Revue des Romans/Allan Cunningham

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839


CUNINGHAM (Allan), poëte écossais.


MARGUERITE LINDSAY, traduit de l’anglais, 4 vol. in-12, 1825. — Cet ouvrage est le tableau le mieux tracé des mœurs de la classe laborieuse, dont Allan Cuningham lui-même est sorti. Simple tailleur de pierre, employé dans l’atelier de Chartrey, le plus célèbre sculpteur des Îles Britanniques, Allan Cuningham sentit naître au milieu de ses travaux grossiers, les inspirations du génie ; il s’y livra entièrement, et ses premières productions furent favorablement accueillies. Ses chansons avaient commencé à le faire connaître ; plusieurs poëmes établirent ensuite sa réputation littéraire, et les éloges que Walter-Scott donne à celui qui est intitulé Sir Marmaduke sont une preuve certaine du mérite de Marguerite Lindsay. Marguerite Lindsay est la femme d’un pauvre ouvrier imprimeur qui habite un des faubourgs d’Édimbourg. Le travail de Walter Lindsay suffit pour entretenir sa femme et ses enfants ; mais bientôt il néglige son travail et sa famille, et s’érige en réformateur religieux et politique. Prévenu de conspiration, il est arrêté et jeté dans une prison. De cette époque datent les malheurs de sa famille et les épreuves de Marguerite Lindsay ; privée des ressources que lui procurait le travail de son époux, elle abandonne, avec ses trois filles, l’humble hameau où s’étaient écoulés tant de jours paisibles. Nous ne la suivrons pas dans la retraite qu’elle avait choisie ; il serait trop long d’ailleurs de retracer toutes les vicissitudes de sa vie agitée. Après avoir survécu à toutes les personnes qui lui étaient chères, elle retrouve enfin le bonheur, après avoir subi toutes les épreuves de l’infortune. — Ce roman, reproduit en notre langue par une plume exercée, est plein de l’intérêt que produisent des situations naturelles, rendues plus touchantes par le charme du style, par la vérité des sentiments, et par la peinture réelle des scènes de la vie. Aucune invraisemblance ne choque le lecteur, et l’on n’y trouve aucun de ces incidents heureux ou malheureux qui transportent, comme par enchantement, dans une situation inattendue. Tout suit, dans ce joli roman, une marche régulière, et cependant l’intérêt est assez vivement excité pour qu’on ne puisse quitter l’héroïne sans vouloir connaître son destin. — Dans une préface élégamment écrite, M. de Barante donne des détails extrêmement intéressants sur la vie et les ouvrages d’Allan Cuningham.