots.

Cette influence de la potasse sur la végétation, les tiges également en apportent la preuve ; analysées en effet, après une simple dessiccation à l’air libre, c’est-à-dire alors qu’elles contenaient encore environ 50 pour 100 d’eau, les tiges provenant des cinq lots ci-dessus ont donné en centièmes, pour les matières minérales et pour la potasse, les nombres suivants :

Tiges sèches.
Matières minérales. Potasse. Potasse
pour 100 de cendres.
Témoin. 
5,15 0,11 2,00
Engrais sans potasse. 
5,41 0,10 1,83
Engrais sans acide phosphorique. 
5,46 0,27 4,95
Engrais sans azote. 
5,49 0,26 4,76
Engrais complet. 
5,52 0,20 3,67


Au moment où les engrais potassiques interviennent à la culture, la proportion de potasse fixée dans les tiges augmente dans la proportion de 2 à 5, et ainsi se trouve expliquée la vigueur de la végétation constatée par M. Paul Genay.

C’est donc chose certaine que, s’il est des terrains, comme ceux de la Saxe qu’a étudiés M. le professeur Maerker, sur lesquels les composés potassiques n’exercent, sous le rapport de l’amélioration de la récolte en pommes de terre, aucun effet marqué, il en est d’autres, au contraire, sur lesquels ces composés ont une influence sérieuse. Il suffirait, en effet, de rapporter à l’hectare les chiffres de rendement en poids et de richesse en fécule des récoltes afférentes au deuxième et au cinquième des lots cultivés par M. Paul Genay pour trouver, là où l’engrais potassique a été employé, 3581kg de fécule anhydre à l’hectare, alors que, là où cet engrais a fait défaut, le poids de la fécule n’atteint que 3273kg ; c’est une différence de 300kg de fécule à l’hectare, une amélioration par conséquent de 10 pour 100 dans le rendement industriel. Les observations qui précèdent, en complétant celles de M. le professeur Maerker et celles d’autres expérimentateurs, ne sauraient laisser aucun doute relativement à l’efficacité des engrais sur la culture de la pomme de terre, lorsque l’emploi en est judicieux.

On cite, il est vrai, quelques observations (elles sont très peu nombreuses) desquelles il semblerait résulter que l’emploi des engrais n’a pas toujours, au point de vue de la culture de la pomme de terre, un avantage marqué ; mais ces faits isolés peuvent, comme l’a indiqué M. Dehérain, être expliqués par le haut degré de fertilité auquel avaient été amenées, par les cultures précédentes, les terres sur lesquelles les essais avaient lieu[3].


A l’appui de cette manière de voir, je rapporterai les résultats d’un essai que j’ai fait, en 1886, simultanément à Clichy-sous-Bois et à Joinville-le-Pont, d’un côté, dans un terrain riche et particulièrement chargé en potasse, d’un autre, dans un terrain relativement pauvre. A Clichy-sous-Bois comme à Joinville-le-Pont, deux carrés de 480mq ont été, côte à côte, travaillés de la même façon, puis l’un d’eux a reçu 40kg (800kg à l’hectare) d’un engrais complet formé de deux tiers de superphosphate et d’un tiers-de salpêtre ; chacun d’eux enfin a été divisé en huit carrés de 60mq, destinés à recevoir l’une des huit variétés que j’avais choisies pour cette campagne.

Le Tableau suivant fait connaître les récoltes comparées des carrés avec engrais et sans engrais, ainsi que l’écart constaté entre les récoltes.

Clichy-sous-Bois Joinville-le-Pont
Sans engrais. Avec engrais. Écart. Sans engrais. Avec engrais. Écart.
kg kg kg kg kg kg
Red-Skinned. 
170,5 200,6 +30,1 137,4 220,6 +82,6
Hermann. 
179,0 196,6 +17,6 147,6 184,6 +37,0
Chardon. 
151,0 167,8 +16,8 136,2 162,2 +26,0
Mag. bon. al. 
187,4 237,3 +49,9 221,6 212,8 -12,2
Gelbe rose. 
158,9 197,1 +38,2 122,8 182,2 +59,4
Jeuxey. 
151,7 160,5 +3,8 165,0 176,7 +11,7
Richt. Imper 
274,6 248,5 -25,1 235,0 301,8 +66,8
Mag. bon. fr. 
220,4 226,0 +6,4 217,0 236,9 +29,9


Si, du Tableau précédent, on élimine les deux résultats qui, marqués d’un astérisque, sont dus très certainement à un accident de culture, on reste en face de quatorze expériences absolument concordantes et desquelles résulte, pour deux terrains très différents, la démonstration de l’influence que l’emploi d’engrais appropriés exerce sur la culture de la pomme de terre.

Mais, des données que ces expériences apportent, résulte aussi la démonstration de l’exactitude de l’opinion que je rappelais l’instant au sujet de la distinction qu’il convient d’établir, relativement à l’application des engrais à la culture de la pomme de terre, entre les terrains déjà fertiles et ceux qui ne le sont pas. A Joinville-le-Pont, c’est-à-dire dans un terrain pauvre, l’accroissement de récolte dû à l’addition des engrais est double et quelquefois triple de ce qu’il est à Clichy-sous-Bois dans un terrain riche et particulièrement chargé en potasse.


Deux conclusions sont à tirer des faits qui précèdent la première est que, dans les terres médiocres surtout, il ne faut pas craindre de recourir à des fumures abondantes, la seconde qu'il ne semble pas v avoir avantage à dépasser, dans les terres fertiles, les dopages usités pour d'autres cultures.

Plus d'un lecteur sans doute trouvera ces conclusions trop vagues et me demandera d'inscrire ici quelque formule d'engrais générale et propre à tous les cas.

C'est ce que je ne saurais faire: je suis, en effet, l'adversaire des formules toutes faites et j'estime qu'à chaque variété de sol il faut une combinaison spéciale de matières fertilisantes.

La pomme de terre a besoin, tout à la fois, d'azote, d'acide phosphorique et de potasse; mais, suivant la composition de son terrain, le cultivateur doit faire varier la proportion de ces trois agents principaux de fertilisation.

Les fumiers et les engrais dits chimiques conviennent les uns et les autres à la culture de la pomme de terre, et les conditions les meilleures sont certainement, d'habitude du moins, celles qui comprennent une fumure moyenne au fumier complétée par une dose raisonnable de superphosphate de chaux, de sulfate de potasse et de nitrate de soude.

Sans vouloir rien préciser, on voit, en général, les rendements maxima correspondre à l'emploi par hectare, soit de 40000kg de bon fumier employé seul, soit de 20000kg de fumier seulement complétés par l'addition de 500kg ou 600kg d'engrais chimique, soit, en l'absence de fumier, de 1000kg à 1200kg d'engrais de cette sorte.

Le plus souvent, dans les terrains meubles et de composition ordinaire, il m'a paru bon de composer ce mélange sur 100 parties de :

Parties.
Superphosphate de chaux 
62
Sulfate de potasse 
23
Nitrate de soude 
15
100


En général, je me suis bien trouvé de distribuer sur le dernier labour, après enfouissement du fumier, le mélange de superphosphate de chaux et de sulfate de potasse pour, quelques jours avant la levée, répandre le nitrate de soude seul, en couverture.

Au superphosphate de chaux quelques cultivateurs ont avec succès, substitué, dans ces dernières années, les scories phosphoreuses.

C’est sous la forme de sulfate que je préfère employer la potasse, quoique son prix soit alors plus élevé que sous la forme de chlorure ou de kaïnite. L’expérience m’a montré, en effet, que le chlorure était, plus aisément que le sulfate, entraîné par les eaux.


Les résultats obtenus par mes collaborateurs en 1890 et 1891 m’ont fourni, au sujet de l’emploi des engrais, des indications utiles. Tous ont fumé largement ; beaucoup ont adopté la formule qui m’avait donné de bons résultats tant à Joinville-le-Pont qu’à Clichy-sous-Bois, que je ne leur avais fait connaître que comme une indication et qui comprend 25000kg de fumier complétés par 600kg d’engrais chimique composé dans les proportions ci-dessus indiquées.

A tous ceux qui l’ont employée, elle a donné de bons résultats. Quelques-uns ont eu recours à des fumures plus abondantes, porté la dose de fumier à 30000 et 35000kg, celle de superphosphate à 400kg, etc. ; il ne semble pas que la récolte ait été, de ce chef, notablement augmentée.

Quelques-uns n’ont employé que du fumier, en élevant la dose à 50000kg, et même 60000kg ; quelques autres ont ajouté au sol 1000 à 1200kg, sans fumier, de l’engrais chimique ci-dessus indiqué. Les résultats ont, dans tous les cas, été sensiblement les mêmes.

Par contre, toutes les fois que la dose d’engrais a été abaissée. la récolte a diminué. Parmi ceux de mes collaborateurs qui n’ont pas réussi, j’en compte même deux qui ont cru pouvoir se contenter d’une fumure faite l’année précédente et ayant été déjà utilisée par une récolte. Leurs rendements sont tombés à 30500kg et 16000kg.

C’est donc, semble-t-il, aux fumures abondantes, mais non excessives, qu’il convient d’avoir recours.


Régularité de la plantation.


C’est, à mon avis, une question très importante, au point de vue de la culture de la pomme de terre, que la régularité de la plantation.

La pièce à planter doit être soigneusement rayonnée, et, dans chaque ligne, les plants placés à distance bien égale. Non seulement ces dispositions ont l’avantage de rendre les façons plus faciles, mais encore, chaque sujet recevant la même quantité d’air et de lumière, le rendement s’en trouve amélioré.

Je me contenterai de citer un seul fait à l’appui de cette manière de faire. Deux carrés de 400m chacun ont été, à Joinville-le-Pont, en 1887, cultivés côte à côte ; la plantation a été faite en Jeuxey. par les mêmes ouvriers, d’un côté avec régularité, sous ma surveillance directe, et en plaçant 3,3 sujets au mètre carré ; de l’autre côté, sans régularité, en laissant à ces ouvriers toute liberté de placer les plants à la distance et dans l’ordre dont ils avaient l’habitude.

A la récolte, en octobre :

Le carré planté irrégulièrement a fourni 821kg (20535kg à l’hectare).

Le carré planté irrégulièrement a fourni 689kg (17125kg à l’hectare).

Aujourd’hui encore, cependant, la plupart de nos cultivateurs se contentent d’une plantation tout à fait arbitraire, faite au gré de l’ouvrier dans le sillon de la charrue ; les plus soigneux font passer le rayonneur dans la pièce et font planter ensuite, au pas , dans la ligne. Cette manière de faire est déjà préférable, mais elle est encore bien insuffisante ; la longueur des pas varie, en effet, non seulement d’un ouvrier à l’autre, mais même d’un moment à l’autre pour le même ouvrier, et de ces variations peuvent résulter des différences de 5000 et 4000 poquets à l’hectare. Des résultats bien supérieurs sont obtenus par le procédé qui consiste à rayonner la pièce en croix, pour ensuite planter aux points de croisement.

Pour rendre la plantation régulière, on emploie aussi quelquefois en Amérique, en Angleterre et en Allemagne, des machines qu’a bien voulu me faire connaître M. Ringelmann, professeur de Génie rural à l'École de Grignon, et il convient de citer, à ce propos, les plantoirs de True (États-Unis), de Siedersleben (Allemagne), de Murray (Angleterre), etc., mais ces machines ne sont pas connues en France.

Je crois d'ailleurs que l'emploi d'appareils compliqués, sujets à dérangements fréquents, n'est pas nécessaire pour faire de la pomme de terre une plantation régulière; le rayonnage en croix que j'indiquais tout à l'heure y suffit largement. Le rayonneur étant réglé à 0m,60, la pièce est d'abord parcourue longitudinalement, puis le réglage est modifié, ramené à 0m,50 et la pièce parcourue une deuxième fois transversalement, c'est-à-dire perpendiculairement à la première direction.

En donnant ensuite un coup de croc à chaque croisement et déposant un tubercule dans chaque poquet, on obtient une plantation d'une régularité parfaite, comprenant 330 poquets à l'are et dont la régularité même concourt dans une mesure notable à la production des rendements élevés.


Date de la plantation.


C'est une considération importante encore, au point de vue du succès de la culture des pommes de terre, que celle de la date à laquelle la plantation doit avoir lieu.

Cette date, bien entendu, est variable suivant la sorte cultivée, et c'est chose évidente qu'une pomme de terre hâtive doit être plantée plus tôt qu'une pomme de terre tardive. Le développement plus rapide des germes, dans le premier cas, fournit à ce sujet des indications sur lesquelles il est inutile d'insister.

Toutes choses égales cependant, il convient de ne pas redouter les plantations précoces; à la vérité, quelques dangers de gelée sont à craindre dans ce cas; mais, si les tubercules sont vigoureux, l'accident peut se réparer dans une mesure notable. Les plantations tardives, en tout cas, doivent être évitées elles déterminent toujours une diminution dans le rendement.

J'ai pensé qu'il serait intéressant d'apporter, à l'appui de ce précepte une démonstration numérique.

J’ai, dans ce but, à Joinville-le-Pont, préparé en 1888 et planté à la manière ordinaire une pièce de 4 ares divisée en quatre carrés égaux. Le plant choisi, bien identique à lui-même, était de la variété Richter’s Imperator, pesant, par tubercule, 100gr environ ; le nombre des pieds sur chaque are était de 330.

De ces quatre carrés, le premier a été planté le 26 mars, le second le 10 avril, le troisième le 20 avril, le quatrième le 9 mai.

Le 6 mai, le premier était en pleine végétation ; le 14, le deuxième l’avait rattrapé ; le 26 mai, il en était de même du troisième, si bien que, entre ces trois carrés, on n’apercevait pas de différence bien marquée, à cette date, alors que, sur le carré du 10 mai, la levée n’était pas encore commencée ; c’est aux premiers jours de juin seulement que celle-ci s’est mise en train.

A la récolte, le 20 octobre, les quatre carrés ont donné, en tubercules :


Carré planté le 26 mars. 
468kg
Carré p"anté le 10 avril. 
469
Carré p"anté le 25 avril. 
452
Carré p"anté le 10 mai. 
370


Les deux premières récoltes sont identiques, la troisième offre, déjà une diminution appréciable, la quatrième une diminution considérable. Cette diminution, en effet (99kg sur 469kg), ne représente pas moins de 21 pour 100 du rendement.

La démonstration est donc des plus nettes planter au delà de la seconde quinzaine d’avril, pour les variétés ordinaires, c’est se placer dans une condition défavorable ; je l’ai plusieurs fois reconnu. C’est entre le 5 et le 20 avril que, à moins de circonstances atmosphériques inusitées, il convient de placer la date de plantation.


Espacement des plants.


C’est, pour la culture de la pomme de terre, une considération capitale que celle de l’espacement des plants.

La tendance habituelle est à les écarter largement ; en quelques localités cependant on a pour coutume de les rapprocher en grand nombre sur l’unité de surface ; les uns placent jusqu’à cinq ou six semenceaux au mètre, les autres n’en placent que deux, un seul même quelquefois.

En face de coutumes si différentes, c’était chose nécessaire que de rechercher s’il n’existe pas des conditions d’espacement qui doivent être préférées à toutes autres.

A priori, étant donnée la mission de producteur de matière organique qui incombe à la végétation aérienne, il était permis de croire que ces conditions devaient être telles que chaque plante pût, à travers l’atmosphère, trouver l’espace nécessaire à son plein développement, sans qu’à côté d’elle aucun espace libre pût être envahi par des plantes étrangères.


C’est dans la voie ouverte par cette hypothèse que j’ai poursuivi la solution du problème de l’espacement.

J’ai fait à ce sujet des expériences nombreuses, et celles-ci m’ont amené à reconnaître que les conditions les plus favorables au développement de la pomme de terre, en général, et particulièrement des variétés à haut rendement, correspondent au cas où, placés à 0,50 l’un de l’autre sur des lignes espacées à 0m,60, les tubercules de plant figurent sur chaque are, au nombre de 330 environ.

Rapporter tous les essais que j’ai faits à ce propos serait chose fastidieuse je me contenterai de faire connaître les résultats de quelques-uns d’entre eux.

En 1888, trois carrés de 1 are ont été, côte à côte, plantés en tubercules de Richter’s, du poids, bien égal, de 100gr ; le premier carré a reçu 100 tubercules, le second 330, le troisième 500. Le Tableau suivant fait connaître le résultat de la culture ; on y trouve le poids de tubercules plantés à l’are, le poids de la récolte, et en fin de compte l’augmentation qui résulte des variations de l’espacement quant à la dépense de plant et au poids de la récolte.

Poids. Augmentation.
Nombre
de poquets
à l'are.
du
plant.
de la
récolte.
de la dépense
en plant.
de la récolte
en tubercules.
kg kg kg kg
100 10 260 " "
330 33 330 +13 +70
500 50 355 +17 +25

Le bénéfice dans le second cas, par rapport au premier, est considérable dans le troisième, et par rapport au second, il est insignifiant.

De gros tubercules de Richter’s (200gr environ), plantés dans les mêmes conditions, ont fourni des résultats analogues.

Poids. Augmentation.
Nombre
de poquets
à l'are.
du
plant.
de la
récolte.
de la dépense
en plant.
de la récolte
en tubercules.
kg kg kg kg
100 20 268 " "
330 66 382 +46 +114


Chaque année, j’ai eu soin de vérifier par de nouveaux essais la valeur culturale de l’espacement que les essais précédents m’avaient conduit à adopter.

En 1890, une pièce de 6 ares a été consacrée, dans des conditions d’écartement variées, par moitié à la culture de la Richter’s Imperator, par moitié à la culture de la Jeuxey.

Divisée en cinq parties égales, la pièce a reçu sur la première de ces cinq parties 100 tubercules seulement à l’are, sur la seconde 200, sur la troisième 330, sur la quatrième 500, sur la cinquième 800. Tous ces tubercules soigneusement triés étaient, pour chaque variété, de même poids, pour la Richter’s Imperator de 100gr, pour la Jeuxey de 75gr.

Les résultats rapportés à l’are ont été les suivants :

Richter's Imperator
Poids. Augmentation.
Nombre
de poquets
à l'are.
du
plant.
de la
récolte.
de la dépense
en plant.
de la récolte
en tubercules.
kg kg kg kg
100 10 313 " "
200 20 333 10 20
330 33 399 13 66
500 50 403 17 4
800 33 446 30 43
Jeuxey ou vosgienne
100 7,5 164 " "
200 15 196 7,5 32
330 24 265 9 69
500 38 250 14 "
800 60 250 22 "

Ces derniers résultats sont particulièrement frappants ; ils établissent sans conteste la supériorité de l’espacement à 3, 3 par mètre que je recommande ; c’est à cet espacement que correspondent pour une moindre dépense de plant les récoltes élevées.

A cet écartement, pourvu que la variété soit vigoureuse, la végétation couvre entièrement le sol, le protège contre l’envahissement des plantes adventices et permet, par conséquent, de diminuer l’importance des façons, en même temps que l’appareil foliacé, prenant à travers l’atmosphère un large développement, réalise la production maxima de matière organique et, par conséquent, de fécule. La disposition la meilleure pour loger alors 33000 plants à l’hectare est celle qui consiste à rayonner la pièce à 0m,60, pour ensuite placer les plants à 0m 50 dans chaque ligne.


La pratique agricole a d’ailleurs aujourd’hui confirmé l’importance de mes indications à ce sujet ; tous les cultivateurs, en effet. qui ont adopté l’espacement que je recommande ont, du premier coup, atteint les hauts rendements ; ceux, au contraire (et je m’empresse d’ajouter qu’ils sont peu nombreux), qui, entraînés par des habitudes locales, ou impuissants à se faire écouter, ont fait des plantations plus écartées ou plus serrées, ont vu, en 1890 et 1891, leurs rendements en Richter’s Imperator tomber, suivant que l’écartement était plus ou moins grand, à 30000kg, 25000kg et même 20000kg, au lieu de s’élever à 35000kg et même en certains cas à 40000kg.


Choix des tubercules de plant.


EXPOSÉ DE LA QUESTION.


Ainsi que je l’ai indiqué au début de ce Chapitre, les conditions diverses que je viens de passer successivement en revue sont toutes nécessaires à la production d’une bonne récolte, mais plus nécessaire encore est le choix que le cultivateur doit faire des tubercules qu’il destine à la plantation. C’est dans ce choix, en réalité, que gît la condition principale du succès de sa culture.

Dans la plupart des cas, il faut le reconnaître, ce choix n’existe pas. C’est au hasard, bien souvent en y consacrant les tubercules inférieurs que le marché n’aurait pas voulu accepter, que l’on prend les semenceaux. On ne saurait imaginer de plus fâcheux système, et c’est à la fréquence de son emploi qu’est due, pour une bonne part certainement, l’infériorité presque générale de nos récoltes de pommes de terre.

Choisir le plant est, pour le cultivateur, un point d’une importance capitale ; mais ce choix, il faut que le cultivateur sache sur quelles données il convient de le faire reposer.

Pour beaucoup, c’est la grosseur des tubercules qui doit le déterminer pour d’autres, c’est le nombre des yeux, etc. Ce sont là certainement des considérations qui ont leur valeur ; mais, à côté d’elles, il en est une autre qui les prime toutes c’est la considération des qualités héréditaires personnelles à chaque sujet.

Dans les paragraphes qui vont suivre, je me propose d’établir scientifiquement, à l’aide de résultats numériques, la valeur d’une coutume que savent pratiquer quelques horticulteurs habiles, mais dont la grande culture ne tire point parti, coutume qui consiste à choisir, au milieu d’une récolte, les pieds les plus remarquables pour faire de ceux-ci la souche d’une famille dans laquelle on s’efforce ensuite de conserver, par hérédité, les qualités qui ont fait distinguer ses ancêtres.

C’est l’application aux tubercules de la méthode de sélection qui, pour les blés, la betterave, etc., a déjà rendu de si grands services à l’agriculture.

La continuation des qualités héréditaires n’a rien, du reste, qui. dans ce cas, doive surprendre ; un tubercule de pomme de terre, en effet, n’est qu’un rameau tubérosé et, à partir du moment où le stolon qui l’attache à la tige est rompu, ce tubercule devient une bouture.


DE LA GROSSEUR DES TUBERCULES DE PLANTATI0N.


Cependant, ce n’est pas à ce point de vue que jusqu’ici se sont placés les expérimentateurs qui, pour but, se sont proposé l’étude de l’amélioration de la culture de la pomme de terre ; le point de vue qui les a généralement attirés, c’est celui de la considération de la grosseur des tubercules à planter.

J’ai précédemment résumé aussi complètement que possible les essais extrêmement nombreux qui ont été faits pour éclairer ce point[4], et l’on a pu voir que presque tous avaient abouti à cette conclusion que le rendement de la pomme de terre est intimement dépendant de la grosseur du plant, d’où le conseil de planter de préférence de gros tubercules. Un seul expérimentateur, M. Vavin, a apporté, à l’énoncé de cette opinion, une réserve et fait observer que les très gros tubercules ne donnent pas toujours les résultats satisfaisants que l’on aurait pu en attendre.

Aux essais qui précèdent, cependant, j’ai cru pouvoir adresser quelques critiques[5] sur lesquelles je ne reviendrai pas, mais dont l’examen réfléchi m’a conduit à reprendre, dans des conditions nouvelles, l’étude de l’influence que peut exercer, sur le poids de la récolte, la grosseur des tubercules de plant.


Inégalité des récoltes fournies par des tubercules de même poids. — Une première question s’est d’abord présentée à mon esprit. Avant que de chercher à reconnaitre les résultats fournis par des tubercules de poids différents, il m’a semblé nécessaire d’examiner si les tubercules de même poids, pris dans une même récolte. donnent des résultats sensiblement égaux.

Pour résoudre cette question, j’ai, en 1887, divisé en quatre carrés une pièce de 480mq et, sur chacun des carrés de 120m ainsi séparés, j’ai planté 384 tubercules d’une même variété provenant de mes cultures, qui, tous individuellement, avaient été pesés et dont le poids pour tous les sujets était le même, à quelques grammes près.

Ces variétés étaient les suivantes :

Poids
des tubercules plantés.
Gelbe rose. 
130gr à 140gr
Jeuxey. 
190gr 100gr
Chardon. 
150gr 180gr
Richter's Imperator. 
140gr 150gr

A la récolte, les 1335 poquets ont été, tous aussi, individuellement pesés, et de ces pesées est résultée la démonstration de ce fait important que, à poids égal, les tubercules d’une même variété, provenant d’une même culture, donnent des résultats très inégaux.

Voici, en effet, de quelle façon se répartissent, par nombre de pieds et par poids, les récoltes faites :

Gelbe rose. Jeuxey.
Nombre de pieds. Poids total. Nombre de pieds. Poids total.
Manques. 
1 " 8 "
Au dessous de 500gr
131 48,7 42 15,0
De 500gr à 750gr
191 115,4 184 115,4
De 750gr à 1kg
58 46,3 131 108,7
De 1kg à 1kg,250. 
" " 18 18,5
                     Total. 
384 210,4 384 257,6
Chardon. Richter's Imperator.
Nombre de pieds. Poids total. Nombre de pieds. Poids total.
Manques. 
1 " 2 "
Au dessous de 500gr
16 7,3 15 5,4
De 500gr à 750gr
101 65,2 52 32,3
De 750gr] à 1kg
173 148,0 124 108,9
De 1kg à 1kg,250. 
67 73,0 121 130,3
De 1kg,250 à 1kg,500. 
23 32,0 53 73,2
De 1kg,500 à 1kg,750. 
2 2,7 12 1,6
De 1kg,750 à 2kg
1 1,8 " "
                     Total. 
384 330,5 384 369,3


Des chiffres que ce Tableau fait connaitre, il résulte qu’à des tubercules d’une même variété, provenant d’une même culture et ayant le même poids, peuvent appartenir des facultés productives très différentes. En certains cas, on voit cette faculté varier du simple au quadruple, et c’est, par conséquent, une donnée insuffisante à faire intervenir dans des essais comparatifs que celle de la pesée des tubercules.


De la valeur des tubercules de poids moyen au point de vue du choix du plant. —— Une autre donnée est alors nécessaire, et c’est en réfléchissant à quelques-uns des résultats précédents, en voyant des tubercules de poids égal donner des récoltes pesant, les unes moins de 0kg,500, les autres plus de 1kg,500, que j’ai été conduit à me préoccuper des qualités d’hérédité que les tubercules, auteurs de ces diverses récoltes, devaient posséder.

C’est ainsi que, pour comparer les résultats fournis par les gros, les moyens et les petits tubercules, j’ai été amené à emprunter les uns et les autres à la récolte d’un seul et même sujet et, par une déduction naturelle, amené à cultiver, les uns à côté des autres. dans le même terrain, et après les avoir individuellement pesés, tous les tubercules, si petits ou si gros qu’ils fussent, que cette récolte avait fournis.

C’est en 1887 que ces essais délicats ont eu lieu. Pour donner aux résultats la plus grande précision possible, j’ai choisi comme champ d’expériences le terre-plein de Joinville-le-Pont, dont le terrain meuble, passé à la claie, indemne d’insectes, m’offrait de grandes garanties contre les accidents de culture par lesquels la récolte de la pomme de terre est si aisément impressionnée.

En prévision de ces essais, j’avais, en 1886, récolté individuellement un certain nombre de pieds de dix variétés, et la récolte de chacun de ces pieds, dénombrée et pesée, avait été, individuellement aussi, ensachée jusqu’au printemps ; de telle sorte que, dans chaque sac, se trouvaient enfermés tous les tubercules provenant d’un seul et même auteur.

Au mois d’avril, tous ces sacs ont été examinés, et les récoltes dont quelques tubercules s’étaient altérés ont été rejetées. Sur chacune des cases du terre-plein, j’ai planté alors une de mes dix variétés ; l’espacement de la culture était tel que chaque case pût recevoir vingt tubercules. Pour satisfaire à cette disposition, j’ai recherché, dans chaque variété, un sujet dont la récolte comprît précisément vingt tubercules ; en certains cas, deux pieds ont été nécessaires pour parfaire ce nombre ; quelquefois enfin, j’ai dû me contenter d’un nombre moindre et boucher les vides avec des pommes de terre étrangères à l’essai.

J’ajoute enfin que, tout autour du terre-plein et pour éviter un développement excessif sur les rives, j’avais disposé un cordon de pommes de terre étrangères également.

La végétation, dans ces conditions, a été absolument satisfaisante et j'ai pu, au mois d'octobre, récolter, à la place occupée par chaque plant, un lot de tubercules sains et normaux; quelques pieds seulement, pour la variété Early rose, ont manqué totalement il n'en a pas été tenu compte.

Je donnerai d'abord, dans les Tableaux suivants, les résultats bruts de mes dix récoltes; je chercherai ensuite à grouper ces résultats, de manière à en tirer une conclusion pratique. La nomenclature en semblera certainement un peu longue; mais la connaissance en est, je crois, nécessaire pour justifier cette conclusion.


Gelbe rose
(17 tubercules).
Magnum bonum (all.)
(18 tubercules).
Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant. Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant.
6 0,265 64 fois 18 0,780 33 fois
8 0,560 70 fois 19 0,705 33 fois
16 0,565 36 fois 28 0,640 23 fois
23 0,765 33 fois 30 1,770 59 fois
31 0,720 23 fois 36 1,570 43 fois
39 0,520 13 fois 38 1,730 45 fois
41 1,300 31 fois 41 0,830 20 fois
42 1,220 27 fois 46 1,210 26 fois
42 0,900 22 fois 47 2,240 48 fois
54 1,360 25 fois 51 1,670 32 fois
64 1,175 18 fois 55 1,750 32 fois
67 0,850 12 fois 58 0,810 15 fois
73 1,140 15 fois 59 1,500 25 fois
87 1,090 12 fois 62 1,340 22 fois
93 1,260 13 fois 62 1,430 23 fois
123 1,900 15 fois 72 1,675 23 fois
164 1,930 11 fois 88 1,250 25 fois
92 1,940 21 fois
Shaw[6]
(9 tubercules).
Early rose[7]
(7 tubercules).
Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant. Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant.
7 0,530 76 fois 33 1,010 30 fois
23 1,035 44 fois 42 0,590 14 fois
40 1,320 33 fois 84 2,800 35 fois
43 0,640 15 fois 95 2,800 26 fois
47 1,095 23 fois 107 1,570 43 fois
74 1,350 18 fois 120 2,400 29 fois
86 1,950 23 fois 157 1,180 7 fois
101 2,210 22 fois
133 1,430 11 fois


Jeuxey
(20 tubercules).
Chardon
(20 tubercules).
Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant. Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant.
5 0,158 31 fois 10 0,380 38 fois
13 0,498 38 fois 11 0,690 63 fois
19 0,402 19 fois 15 0,890 58 fois
19 0,424 22 fois 16 0,910 57 fois
21 0,672 32 fois 28 1,110 40 fois
31 0,562 17 fois 33 0,810 24 fois
34 0,725 21 fois 44 0,790 18 fois
38 0,435 11 fois 45 1200 25 fois
51 0,530 12 fois 48 1,230 25 fois
56 1,435 25 fois 54 1,510 28 fois
58 1,670 27 fois 63 0,725 17 fois
61 1,340 22 fois 63 0,725 11 fois
69 1,155 17 fois 74 0,620 8 fois
77 1,205 16 fois 100 1,310 13 fois
80 1,375 16 fois 102 0,685 6 fois
81 1,375 15 fois 114 1,090 9 fois
96 1,320 14 fois 116 1,560 14 fois
98 1,685 17 fois 141 1,520 11 fois
167 2,220 14 fois 149 1,015 7 fois
176 1,855 11 fois 173 1,610 10 fois
Magnum bonum (franç.)
(18 tubercules).
Hermann
(20 tubercules).
Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant. Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant.
3 0,590 196 fois 12 0,575 48 fois
4 0,477 119 fois 14 0,700 52 fois
5 0,455 91 fois 18 0,630 35 fois
6 0,922 153 fois 23 0,754 33 fois
7 0,278 39 fois 25 1,195 47 fois
19 0,885 46 fois 26 0,700 27 fois
21 0,648 30 fois 26 0,565 21 fois
35 1,897 54 fois 28 1,317 47 fois
36 1,318 36 fois 30 1,265 42 fois
66 0,850 13 fois 33 1,829 55 fois
70 1,886 26 fois 36 1,238 34 fois
73 2,735 37 fois 39 0,704 18 fois
79 2,170 27 fois 43 1,046 24 fois
79 1,970 25 fois 54 0,912 187 fois
91 1,737 19 fois 67 0,369 5 fois
111 1,818 14 fois 76 0,518 7 fois
117 2,307 19 fois 83 1,693 21 fois
148 1,750 12 fois 83 1,360 16 fois
142 1,088 8 fois
148 1,155 8 fois


Richter's Imperator
(13 tubercules).
Red-Skinned[8]
(8 tubercules).
Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant. Poids du plant. Poids de la récolte. Rapport de la récolte au plant.
12 0,480 40 fois 57 0,395 7 fois
17 0,281 16 fois 58 0,506 9 fois
21 0,188 26 fois 100 0,990 10 fois
41 1,088 26 fois 132 1,570 12 fois
62 0,858 13 fois 155 1,365 9 fois
63 3,195 50 fois 190 1,955 10 fois
133 2,309 17 fois 215 1,495 7 fois
210 3,550 17 fois 45 216 1,355 256 fois
238 2,290 10 fois
267 14,885 18 fois
297 3,795 13 fois
318 2,920 9 fois
387 2,240 6 fois

La lecture des Tableaux qui précèdent est sans doute un peu monotone, mais elle est singulièrement instructive ; elle apporte, si je ne me trompe, la solution d’une question bien controversée aujourd’hui encore, celle du choix qu’il convient de faire, sous le rapport de la grosseur des tubercules à planter.

De l’examen des chiffres qu’ils contiennent, en effet, résultent plusieurs conséquences très nettes que j’énoncerai d’abord, pour ensuite en établir l’exactitude

1° Les tubercules de poids élevé donnent, en général, un produit plus abondant que les tubercules de poids faible ; mais cette règle n’est pas absolue, et il n’existe pas de proportionnalité nécessaire entre le poids du plant et le poids de la récolte.

2° Les tubercules de poids faible donnent quelquefois une récolte égale à celle que donnent des tubercules de poids double et même triple ; les tubercules de poids égaux ne donnent pas toujours des récoltes égales.

3° Les tubercules provenant d’un même sujet étant sériés par ordre de poids, on constate toujours, dans la série de plants ainsi dressée, une zone comprenant les gros et les moyens, englobant même quelques-uns des petits, et pour laquelle, à quelques exceptions près, la récolte ne varie que dans des limites peu étendues.

4° Les très gros tubercules donnent quelquefois des récoltes moindres que les gros et les moyens.


J’examinerai successivement ces quatre points. Dans les Tableaux qui, ci-dessus, indiquent la récolte fournie par les tubercules de poids divers qui, l’année précédente, constituaient l’ensemble d’un pied unique, j’ai eu soin de signaler, par l’emploi de caractères plus gras, les résultats que, d’après l’une des définitions précédentes, je considère comme ne variant que dans des limites peu étendues.

L’écart entre ces résultats ne dépasse pas, en général, 0kg, 300 à 0kg,400 ; c’est par conséquent au quart, tout au plus au tiers que s’élève, dans ces circonstances, la différence entre les récoltes maxima et minima ; pour apprécier des résultats de la nature de ceux qui précèdent, semblable latitude est indispensable.

L’examen, même superficiel, de ces Tableaux suffit à faire reconnaître aussitôt l’exactitude de ma première proposition. C’est à la queue de chaque série, en effet, en face des plants de poids élevé qu’on voit se grouper les chiffres qui indiquent les récoltes les plus abondantes ; mais un examen plus détaillé permet bientôt de reconnaître que de ce groupement ne résulte, en aucune façon, une loi de proportionnalité entre le poids des plants et le poids des récoltes. A la fin de chaque série, en effet, on voit le poids des plants grandir rapidement, tandis que le poids des récoltes ne fait que subir quelques oscillations tantôt en plus, tantôt en moins, sans atteindre les chiffres élevés qu’une proportionnalité réelle comporterait. L’exactitude de cette observation est aisée à constater, je n’y insisterai pas.


Cependant, à la règle qui vient d’être indiqué, l’analyse des mêmes Tableaux fait reconnaître des exceptions nombreuses, et souvent on voit des tubercules de poids faible donner une récolte égale à celle que donnent des tubercules de poids double et triple. C’est ainsi que l’on voit, non sans surprise :

Pour la Gelbe rose des plants de 41gr et de 93gr donner des récoltes sensiblement égales de 1kg,300 à 1kg,260 ;

Pour la Shaw des plants de 40gr et de 133gr donner des récoltes sensiblement égales de 1kg,320 et 1kg,430 ;

Pour la Magnum bonum allemand des plants de 30gr et de 72gr donner des récoltes sensiblement égales de 1kg,770 et 1kg,675 ;

Pour la Chardon des plants de 28gr et 149gr donner des récoltes sensiblement égales de 1kg,110 et 1kg,015, etc.

Multiplier ces exemples est inutile ; les Tableaux précédents en renferment un grand nombre qu’il est aisé de reconnaître.


De même des tubercules de même poids, et provenant d’un même pied, ne donnent pas toujours des récoltes égales. A la vérité, dans la longue nomenclature des résultats que j’ai donnés, on trouve plusieurs exemples de cette égalité. C’est ainsi que :

Pour la Gelbe rose, deux plants de 41gr et 42gr donnent 1kg,300 et 1kg,220 ; Pour la Jeuxey, deux plants de 19gr chacun donnent 0kg,402 et 0kg,424 :

Pour la Magnum bonum français, deux plants de 4gr et 5gr donnent 0kg,477 et 0kg,455, etc. ;

mais, à côté de ces exemples, et pour les mêmes variétés, on rencontre des exemples d’inégalité non moins frappants. C’est ainsi que

Pour la Gelbe rose, deux plants de 39gr et 41gr donnent 0kg,520 et 1kg,300 ;

Pour la Magnum bonum allemand, deux plants de 58gr et de 59gr donnent 0kg,810 et 1kg,500 :

Pour la Chardon, deux plants de 100gr et 102gr donnent 1kg,310 et 0kg,685 ;

Pour la Richter’s Imperator, deux plants de 62gr et 63gr donnent 0kg,858 et 3kg,195, etc.


De ces comparaisons et d’autres comparaisons analogues dont les Tableaux ci-dessus offrent la matière, découle donc cette conséquence, que l’on ne saurait, en aucune façon, baser sur le poids absolu d’un tubercule isolé une probabilité sérieuse quant à la valeur de la récolte qu’il fournira. Mais il en est autrement si, au lieu de considérer chaque plant isolément, on considère, en série, les différents tubercules dont était composée la récolte d’un sujet déterminé.

On reconnaît alors qu’à partir d’un certain poids, différent d’ailleurs suivant chaque variété, la plupart des tubercules, et même en certains cas tous les tubercules, donnent des récoltes qui ne varient entre elles que dans des limites peu étendues.

C’est là un fait qui, au point de vue de ses conséquences pratiques, possède une importance telle qu’il est indispensable d’en faire la reconnaissance pour chacune des dix cultures dont j’ai indiqué les résultats.


Pour la variété Gelbe rose, le sujet qu’on peut considérer comme l’ancêtre de la récolte actuelle avait fourni dix-sept tubercules, variant individuellement de 6gr à 164gr ; tous ont été plantés et ont fourni leur récolte. Les six premiers (6gr à 39gr) ont donné un produit variant de 0kg,625 à 0kg,765 ; mais, à leur suite, on en rencontre neuf dont la récolte oscille entre 0kg,900 et 1kg,360. Dans cette zone, on voit donc figurer plus de la moitié (9 sur 17) des tubercules plantés.

Pour la variété Shaw, sur neuf tubercules, on en compte cinq qui, pesant de 23gr à 133gr, donnent des récoltes variant de 1kg,025 à 1kg,430.

Pour la variété Magnum bonum (d’origine allemande), sur dix-huit tubercules variant de 13gr à 92gr, on en trouve dix qui, pesant de 30gr à 92gr, donnent des récoltes variant de 1kg,340 à 1kg,770 plus de la moitié du plant (10 sur 18) est comprise dans la zone.

Pour la variété Early rose, sur sept tubercules, quatre, variant de 84gr à 120gr, donnent des récoltes variant de 2kg,300 à 2kg,800.

Pour la variété Jeuxey, les résultats se présentent avec une netteté particulièrement remarquable ; vingt tubercules variant de 5gr à 176gr ont été plantés neuf d’entre eux variant de 56g à 98gr garnissent une zone non interrompue où les récoltes varient de 1kg,155 à 1kg,685.

Pour la variété Chardon, les exceptions sont, au contraire, assez nombreuses ; néanmoins, sur vingt tubercules du poids de 10gr à 173gr, on en compte dix qui, du poids de 28gr au poids de 149gr fournissent des récoltes variant de 1kg,015 à 1kg,560.

Pour la variété Magnum bonum (d’origine française), dix-huit tubercules variant de 3gr à 148gr ont été plantés ; huit d’entre eux, dont le poids est compris entre 35gr et 148gr, ont donné de 1kg,737 à 2kg,307 de produit.

Pour la variété Hermann (variété incomplètement fixée d’ailleurs), on observe moins de régularité ; sur vingt tubercules de 12gr à 148gr, on en compte neuf qui, pesant de 25gr à 148gr, ont fourni des récoltes variant de 0kg,912 à 1kg,360 ; mais, dans la zone où prennent place ces neuf plants, on trouve des exceptions relativement nombreuses.

Pour la variété Richter’s Imperator, sur treize tubercules variant de 12gr à 387gr, on voit, à partir du poids de 63gr les récoltes garnir une zone où une seule exception se rencontre et où les poids de tubercules arrachés à chaque pied varient de 2kg,240 à 3kg,795.

Pour la variété Red-Skinned enfin, sur huit tubercules, cinq, variant du poids de 132gr à 216gr donnent des récoltes comprises entre 1kg,355 et 1kg,955. La conclusion pratique qu’il convient de tirer de toutes ces observations s’indique aussitôt. Du moment, en effet, où, dans la série des plants provenant d’un même pied, une zone se rencontre toujours où, sauf quelques exceptions, les récoltes se chiffrent par des poids qui ne varient que dans des limites peu étendues, c’est dans cette zone qu’il convient de prendre les tubercules destinés à la plantation.

Mais, dans cette zone, on rencontre en même temps, quelquefois, de petits tubercules, toujours les moyens et les gros. Choisir les petits serait une imprudence, choisir les gros serait charger la culture d’une dépense inutile ; c’est aux moyens qu’il convient de s’adresser.

Reste alors à fixer ce qu’il faut entendre par tubercules moyens. Le poids, bien entendu, en doit être différent, suivant que la variété cultivée produit particulièrement de petits ou de gros tubercules ; mais, d’une manière générale, on peut les définir en disant que ce sont ceux qui, par leur grosseur, représentent le type moyen de la récolte, en laissant de côté les petits et les gros.

Quelques exemples me feront bien comprendre. Pour la variété Jeuxey, par exemple, sur neuf plants compris dans la zone des récoltes moyennes, cinq pesaient de 55gr à 80gr, tandis que les trois autres pesaient de 80gr à 100gr ; choisir pour la variété Jeuxey des plants pesant au delà de 80gr est inutile, en choisir qui pèsent moins de 55gr expose à l’insuccès c’est sur les tubercules moyens de 55gr à 80gr que le cultivateur devra porter son choix.

Pour la variété Richter’s, le poids des sujets moyens à planter sera plus élevé. Sur sept tubercules compris dans la zone moyenne, cinq dépassent un poids de 200gr chacun ; mais ces gros tubercules, ce serait une pratique inutilement dispendieuse que de les rechercher pour la plantation, puisque, à côté d’eux, on trouve deux autres tubercules de 63gr et 133gr qui donnent, comme les précédents, une récolte comprise entre 2kg,300 et 3kg,500. C’est entre 80gr et 120gr qu’il convient de fixer le poids des tubercules moyens de Richter’s.

Pour la variétés Gelbe rose, c’est à un poids différents que l’on est conduit. La zone des récoltes analogues comprend des plants de 40gr à 93gr ; c’est aux premiers qu’il faut s’adresser les tubercules moyens, avantageux et économiques à la fois, pour la plantation de la Gelbe rose, pèseront de 40gr à 60gr.

C'est de la même façon, c'est en appliquant, comme je viens de le faire, la méthode expérimentale que doit être fixé, pour toute variété, le poids du plant. Rien de précis ne peut, à ce sujet, être indiqué d'avance on ne peut qu'admettre (et seulement comme

Diagramme n° VII.
Produit, en tubercules et en tiges (1887), de dix-sept tubercules individuellement pesés, formant la récolte d’un pied de Gelbe rose en 1886.


probable), pour le choix des tubercules moyens qui doivent constituer le plant, le poids de 80gr à 120gr si la variété est à gros tubercules; le poids de 60gr à 80gr si les tubercules qu'elle produit sont de taille ordinaire; le poids de 40gr à 60gr si elle-est à petits tubercules.

Quant aux tubercules très gros, le cultivateur n’a aucun avantage à les employer comme plant. Quelquefois, il est vrai, ou les voit fournir un rendement très élevé, mais bien souvent aussi on les voit tromper les espérances que leur grosseur avait fait naître. Déjà M. Vavin avait appelé l’attention sur cette limite physiologique je l’ai, pour ma part, plus d’une fois constatée. J’ai vu, et


Diagramme n° VIII.
Produit, en tubercules et en tiges (1887), de sept tubercules individuellement pesés, formant la récolte d’un pied d’Early rose en 1886.


surtout en 1888, des tubercules énormes d’Early rose, de Richter’s, de Red-Skinned, échouer complètement et ne donner aucune récolte. Même, dans les tableaux qui précèdent, on peut trouver quelques exemples de cette infériorité inattendue des très gros tubercules. C’est ainsi que, pour l’Early rose, des tubercules de 95gr et 107gr donnent des récoltes de 2kg, 300 et 2kg, 8oo, tandis qu’un tubercule de 157gr ne donne que 1kg, 180 ; que, pour la Magnum bonum (d’origine française), des tubercules de 73gr et donnent des récoltes de 2kg,735 et 2kg,170, tandis qu’un tubercule de 148gr ne donne que 1kg,700 ; que pour la Richter's Imperator un tubercule de 267gr donne l’énorme récolte de 4kg,885, tandis qu’un tubercule de 387gr ne donne que 2kg,400, etc.


Diagramme n° IX.
Produit, en tubercules et en tiges (1887), de neuf tubercules individuellement pesés, formant la récolte d’un pied de Shaw en 1886.


Au fur et à mesure que s’élève le poids du plant, on voit d’ailleurs la faculté productive des tubercules diminuer suivant une progression rapide. Ce fait est bien connu, et depuis longtemps les expérimentateurs l’ont signalé, comme aussi la grande puissance productive des petits tubercules. Je ne crois pas cependant qu’aucun d’entre eux ait jusqu’ici fait connaître, à ce propos, des faits aussi curieux que ceux que j’ai été conduit à observer en plantant des tubercules de poids très faibles. C’est pourquoi j’ai cru intéressant d’énoncer, dans mes Tableaux, et pour chaque


Diagramme n° X.
Produit, en tubercules et en tiges (1887), de dix-huit tubercules individuellement pesés, formant la récolte d’un pied de Magnum bonum en 1886.


plant, le chiffre par lequel le poids de ce plant doit être multiplié pour obtenir le poids de la récolte.

On observe ainsi des chiffres d’une élévation extraordinaire. C’est ainsi que, pour la Jeuxey, des tubercules de 3gr, 4gr, 5gr et 6gr fournissent des récoltes égales à 196, 119,91 et 153 fois leur poids ; que, pour la Gelbe rose, des tubercules de 6gr et 8gr reproduisent 64 et 70 fois la semence, etc., etc.

Mais c’est seulement aux tubercules de très petit poids que cette grande puissance productive appartient. Lorsque le poids du plant grandit, c’est à des chiffres bien moindres, c’est à 15, 12, 10 fois, 8 fois même que s’abaisse d’habitude la proportion du poids de la récolte au poids du plant.


Tous les faits qui viennent d’être indiqués sont, pour quatre variétés Gelbe rose, Earlj rose, Shaw et Magnum bonum (d’origine allemande), représentés graphiquement sur les diagrammes VII, VIII, IX et X ; sur chacun de ces diagrammes, j’ai enveloppé, à l’aide d’une ligne ponctuée, la zone de production des récoltes à variations peu étendues ; ces représentations graphiques, mieux encore que les Tableaux de chiffres, permettent d’apprécier l’étendue que cette zone acquiert pour quelques variétés.


INFLUENCE DES QUALITÉS HÉRÉDITAIRES DE CHAQUE TUBERCULE DE PLANT SUR LA RÉCOLTE QU’IL FOURNIT.


Si importante que soit, au point de vue pratique, la conclusion qui vient d’être indiquée au sujet de la grosseur des tubercules à planter, ce serait se tromper beaucoup que d’y voir la solution complète de la question relative au choix du plant.

Cette solution dépend d’une autre donnée encore, elle dépend des qualités héréditaires qui appartiennent en propre à chaque sujet. C’est en étudiant attentivement les résultats des essais qui précèdent que j’ai été conduit à me préoccuper de ce côté de la question, sur lequel l’attention jusqu’ici ne s’était pas portée.

En voyant des tubercules de même poids fournir des récoltes quelquefois très différentes, j’ai dû naturellement être conduit à penser qu’à chacun de ces tubercules devait appartenir une puissance productive différente, puissance productive que, d’après les lois naturelles, on devait, à quelques exceptions près, retrouver dans sa descendance. J’ai été conduit, en un mot, à penser qu’à chacun des tubercules provenant d’un sujet à riche récolte devait appartenir, sinon absolument, du moins dans une large mesure, la faculté de fournir, lui aussi, une récolte abondante, à penser également que, dans les tubercules provenant d’un sujet pauvre, cette faculté ne devait pas se retrouver.

L’expérience m’a montré qu’il en était bien ainsi, et de deux façons je me propose de le démontrer.


En 1888, désireux de répéter, sur un plus grand nombre de tubercules, mes essais de 1887 au sujet du rendement des plants de poids différent que fournit un même sujet, j’avais disposé, à Joinville-le-Pont, une pièce divisée en dix carrés sur chacun desquels devaient être plantés 96 tubercules de chaque variété. Ces 96 tubercules devaient être fournis, pour chaque variété, par les récoltes, différentes en poids et en nombre, de plusieurs sujets différents.

Pour quelques variétés, à tubercules nombreux, les récoltes de quatre ou cinq sujets devaient suffire ; pour d’autres, une dizaine devaient être nécessaires.

La plantation a été faite avec beaucoup de soin, chacun des 960 tubercules mis en place ayant été soigneusement pesé et étiqueté.

Malheureusement, un accident de culture a compromis une partie de cet essai les vers blancs, qu’on croyait avoir détruits au moment du labour, fourmillaient dans ce coin de terrain, et un grand nombre de plants n’ont donné aucune récolte. La répétition de l’essai de 1887 n’a donc pu avoir lieu.

Mais il est resté sur la pièce, malgré tout, des récoltes assez nombreuses pour que j’aie pu, ainsi que j’en avais l’intention, en profiter pour donner une première démonstration de l’influence des qualités héréditaires des sujets sur la récolte.


Pour chaque variété, les récoltes destinées à fournir les tubercules de plant avaient été choisies aussi différentes en poids que possible ; chacune d’elles comprenait naturellement un certain nombre de tubercules du même poids que certains tubercules des autres récoltes, ou de poids voisin.

J’ai imaginé alors de comparer entre elles les récoltes fournies par les tubercules de même poids ou de poids voisin provenant de différents auteurs, de calculer, d’après le poids de ces récoltes, la puissance productive de ces tubercules, afin de voir si, d’un auteur à l’autre, on verrait varier cette puissance.

Elle varie, en effet, et se montre dépendante de la puissance productive du sujet d’où les tubercules de même poids ou de poids voisin proviennent. D’un sujet à grand rendement on voit toujours sortir des tubercules qui eux-mêmes fournissent une récolte abondante la puissance productive est héréditaire.


Dans les Tableaux qui vont suivre, figurent, groupés par séries. les tubercules de même poids provenant, pour une même variété de sujets de force différente avec l’indication, dans chacune de ces séries et pour chacun de ces sujets, du rapport du poids de la récolte au poids du tubercule planté.


Gelbe rose[9].
Rapport de la récolte au plant pour des tubercules de :
Plant provenant d'un pied de 0gr à 20gr. 21gr à 30gr. 31gr à 40gr. 41gr à 50gr. 51gr à 60gr. 61gr à 80gr. 81gr à 100gr.
kg
0,560 
42 fois* 26,9 23,3 " " " "
0,850 
38,9fois 32,6 24,2 " " " "
1,120 
49 fois* 35,5 26,2 15,7 " 12 9,4
1,300 
50 fois* 35,5 29,7 20,0 16,1 16,17 13,4


Shaw.
Rapport de la récolte au plant pour des tubercules de :
Plant provenant d'un pied de 0gr à 20gr. 21gr à 30gr. 31gr à 40gr. 41gr à 50gr. 51gr à 60gr. 61gr à 80gr. 81gr à 100gr.
kg
0,530 
" 11,8 fois " " " 10 5,2
1,050 
" 16,8 fois 13,8 11,3 " 12* 7,2
1,060 
" 16,4 fois 16 12,7 " 11 8,7
1,430 
" " 16,3 12,7 13 12,4 9,2
1,640 
" 20,0 fois 18 " " 11,3* "
2,310 
" " 16,8* 15 13 " 9,5
Magnum bonum (d'origine allemande).
Rapport de la récolte au plant pour des tubercules de :
Plant provenant d'un pied de 0gr à 20gr. 21gr à 30gr. 31gr à 40gr. 41gr à 50gr. 51gr à 60gr. 61gr à 80gr. 81gr à 100gr. 100gr et au-dessus.
kg
0,225 
14 fois 13 " " 23* " " "
0,705 
23fois 22 " " " 17* " 9,8
1,210 
49,6 fois 30 18 20 22 15,7 11,9 12,7
1,730 
42,6* 31 23 20,9 " 20 14,7 12,8
2,240 
70 33 25 24 26 25,9 17 20
Early rose.
Rapport de la récolte au plant pour des tubercules de :
Plant provenant d'un pied de 0gr à 20gr. 21gr à 30gr. 31gr à 40gr. 41gr à 50gr. 51gr à 60gr. 61gr à 80gr.[10]
kg
0,590 
70 fois 54 20 23 " "
2,800 
" " 36 " 33 "
3,720 
89 75 48 36 "


Jeuxey.
Rapport de la récolte au plant pour des tubercules de :
Plant provenant d'un pied de 0gr à 20gr. 21gr à 30gr. 31gr à 40gr. 41gr à 50gr. 51gr à 60gr. 61gr à 80gr. 81gr à 100gr. 100gr et au-dessus.
kg
0,498 
" " 10 10 8 " " 5,4
0,530 
31 fois 15 " " " 10,8 9,5 7
0,672 
35 fois 20 " " " 13 12 10,6
1,320 
" 28,6 9* 16,5 16,5 17* 12 "
1,435 
40,7 29,8 " 11,1* " " 13 10,8
1,855 
27* " 18 20 17,6 16 13 10,4
2,220 
40,9 " 20 " " 16 13 "


Chardon.
Rapport de la récolte au plant pour des tubercules de :
Plant provenant d'un pied de 0gr à 20gr. 21gr à 30gr. 31gr à 40gr. 41gr à 50gr. 51gr à 60gr. 61gr à 80gr. 81gr à 100gr. 100gr et au-dessus.
kg
0,620 
" " 15 " " 5,8 4,6 5,1
0,685 
28,6 fois 26,3 19 14 " " " "
0,790 
" " " 15 " 13,8 " 5,7
1,095 
" 26,6 26 " 17 " 12 5,9
1,310 
42,6 28 " 18,8 " " 15,9 7,6
1,510 
43,7 " 29 " " 19 17,6 7,6
Magnum bonum (d’origine française).
Rapport de la récolte au plant pour des tubercules de :
Plant provenant d'un pied de 0gr à 20gr. 21gr à 30gr. 31gr à 40gr. 41gr à 50gr. 51gr à 60gr. 61gr à 80gr. 81gr à 100gr. 100gr et au-dessus.
kg
0,885 
21,8 fois 34 28* 21,5 25 " " "
0,922 
21* " " 32,9 26 " 12,4 16,9*
1,818 
57,3 37 25,1 39 " " 20 9
1,846 
" 41 " 25,7* 29 16,8 " 12
1,897 
63,3 " 31 52,2 " 21 21,4 13,8


Hermann.
Rapport de la récolte au plant pour des tubercules de :
Plant provenant d'un pied de 0gr à 20gr. 21gr à 30gr. 31gr à 40gr. 41gr à 50gr. 51gr à 60gr. 61gr à 80gr.
kg
0,369 
" " 18 " " "
0,545 
" 29,8 " " 17 "
1,195 
41,6 fois 33,6 25 20 23,7 15,5
1,829 
49 37,7 27,2 24 25 16,8


Richter’s Imperator.
Rapport de la récolte au plant pour des tubercules de :
Plant provenant d'un pied de 0gr à 20gr. 21gr à 30gr. 31gr à 40gr. 41gr à 50gr. 51gr à 60gr. 61gr à 80gr. 81gr à 100gr.[11]
kg
0,858 
111 fois 85,9 64,8 39 " " 9
3,195 
" " " 47 35 21 22
3,550 
162 100 " " " 36 "


Red-Skinned.
La récolte presque entière a été détruite.


Malgré les accidents qui ont enlevé à la culture dont je viens d’indiquer les résultats le caractère d’ensemble que j’espérais lui donner, les Tableaux qui précèdent n’en fournissent pas moins un enseignement très net. Au pied des sujets que ces accidents avaient laissés indemnes, j’ai pu faire, en somme, cinq à six cents récoltes normales, et, de la comparaison des rendements fournis par des tubercules de même poids provenant des divers sujets de chaque variété, sont résultées 200 observations.

Sur ces 200 observations, 185 aboutissent à la même conclusion et montrent les tubercules de même poids, mais provenant de sujets de force différente, en possession d’une puissance productive d’autant plus grande que le poids de la récolte fourni par le sujet ascendant était lui-même plus élevé, 15 seulement font exception.

La différence entre ces deux nombres d’observations est assez considérable pour qu’il ne reste aucun doute sur l’influence que les qualités héréditaires d’un sujet exercent sur sa descendance. au moins à la première génération.

Chose remarquable, d’ailleurs à partir du moment où la récolte du sujet ascendant possède un poids très élevé, l’influence de ces qualités héréditaires, tout en se faisant sentir encore, ne s’exerce plus avec la même intensité que quand cet ascendant est un sujet pauvre ou même un sujet moyen.

Ce qui revient à dire que, si, pour obtenir des sujets à grand rendement, il convient de choisir pour plant des tubercules provenant de sujets à grand rendement aussi, il n’y a pas d’avantage marqué à rechercher parmi ceux-ci ceux dont le rendement est exceptionnellement élevé.


Les essais dont je viens de donner et dc discuter les résultats ne sont pas les seuls que j’aie entrepris pour établir l’influence des qualités héréditaires du plant et, par un autre procédé encore, j’ai pu obtenir de ce fait capital une seconde démonstration.

J’ai exposé précédemment[12] comment, en 1887, pour reconnaître si les tubercules de même poids provenant d’une même variété donnent des récoltes égales, j’avais cultivé quatre variétés dont les produits, à l’arrachage, avaient été pesés, poquet par poquet, et rangés ensuite, d’après leur rendement constaté, en cinq ou six lots. Dans chacun des lots ainsi constitués, pour chaque variété, j’ai, en 1888, choisi des tubercules de poids égal, au nombre tantôt de 37, tantôt de 74, tantôt de 111, suivant leur abondance respective. Les tubercules ainsi choisis, tous de même poids ou de. poids très voisins, provenant, pour une même variété, les uns de pieds forts, les autres de pieds faibles, devaient, dans ma pensée, fournir, les uns des récoltes plus fortes, les autres des récoltes plus faibles.

Dans un sol d’une composition bien régulière, les uns et les autres ont été placés côte à côte, en lignes comprenant chacune 37 sujets, et cultivés d’une façon identique.

A la récolte, les tubercules de tous les pieds formant une série ont été pesés ensemble, de manière à établir le poids moyen.

Dans cette culture encore, des accidents, dus à la présence des vers blancs, se sont produits, et quelques lignes ont dû être abandonnées mais celles qu’à la récolte on a trouvé indemnes ont fourni des résultats intéressants que je résume dans les Tableaux suivants[13] :


Chardon.
Poids moyen
de la récolte.
Plants pesant de 60gr à 67gr provenant
kg
Des pieds de 0kg,500 et au-dessous 
0,750
Des pi"ds de 0kg,500 à 0kg,750 
0,845
Des pi"ds de 0kg,750 à 1kg,000 
0,860
Des pi"ds de 1kg,000 à 1kg,250 
0,901
Des pi"ds de 1kg,250 à 1kg,500 
0,884*
Des pi"ds de 1kg,500 à 1kg,750 
0,952
Plants pesant 100gr environ provenant
Des pieds de 0kg,500 à 0kg,750 
0,923
Des pi"ds de 1kg,000 à 1kg,258 
0,950


Gelbe rose[14].
Poids moyen
de la récolte.
Plants pesant de 47gr à 50gr provenant
kg
Des pieds de 0kg,500 et au-dessous 
0,712
Des pi"ds de 0kg,750 à 1kg,000 
0,898
Plants pesant 66gr à 75gr provenant
Des pieds de 0kg,500 et au-dessous 
0,975
Des pi"ds de 0kg,500 à 0kg,750 
0,990
Jeuxey.
Poids moyen
de la récolte.
Plants pesant de 50gr à 53gr provenant
kg
Des pieds de 0kg,500 et au-dessous 
0,648
Des pi"ds de 0kg,500 à 0kg,750 
0,869
Plants pesant de 76gr à 87gr provenant
Des pieds de 0kg,500 et au-dessous 
0,750*
Des pi"ds de 0kg,500 à 0kg,750 
0,770
Des pi"ds de 1kg,000 à 1kg,250 
0,997
Des pi"ds de 1kg,250 à 1kg,750 
1,475
Plants pesant de 160gr à 180gr provenant
Des pieds de 0kg,750 à 1kg,000 
1,000
Des pi"ds de 1kg,000 à 1kg,250 
1,120


Richter's Imperator.
Poids moyen
de la récolte.
Plants pesant de 77gr à 78gr provenant
kg
Des pieds de 1kg,250 à 1kg,500 
1,550
Des pi"ds de 1kg,500 à 1kg,750 
1,684
Plants pesant de 80gr à 88gr provenant
Des pieds de 0kg,750 à 1kg,000 
1,533
Des pi"ds de 1kg,000 à 1kg,250 
1,600
Plants pesant de 125gr à 130gr provenant
Des pieds de 0kg,750 à 1kg,000 
1,437
Des pi"ds de 1kg,000 à 1kg,250 
1,544
Des pi"ds de 1kg,250 à 1kg,500 
1,675
Des pi"ds de 1kg,500 à 1kg,750 
1,543*
Plants pesant de 188gr à 190gr provenant
Des pieds de 0kg,500 à 1kg,000 
1,120
Des pi"ds de 0kg,750 à 1kg,000 
1,350
Poids moyen
de la récolte.
Plants pesant de 210gr à 220gr provenant
kg
Des pieds de 1kg,000 à 1kg,250 
1,360
Des pi"ds de 1kg,250 à 1kg,500 
1,810
Des pi"ds de 1kg,500 à 1kg,750 
1,900


C’est sur des pesées de 50kg, quelquefois même de 80kg qu’a été établi, dans la plupart des cas, le poids moyen de la récolte ; les chiffres qui précèdent ont donc une signification pratique indiscutable.

On peut regretter, sans doute, que les accidents auxquels j’ai fait tout à l’heure allusion aient diminué de près de moitié le nombre des observations dont les éléments avaient été préparés ; mais, tel qu’il est. ce nombre est largement suffisant pour établir l’influence des qualités héréditaires des sujets sur leur descendance. Sur 33 cas observés, en effet, on voit trente fois le poids moyen de la récolte s’élever, pour les plants de même poids, lorsque ceux-ci proviennent d’ascendants ayant eux-mêmes fourni une récolte élevée.


De deux façons, par conséquent, on peut considérer comme démontrée cette proposition que, pour obtenir des rendements élevés, le cultivateur doit prendre ses plants au pied des sujets qui eux-mêmes, ont fourni un rendement élevé.


PROCÉDÉ DE SÉLECTION BASÉ SUR LA PUISSANCE DE LA VÉGÉTATION AÉRIENNE DES SUJETS.


Une question pratique, dont l’importance est grande, se présente alors. Cette question, c’est celle du procédé à l’aide duquel le départ des sujets à récolte abondante et des sujets à moindre rendement doit être fait. A l’arrachage, la chose est certaine, rien ne serait plus difficile que d’exiger la mise à part des tubercules formant la récolte des uns et des autres, et, de ce côté, le départ que je conseille est pratiquement irréalisable.

Mais rien n’est plus facile, au contraire, que de préparer, sur la plante verte et vivante, la sélection des sujets.

J’ai démontré, en effet[15] qu’entre la richesse du produit qu’un sujet fournira à la récolte et la vigueur des parties aériennes de ce sujet existe toujours une relation nettement caractérisée. A. toute végétation vigoureuse correspond un rendement abondant ; à toute végétation grêle, au contraire, un faible rendement.

Ceci posé, il est aisé de concevoir comment, au mois de juillet, au moment où les tiges et les feuilles sont en pleine activité, le cultivateur peut, parcourant ses champs de pommes de terre, marquer, à l’aide de baguettes que des enfants transportent derrière lui, les sujets vigoureux et sur lesquels il compte, s’ils sont l’exception les sujets grêles, au contraire, si sa culture est belle et s’il n’a qu’un petit nombre de sujets inférieurs à rejeter.

Sans plus s’occuper des uns ou des autres, il pourra ensuite attendre l’époque de la maturité et faire procéder alors à deux récoltes successives, dont l’une lui donnera les tubercules de plant, l’autre les tubercules destinés à la consommation ou à la vente.

La question du choix du plant se trouve ainsi résolue le cultivateur le doit prendre parmi les tubercules moyens, que mettent à sa disposition les pieds les plus vigoureux de sa récolte.


DE LA PRÉTENDUE DÉGÉNÉRESCENCE DU PLANT.


Une opinion, très répandue, veut que les variétés de pommes de terre cultivées continûment dans une même région soient fatalement appelées à dégénérer. C’est chose fréquente que d’entendre les grands acheteurs de pommes de terre, les fabricants de fécule notamment, déclarer qu’ayant importé dans leur voisinage, et mis à la disposition des cultivateurs, des plants à grand rendement, on a vu ceux-ci donner, en effet, de bons résultats la première année mais qu’on a vu aussi, dès la seconde campagne, ces résultats s’abaisser pour, à la troisième année, tomber au même niveau que les plants usités dans la localité.

Le fait est certain, mais il n’est fatal en aucune sorte ; la dégénérescence que l’on constate, en cette circonstance, ne résulte point d’un abâtardissement naturel de la variété, elle résulte uniquement de l’insouciance avec laquelle le plant est choisi. Tous les bons tubercules sont vendus à l’usine ou sur le marché, et c’est aux tubercules inférieurs, aux déchets, que l’on demande une continuation de qualités qu’ils ne peuvent donner.

J’ai tenu à démontrer ce point pratiquement et à établir qu’en choisissant convenablement les tubercules de plant, en apportant à la culture les soins qu’elle réclame, on est certain de voir le rendement se maintenir, ou du moins ne s’abaisser que sous l’influence de conditions météorologiques mauvaises, pour se relever lorsque, dans une campagne suivante, les conditions deviennent satisfaisantes.

Dans ce but, j’ai, depuis cinq années, en 1886, 1887, 1888, 1889 et 1890, cultivé, à Clichy-sous-Bois et à Joinville-le-Pont, dans des pièces, différentes chaque année, mais voisines l’une de l’autre pour chaque localité, et par suite de même composition, les quatre variétés suivantes Richter’s Imperator, Gelbe rose, Jeuxey, Red-Skinned. Chaque année, le plant, pris dans la récolte, a été choisi avec soin, d’après les préceptes que j’ai tout à l’heure indiqués, et, au printemps suivant, cultivé, pour chaque variété, sur une étendue de 250mq.

Les pesées faites, à l’arrachage, multipliés par 40 pour représenter le rendement à l’hectare, ont donné les résultats suivants :

Années. Gelbe rose. Jeuxey. Red-Skinned. Richter's
Imperator.
Clichy-sous-Bois (Seine-et-Oise)
kg kg kg kg
1886 
32800 26750 33400 41400
1887 
26470 21965 26375 33665
1888 
28140 33028 36380 41072
1889 
26448 27500 32000 35000
1890 
34200 37000 40900 43300
Joinville-le-Pont (Seine)
1886 
30300 30150 33600 44760
1887 
20700 20535 23545 38450
1888 
29200 26290 331650 43900
1889 
21000 20700 25000 37240
1890 
24475 24460 35600 52600

Il ne saurait donc v avoir aucun doute, du moins pour une période de cinq années, au sujet de la conservation par une variété déterminée de ses qualités productives, lorsque, importée dans une région nouvelle, elle y est soigneusement cultivée. Sur les Tableaux qui précèdent, on voit, eu effet, le rendement de 1886. après avoir légèrement fléchi en 1887, sous l’influence de conditions météorologiques fâcheuses, se relever en 1888, remonter, dans presque tous les cas, aux chiffres de 1886 et quelquefois même les dépasser, s’abaisser de nouveau en 1889 pour, en 1890, dépasser, sur presque toutes les cultures, les chiffres les plus hauts qui eussent été constatés jusqu’alors et, particulièrement, les chiffres correspondant aux récoltes de la première année, comme si. au lieu de dégénérer, les variétés s’étaient améliorées au contraire.

Aux exemples qui précèdent il convient, en outre, de joindre celui des rendements que j’ai obtenus depuis trois années en cultivant, à Joinville-le-Pont, un hectare plein de Richter’s Imperator, et prenant, chaque année, le plant dans la récolte précédente. Ces rendements ont été :

En 1888, de 
 33185kg
En 1889, de 
 39000kg
En 1890, de 
 41564kg


Ces résultats sont trop nets pour que, dorénavant, il soit permis de considérer, comme fatale, au moins dans une période de cinq années, la dégénérescence des variétés de pommes de terre bien fixées. C’est à la négligence apportée au choix du plant que cette dégénérescence doit être imputée : elle est accidentelle.


DE LA MALADIE DE LA POMME DE TERRE ET DES MOYENS DE LA COMBATTRE.


Améliorer la culture de la pomme de terre en France, élever ses rendements dans une proportion qui lui permette de marcher de pair avec la culture perfectionnée des régions les plus favorisées de l’Allemagne est dorénavant chose aisée. Je crois l’avoir établi par les recherches précédentes ; et les résultats obtenus par mes collaborateurs en 1889 et 1890 apporteront tout à l’heure la démonstration pratique de l’efficacité des procédés culturaux que j’ai cru pouvoir en déduire.

Mais, quelle que soit l’amélioration que l’adoption de ces procédés détermine, quelque satisfaisant que puisse être dorénavant le rendement en poids de nos récoltes de pomme de terre et leur richesse en fécule, nos cultures n’en restent pas moins sous la dépendance absolue d’un fait calamiteux qui, depuis 1845, a, bien des fois, détruit les espérances des cultivateurs de pomme de terre. Ce fait, c’est le développement fréquent, dans presque toutes les régions de notre pays, constant dans quelques localités, du cryptogame parasite que du Bary a désigné sous le nom de Phytophtora infestans, et auquel d’habitude on donne plus simplement le nom de maladie de la pomme de terre.

Les récoltes de l’apparence la plus belle peuvent, du fait de ce parasitisme, être, en quelques jours, entièrement perdues pour l’agriculture.

La feuille se plaque de taches noires, celles-ci s’étendent rapidement, la végétation aérienne tout entière se dessèche, la production de la matière organique par l’appareil foliacé s’arrête, le développement du tubercule s’arrête également, et, à l’arrachage, on ne retrouve au pied de chaque plante qu’une maigre récolte. tachée de points noirs qui, rapidement, augmenteront et en amèneront la destruction totale.


Aussi, dès qu’on a su, par l’emploi des sels de cuivre, enrayer la marche du mildew, c’est-à-dire du Peronospora viticola avec lequel le Phytophtora infestans offre une si grande analogie, a-t-on eu la pensée d’appliquer à la pomme de terre le même remède qu’à la vigne. M. Jouet, dès 1885, a fait, à ce sujet, des essais justement remarqués ; d’autres l’ont suivi MM. Fasquelle, Cordier, etc. A ces essais, cependant, on pouvait adresser une critique l’indication générale du succès obtenu n’était pas accompagnée de renseignements numériques suffisants.

C’est à M. Prillieux qu’on doit le premier essai précis ; les résultats, absolument concluants, que cet essai a fournis ont été communiqués à l’Académie des Sciences le 20 août 1888. Ces résultats, cependant, parce que quelques pieds, seulement, avaient été traités n’ont pas suffi à porter la conviction dans l’esprit de nos cultivateurs, et c’est à peine si, en 1888 et 1889, on en a vu quelques-uns entreprendre, avec succès du reste, de combattre la maladie.

Pour déterminer cette conviction j’ai, de mon côté, entrepris, dès 1888, des essais étendus qui, je l’espérais, devaient avoir, et qui ont eu, en effet, des conséquences plus étendues. Ceux-ci avaient pour but d’établir, et ils ont en réalité établi, par des chiffres précis, qu’en grande culture, sans qu’il en résulte une dépense disproportionnée au résultat à atteindre, il est aisé de garantir nos récoltes contre les désastres qu’amène le développement de la maladie de la pomme de terre.

Ces essais ont eu lieu, d’une part à la ferme de la Faisanderie, à Joinville-le-Pont (Seine), d’un autre, au domaine de Clichy-sous-Bois (Seine-et-Oise). Je n’y ai employé qu’une bouillie faible, contenant par hectolitre 2kg seulement de sulfate de cuivre et 1kg de chaux (pesée à l’état vif). En limitant ainsi la force de la bouillie, je me suis préoccupé surtout de limiter la dépense. L’expérience a montré que, dans les conditions météorologiques de 1888 et 1889, cette concentration suffisait ; mais quelques insuccès, survenus en 1890, me font penser aujourd’hui que, pour combattre l’influence des saisons pluvieuses, il est préférable d’adopter une teneur de 3kg de sulfate de cuivre et de 3kg de chaux par hectolitre.


En 1888, la maladie n’est apparue qu’au commencement d’août, alors qu’on pensait l’avoir évitée. Le traitement, par suite et à tort, n’a été appliqué qu’à une culture déjà envahie ; il a été curatif et non préventif.

Un hectare entier de Richter’s Imperator a été, à la ferme de Joinville, largement arrosé de bouillie, à l’aide d’un pulvérisateur ordinaire ; la récolte a été sauvée, elle s’est élevée à 33185kg ; préoccupé, surtout dans ce cas, d’en assurer l’intégrité, je n’avais pas réservé de témoin.

Mais, à Joinville et à Clichy-sous-Bois, d’autres essais, comparatifs cette fois, avaient lieu, qui, à la récolte, m’ont donné les résultats suivants :

Malades. Malades. Augmentation
de la
récolte saine
Variétés. poids total
récolté.
en poids. pour 100. poids total
récolté.
en poids. pour 100. par
le traitement.
Joinville-le-Pont (1888).
Surface traitée 200mq. Surface traitée 200mq.
kg kg kg kg
Eos 
470 20 4,2 468 26 5,5 2,7
Kornblum 
450 5 1,1 400 30 7,5 20,2
Aurélie 
427 21 4,9 420 31 7,4 4,4
Clichy-sous-Bois (1888).
Surface traitée 125mq. Surface traitée 125mq.
Gelbe rose 
339,7 10,7 3,1 300 12,3 4,1 4,1
Jeuxey 
414,5 25,0 6,0 365 48 13,1 22,9
Richter's 
564 15,0 2,6 498 14,5 2,9 13,3
Red-Skinned 
469 33,0 7,0 423 51 12,0 17,0


De l'examen des chiffres qui précèdent il résultait dès lors :

1° Que l'application d'un traitement purement curatif n'assure pas une immunité absolue;

2° Que cependant, même dans ce cas, le traitement diminue notablement la proportion des malades et augmente le poids de la récolte saine dans une proportion qui, pour certaines variétés, s'élève à 20,2 ct 22,9 pour 100.

En 1889, le développement de la maladie a été généralement faible; chez la plupart de mes collaborateurs, elle ne s'est pas montrée: chez quelques-uns, elle a attaqué diverses variétés en respectant la Richter's Imperator; chez cinq d'entre eux seulement, celle-ci a été atteinte; plusieurs ont traité préventivement par les sels de cuivre et ont ainsi sauvegardé leur récolte, mais n'ont pas malheureusement réservé de témoin; un seul d'entre eux. M. Herbet, préparateur à l'Institut agronomique, a fait un essai comparatif qui, malgré le petit nombre de pieds cultivés, mérite toute attention. C'est à Clères (Seine-Inférieure), où la maladie a fortement sévi, que cet essai a eu lieu (il a porté sur 54 pieds, plantés dans un sol de jardin, dont 44 traités, ont fourni 116kg, soit 2kg,643 par pied, tandis que 10 autres, non traités, n'ont fourni que 10kg, soit 1kg par pied ; l’augmentation de la récolte saine est, dans ce cas, de 164 pour 100.

A Joinville-le-Pont et à Clichy-sous-Bois, j’ai, en 1889, adopté le traitement préventif et j’ai vu, dans ces conditions, le développement de la maladie complètement enrayé, même par l’emploi d’une bouillie à 2 pour 100 ; l’intensité du mal, il est vrai, a été faible cette année ; sur certaines variétés cependant, comme la Jeuxey, la proportion des malades s’est élevée à 9 pour 100. A Clichy-sous-Bois, les résultats ont été les suivants :

Surface traitée 125mq. Surface non traitée 125mq. Augmentation
de la
Malades. Malades. récolte saine
Variétés. poids total
récolté.
en poids. pour 100. poids total
récolté.
en poids. pour 100. par
le traitement.
kg kg kg pour 100.
Gelbe rose 
328 néant néant 308 8 2,6 9,3
Jeuxey 
341 1kg 0kg,3 321 30 9,1 16,8
Richter's 
439 néant néant 421 1 0,2 4,3
Red-Skinned 
400 néant néant 304 1,5 0,4 1,9


L’influence du traitement préventif est ici tellement nette, qu’il est inutile d’insister. Les frais de traitement ont d’ailleurs été peu élevés. Pour un hectare, à Joinville, il a fallu 17hlit, 5 de bouillie à 2 pour 100 ; la pulvérisation a exigé quatre journées d’homme ; la dépense a donc été :

kg fr
Sulfate de cuivre à 64fr les 100kg 
35 22,75
Chaux en pierre à 2fr,50 les 100kg 
15 0,37
4 journées à 4fr l'une 
- 16
39,12


Chez MM. S. Tétard et fils, à Gonesse, 1 hectare traité de même a exigé la même quantité de produits et la même main-d’œuvre ; mais, la journée n’étant payée que 3fr, la dépense n’a pas dépassé 35fr par hectare.

Cette dépense est destinée à diminuer encore, d’un côté, par l’abaissement probable du cours du sulfate de cuivre, d’un autre. par l’emploi de pulvérisateurs perfectionnés. C’est donc, en moyenne, à 37fr par hectare qu’on peut estimer les frais du traitement avec une bouillie à 2 pour 100 à 48fr, avec une bouillie à 3 pour 100.

Le bénéfice réalisé du fait du traitement est établi dans le Tableau suivant pour les trois cultures qui, dans mes essais de 1888 et 1889, ont donné les résultats les plus frappants ; la pomme de terre y est comptée à 3fr,50 les 100kg.


Récolte saine
par are.
Bénéfice Bénéfice brut
en argent.
traitée. non traitée. en poids. par are. par hectare.
kg kg kg fr fr
Joinville 1888 (Kornblum) 
445 370 75 2,62 262
Clichy 1888 (Jeuxey) 
390 317 73 2,55 255
Clichy 1889 (Jeuxey) 
340 292 48 1,68 168


La dépense ayant été de 39fr. il reste, pour ces trois cultures, un bénéfice net de 223fr, 216fr, 129fr par hectare.


Portés, par la presse scientifique et agricole, à la connaissance des cultivateurs, les résultats qui précèdent ont suffi à éclairer ceux-ci sur la valeur du traitement de la maladie de la pomme de terre au moyen des composés cuivriques, et nombreuses, par suite, ont été, en 1890, les applications de ce traitement.

En certaines régions de la France, cependant,. les conditions météorologiques au milieu desquelles s’est développé l’été de cette aunée ont enlevé à ce traitement une partie de son efficacité.

Les insuccès, malgré tout, ont été peu nombreux, et les causes qui ont déterminé ces insuccès sont tellement exceptionnelles que ce serait une faute que de conclure de ces accidents locaux à l’impuissance d’un traitement dont, pendant deux campagnes au moins, on avait déjà pu apprécier la valeur.

La campagne de 1890, au contraire, apporte de cette valeur une démonstration nouvelle ; dans la plupart des circonstances, en effet, l’application du traitement a donné les résultats les plus satisfaisants les insuccès résultent tous d’accidents météorologiques spéciaux à la région du nord-est de la France.

Au cours de cette campagne, 104 cultivateurs ont bien voulu. à ma demande, porter sur la question de la maladie et de son traitement une attention spéciale.

Chez 45 de ces cultivateurs, la maladie n’a pas paru ; chez 59 d’entre eux, les champs de pomme de terre ont été,. plus ou moins, sérieusement attaqués.

Pris au dépourvu, un peu imprévoyants peut-être, 15 de mes correspondants n’ont fait, pour prévenir ou arrêter la maladie, aucune tentative ; 44 au contraire se sont attachés à la combattre et, parmi ceux-ci, 34 ont réussi, 10 seulement ont échoué ; la proportion des insuccès a donc été de 23 contre 77 succès.

C’est dans la région du Nord-Est exclusivement que ces insuccès se sont produits, dans les Vosges, dans la Haute-Marne, dans la Haute-Saône, etc. c’est-à-dire dans une région qui, en 1890, a particulièrement souffert des pluies persistantes qui, pendant les mois de juillet et d’août, ont, même dans la région du Nord-Ouest et du Nord, causé de si vives préoccupations.

En maintes localités les cultivateurs ont vu, dans les départements que je viens de citer, les bouillies cuivriques dont ils venaient d’arroser le feuillage de la pomme de terre enlevées presque-aussitôt par des averses violentes ou des pluies fines prolongées, qui souvent même ne leur ont pas permis de procéder à un deuxième traitement.

C’est dans ces conditions seulement, et elles sont heureusement bien exceptionnelles, qu’on a vu le traitement aux composés cuivriques échouer, ou tout au moins n’assurer à la récolte qu’une garantie incomplète.

Partout ailleurs ce traitement a réussi parmi mes correspondants, vingt-trois l’ont constaté en comparant seulement leurs cultures traitées aux cultures non traitées de leurs voisins ; les premières ont végété indemnes et verdoyantes jusqu’à la maturité. les autres ont rapidement péri. Dix autres ont apporté à la comparaison qu’ils faisaient une précision plus grande, en réservant sur les pièces traitées quelques files non sulfatées comme témoins ; ceux-ci ont pu constater[16] non seulement l’indemnité acquise par leur culture, mais encore cette remarquable augmentation du poids du produit en tubercules sains, que j’ai, pour la première fois, signalées à la suite de mes essais de 1888 et de 1889.

Aux résultats que mes collaborateurs de 1890 ont fait connaître, ceux que j’ai moi-même obtenus à Clichy-sous-Bois[17] apportent l’appui d’une démonstration plus frappante encore.

Quatre variétés, en effet, y ont été, par partie soumises au traitement par la bouillie bordelaise, par partie non traitées ; ces variétés sont la Richter’s Imperator, la Red-Skinned, la Gelbe rose et la Jeuxey.

Sur la variété Richter’s Imperator, dont la résistance est particulièrement remarquable, la maladie n’a pas eu de prise sérieuse ; les parties traitées comme les parties non traitées sont restées vertes et vigoureuses jusqu’au moment de la maturité ; sur la variété Red-Skined, la prise a été faible ; au commencement de septembre cependant la différence entre les parties non traitées, déjà partiellement fanées, et les parties traitées, encore vertes, était sensible.

Mais, pour les deux autres variétés, pour la Gelbe rose et surtout pour la Jeuxey, la différence était saisissante ; à la fin d’août les parties traitées de l’une et de l’autre variété étaient encore d’un vert magnifique, les parties non traitées étaient entièrement mortes el ne portaient plus une seule feuille qui ne fût noire et desséchée.

Cependant les récoltes ont été laissées en terre, jusqu’à ce que, la maturité se produisant pour les parties traitées, le moment de l’arrachage fût venu.

Pour chaque partie, traitée ou non, la récolte a été, alors, soigneusement pesée, les tubercules malades séparés des tubercules sains et soumis séparément, les uns et les autres, à la pesée également.

Les résultats ont été les suivants :

Surface traitée : 3 ares. Surface non traitée : 3 ares. Augmentation
de la récolte saine
Malades. Malades. par le traitement.
poids total
récolté.
en poids. pour 100. poids total
récolté.
en poids. pour 100. en poids. pour 100.
kg kg kg kg kg
Richter's Imperator 
800 0,260 0,03 861 5,600 0,65 12,0 1,5
Red-Skinned 
818 1,800 0,22 762 11,420 1,50 65,6 8,7
Gelbe rose 
684 0,960 0,14 610 5,900 0,97 74,0 12,9
Jeuxey 
744 5,952 0,80 553 22,236 4,00 207,0 41,0


Des résultats aussi nets ne sauraient laisser aucun doute sur l’efficacité du traitement de la maladie de la pomme de terre par les composés cuivriques, non plus que sur l’augmentation du poids de la récolte du fait de ce traitement.

Prétendre qu’en toutes circonstances le remède aura raison du mal serait, sans doute, exagérer aucun remède d’ailleurs n’a de vertu si haute ; mais c’est exprimer une vérité incontestable que d’affirmer sa valeur toutes les fois qu’il sera convenablement appliqué et toutes les fois que la culture ne sera pas exposée à des accidents météorologiques aussi graves que ceux dont a souffert en 1890 le nord-est de la France.





  1. a et b Ces deux variétés ont dû être arrachées avant maturité complète.
  2. Die zweckmässigste Anwendung der künstlichen Düngemittel für Kartoffeln.
  3. Annales agronomiques (années 1878 et 1819).
  4. Voir page 30 et suiv.
  5. Voir page 33.
  6. Un deuxième pied de Shaw a donné des résultats analogues.
  7. Une dizaine de tubercules d'Early rose ont péri.
  8. Le plant provenant d'un deuxième pied de Red-Skinned a presque entièrement péri.
  9. Les chiffres marqués d’un astérisque sont ceux qui font exception à la règle.
  10. Tous les plants de poids élevé ont péri.
  11. Tous les plants de poids élevé ont péri.
  12. Voir p. 135.
  13. Les nombres marqués d’un astérisque sont ceux qui font exception à la règle.
  14. La culture de la Gelbe rose presque tout entière a été perdue.
  15. Voir p. 93.
  16. Bulletin de la Société nationale d’Agriculture, mars 1891.
  17. A Joinville-le-Pont, la maladie ne s’est pas montrée en 1890.