Recueil de recettes et le médecin à la maison/Partie 2, Chapitre 2

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Imprimerie Léger Brousseau (p. 59-68).

CHAPITRE II

Nettoyage et entretien des vêtements et des objets de toilette


Rubans. — Des rubans encore frais ayant été fripés par l’humidité, il s’agit de leur rendre l’éclat et la fermeté qui distinguent les rubans neufs. Pour cela, défaites leurs nœuds, étendez-les sur une planche à repasser et mouillez-les à l’envers au moyen d’une éponge, avec une dissolution d’une once de gomme arabique, bien blanche et bien pure, dans un verre d’eau. Ayez soin que les rubans ne soient qu’humectés, et repassez-les toujours à l’envers, avec un fer suffisamment chauffé pour les sécher, mais point assez pour altérer leurs couleurs. Ce procédé s’applique admirablement bien aux rubans de gaze.


Blanchissage de la paille. — On blanchit la paille qui sert à fabriquer de petits ouvrages élégants tels que corbeilles, coffrets, etc. On la renferme sous un baril au milieu duquel on allume du soufre et dont on clôt exactement toutes les ouvertures qui pourraient livrer passage à la vapeur du soufre.

Cette vapeur ou plutôt l’acide sulfureux qui se dégage, sous forme de gaz, opère ce blanchiment d’une manière parfaite.

On emploiera le même procédé pour blanchir des chapeaux de paille.

Une expérience curieuse que l’on peut faire avec le gaz sulfureux, consiste à brûler du soufre sous une rose colorée et elle deviendra parfaitement blanche.


Blanchissage des blondes, dentelles, effilés et gazes de soie. — On emploie les mêmes moyens que pour la paille, c’est-à-dire la vapeur du soufre ; mais auparavant, on les fait tremper pendant quelque temps dans une eau de savon légère, chauffée au bain-marie. On les rince ensuite avec soin dans de l’eau de fontaine ou de rivière et non dans de l’eau de puits qui n’enlèverait qu’imparfaitement le savon. On les place ensuite entre deux linges mouillés et on les soumet à la vapeur du soufre dans un appareil nommé soufroir et composé d’une caisse d’environ trois pieds de hauteur sur deux ou trois pieds de largeur. On colle en dedans de cette caisse plusieurs feuilles de papier, afin d’en recouvrir tous les joints. À 15 pouces au-dessous du bord on enfonce plusieurs chevilles en bois (et non en métal), auxquelles on fixe un filet sur lequel on étend une étoffe de laine blanche d’un tissu peu serré. C’est sur cette étoffe qu’on étend à plat la dentelle de soie à blanchir.

Au bas du soufroir on pose un vase de terre dans lequel on met des cendres chaudes sur lesquelles on répand du soufre en poudre.

Il est prudent de placer à quelques pouces au-dessus du vase un verre à vitre qu’on tient élevé au moyen de deux briques, et cela afin d’empêcher la flamme du soufre de s’élever trop haut et d’atteindre le filet.

Dès que le soufre est allumé on ferme hermétiquement le dessus du soufroir et l’on colle une bande de papier sur le joint que le couvercle forme avec le corps de la boîte ; il est essentiel que le gaz sulfureux ne se répande pas au dehors, car il irrite violemment les bronches de ceux qui le respirent.

La vapeur du soufre a la propriété de donner de la raideur aux bas de soie ; mais on leur rend de la souplesse en les passant, au sortir du soufroir, dans un bain contenant une once et quart de crème de tarte pour cinq pots d’eau.

Remarquons encore que les blondes, les gazes et les effilés doivent être séchés avant de les mettre dans le soufroir.

Le soufroir que nous venons de décrire peut être remplacé par un tonneau défoncé, revêtu de papier collé en dedans et muni d’un couvercle fermant exactement.


Blanchissage des indiennes et cotons imprimés. — Ce procédé est précieux pour le nettoyage des indiennes, perses, et en général de tous les cotons imprimés. Si l’étoffe n’est pas trop salie, il la nettoiera parfaitement sans en altérer les couleurs.

Faites bouillir 1 livre de riz dans quatre pintes d’eau, jusqu’à ce que cette eau soit devenue grasse et mucilagineuse, décantez-la et versez-la dans un cuvier ; lorsque sa chaleur sera assez diminuée pour qu’on puisse y plonger les mains, on y mettra les indiennes, qu’on lavera comme on le ferait si on employait du savon ; versez ensuite de nouvelle eau sur votre riz, laissez-le bouillir une demi-heure, décantez, ou plutôt filtrez, afin qu’il ne reste point de riz dans l’eau où il a bouilli, et servez-vous de cette eau, à laquelle vous ajouterez une égale quantité d’eau ordinaire pour rincer. Ce procédé a l’avantage de rendre aux cotons l’apparence d’étoffe neuve en conservant à la fois la vivacité de leurs couleurs et leur lustre.

Autre procédé. — Faites bouillir une chopine de haricots blancs secs dans 5 pots d’eau, et servez-vous de cette eau pour nettoyer des toiles peintes dont, par ce moyen, vous n’altérerez point les couleurs. On les rince comme à l’ordinaire.


Essence à détacher. — Procurez-vous de l’essence de térébenthine rectifiée et ajoutez-y pareille quantité d’alcool à 38 ou 40 degrés. Tenez ce mélange dans un flacon bien bouché, et servez-vous en pour ôter les taches de graisse sur des étoffes quelconques. Avant de l’employer, vous agiterez fortement le flacon pour mélanger les deux liqueurs qui tendent toujours à se séparer. Vous en mettrez quelques gouttes sur la tache et vous frotterez aussitôt avec un linge blanc. Si la tache n’est pas complètement enlevée, vous recommencerez l’opération.

Outre que l’alcool agit comme substance propre à détacher, il a l’avantage d’empêcher que l’étoffe nettoyée conserve l’odeur d’essence.


Essence de citron. — On l’emploie avec succès pour enlever les taches de graisse ou d’huile sur les vêtements. Il faut avoir soin de demander l’essence distillée et non l’essence grasse. Celle-ci sert à aromatiser des crèmes et surtout le punch ou le bischof que l’on confectionnait avec de l’acide tartrique ou mieux de l’acide citrique. Deux ou trois gouttes versées sur un morceau de sucre suffisent pour parfumer un bol de punch.


Benzine. — La benzine est un carbure d’hydrogène liquide, incolore et très volatile, qu’on retire en purifiant convenablement l’huile légère du goudron de houille. On la trouve chez tous les débitants de produits chimiques.

La benzine possède la propriété de tuer immédiatement tous les parasites qui vivent sur le corps des animaux domestiques : ainsi elle détruit les puces dont les chiens sont quelquefois couverts et les tiques qui s’attachent à leur peau.

La benzine est, dans ce cas, un agent d’autant plus précieux qu’elle ne produit aucune altération dans la texture de la peau et qu’elle s’évapore promptement. On l’emploie à l’état liquide, en l’étendant, à l’aide de la main, sur toute l’étendue du corps de l’animal.

On emploie, avec beaucoup de succès, la benzine pour le nettoyage des gants de peau. En traitant cette substance par l’acide azotique (acide nitrique), on obtient du nitro-benzine qui possède une odeur d’amandes amères tellement parfaite que l’odorat le plus délicat s’y trompe. On l’emploie pour parfumer des savons de toilette qu’on vend à bas prix et qui sont nuisibles à la peau en ce qu’ils paraissent saponifiés avec un alcali caustique, c’est-à-dire la potasse à la chaux.


Teinture des étoffes en noir. — C’est l’espèce de teinture dont on fait le plus souvent usage dans les ménages.

Voici le procédé à suivre :

Prenez onces et demi de litharge ; mettez-les dans un vaisseau de verre avec 5 onces d’eau forte étendue d’une pinte d’eau de pluie ou de rivière ; placez votre vase dans un endroit chaud et, au bout de quelques jours, décantez l’infusion dans un autre vase de verre ou de faïence ; vous y mettrez baigner pendant douze heures, la toile de coton ou de lin que vous voulez teindre ; retirez-la ensuite, faites-la laver deux ou trois fois à l’eau froide et laissez-la sécher.

Faites bouillir pendant ce temps, dans une pinte d’eau de pluie ou de rivière, ½ once de noix de galle concassée, à laquelle vous ajouterez ¾ d’once de sel marin ; mettez ensuite tremper votre toile séchée dans cette décoction où vous la laisserez un quart d’heure ; elle y prendra une teinte jaune que vous changerez en un noir aussi beau que solide en la passant dans le bain suivant où vous la laisserez huit ou dix heures.

Prenez ¾ d’once de sulfate de fer (couperose verte) et autant de sel commun que vous ferez dissoudre dans une pinte d’eau de rivière. Au sortir du bain vous ferez laver, sécher et l’opération sera terminée.


Chaussures imperméables. — Pour rendre les bottes ou les souliers imperméables à l’eau, on fait fondre dans un vase de terre vernissé, parties égales de suif et de résine commune ; lorsque ces matières sont en fusion et qu’elles sont bien mélangées, on frotte avec un petit pinceau de crin la semelle des souliers et le tour de l’empeigne qui tient à celle-ci, seulement à la hauteur de un à deux pouces. On réitère cette opération jusqu’à trois fois, en exposant chaque fois les souliers aux rayons du soleil dans les mois de l’année où ils sont les plus chauds, et ayant soin de les retourner pour qu’ils soient frappés également de la chaleur, et que la préparation dont on les a enduits puisse pénétrer dans les pores du cuir ; l’hiver, on les place avec précaution près du feu et à distance convenable. Lorsque cette préparation reste à la surface dans un état luisant, c’est signe que le cuir est suffisamment imbibé. On peut alors se servir des bottes ou des souliers. Si l’on destinait les bottes à marcher dans l’eau, il faudrait frotter, avec la préparation dont nous venons de parler, non-seulement la semelle et l’empeigne, mais aussi la tige. Alors elles seraient entièrement imperméables à l’eau. Mais il suffit, pour l’usage ordinaire, de procéder, ainsi que nous l’avons expliqué, car la transpiration des pieds s’évaporant par la partie supérieure de l’empeigne ne les entretient pas dans une chaleur et une humidité désagréable et malsaine.


Moyen d’enlever aux pantalons la forme du genou. — Lorsqu’un pantalon a été porté quelque temps, il prend la forme du genou, de sorte que lorsqu’on est debout, il présente une sorte de bouffissure, qu’il est aisé de faire disparaître en mouillant le drap à l’envers et en passant dessus un fer bien chaud.


Moyen de conserver les fourrures. — Les fourrures ne sont, en général, exposées à se détériorer que lorsqu’on ne les porte pas. C’est donc depuis la fin de l’hiver jusqu’à celle de l’automne, qu’on doit surtout veiller à leur conservation.

Les ennemis des fourrures sont les mêmes que ceux des étoffes de laine, c’est-à-dire la teigne et le dermeste. Pour les préserver de l’attaque de ces insectes, il faut, aussitôt qu’on n’en fait plus usage, les battre avec soin, puis les placer, avec un peu de camphre, dans des boîtes que l’on ferme hermétiquement en collant des bandes de papier sur les jointures. Il faut ensuite les visiter de temps en temps, et, à chaque fois, les battre, et, si cela est nécessaire, renouveler le camphre.

Au lieu d’enfermer du camphre dans les boîtes, on peut se contenter de saupoudrer les fourrures avec du poivre pulvérisé, ou avec des graines d’ambrette, ou encore avec une poudre formée de 3 onces d’alun et ½ d’once de patchouly.

Le battage des fourrures est de toute nécessité, car il a pour objet de faire tomber, non-seulement la poussière, mais encore, c’est même là le plus important de l’opération, les œufs des insectes. Ces œufs sont d’une petitesse microscopique, et comme de plus, les femelles ont coutume de les déposer à la base des poils, ils échapperaient à la vue, si l’on se contentait de visiter les fourrures, en sorte qu’on les enfermerait avec celles ci, et qu’ils écloraient dans les boites, ce qui réduirait à néant les autres précautions.


Taches de suif, d’huile et de graisse. — Imbibez-les d’essence de térébenthine rectifiée, et frottez-les des deux côtés de l’étoffe avec un linge propre, de manière à enlever le plus possible l’essence et le corps gras qu’elle tient en dissolution. Remettez encore de l’essence sur la tache et couvrez celle-ci avec de la terre à foulon ou de la terre de pipe en poudre ; un quart d’heure après enlevez la terre absorbante, brossez l’endroit taché et la tache aura disparu.


Taches de fruits et de vin. — Si l’étoffe tachée est un tissu blanc en toile ou en coton, on emploiera simplement l’eau de javelle qui possède la propriété de détruire complètement toutes les couleurs végétales. Il ne faut pas la mettre pure en contact avec le tissu, mais en verser un peu sur l’endroit taché qui sera mouillé à l’avance.

Quant aux étoffes de soie et de laine, les taches de fruits seront facilement enlevées par un lavage à la main si elles sont fraîches. Dans le cas contraire, elles ne céderont qu’à un savonnage suivi d’une fumigation d’acide sulfureux qui, d’ailleurs, ne doit être employé que pour des tissus blancs.


Taches de café ou de chocolat. — Bien que les taches de café ou de chocolat soient plus apparentes lorsqu’ils sont préparés au lait, elles sont néanmoins infiniment plus faciles à enlever ; un lavage à l’eau, puis au savon les fait promptement disparaître. Si on craint d’altérer les couleurs, on se sert de jaune d’œuf délayé dans de l’eau chaude qu’on peut remplacer par le fiel dépuré. On emploiera les mêmes moyens pour le café et le chocolat à l’eau. On parviendra également à les faire disparaître, surtout celles de chocolat qui sont beaucoup moins tenaces. Cependant, lorsque sur une étoffe blanche de laine ou de soie, il restera quelques traces de la tache, on les enlèvera avec la plus grande facilité au moyen de la vapeur du souffre.


Taches de rouille. — On a imaginé plusieurs compositions pour débarrasser le linge des taches de rouille. Une des plus usités est le essentiel de citron, qui se compose de 250 parties de sel d’oseille, 125 de crème de tartre, et 4 d’essence de citron.


Nettoyage au moyen d’argile. — Pour enlever les taches de corps gras tels que huile, beurre, graisse, etc., sur les soieries et les lainages on se sert d’argile ou terre glaise.

On délaye cette terre de manière à former une bouillie claire qu’on étend sur la partie tachée, on frotte bien, on laisse l’argile 15 à 20 minutes sur la tache, puis ensuite on rince à grande eau, on fait sécher à moitié et l’on repasse avec un fer bien chaud.

Ce procédé est excellent pour nettoyer les cols des vêtements d’hommes ; au lieu de frotter avec les mains, on se sert d’une brosse.


Nettoyage des dentelles blanches. — Pliez votre dentelle en la doublant un nombre de fois plus ou moins grand, suivant sa longueur, de manière à en former un petit paquet. Passez un fil en haut et un autre en bas pour maintenir ces plis ; trempez ensuite votre paquet dans de la bière, frottez-la avec les mains dans ce liquide. Retirez ensuite votre dentelle, exprimez-en la bière en la roulant dans un linge après avoir retiré les fils qui la maintenaient en paquet, mais ne la rincez pas. Repassez-la ensuite encore humide, et à l’envers sur une couverture de laine, en remarquant que plus la dentelle sera repassée humide, plus elle aura de raideur.

Roulez-les, en les étendant bien, sur une de ces fioles cylindriques, qu’on appelle rouleau et où l’on met des sirops, ou si la quantité de dentelles est assez considérable, sur une bouteille plus grosse, mais toujours cylindrique, c’est-à-dire, d’un diamètre égal en haut et en bas. Recouvrez vos dentelles d’une bande de toile cousue bien serrée, et plongez votre bouteille dans une forte eau de savon, où vous la laisserez au moins 24 heures. Au bout de ce temps, vous retirerez la bouteille que vous presserez entre les mains pour extraire l’eau de la dentelle, puis vous la mettrez dans de nouvelle eau de savon. Ces mêmes opérations ayant été réitérées trois fois, toujours à 24 heures d’intervalle, vous plongerez votre bouteille dans de l’eau claire où vous la laisserez tremper quelques heures, en pressant toute la circonférence entre vos mains pour faire sortir toute l’eau de savon de la dentelle. Passez-la ensuite dans une autre eau où vous aurez mis un atome de bleu ; puis roulez fortement votre bouteille toujours recouverte de sa toile sur une serviette pliée en quatre, afin d’en éponger l’humidité surabondante. Défaites ensuite l’enveloppe de toile, et déroulez peu à peu votre dentelle en la repassant à mesure sur une couverture de laine.


Nettoyage à sec des objets de laine blanche. — Ce procédé est surtout, précieux pour les objets tricotés en laine blanche tels que les petits châles et les fanchons.

Vous prenez l’objet à nettoyer et le plongez dans la farine sèche ; vous frottez ainsi vos mains et changez la farine qui devient grise.

Vous recommencez l’opération jusqu’à ce que la farine reste blanche ; alors vous secouez et brossez bien l’objet qui se trouve très propre et qui n’est pas déformé comme par le lavage.


Nettoyage des Plumes et marabouts. — Râpez 2 onces de savon blanc dans une pinte d’eau que vous ferez bouillir ; lorsque le savon sera dissous et l’eau tiède, trempez-y vos plumes une à une, en les tenant par la tige, puis passez-les entre vos doigts de manière à en exprimer l’eau salie. Recommencez cette opération jusqu’à ce que les plumes soient devenues propres. Passez-les ensuite à l’eau fraîche, puis étendez-les sur un linge blanc, soit au soleil, soit devant le feu.

Lorsque les plumes seront parfaitement sèches, agitez-les dans l’air et passez-les devant la flamme d’un foyer, afin de les faire gonfler et de leur rendre l’apparence de plumes neuves.