Recueil intime/Lemerre, 1881/L’Irréparable

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Recueil intimeLemerre (p. 66-67).

L’Irréparable




Quel parfum j’irais répandre
En ton cœur, si tu voulais !
Mais tu ne veux rien comprendre,
A ne rien voir tu te plais.
Nos lèvres sont des fleurs douces,
Nos yeux ont l’éclat du jour ;
Cependant tu me repousses
Sans souci d’aucun amour.

Oh ! quelle amère folie,
Source du regret cuisant !
Crains que l’amour ne t’oublie,
Toi qui le fuis à présent.

Quand partent les hirondelles,
C’est pour revenir au nid ;
Mais les heures infidèles
S’envolent, puis c’est fini.

Si du sort qui nous invite,
Si du jour sans lendemain
Nous ne profitons pas vite
Pour nous aimer en chemin,

Combien lourd sera le voile
Qu’il nous faudra soulever,
Avant que, dans quelque étoile,
Nous puissions nous retrouver !