Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 3/Lecture 2

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 207-216).

LECTURE DEUXIÈME.

HYMNE I.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra, tes amis t’appellent ; leur coupe est remplie de soma ; ils ont pour toi des libations et des offrandes. (Par toi) ils peuvent repousser l’attaque de leurs ennemis. Il n’est personne (au-dessus de toi).

2. Ta brillante demeure ne doit pas être éloignée. Viens, traîné par tes deux coursiers azurés. Nous sacrifions en l’honneur d’un (dieu) fort et généreux. (Pour lui) nos coupes s’épuisent sur les feux d’Agni.

3. Indra est beau[1], magnifique, victorieux, entouré d’une nombreuse armée, terrible en ses œuvres infinies. Quand tu apparais au milieu des mortels, attaqué et menaçant, (dieu) puissant, quelles sont alors tes prouesses !

4. Seul tu ébranles ce qui est inébranlable ; tu vas étouffant ce qui apporte l’obscurité. En te voyant poursuivre ton œuvre, le Ciel et la Terre, les Montagnes (aériennes) se sont arrêtées comme stupéfaites.

5. (Dieu) que tous les êtres invoquent, tu es le vainqueur de Vritra. Seul, par la force de ton bras, tu donnes la sécurité et la confiance. Ô magnifique Indra, l’immensité du ciel et de la terre dans ta main, ce n’est jamais qu’une simple poignée.

6. Indra, apparais sur la voûte (du ciel) avec tes chevaux azurés ; que ta foudre aille frapper tes ennemis. Tue ceux qui sont et devant et derrière toi ; (tue) ceux qui fuient. Que par toi le bien soit partout ; que (ta puissance) se fasse partout sentir.

7. Le mortel qu’un maître tel que toi favorise reçoit une fortune toute nouvelle pour lui. Ô Indra, toi que tant d’êtres invoquent, ta bonté, provoquée par nos offrandes, devient libérale ; tes dons sont innombrables.

8. Ô Indra, toi que le monde implore, tu as déjà pulvérisé ce Counârou[2], lourd et immobile, privé de bras et accompagné de Dânou[3] (sa mère). Ô Indra, tu as tué par ta force Vritra, dont la grandeur devenait menaçante, et dont les pieds ont été tranchés.

9. Ô Indra, la terre était une masse confuse et mobile ; c’est toi, Indra, qui as étendu son immensité, et qui l’as fixée sur sa base. (Dieu) généreux, tu as consolidé le ciel et l’air. Qu’elles coulent aussi, les ondes qui te doivent leur naissance.

10. Bala laissait flétrir (les plantes)[4], et, retenant les vaches (célestes), se renfermait par crainte de son antique ennemi. Indra, élargissant les voies, a rendu la liberté à ces vaches, et leurs mugissements s’élevèrent avec bruit vers celui que le monde implore.

11. Seul, Indra emplit le Ciel et la Terre, ce couple si opulent. Noble héros, pousse dans les airs tes rapides chevaux, et de ton char laisse tomber sur nous l’abondance.

12. Chaque jour (le dieu) porté sur les chevaux azurés[5] engendre ces régions célestes qu’à son ordre parcourt le Soleil. Dès qu’il a ouvert les voies, aussitôt le Soleil lance ses coursiers. Telle est (l’œuvre) d’Indra.

13. Au moment où la Nuit s’enfuit et que l’Aurore apparaît, le monde veut voir la grande, la magnifique Lumière. Elle arrive avec pompe, et chacun peut alors connaître les œuvres nombreuses et admirables d’Indra.

14. La grande Lumière est sur son trône ; la Vache (céleste)[6] arrive, portant dans ses mamelles un lait abondant. En elle est renfermée toute espèce de douceur. C’est encore là un bienfait d’Indra.

15. Indra, sois fort ; des ennemis ont voulu entraver ta marche. Sois bon pour celui qui te sacrifie, pour celui qui te chante et pour tes amis. Extermine ces mortels atrabilaires, envieux, haineux, qui contre nous s’arment de la flèche.

16. De vils ennemis font entendre leurs cris. Frappe-les de ta foudre brûlante. Coupe à la racine, arrache, brise, tue le Rakchasa, ô Maghavan, et triomphe.

17. Oui, Indra, déracine cet arbre de Rakchasa ; coupe-le par la moitié ; abats-en la cime. Que, surpris et stupéfait, cet impie périsse sous le coup de ton arme rapide.

18. Maître du monde, sois notre bienfaiteur ; que tes chevaux t’amènent à nos abondantes libations, et (pour nous récompenser) rends-nous possesseurs d’une large fortune. Indra, que Bhaga[7] soit pour nous l’auteur d’une nombreuse famille.

19. Donne-nous la protection de ce brillant Bhaga ; nous avons confiance en ta libéralité. Tel que la bouche d’un volcan[8], notre désir s’étend. Remplis-le, toi qui es le maître des biens.

20. Satisfais ce désir ; amplifie-le en nous accordant des vaches, des chevaux, des richesses admirables. Jaloux de posséder tes faveurs, les sages, enfants de Cousica, t’adressent leurs offrandes et leurs prières.

21. Maître des vaches (aériennes), déchire pour nous leur sein fécond. Rassemble sur nous toutes les ressources de l’abondance. Céleste bienfaiteur, tu es juste et fort. Ô Maghavan, toi qui donnes un lait (divin), ne nous oublie pas.

22. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE II.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le sage, père (d’Ilâ)[9], voulant produire celui qui fait l’éclat du sacrifice, a dit : « Qu’Agni devienne par ma fille mon petit-fils ! » Et aussitôt dans le sein de cette fille, par la vertu d’un père aussi puissant, la libation est devenue féconde[10].

2. En effet, le vœu de la jeune mère n’a pas été trompé ; elle a conçu. Le maître a déposé en elle un germe fertile ; et si à l’un des auteurs de sa naissance[11] le pieux Agni doit la vie, à l’autre il doit ses formes splendides.

3. Agni est né ; il s’élève sous les effusions de la coupe (sacrée) ; il produit lui-même de brillants enfants[12]. Grande est cette famille, grand est son éclat, grand est son emploi dans les sacrifices d’Indra.

4. Les (troupes) victorieuses (des Marouts) se rassemblent autour (d’Indra), disposé à combattre. La nouvelle s’est répandue que le grand astre sortait des ténèbres. Les Aurores l’ont su, et elles accourent. Indra seul est le maître des vaches (célestes).

5. Les sept[13] sages ont, dans leur prudence, découvert que ces vaches étaient renfermées dans l’antre oriental. Leur pensée s’est tournée du côté (d’Indra). Ils ont suivi toute la voie du sacrifice, et (le dieu), connaissant leurs œuvres pieuses, a pénétré dans l’antre.

6. C’est Saramâ, qui, sachant que la montagne était brisée, a fait sortir l’antique (troupeau) qui nous donne la vie. C’est (Saramâ), pourvue de pieds légers[14], qui la première entendit le mugissement des (vaches) immortelles, et qui dirigea les recherches.

7. Le plus sage (des dieux) s’est présenté, jaloux de prouver son amitié. La montagne a ouvert son sein devant le héros bienfaisant. Le mortel (ennemi des Asouras), uni aux jeunes (Marouts), a distribué (aux hommes) ces riches dépouilles. Angiras[15] lui adresse un hommage (de reconnaissance).

8. Modèle et prince de tous les êtres, il connaît tout ce qui est né. Il a donné la mort à Souchna. Ami prudent et dévoué, du haut du ciel où il gouverne les vaches (divines), qu’il délivre ses amis de tout mal.

9. Les Angiras[16], dans leur désir d’obtenir les vaches (célestes), viennent s’asseoir (sur le cousa), chantent des hymnes, et font couler les libations immortelles. Ils reviennent souvent prendre leur place dans le sacrifice où chaque mois réclame leur offrande.

10. À la vue de ce lait que leur verse cette vache antique, et qu’ils ont obtenu par leurs œuvres, (les Angiras) ont tressailli de joie. Leurs chants ont amené la lumière qui éclaire le ciel et la terre, ont constitué le monde, et assuré aux hommes la jouissance des vaches (célestes).

11. Indra, le vainqueur de Vritra, accompagné des Marouts, et excité par les hymnes et les holocaustes, a formé les vaches (célestes). C’est pour lui[17] que la vache (du sacrifice), large et féconde, fait couler le miel savoureux du beurre consacré.

12. En l’honneur du bienfaisant (Indra) les pieux Angiras célèbrent avec pompe une grande et brillante fête. Assis (sur le cousa), ils couvrent d’une colonne de (fumée) les deux parents (du monde) ; ils élèvent une flamme majestueuse.

13. Au moment où s’opère la séparation du Ciel et de la Terre, que la grande prière consolide l’univers qui s’agrandit. Qu’Indra, célébré par nos hymnes respectueux, réunisse en lui toutes les forces les plus indomptables.

14. Ton amitié est grande, ô Maghavan ; je veux que le vainqueur de Vritra soit fort. (Vois) les puissantes cavales qui vont te porter. Nous te présentons, au nom du père de famille[18], et ces hymnes et ces offrandes. Ne nous oublie pas, ô gardien des vaches (célestes).

15. Le prévoyant Indra donne à ses amis la jouissance de toute cette nature, animée et inanimée. Il a, secondé des Marouts, produit avec splendeur le Soleil, l’Aurore, et Agni sous ses diverses formes.

16. Cet (Indra) qui est tout, et (que l’on appelle aussi) Damoûnas[19]. c’est encore lui qui a créé toutes les Ondes (du sacrifice), venant à l’envi étaler leurs suaves beautés, prodiguer leurs douces faveurs, et s’offrant soir et matin à l’action purifiante des (trois) divinités[20].

17. Par la vertu puissante de Soûrya se succèdent le Jour et la Nuit, opulents et dignes de nos hommages. Cependant autour de toi, magnanime Indra, (se rassemblent) pour repousser (tes adversaires) (les Marouts), tes nobles et invincibles amis.

18. Vainqueur de Vritra, sois le maître des prières et des hymnes, la vie qui anime tout, le bienfaiteur qui nourrit le (monde). Viens à nous ; sois (toujours) grand, et fais-nous sentir tes heureuses amitiés et tes généreux secours.

19. Tel qu’Angiras, je vénère et je chante (le dieu) antique. Je lui adresse cet hommage. Ô Maghavan, attaque la multitude impie de tes ennemis, et fais-nous jouir du bonheur.

20. Nous avons préparé de pures libations ; que leurs ondes, heureusement pour nous, coulent par toi à pleins bords ! Ô Indra, monte sur ton char, et défends-nous contre l’ennemi. Rends-nous promptement possesseurs de vaches (fécondes).

21. Que le vainqueur de Vritra, maître des vaches (célestes), nous fasse connaître ces vaches (divines). Sous la splendeur de ses rayons qu’il fasse disparaître les noirs (Asouras). Qu’il préside aux prières de notre sacrifice ; qu’il force et qu’il nous ouvre toutes les portes (du ciel).

22. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE III.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Indra, maître du soma, bois ce brillant breuvage que nous te présentons vers le milieu du jour. Ô Maghavan, tu aimes nos offrandes ; pousse tes coursiers de notre côté ; ouvre la bouche, et enivre-toi de nos liqueurs.

2. Bois, Indra, de ce soma étincelant où se confondent la farine d’orge et le beurre[21]. Nous te l’offrons pour ton plaisir. Avec la troupe des Marouts, qui donne le signal à l’hymne sacré, viens te livrer à la joie ; uni à ces enfants de Roudra, bois à longs traits.

3. Ô Indra, ces Marouts qui t’honorent augmentent ta gloire ; ils font ta force et ta puissance. (Dieu) à la face majestueuse, au bras armé de la foudre, accompagné des Roudras, bois (ce que nous t’offrons) dans notre sacrifice du milieu du jour.

4. Ces Marouts, qui sont la force d’Indra, nous envoient le miel (céleste) qu’il a préparé. Secondé par eux, (le dieu) a su distinguer par quel côté il peut ouvrir le flanc impénétrable de l’orgueilleux Vritra.

5. Tel que Manou, ô Indra, tu fais l’honneur de notre sacrifice. Bois ce soma, pour perpétuer la force. (Dieu) que transportent des chevaux azurés, avec les rapides et adorables (Marouts), amène-nous les Ondes (célestes) ; car les Ondes dépendent de toi.

6. Quand tu donnes la mort à Vritra, alors tu lances les Eaux pareilles à des coursiers animés au combat. Oui, Indra, de ton trait rapide (tu frappes) cet impie (Vritra), qui semble endormi, et qui retient prisonnières les (Ondes) divines.

7. Avec une vénération profonde nous honorons le grand et magnifique Indra, (Indra) toujours jeune, généreux, immortel. Le ciel et la terre peuvent se mesurer ; la grandeur d’Indra est infinie.

8. Les œuvres d’Indra sont merveilleuses et innombrables : tous les dieux ne sauraient les détruire. Noble héros, il soutient la Terre et le Ciel ; il enfante le Soleil et l’Aurore.

9. Bienveillant Indra, tel est ton pouvoir : il éclate dès l’instant de ta naissance, quand tu as bu notre soma. Tu es fort ; et les mondes, les jours, les mois, les automnes ne sauraient user ta vigueur.

10. À peine es-tu né, Indra, à peine as-tu goûté de notre soma, que la joie te pénètre au sein de ta céleste demeure. Dans ce (dieu), qui remplit le ciel et la terre, que l’on reconnaisse l’antique protecteur des œuvres (pieuses).

11. Tu as donné la mort au violent Ahi qui enchaîne les eaux, ô (athlète) robuste, né pour tant de combats. Le ciel, en effet, ne voit alors que la moitié de ta grandeur, et l’autre partie de ton corps disparaît, assise qu’elle est sur la terre[22].

12. Ô Indra, que ce sacrifice offert en ton honneur, que ces flots de soma versés pour toi puissent t’agréer. Touché de ces hommages, que tu mérites, conserve ton serviteur, et que nos prières aiguisent ta foudre pour la mort de Vritra.

13. Par mes offrandes je veux me concilier la faveur d’Indra. Puissé-je le rendre attentif à mes hymnes, et le gagner par mes libations, lui qui grandissait et grandit toujours aux chants d’autrefois, d’hier, d’aujourd’hui !

14. L’inspiration (poétique) qui me pénétre naît pour la gloire d’Indra, que je chante avant l’apparition du jour, dans ces lieux mêmes où, prêtres et pères de famille,[23] ils t’invoquent tous, et te prient de venir, comme sur un vaisseau, les délivrer du mal.

15. Le vase de soma est plein. La Swâhâ semble ouvrir son limpide trésor pour t’inviter à boire. Que les Libations, pour satisfaire la soif d’Indra, s’approchent de lui en tournant vers leur droite[24].

16. Ni la mer profonde, ô Indra si souvent invoqué, ni l’obstacle des montagnes ne peut t’arrêter. Excité par tes amis, tu peux même briser le robuste Oûrva, détenteur des vaches (célestes).

17. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE IV.

En l’honneur d’Indra, par Viswâmitra.

(Mètres : Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. (Récit.) Descendant avec vitesse du sommet des montagnes, et emportées à l’envi l’une de l’autre, telles que deux cavales impétueuses, pressant leurs rives avec rapidité, comme deux vaches lèchent (le petit dont elles ont été séparées), la Vipâsâ[25] et la Soutoudrî[26] roulent leurs flots abondants.

2. (Viswâmitra parle[27].) Lancées par Indra et suivant une pente rapide, vous courez à la mer, de même que deux conducteurs de char. Vous vous précipitez l’une vers l’autre, et dans cette mutuelle rencontre vos vagues brillantes s’enflent et se grossissent.

3. Je m’approche de la (Soutoudrî), la plus large des rivières. Nous nous présentons devant la grande et heureuse Vipâsâ. Pressant vos rives comme deux vaches lécheraient leurs petits, vous allez ensemble au réservoir qui vous est commun.

4. (Les Rivières parlent.) Le lait (des vaches célestes) a grossi nos flots, et nous allons toutes au réservoir que nous a préparé le Dieu. Nous ne pouvons arrêter notre course obligée. Que désire le sage qui interpelle les Rivières ?

5. (Viswâmitra parle.) Arrêtez un instant votre course à ma voix, (à la voix de celui) qui offre le soma, ô pieuses Rivières. Fils de Cousica, j’ai besoin de votre secours, et j’adresse à Soutoudrî une instante prière.

6. (Les Rivières parlent.) Indra, dont le bras est armé de la foudre, nous a ouvert une route. Il a frappé Vritra, qui renfermait les ondes. Que le divin Savitri, aux mains brillantes, nous conduise. C’est sous sa direction que nous roulons nos flots grossis.

7. On célèbre partout la force d’Indra, dont le bras puissant a percé Ahi. La foudre (du dieu) a frappé les compagnons (de l’Asoura), et les Ondes ont avec empressement suivi leur cours.

8. Chantre (des dieux), ne prends pas en mal nos paroles. Que tes chants passent jusqu’aux derniers âges. Ô prêtre, charme-nous par tes hymnes. Ne nous donne pas une mauvaise renommée parmi les hommes. Salut à toi !

9. (Viswâmitra parle.) Sœurs[28], écoutez bien le prêtre, je viens à vous de loin sur un char léger. Calmez votre fougue ; donnez-moi un passage facile. Car, ô Rivières, la force de votre courant renverse nos chars.

10. (Les Rivières parlent.) Prêtre, nous entendons tes paroles. Tu viens à nous de loin sur un char léger. Nous te saluons, comme l’épouse respectueuse ; nous te vénérons, comme la jeune fille devant un mortel (respectable).

11. (Viswâmitra parle). Les Bharatas[29] ont demandé à te traverser, (ô Soutoudrî) ; accueille aussi ma tribu, amie des vaches (célestes), et dirigée par Indra. Suivez votre cours ordonné : j’honore votre bonté, (Rivières) dignes de nos hommages.

12. Les Bharatas, amis des vaches (célestes), ont traversé déjà ces rivières, et le sage (leur conducteur) a honoré leur bonté. Gonflez-vous donc, Rivières bienfaisantes, emplissez vos mamelles fécondes, et marchez rapidement.

13. Que les rênes (de nos coursiers) s’élèvent au-dessus (de vos ondes), ô Rivières. Ne touchez pas à leurs jougs. Que deux (Rivières) aussi respectables que vous ne deviennent pour nous la cause d’aucun désastre ; qu’elles nous soient propices.


HYMNE V.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Indra brise les villes de ses ennemis, et abat leur audace. Trésor d’opulence, il enrichit son serviteur. Excité par la prière, il grandit ; il répand ses nombreux bienfaits, et remplit le ciel et la terre.

2. J’invoque ton secours, (dieu) magnifique et fort ; j’élève la voix en l’honneur d’un immortel. Ô Indra, tu es le prince des nations humaines et des tribus divines.

3. Le puissant Indra a vaincu Vritra ; tel qu’un bouclier, il nous a protégés contre la magie (des Asouras). Terrible en sa colère, il a coupé les membres de son ennemi caché dans le nuage ; il a délivré les vaches (prisonnières) des nocturnes (brigands).

4. Indra donne le bonheur, enfante la lumière, triomphe avec les pieux (Angiras), et combat à la tête de son armée. En faveur de Manou il a élevé le brillant étendard des jours, et pour le grand combat il a préparé l’astre resplendissant.

5. Indra, tel qu’un héros vaillant, se distingue par mille actions d’éclat, et pénètre dans les rangs épais de ses ennemis. C’est lui qui inspire au poëte ces hymnes[30] magnifiques, et qui les teint de vives couleurs.

6. De nobles (chantres) célèbrent les nobles exploits de cet Indra, (exploits) admirables et sans nombre. Fort de ses divines magies, il a brisé la puissance des Dasyous malfaisants.

7. Dans ses illustres combats Indra va conquérir la richesse pour les Dévas, maître des hommes pieux et ami des sages dont il remplit les vœux. Près du foyer du père de famille qui l’honore, les prêtres renommés pour leur science célèbrent ses exploits dans leurs hymnes.

8. Les (chantres) religieux louent avec enthousiasme cet Indra vainqueur et magnifique, qui donne le bonheur, qui dispense les Ondes divines, qui crée le Ciel et la Terre.

9. Indra a donné des chevaux (aux Marouts) ; il a formé le soleil et la vache d’abondance[31]. Il a ouvert de riches trésors, et, en même temps qu’il frappait les Dasyous, il a sauvé la tribu[32] des Aryas.

10. Indra a donné les plantes et les jours ; il a donné les arbres[33] et l’air. Il a brisé Bala, et a ôté la voix (aux Asouras). Il a dompté les forts.

11. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE VI.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Les chevaux sont attelés à ton char, arrête-toi. Viens vers nous, comme le Vent (court) vers ses cavales. Ô Indra, nous t’invitons à boire notre libation ; nous donnons la Swâhâ pour satisfaire à ta soif.

2. En l’honneur du (dieu) que le monde invoque, j’ai attelé à son char ses deux coursiers rapides. Qu’ils nous amènent Indra à ce sacrifice où nous accumulons les offrandes.

3. Pousse près de nous ces (chevaux) qui répandent l’abondance, et nous protégent contre l’ennemi. Sois notre défenseur, ô (dieu) bienfaisant, et emporte notre Swadhâ[34]. Envoie tes chevaux rougeâtres ; qu’ils viennent manger ici, et (toi-même) nourris-toi également chaque jour de nos beignets[35].

4. Avec la Prière, j’attelle pour le sacrifice tes chevaux rapides, amis de (l’homme), charmés de nos libations. Sage et prévoyant Indra, monte sur ton char solide et fortuné, et viens (boire) notre soma.

5. Que d’autres par leurs sacrifices n’aillent point attirer tes coursiers bienfaisants et superbes. Viens ; nous nous empressons de t’honorer par de continuelles libations.

6. Ce soma est pour toi ; approche-toi des offrandes que ce (père de famille) renouvelle sans relâche, et bois avec bonté. Ô Indra, présent à notre sacrifice, assis sur ce gazon, fais descendre cette liqueur dans ta vaste poitrine.

7. Pour toi ce gazon a été étendu, ô Indra, ce soma a été versé ; cette orge a été préparée pour tes chevaux. Viens donc en notre demeure, tout-puissant bienfaiteur, (viens) accompagné des Marouts. L’holocauste est disposé pour toi.

8. Ô Indra, (les plantes) des montagnes, les Ondes, (le lait) des vaches, (et les soins) de nos prêtres, tout a concouru à former ce (soma), aussi doux que le miel. Viens, (dieu) grand et bon, sage et prévoyant, suis la route que t’indiquent nos hymnes, et bois de ce (soma).

9. Ô Indra, que les Marouts que tu aimes et qui font ta gloire, t’accompagnent à notre fête. Transportés tous d’un même désir, ô Indra, buvez de ce soma par la langue d’Agni.

10. Adorable Indra, par la langue d’Agni, prends et la Swadhâ et toutes nos libations. Ô Sacra, accepte l’holocauste quête présente la main du prêtre et du sacrificateur.

11. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE VII.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Viens, (Indra), avec les (Marouts), tes fidèles auxiliaires ; accepte l’offrande que nous te présentons. Indra croît au milieu des libations ; il grandit par l’effet de nos œuvres pieuses, et obtient de la renommée.

2. Des libations, aux reflets étincelants, ont été préparées ; c’est par elles qu’Indra acquiert la puissance, la fécondité, la grandeur. Ô Indra, reçois nos prières. Bois de cette (liqueur) ardente que te verse notre coupe.

3. Bois et grandis. Ô Indra, c’est pour toi que sont répandues ces premières liqueurs. Comme tu buvais les antiques libations, bois aujourd’hui les nôtres, (dieu) digne de nos éloges et de nos hymnes.

4. Il est grand, il est victorieux. Enhardi par la louange, il se revêt pour le combat d’une force terrible et capable de tout réduire en poussière. La terre ne saurait l’égaler en grandeur, (le dieu surnommé) Haryaswa[36], quand le plaisir du soma le transporte.

5. Il est grand, il est terrible ; il croît pour la force, et la louange du poëte étend sa puissance. Indra est pour nous tel que Bhaga[37] ; les vaches (célestes) qu’il nous envoie sont une source d’abondance, de fertilité, de richesse sans bornes.

6. Quand les rivières s’enflent et grossissent, les Ondes, telles que des chars, s’emportent vers la mer. Ainsi s’élance Indra, puisant une force nouvelle dans ce soma brillant que nous lui versons.

7. Les rivières vont à la mer : les (prêtres viennent) à Indra, lui apportant le soma étincelant et limpide. Ils l’ont avec leurs doigts (diligents) extrait de la plante ; ils ont reçu dans leurs vases ce miel (de la libation), et l’ont purifié à travers le filtre.

8. La poitrine d’Indra est comme un lac qui contient le soma ; elle suffit à de nombreuses libations. Quand Indra a consommé nos premières offrandes, disposé à frapper Vritra, c’est le soma qu’il demande (encore).

9. Comble-nous de tes dons. Que personne (en libéralité) ne l’emporte sur toi. Nous savons que tu es le maître des trésors ! Ô Indra, ô Haryaswa, que nous sentions toute la plénitude de ta bonté !

10. Magnifique Indra, toi qui aimes notre soma, fais-nous part de tes précieuses, de tes innombrables richesses. Accorde-nous cent automnes d’existence, dieu à la face majestueuse, (donne-nous) une forte postérité.

11. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE VIII.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Ô Indra, nous t’invitons à prendre cette force qui terrasse Vritra et triomphe dans les batailles.

2. Indra (nommé) Satacratou[38], que les prêtres sachent rendre ton âme, ton regard attentif.

3. Ô Indra, ô Satacratou, contre les attaques de nos ennemis nous appelons de toutes nos voix ta puissance.

4. Nous glorifions par nos louanges le nom d’Indra, que le monde honore et qui est le soutien des hommes.

5. Ô Indra, toi que tous les mortels implorent, je t’invoque au milieu des combats. Frappe Vritra, et donne-nous ses dépouilles.

6. Sois vainqueur dans les batailles. Ô Indra, ô Satacratou, nous t’appelons. Donne la mort à Vritra.

7. Ô Indra, triomphe, sur le champ de bataille, de ces ennemis robustes, si rapides dans leurs mouvements, si renommés pour leurs richesses.

8. Ô Indra, ô Satacratou, bois ce soma qui donne la vigueur et la victoire. Veille pour nous, et viens à notre secours.

9. Ô Indra, ô Satacratou, je célèbre en toi cet empire que tu exerces sur les cinq espèces d’êtres[39].

10. Reçois, ô Indra, nos abondantes offrandes. Prends une force invincible. Nous aimons à augmenter ta vigueur.

11. Viens à nous, ô Sacra, des régions voisines ; (viens) des régions lointaines. Des lieux qui sont ta demeure, viens ici, ô Indra, toi qui portes la foudre.


HYMNE IX.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Tel que l’ouvrier (façonne le bois), toi, prépare la Prière. Comme le coursier chargé d’un fardeau précieux, approche-toi chargé de l’offrande. Je veux célébrer les hauts faits (d’Indra), et, dans mon heureuse inspiration, contempler les sages (Dévas)[40].

2. Adresse-toi donc à ces races de sages (Richis). L’âme élevée, le cœur pieux, ils ont formé le Ciel. Que tes Prières, aussi rapides que la pensée, grandissent et viennent ici accomplir leur devoir.

3. C’est dans le sacrifice que ces (sages) par leurs œuvres mystérieuses ont donné de la force au Ciel et à la Terre ; qu’ils les ont étendus et fondés sur de larges bases ; qu’ils en ont maintenu et consolidé tout le vaste ensemble.

4. Tous ces (sages) ont placé (Indra) sur son char et l’ont entouré de splendeur. Le (dieu) va tout revêtu de lumière, et brillant par lui-même : il porte le grand nom de fécond Asoura[41]. Il a toutes les formes, et s’élève aussi au-dessus des (Ondes) immortelles (en qualité de Varouna).

5. Ce (dieu) puissant, antique et premier-né, a enfanté ces Ondes abondantes qui lui appartiennent. Rois fils du Ciel, vous puisez votre force dans les prières du brillant sacrifice.

6. Ô rois, vous êtes l’ornement des trois assemblées dans lesquelles nos nombreuses libations vous honorent. Oui, je vous vois des yeux de l’âme, Indra, tu apparais dans le sacrifice ; tu t’approches de ces flammes[42] dont le vent agite la chevelure.

7. Sous les noms divers qu’ils ont donnés à ce (maître) bienfaisante, les (Richis) lui ont mesuré le lait de la vache (du sacrifice). Prenant tour à tour chaque énergie[43] divine, ces (sages) magiciens en ont fait une forme dont ils ont revêtu Indra.

8. Il n’est personne qui ne soit à l’abri sous cette forme d’or de Savitri[44], que ma Prière a créée. Comme une femme (embrasse) ses enfants, elle enveloppe le Ciel et la Terre, qui s’étendent au loin dans l’immensité. Tel est le fruit de nos hymnes.

9. Quand le vieux (prêtre) accomplit (le sacrifice), quand le seigneur traite les dieux, soyez auprès de nous, (Indra et Varouna). Le monde voit les œuvres variées de ce (divin) magicien, (de cet Indra) aussi bon[45] qu’il est fort.

10. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE X.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. La Prière, qui part du cœur et qu’embellit l’imagination, s’élève vers le grand Indra. Elle s’éveille pour le sacrifice, et s’écrie : « Indra, écoute ce qui m’est inspiré pour toi. »

2. La Prière semble naître du Ciel avec l’Aurore ; elle s’éveille pour faire entendre sa voix dans le sacrifice. Antique, fortunée, connue de nos pères, elle prend (au matin) ses vêtements argentés.

3. La (Prière), placée sur la langue (du prêtre), enfante deux jumeaux[46]. À peine sont-ils nés, que ces jumeaux rassemblent les formes des choses ; ils tuent les ténèbres, avant-coureurs de (l’Astre) lumineux.

4. Qui peut blâmer ces (Richis)[47] qui furent nos pères sur la terre, et qui combattirent pour nous donner les vaches (célestes) ? C’est Indra, qui, fameux par ses nobles prouesses, a délivré pour eux ces vaches fécondes.

5. Indra, et ses amis, les pieux (Angiras), habiles à chanter sur des mesures de neuf syllabes[48], ont suivi les vaches dans la (prison) où elles étaient couchées. Bienfait inestimable ! Avec les dix (Angiras) qui chantent sur des mesures de dix syllabes, il a découvert le Soleil, qui habitait les ténèbres.

6. Il a découvert ce breuvage aussi doux que le miel que donne la vache (céleste) au large sabot, au pied rapide. Bienfaiteur opulent, il a de sa main droite saisi le mystérieux (Asoura), caché au sein des eaux.

7. Daigne arracher aux ténèbres l’Astre lumineux. Puissions-nous vivre tranquilles à l’abri du mal ! Ô dieu, dont notre soma augmente la grandeur, accepte les libations et les prières d’un serviteur riche en offrandes.

8. Que l’astre lumineux vienne pour le sacrifice éclairer le Ciel et la Terre. Puissions-nous être délivrés du mal ! Que les Vasous nous aident à traverser heureusement (la vie), et augmentent la fortune du mortel qui les honore.

9. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.



  1. Je disais, page 45, col. 2, note 1, quel était le sens de Sousipra. Je dois ajouter que le commentateur donne à ce mot un nouveau sens, expliqué par sirostrânopéta, orné d’un casque.
  2. Nom d’un Asoura, c’est-à-dire du nuage orageux. Ce mot veut dire retentissant.
  3. Voy. page 61, col. 1, note 1, et page 62, col. 1, note 1.
  4. Traduction de l’épithète alâtrinah, expliquée par alamâtardanah. Voy. l’histoire de Bala, page 44, col. 1, note 7.
  5. Traduction de l’épithète haryaswa.
  6. Nous avons dit, page 44, col. 1, note 7, tout ce que l’on pouvait entendre par le mot vache. Je suppose que l’auteur désigne le nuage. Cependant ce pourrait être la lumière ou le sacrifice.
  7. Le mot bhaga, quand il signifie part, est du neutre. J’ai dû penser que par le masculin Bhaga le poëte désignait l’Aditya, auteur du bonheur pour les hommes.
  8. Oûrva est le nom que l’on donne au volcan sous-marin Badavânala. Voyez à ce sujet ce qui est raconté, Harivansa, tome I, page 211. On fait aussi d’Oûrva un Asoura. Voy. plus bas page 211, ligne 5.
  9. Le sacrificateur, qui dans le texte est appelé Pitâ (père), reçoit dans le commentaire le nom de Manou. Je crois que c’est une qualification générale ; il n’est pas moins vrai, selon moi, que l’idée contenue dans ce vers a donné naissance à la fable développée dans tous les Pourânas à l’occasion de Manou et de sa fille Ilâ : une idée analogue a également fait imaginer la fable de Brahmâ et de Saraswatî.
  10. C’est-à-dire, les libations jetées sur le foyer ont développé le feu du sacrifice.
  11. Le texte porte le mot mâtarah, qui est au pluriel, lorsqu’il devrait être au duel. Le père, c’est-à-dire le maître du sacrifice, enfante Agni en le tirant de l’Aranî et en le déposant sur le foyer : Ilâ, c’est-à-dire le foyer, le reçoit, le produit, le nourrit des libations, et forme ses rayons.
  12. Ainsi sont désignées les flammes.
  13. Voir pour le nombre 7, page 78, col. 1, note 2. Pour toute cette histoire je renvoie à la page 44, col. 1, note 7.
  14. Saramâ est appelée Soupadi (qui est douée d’un bon pied), soit qu’on fasse allusion aux pieds dont se composent les vers des hymnes, soit qu’on rappelle le pada ou pied, sur lequel est établi le foyer, ilâpada.
  15. Agni en sa qualité de sacrificateur.
  16. Les Angiras sont les prêtres, ou les Rites personnifiés : les vaches sont ici les rayons de la lumière céleste.
  17. Le commentateur croit que le sacrifice se fait non pour Indra, mais pour le Déva qui l’offre.
  18. Soûri, celui qui fait les frais du sacrifice. Voyez page 121, col. 1, note 8.
  19. Ce nom se donne ordinairement à Agni. Voyez page 122, col. 1, note 1.
  20. Ces trois divinités sont Agni, Vâyou et Soûrya ou le Soleil. Voy. page 205, col. 1, note 6.
  21. L’épithète manthin semble indiquer que le mélange a dû être battu. M. Wilson, au mot mantha, fait mention d’un plat composé de farine d’orge, de beurre et d’eau, a sort of gruel or porridge.
  22. Le texte est bien difficile à traduire : altera nate terram operis. Image bizarre ! Le nuage s’intercale entre les deux parties sphériques du corps d’Indra, dont l’une est au ciel et l’autre sur la terre.
  23. Je rends ainsi le mot oubhayé, que le commentateur traduit par ces mots obscurs : gens appartenant à deux familles, oubhayacoulavarttino djanah.
  24. Voir page 202, col. 2, note 1.
  25. Le texte porte Vipât : la Vipâsâ est une rivière du Penjab, nommée aujourd’hui Beyâh.
  26. La Soutoudrî est appelée aussi Satadrou. C’est aujourd’hui le Setledj, qui va s’unir au Beyâh, pour former l’Hyphasis des Grecs.
  27. Pour expliquer le sujet de cet hymne, on raconte que Viswâmitra, prêtre du roi Soudas, fils de Pidjavada, est renvoyé chez lui par ce prince avec de nombreux présents, et qu’arrivé au confluent de la Vipâsâ et de la Soutoudrî il est arrêté par la crue des eaux. Là il fait un sacrifice à Indra, pour obtenir de pouvoir passer à l’autre rivage. Je ne serais pas étonné que cette pièce n’eût été conçue que comme une allégorie, où sont représentées, sous la forme de rivières, les deux espèces de libations.
  28. Ce mot signifie encore rivières.
  29. Les Bharatas étaient une famille appartenant à la race lunaire : Viswâmitra était de la même race.
  30. Je ne sais pourquoi le commentateur veut que le mot dhiyah soit traduit par le mot aurores.
  31. C’est-à-dire le sacrifice, ou le nuage.
  32. L’auteur se sert du mot varna, qui signifie couleur. Nous avons vu ailleurs que les Dasyous ou Asouras, esprits de ténèbres, sont d’une couleur noire, crichna.
  33. Le commentateur entend cela des arbres qui servent au sacrifice, tels que le Khadira, le Pâlasa.
  34. La Swadhâ est une espèce d’offrande. On peut croire aussi que le poëte compare les présents d’Indra à ceux que les hommes peuvent lui faire, et traduire par cette idée : Apporte-nous notre Swadhâ. Le mot Swadhâ signifie vivres, nourriture.
  35. Dhânâh ; ce sont des pâtes d’orge frites.
  36. C’est-à-dire le dieu traîné par des chevaux azurés.
  37. Bhaga est une des formes d’Aditya, considérée comme l’auteur de tout bien. Le commentaire regarde ce mot comme un adjectif, bhadjanîya.
  38. Ce mot, auquel on a donné plus tard la signification de dieu ayant fait cent sacrifices, semble avoir signifié d’abord, dieu capable de cent prouesses (bahoucarman). Voy. page 43, col. 2, note 1.
  39. Voir page 45, col. 1, note 1.
  40. Le poëte fait allusion aux anciens Richis, ou bien à ces Rites personnifiés sous le nom d’Angiras, et autres. Ces Rites, qui vont s’accomplir, semblent en quelque sorte revivre avec leur antique puissance.
  41. Ce mot, pris ici en bonne part, désigne l’être qui donne la vie, c’est-à-dire le Soleil. Indra est à la fois l’Aditya du jour et l’Aditya de nuit, autrement Indra et Varouna. Plus loin le poëte appelle Indra et Varouna fils du Ciel (divo naptri), parce qu’en leur qualité d’âditya ils parcourent l’air le jour et la nuit.
  42. Ces flammes reçoivent le nom de Gandharva.
  43. Asouryam.
  44. Indra prend le nom de Savitri (créateur), qui appartient ordinairement au Soleil.
  45. L’expression sanscrite est pittoresque (gopâdjihwa). Quand la vache est rassurée, elle lèche son maître, à qui, dans cette circonstance, conviendrait parfaitement l’épithète latine blandus.
  46. Ces jumeaux sont les Aswins.
  47. L’auteur désigne les Angiras.
  48. Voy. page 80, col. 1, note 6, les différents sens que l’on peut donner à ce passage. Il y a deux classes d’Angiras, les uns, à ce qu’il paraît (sect. I, lect. V, hym. I, vers 4), au nombre de sept, et les autres au nombre de dix, comme il résulte du passage présent. Le commentateur cite, parmi les Angiras, Médhâtithi, et ne voit dans ces Richis que deux classes de pénitents.