Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 3/Lecture 3

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 216-225).

LECTURE TROISIÈME.

HYMNE I.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Puissant Indra, nous t’invoquons en versant le soma en ton honneur. Prends nos offrandes, aussi douces que le miel.

2. Indra, toi que le monde célèbre, viens chercher le soma de notre sacrifice. Bois, consomme ce (breuvage) agréable.

3. Indra, maître honoré des hommes pieux, prends avec tous les dieux l’holocauste dont nous t’adressons l’hommage.

4. Indra, maître des hommes pieux, c’est vers ton séjour que se dirigent ces libations, ces liqueurs fortunées.

5. Indra, remplis ta poitrine de ce soma choisi et versé pour toi. Ces breuvages étincellent en ton honneur.

6. Bois, honorable Indra, nos libations. C’est un miel dont le flot doit t’arroser. Pour toi ces mets ont été préparés.

7. Les offrandes abondantes du sacrificateur enveloppent Indra. Ce (dieu) boit le soma, et il grandit.

8. Viens à nous des lieux ou lointains ou prochains que tu habites. (Dieu) qui donnes la mort à Vritra, écoute nos prières.

9. Indra, que l’on t’invoque de loin, de près[1] au milieu (du jour), viens toujours au milieu de nous.


HYMNE II.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Indra, qui portes la foudre, je t’invoque et t’honore. Viens vers nous avec tes chevaux pour boire notre soma.

2. Choisissant un moment favorable, notre sacrificateur a étendu le gazon (sacré). Dès le matin les mortiers ont travaillé.

3. Héros qui aimes la Prière, le sacrifice commence. Place-toi sur notre gazon, et reçois l’offrande.

4. Réjouis-toi de nos libations, de nos hymnes et de nos chants, honorable Indra, toi qui donnes la mort à Vritra.

5. Les Prières viennent flatter le grand Indra, l’ami de notre soma, le maître de la Force, de même que la vache (avec sa langue flatte) son veau.

6. Que ton corps profite des mets que nous t’offrons, et s’agrandisse heureusement. N’expose pas ton serviteur au blâme.

7. Indra, toi qui es notre appui, sois à nous, comme nous sommes à toi. Nous te chantons en te présentant l’holocauste.

8. Ne lance pas loin de nous les chevaux que tu chéris. Viens à nous, Indra, toi qui emportes la Swadhâ, et réjouis-toi.

9. Que (tes chevaux) aux longs crins, et arrosés de beurre sacré, t’amènent ici, ô Indra, sur ton char fortuné. Assieds-toi sur notre gazon.


HYMNE III.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Indra, avec les chevaux attelés à ton char, approche-toi de ce soma que nous t’avons versé, et auquel nous avons mêlé le beurre (sacré).

2. Viens, Indra, goûte à ces liqueurs que nous avons disposées sur le gazon et extraites des mortiers. Satisfais pleinement ta soif.

3. Que ma Prière s’élève ainsi vers Indra, et l’invite à boire le soma.

4. Oui, par nos hymnes et par nos chants nous invitons Indra à boire le soma. Qu’il vienne avec empressement.

5. Indra, pour toi ces libations de soma. Satacratou, trésor de (riches) offrandes, reçois dans ton sein ces (libations).

6. (Dieu) sage, nous savons que dans les combats tu remportes la victoire et te charges d’opulentes dépouilles. Nous venons donc implorer tes bontés.

7. Bois, ô Indra, ce breuvage que nous avons tiré de nos mortiers, et dans lequel nous avons confondu l’orge et le beurre.

8. Indra, daigne recevoir ce soma que je te présente, et qu’il réjouisse ton cœur.

9. Enfants de Cousica, nous avons besoin de ton secours, ô antique Indra, et nous te convions à boire nos libations.


HYMNE IV.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Élevé sur ton char, viens à nous, et approche-toi de ce soma, qui brille en ton honneur. Dirige vers notre gazon tes deux nobles coursiers. Ces prêtres t’invoquent en t’apportant l’holocauste.

2. Viens avec tes chevaux, (noble) Arya[2], vers ce peuple qui te présente de nombreuses offrandes. C’est toi, Indra, qu’appellent nos Prières et nos Hymnes, qui se complaisent dans ton amitié.

3. Divin Indra, pousse ici tes rapides coursiers ; aime à visiter notre sacrifice, où s’accumulent les offrandes. Avec le beurre et les mets (sacrés), dans ce lieu où sont disposés les doux breuvages et les liqueurs enivrantes, je t’invoque par la prière.

4. Qu’ils t’amènent donc vers nous, ces coursiers superbes, magnifiques, bienfaisants et chargés d’un si noble fardeau ! Qu’Indra se plaise à notre sacrifice, où l’orge a été prodiguée, et ami (fidèle), qu’il écoute les chants de son ami !

5. Ô Maghavan, honoré par notre soma, (protége) en moi le pasteur du peuple et le roi, (protége) en moi le Richi qui verse la libation. Fais-moi part de ton immortelle opulence.

6. Que ces grands coursiers attelés à ton char, Ô Indra, t’amènent à notre fête. Compagnons du magnifique (ennemi de Vritra), purs de toute souillure, ils traversent le ciel et embellissent les régions de l’air.

7. Indra, bois de ce généreux (soma) que versa notre mortier, et que te porte l’épervier[3] (poétique), fidèle à ton désir. Enivré de cette liqueur, tu agites la nature, et tu ouvres les portes de l’étable (céleste).

8. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE V.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Vrihatî.)

1. Ô Indra, qu’il te soit agréable, ce soma extrait de nos mortiers. Aime à venir vers nous avec tes chevaux. Monte sur ton char azuré.

2. Par amour pour (notre soma), tu amènes l’Aurore, tu allumes le Soleil ; sage et prévoyant, ô Indra, ô Haryaswa, tu donnes (au monde) sa brillante parure.

3. Azurée est la voûte du ciel, azurée est la surface de la terre ; et c’est Indra qui a consolidé ces deux (grands corps) azurés, entre lesquels lui, le (dieu) azuré[4], circule pour les entretenir.

4. Haryaswa, bienfaisant et azuré, en naissant illumine le monde entier. Il porte dans ses bras une arme azurée, sa foudre aux teintes azurées.

5. Oui, (dans ses bras) Indra (tient) sa foudre empourprée, ardente, enveloppée de traits éblouissants. Avec ses chevaux il a, en même temps, fait sortir le soma de nos mortiers et les vaches (célestes de leur prison).


HYMNE VI.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Vrihatî.)

1. Viens, ô Indra, avec tes chevaux[5] qui font notre joie, et dont les poils sont nuancés comme la plume de Paon. Ne sois pas dans ta route arrêté (par d’autres mortels), comme l’oiseau par le filet du chasseur. Que ces (mortels) soient pour toi tels qu’une terre aride.

2. Indra, toi qui détruis Vritra, qui brises Bala, qui forces les villes (célestes) et amènes les eaux, tu montes sur ton char à l’arrivée de tes deux coursiers, et tu renverses les plus fermes remparts.

3. De même que (l’eau remplit) la mer profonde, toi, tu remplis les vœux du sacrificateur. Tu es comme le bon pasteur qui pourvoit aux besoins de ses vaches. Ce que le gazon est pour la vache, le ruisseau pour le lac, (tu l’es également pour nous).

4. Donne-nous des enfants, des richesses. Sois (comme le père), qui laisse (à son fils) une partie de sa fortune. De même que le croc agite l’arbre pour en faire tomber le fruit mûr, ô Indra, secoue sur nous tes trésors pour combler nos vœux.

5. Indra, tu es riche et brillant, glorieux et prospère. Ô (dieu) que le monde chante, croîs en vigueur, et deviens, pour nous la source de la plus heureuse abondance.


HYMNE VII.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Dieu) guerrier, généreux, brillant, terrible, jeune, ferme et vainqueur, tu es immortel et glorieux ; tu portes la foudre. Ô Indra, tu es grand, et grandes sont tes prouesses.

2. Oui, tu es grand par tes œuvres, (dieu) magnifique, libéral et redoutable. Tu résistes à toutes les attaques. Seul roi du monde, combats et détruis tes ennemis.

3. Dans sa splendeur infinie, il se déploie partout et l’emporte sur les autres dieux. Indra boit notre soma, et devient plus fort que le Ciel, la Terre, la vaste et grande Atmosphère.

4. Le redoutable Indra est comme un réservoir large et profond, qui s’étend au loin pour recueillir nos prières. Les libations du matin pénètrent en lui, comme dans une (vaste) mer.

5. Le Ciel et la Terre te sont dévoués, et conservent, comme une mère garde son fruit, ce soma que les prêtres, ô généreux Indra, te présentent, et qu’ils ont purifié pour ta soif.


HYMNE VIII.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Généreux Indra, associé avec les Marouts, bois ce soma ; prends notre Swadhâ. Enivre-toi, et combats. Verse dans ta poitrine ces flots de miel savoureux. Tu es au ciel le roi des libations.

2. Accompagné des Marouts, bois joyeusement avec eux notre soma, sage héros, vainqueur de Vritra. Frappe nos ennemis, éloigne les méchants ; fais que nous soyons partout redoutés.

3. Indra, gardien des Ritous, bois avec eux et avec les (autres) dieux tes amis le soma que nous t’offrons. Les Marouts, que tu aimes et qui t’honorent, ont donné la mort à Vritra, et ont augmenté ta force.

4. Avec ces sages Marouts qui t’accompagnent, et qui te secondaient quand Ahi fut tué, lorsque Sambara a été mis à mort et les vaches (célestes) retrouvées, (avec ces Marouts) qui font ta joie, ô Indra, ô Maghavan, amené par tes chevaux (azurés), bois notre soma.

5. Cet Indra, ami des Marouts, bienfaiteur grand et magnanime, maître céleste, triomphateur terrible et puissant, c’est lui que nous devons appeler sans cesse à notre secours.


HYMNE IX.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Que le (dieu) aimable et généreux, qui vient de naître, protége (le sacrificateur) chargé pour lui d’offrandes et de libations. Bois à ton gré, et avant tous les autres, ce doux et merveilleux soma qui t’appartient.

2. À peine es-tu né que tu désires le jus de la plante que produit la montagne[6] : tu bois la liqueur du soma. Ta jeune mère, l’épouse du père commun, dans sa haute demeure, t’allaite de ce (breuvage)[7].

3. Indra s’approche de sa mère, et lui demande sa nourriture ; d’une mamelle féconde sort devant ses yeux le soma piquant. (Alors Indra) satisfait son désir ; il court ensuite au combat, et, dans la mêlée, (le dieu) aux larges membres se distingue par ses hauts faits.

4. Terrible vainqueur et fort dans sa victoire, il se revêt de toutes les formes qu’il veut. Par sa nature même Indra l’emporte sur Twachtri[8] ; et le soma déposé dans les vases (du sacrifice), il le ravit et le boit.

5. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE X.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Célèbre le grand Indra, qui est l’espoir des mortels, ami du soma, et que les Dévas connaissent comme le maître de l’univers, le héros des batailles, le vainqueur des puissances ténébreuses.

2. Intrépide combattant, traîné par ses coursiers azurés, il brille à la tête des armées, et personne ne peut le surmonter. Seigneur suprême, avec ses vigoureux alliés, il étend ses conquêtes, et s’empare des richesses du Dasyou.

3. Fort sur le champ de bataille, et impétueux comme le coursier, il a conquis le ciel et la terre. Magnifique et pareil à Bhaga, il est digne de nos invocations et de nos holocaustes. Il est l’auguste gardien de nos prières, et le trésor de notre abondance.

4. Maître du ciel et de l’air, écoute notre voix. Tu marches droit comme un char élevé ; les (riches) Vasous te servent de monture. Tu couvres les Nuits d’un voile ; tu es le père du Soleil ; tu donnes (aux mortels) la portion qui leur revient, comme la Prière (donne aux dieux) la libation.

5. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE XI.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ce soma est pour Indra ; qu’Indra prenne notre swâhâ. Viens, (dieu) rapide et bienfaisant, accompagné des Marouts. Que nos offrandes remplissent la vaste capacité d’Indra ; que nos holocaustes satisfassent aux besoins de son (large) corps.

2. (Dieu) à la face majestueuse, j’attelle à ton (char) rapide tes deux fidèles coursiers ; brille dès le matin, plein de confiance en leur légèreté. Que tes chevaux te retiennent ici. Bois de ce soma que nous t’avons préparé.

3. Pour assurer la force et la suprématie d’Indra, les prêtres ont, par leurs chants et leurs offrandes, honoré ce (dieu) bienfaisant et sauveur. Ô toi, qui aimes nos libations, viens avec plaisir boire le soma, et envoie-nous souvent les vaches (célestes).

4. Satisfais à nos désirs en nous donnant des vaches et des chevaux ; étends notre opulence et nos richesses. Telles sont les prières, telles sont les offrandes qu’apportent à Indra les sages et fortunés enfants de Cousica.

5. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE XII.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètres : Djagatî, Trichtoubh et Gâyatrî.)

1. Par de longues prières invoquons le magnifique Indra, qui comble les humains de ses douces faveurs. (Dieu) immortel et toujours croissant en grandeur, il est digne de nos louanges et chaque jour nos hymnes le célèbrent et l’implorent.

2. Nos voix s’élèvent de tout côté vers ce héros puissant, vers cet Indra, ce Satacratou, étendu comme une mer (immense) : il nous donne l’abondance, perce les villes (célestes), et nous envoie l’Onde. Il est rapide, resplendissant, vainqueur et fortuné.

3. Le poëte le célèbre pour obtenir la richesse. Indra aime la pure louange ; il se plaît dans la demeure d’un pieux serviteur. Chante donc (cet Indra) qui accable et tue ses ennemis.

4. Ô le plus noble des héros, les prêtres t’honorent par leurs chants et leurs hymnes. Pour augmenter sa force, ce magicien, qui se revêt de toutes les formes, vient prendre nos offrandes. Seul, il brille, (seul) il règne sur ce monde.

5. Il commande, et l’abondance descend chez les mortels ; la terre produit de nombreuses richesses. Pour Indra les cieux, les plantes, les eaux, les bois, les races (humaines) deviennent des dépôts de trésors (précieux).

6. Pour toi, ô Indra, que traînent deux coursiers azurés, pour toi ces offrandes, ces prières, ces sacrifices ! Accepte-les. Accorde-nous toujours ton appui, toi qui es pour nous un parent, un ami, un protecteur. Donne l’abondance à tes serviteurs.

7. Indra, toi que les Marouts accompagnent, viens ici boire de nos libations de soma, comme tu l’as fait pour Saryata[9]. (Noble) héros, les prêtres t’honorent par leurs sacrifices, dans leurs saintes et pompeuses cérémonies.

8. Satisfais à ton désir, ô Indra, et viens ici avec les Marouts tes amis boire le soma que nous t’avons versé. (Dieu) que le monde implore, tu nais, et tous les Dévas te vénèrent et t’arment pour le grand combat.

9. Dans le soin de nous donner les Ondes, les Marouts, riches en bienfaits, secondent Indra notre protecteur. Vainqueur de Vritra, visite avec eux la maison de ton serviteur, et bois le (soma) qu’il a préparé.

10. Ce soma a été extrait de nos mortiers avec empressement, ô maître adorable de la richesse ; tu peux en boire.

11. Refais ton corps avec ces liqueurs, avec ces offrandes disposées pour toi. Tu aimes le soma ; que le nôtre te réjouisse.

12. Indra, (vaillant) héros, puise dans notre sacrifice, pour le bonheur (du monde, la force nécessaire) à tes lianes, à ta tête, à tes bras.


HYMNE XIII.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètres : Gâyatrî, Djagatî et Trichtoubh.)

1. Ô Indra, reçois dès le matin (le soma) que nous t’offrons avec ces beignets, ce plat de caillé, ce gâteau, et ces hymnes.

2. Reçois, ô Indra, et consomme ces offrandes, ces mets. L’holocauste est préparé pour toi.

3. Accepte nos offrandes, écoute nos prières ; (sois pour nous) comme l’époux pour sa jeune épouse.

4. (Dieu) toujours invoqué, reçois nos offrandes dans le sacrifice du matin. Ô Indra, ta puissance est grande.

5. Indra, daigne agréer nos beignets et nos offrandes dans le sacrifice de midi. Cependant le prêtre, qui célèbre tes louanges, s’agite avec la majesté du taureau, et poursuit le cours de sa prière.

6. Dans le troisième sacrifice, (ô dieu) sage que le monde glorifie, accepte nos beignets, nos offrandes et nos invocations. Honorons par nos œuvres (saintes) et nos holocaustes celui qui est entouré des Ritous et des Vâdjas[10].

7. Nous offrons ce plat de caillé et ces beignets au (dieu) compagnon de Poûchan et possesseur des coursiers azurés. Héros sage, vainqueur de Vritra, ami des Marouts, mange ce gâteau, et bois ce soma.

8. Apportez promptement les beignets et les offrandes pour le plus illustre des héros. Que chaque jour, ô superbe Indra, cet hommage te soit rendu ; et qu’avec le soma tu sentes croître tes forces.


HYMNE XIV.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètres : Gâyatrî, Djagatî et Trichtoubh.)

1. Ô Indra et Parwata[11], sur votre large char, apportez cette abondance fortunée qui produit une forte race. Ô dieux, acceptez l’holocauste de nos sacrifices. Que votre grandeur s’accroisse dans la joie de nos prières et de nos hymnes.

2. Ô Maghavan, arrête-toi ici. Ne va pas plus loin. Prends de ce soma que nous te versons. Ô Indra, époux de Satchî[12], par la douceur de notre voix puissions-nous (t’amener), comme un fils amène son père par le pan de son vêtement !

3. Ô prêtre, je chante : unis-toi à mes efforts. Faisons ensemble agréer à Indra ces offrandes. Assieds-toi sur ce gazon du (père de famille) qui sacrifie. Que mon hymne nous rende Indra propice !

4. Ô Maghavan, (ici est Satchî, ton)[13] épouse : c’est donc ici ta demeure et le lieu de tes amours. Qu’attelés (à ton char), tes coursiers t’y amènent. Nous répandons pour toi le soma, et Agni, l’envoyé (des dieux), te convie.

5. Arrive, ô Maghavan ; approche-toi, Indra, notre frère. Le prêtre et le père de famille[14] ont tout disposé. (Viens) dans ce lieu, où peut se reposer ton large char, où tu peux dételer ton coursier hennissant.

6. Viens, Indra, à ces libations, à ce soma, à cette demeure qui est la tienne. Car tu y trouveras une épouse, une amante fortunée. Ici ton large char peut se reposer ; ici tu peux dételer ton coursier au sein d’une pieuse abondance.

7. Ici sont les Bhodjas[15], les Angiras de formes différentes, les enfants du Ciel[16], les (fils) valeureux du (divin) Asoura[17]. Ils donnent à Viswâmitra, pour prix de ses mille sacrifices, des biens (précieux) et une (longue) existence.

8. Maghavan se revêt de mille formes ; il entoure son corps d’apparences magiques. Trois fois, dans sa course, il descend un instant du Ciel, à la voix de notre prière, ami de la justice et avide de soma.

9. Ce (dieu) grand et sage, père des Dévas et recevant d’eux sa force, a les yeux ouverts sur les (œuvres) des hommes. C’est lui qui calma les flots d’une rivière impétueuse, quand Viswâmitra (revenait) chargé des présents de Soudas[18]. Indra fut alors bon pour les enfants de Cousica.

10. Tels que des cygnes, faites entendre la voix de l’hymne. Aimez le bruit du mortier qui résonne avec la prière au milieu des libations et du sacrifice. Enfants de Cousica, sages richis, surveillants des œuvres pieuses, vous prenez avec les dieux le miel savoureux du soma.

11. Arrivez, enfants de Cousica, hâtez-vous, et, dans l’espoir de l’opulence, donnez carrière au cheval de Soudas[19]. Le roi (des cieux) a frappé Vritra à l’orient, à l’occident, au nord. Que le sacrifice ait lieu sur le noble foyer de terre.

12. J’ai chanté Indra, et le Ciel et la Terre. L’œuvre sainte de Viswâmitra garde la race de Bharata[20].

13. Les enfants de Viswâmitra ont fait entendre leur prière en l’honneur d’Indra, qui porte la foudre. (Qu’Indra) nous donne la richesse.

14. Que font tes vaches (célestes) chez les Kîcatas[21] ? (Ce peuple) ne fait point couler la libation ; il n’allume point le feu (sacré). Donne-nous le bien de (l’impie) usurier ; assure-nous la part du vil Nîtcha[22].

15. Celle qui nous a été donnée par Djamadagni[23], celle qui détruit l’ignorance, la Prière, fille du Soleil[24] vient, en élevant sa voix, disposer au milieu des Dévas l’ambroisie de l’immortelle offrande.

16. Oui, que la Prière vienne promptement apporter l’abondance à ces (fidèles), et la répandre parmi les cinq classes d’êtres[25]. Qu’elle soit à nos côtés (pour nous protéger et) nous procurer une vie nouvelle, celle que m’ont donnée les vieux enfants de Djamadagni.

17. Que les deux chevaux (de notre char)[26] soient forts ; que notre essieu soit solide. Que le timon ne soit point brisé, ni le joug rompu. Qu’Indra nous préserve des chutes par deux chambrières. Ô (dieu), dont le char a des roues admirables, viens à notre secours.

18. Indra, donne la force à nos corps ; la force à ce qui traîne notre char ; la force et la vie à notre fils et à notre petit-fils. Car tu es le possesseur de la force.

19. Mets plus de dureté dans la moelle du Khadira[27] ; que le bois de la Sinsoupâ[28] résiste à la fatigue de la course. Essieu vigoureux, sois de plus en plus solide, et ne nous laisse par tomber de notre char.

20. Que les bois, aimés de Vanaspati[29], n’aillent point nous trahir ni nous blesser. Bénédiction sur nos maisons ! Le char est lancé. Bénédiction et salut !

21. Ô Indra, ô vaillant Maghavan, viens à notre secours, et sois aujourd’hui pour nous un auxiliaire puissant. Que l’homme qui nous hait tombe par terre ; que celui que nous haïssons perde la vie[30].

22. La hache peut être brûlée ; le simbala[31] peut être abattu ; la marmite, heurtée du pied, perd son liquide et ne jette plus qu’une (vaine) vapeur. Ô Indra, (qu’il en soit de même de notre ennemi).

23. Sans s’inquiéter de sa flèche, (on a vu) des hommes s’emparer du chasseur, et le mener comme il aurait mené sa proie. On ne fait pas rire le faible aux dépens du plus fort ; on ne met pas l’âne avant le cheval[32].

24. Indra, les fils de Bharata ne veulent point de rapprochement (avec leurs ennemis). Déjà ils lancent leur cheval, aussi rapide que la roue ; déjà pour le combat ils tendent fortement la corde de leur arc.


HYMNE XV.

Aux Viswadévas, par Pradjapati, fils de Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Les prêtres) ne cessent d’offrir leur hommage au (dieu) grand, adorable, digne de louanges. Que l’immortel Agni nous entende, (entouré) soit de nos splendeurs domestiques, soit de ses rayons divins !

2. Honore le grand Ciel et la Terre, ô sage vénérable ; accède au désir qui me sollicite. Dans les sacrifices que font (les enfants) d’Ayou, dans ces éloges que l’on adresse au Ciel et à la Terre, les pieux Dévas tressaillent de joie.

3. Ô Ciel et Terre, agréez notre sacrifice : qu’il soit pour nous avantageux et prospère. Ô Agni, j’adore le Ciel et la Terre, et me présente avec l’offrande pour obtenir leur faveur.

4. Ciel et Terre, source de toute piété, les anciens sages vous ont honorés. C’est vous aussi qu’avec raison les prêtres aujourd’hui vénèrent dans leurs assemblées et au moment du combat.

5. Qui connaît ici-bas, qui peut dire la voie que suivent les Dieux ? Nous voyons bien leurs stations inférieures ; mais leur œuvre se poursuit dans des régions supérieures et mystérieuses.

6. (Agni), sage et surveillant nos œuvres, dans son foyer lumineux[33], voit autour de lui le Ciel et la Terre heureux du beurre (sacré) dont ils sont arrosés. Dans l’œuvre commune qu’ils accomplissent, ils lui préparent plusieurs demeures, qui sont comme autant de nids pour l’oiseau (voyageur).

7. À la fois unis et séparés, éloignés et voisins, ils veillent au poste solide qui leur est assigné. Et jeunes, dans cette carrière qu’ils fournissent ensemble, ils se disent : Soyons époux.

8. Et aussitôt tous les êtres apparaissent au jour. Sans peine (le Ciel et la Terre) ont produit les grands dieux. Cet ensemble d’êtres animés et inanimés se met en mouvement, oiseaux, quadrupèdes, animaux de toute forme, de toute espèce.

9. Je chante en ce jour cette création antique, perpétuelle, de notre père, de notre grand aïeul, dans ces lieux où, à la face (du Ciel et de la Terre), les Dévas, célébrant leurs louanges, montent, chacun sur son char, pour suivre la voie large et variée du sacrifice.

10. Ciel et Terre, je vous adresse ces chants. Puissions-nous être entendus des sages et jeunes Adityas, de Mitra et de Varouna, de ces héros brillants, dont la poitrine se remplit de la douce libation, et auxquels Agni sert de langue !

11. Savitri, à la main d’or[34], à la douce langue, vient trois fois du ciel dans nos sacrifices. Ô Savitri, sois chanté parmi les Dévas, et envoie-nous le fruit que nous attendons du sacrifice.

12. Dieu bienfaisant et riche, juste et doué d’une main brillante, que Twachtri nous apporte son secours. Compagnons de Poûchan, ô Ribhous, faites notre joie. Élevant leurs coupes, (les prêtres) ont commencé leur sainte cérémonie.

13. Enfants du sacrifice, que les Marouts, guerriers au char brillant, au glaive meurtrier, à la marche rapide, ainsi que Saraswatî, nous entendent ! Que ces (dieux) impétueux et dignes de nos hommages nous accordent une opulence soutenue par une forte race !

14. Que l’hymne solennel, comme s’il s’agissait de Bhaga[35], vienne, au moment du sacrifice, au-devant de Vichnou, héros si souvent éprouvé. C’est lui qui est le (dieu) aux larges pas ; pour lui les louanges sont (comme) de jeunes mères, qui entretiennent ses forces.

15. Indra, paraissant dans la plénitude de sa force, a rempli de sa grandeur le Ciel et la Terre. Ô (dieu) qui brises les villes (célestes), qui donnes la mort à Vritra, qui renverses les armées, rassemble et amène-nous une grande quantité de tes vaches (divines).

16. Ô Aswins, (dieux) véridiques, vous êtes (mes protecteurs), mes pères, et j’aime à vous donner le nom de parents. Unis par la naissance, vous vous êtes fait tous deux un beau nom. Vous êtes pour nous les dispensateurs de la richesse, et, flattés de nos hommages, vous ouvrez les trésors que vous gardez.

17. Vous aussi, sages Viswadévas, vous avez un grand et beau nom : car vous êtes dans Indra. Ô (dieu) que le monde invoque, montre-toi notre ami, avec les Ribhous que tu aimes. Vous tous, agréez notre prière et comblez nos vœux.

18. Honorons encore Aryaman, Aditi. (Célébrons) les œuvres impérissables de Varouna. Éloignez de notre voie les accidents qui nous priveraient de postérité. Que nos chants nous procurent et des enfants et des troupeaux !

19. Que le messager des dieux, qui se plaît à naître sous tant de formes, proclame dans le sacrifice la pureté de nos cœurs ! Que nous soyons entendus de la Terre, du Ciel, des Eaux, du Soleil, des Étoiles, de la vaste Atmosphère !

20. Qu’elles nous entendent, ces vastes et solides Montagnes[36] (du ciel), qui aiment nos holocaustes, et qui nous envoient la pluie. Qu’Aditi nous entende avec les Adityas ! Que les Marouts nous accordent la prospérité !

21. Que notre voie soit toujours facile et marquée par l’abondance ! Ô Dieux, faites couler votre miel sur les plantes. Ô Agni, ne me retire pas la part que tu m’as donnée dans ton amitié. Que j’obtienne une opulente et solide abondance !

22. Goûte nos holocaustes ; viens à nous, et répands ton éclat sur nos offrandes. Prends ta part dans nos mets. Ô Agni, tu peux dans les combats vaincre tous ces ennemis. Sois bon, et chaque jour apporte-nous ta lumière.


HYMNE XVI.

Aux Viswadévas, par Pradjapati.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Quand les Aurores se lèvent le matin, (l’être) grand et immortel naît au foyer[37] où siége la Vache (du sacrifice). (Le poëte) célèbre les œuvres divines. Grande et souveraine est l’énergie[38] des Dieux.

2. Ô Agni, (nous ne voulons pas) être blâmés des Dévas, ni de nos ancêtres, habiles dans la science (divine). Placé entre (le Ciel et la Terre, tu es) la lumière (du sacrifice) pour ces deux mondes antiques[39]. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

3. Mes désirs sont nombreux et pressants. J’ai allumé les feux des antiques cérémonies. Agni brille ; chantons (le dieu à qui l’on donne le nom de) Rita[40]. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

4. Le roi qui brille, toujours le même, en plusieurs lieux, repose au sein (de l’Aranî). On l’apporte sur le bois du foyer ; là, de ses deux mères l’une porte son nourrisson, l’autre s’approche (pour l’allaiter)[41]. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

5. Attaché à la ramée supérieure, il gagne la ramée inférieure, et pénètre au sein des branches. Ces jeunes mères conçoivent Agni, et l’enfantent en rompant leur ceinture. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

6. Cependant le nourrisson, couché près de ses deux mères, se lève promptement ; il se débarrasse de ses langes, et il marche seul[42]. Alors ont lieu les œuvres de Mitra et de Varouna. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

7. Ainsi ce (dieu), chéri de ses deux mères, brillant sacrificateur dans nos saintes cérémonies, se dresse en pointe, tout en se reposant sur une large base. Les (prêtres) au doux langage lui présentent les hommages qui lui sont agréables. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

8. Comme devant le héros qui combat, tout le monde, en s’approchant de lui, baisse le front (avec respect). Entouré des (saintes) Prières, il va travaillant à rendre parfaite la Vache (du sacrifice). Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

9. Messager (divin), il se nourrit de la substance des (branches) qu’il consume ; il grandit, et s’élève avec splendeur entre (le Ciel et la Terre). Il manifeste pour nous les diverses formes, et (d’en haut) jette sur nous ses regards. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

10. (Sous le nom de) Vichnou, (il se fait le grand) pasteur ; il s’empare du poste le plus élevé dans l’air. Agni connaît tous les mondes. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

11. Deux êtres jumeaux, dont l’un est environné de lumière et l’autre de ténèbres, produisent la variété des formes. Ce sont deux sœurs ; l’une est noire, l’autre est brillante. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

12. Il est aussi deux vaches, la mère et la fille, nourrices fécondes qui vivent l’une par l’autre. Je les célèbre toutes deux dans ce séjour de Rita[43], entre (le Ciel et la Terre). Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

13. La vache (de la Libation) vient en mugissant, au milieu des coupes (sacrées), lécher le nourrisson d’Ilâ et lui donne la mamelle. Ilâ s’engraisse du lait de Rita[44]. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

14. Quant à (la vache, nommée) Padya[45], elle revêt toute espèce de forme et, restant debout, elle lèche (doucement) le jeune nourrisson. J’honore par mes chants le lieu où siége Rita. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

15. Au milieu (des airs), comme sur un sol ferme, marchent deux nobles (êtres), l’un secrètement, l’autre à découvert. La route qu’ils suivent leur est commune, et cependant diffère d’apparence. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

16. Allons, pressez les vaches (du sacrifice)[46], ces nourrices chargées de lait, à la mamelle lourde et traînante. Qu’elles soient toujours nouvelles, toujours jeunes. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

17. Quand, au milieu de cet autre troupeau de vaches (célestes), Indra mugit tel qu’un taureau, c’est qu’il jette en leur sein une semence (féconde). Indra est roi, il est le maître des nuits et des jours[47]. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

18. Chantons, ô peuples, les excellents chevaux du vaillant (Indra). Les Dévas les connaissent, et dix attelages les ramènent six fois[48]. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

19. Le dieu (qui s’appelle) Twachtri et Savitri revêt toutes les formes. Il enfante comme il embellit diversement les êtres. Tous les mondes lui appartiennent. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

20. C’est lui qui a su appareiller ces deux vases qui forment le monde ; c’est lui qui les a remplis de trésors. Partout est célébré le héros qui possède la richesse. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

21. Il soutient tout, et il daigne habiter près de nous cette terre, comme un roi ami et bienfaisant. Avec lui viennent les vaillants (Marouts), ses gardes fidèles. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

22. Ô Indra, la terre produit pour toi ces plantes efficaces et pures, ces eaux, ces trésors. Puissions-nous être tes fortunés amis ! Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.



  1. Ces expressions, qui se présentent souvent, me semblent avoir besoin d’être expliquées. Indra se trouve loin (parâvatas) lorsqu’il fait encore nuit, et que le soleil est sous l’horizon. Il est près lorsque le jour luit, et que le dieu est présent, soit à l’orient, soit à l’occident, et semble plus rapproché des hommes. Voy. page 63, col. 1, note 6.
  2. Voy. page 61, col. 2, note 2.
  3. Voy. page 89, col. 1, note 2. Le commentaire explique le mot syéna de cette manière : tchhandoroûpah, souparnah.
  4. Hari.
  5. Il faut entendre par ces chevaux d’Indra les rayons lumineux de l’atmosphère, lesquels brillent au ciel et sur la terre. Quand ces chevaux sont spécialement désignés comme n’étant que deux, alors c’est le ciel même et la terre apparaissant à la faveur de la lumière éthérée.
  6. Somalatâ. Voy. page 162, col. 2, note 2.
  7. Indra, qui est un des éléments, a pour mère Aditi, qui est l’ensemble même de la nature. On donne pour époux à Aditi le grand Casyapa. Telle est l’explication du commentaire. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de rencontrer dans les hymnes du Rig-Véda la mention de ce personnage de Casyapa : ce qui me fait douter de l’explication du commentateur. Je croirais assez qu’ici la mère d’Indra, c’est la vache du sacrifice, ou plutôt la flamme, épouse d’Agni, lequel on peut appeler avec quelque raison Mahâ pitri.
  8. Twachtri est Agni Vêdyouta, ou le feu des nuages. Le commentateur regarde Twachtri comme un Asoura.
  9. Voy. page 73, col. 2, note 3.
  10. Les Ritous et les Vâdjas sont deux classes de dieux. Voy. page 49, col. 1, note 1, et page 108, col. 2, note 4.
  11. Voy. page 120, col. 2, note 5.
  12. Nous savons que Satchî est l’épouse d’Indra. Ce mot Satchî est quelquefois regardé comme synonyme de Sakti, et dans ce cas il exprimerait l’idée de puissance. Cependant il a pour racine le mot satch, qui signifie parler : et dans ce cas Satchi serait une divinité du sacrifice qui devient l’épouse d’Indra. C’est la sainte Raison s’unissant au Pouvoir souverain. Voy. page 57, col. 2, note 7.
  13. Pour entendre ce passage, j’ai pensé qu’il était elliptique. L’explication du commentaire n’est pas claire, et je la crois fort éloignée du sens que je donne.
  14. Oubhayatra. Le commentaire dit que d’un côté est l’épouse, de l’autre le soma.
  15. Les Bhodjas, dit le commentateur, sont les enfants de Soudâs. Il pense que les Angiras, de formes différentes, sont des Richis de races différentes, tels que Médhâtithi et autres. Je crois que les personnages désignés dans ce passage sont les Rites personnifiés, ou les Dévas du sacrifice. Au sujet des Angiras, voyez plus haut, page 215, col. 2, note 3.
  16. Je suppose que ce sont les dieux appelés Adityas.
  17. Ce sont les Marouts. Roudra reçoit le nom d’Asoura, c’est-à-dire celui qui donne la vie. Voy. page 120, col. 2, note 2.
  18. Voy. page 211, col. 2, note 4.
  19. Roi, fils de Pidjavana. Le cheval, dont il est ici question, est ou l’emblème du sacrifice, ou le coursier destiné à l’Aswamédha.
  20. Voy. page 212, col. 1, note 2.
  21. C’est un peuple impie (nâstica) non Arya, (anârya). Les Kicatas sont placés dans le Béhar.
  22. Le Nîtchâ est l’homme appartenant aux classes dégradées, ou bien aux tribus étrangères et méprisées. Le sens de cette phrase peut aussi bien s’appliquer à Vritra, à ce vil brigand, qui accapare les eaux du nuage, et qui ne les donne que lorsqu’il y est forcé par Indra.
  23. Djamadagni est un saint Richi, père du fameux Parasou-Râma. Viswâmitra était son oncle, et devait être du même âge que lui, si l’on en croit l’anecdote racontée à l’occasion de sa naissance. Voy. Harivansa, tome I, page 121.
  24. La Prière vient le matin en même temps que le Soleil. C’est pour cela que le poëte l’appelle sa fille : il lui donne ici le nom de Sasarparih. J’avoue cependant que ce passage pourrait tout aussi bien se rapporter à l’Aurore. Le mot Pakchyâ convient mieux à un être représenté comme ailé.
  25. Voy. page 45, col. 1, note 1.
  26. Le commentateur suppose que Viswâmitra, en sortant du sacrifice de Soudas, fait l’éloge du char sur lequel il va monter. Je pense que le poëte emploie ici la métaphore habituelle par laquelle le sacrifice est comparé à un char. Il souhaite que toutes les parties de ce char, par la grâce d’Indra, soient en bon état. Si ce n’est pas le char du sacrifice, c’est du moins le char de la vie.
  27. Mimosa Catechu, ou Khayar. Le bois de cet arbre est employé dans les sacrifices.
  28. Dalbergia Sisu. Lisez dans le texte Sinsapâ.
  29. Le texte porte : Que ce Vanaspati, etc. Ce mot Vanaspati signifie maître du bois. Il s’emploie pour désigner un arbre grand et fort ; c’est aussi un nom d’Agni, comme présidant aux bois qui s’emploient dans le sacrifice.
  30. Le commentateur veut que cette strophe soit une imprécation de Viswâmitra contre Vasichtha, qui avait offensé le roi Soudas.
  31. Le commentaire dit que c’est le même que le Sâlmali (Bombex heptaphyllon).
  32. Cette strophe me semble contenir des métaphores, dont l’application est générale. Le commentateur raconte que Vasichtha est pris, enchaîné et amené par les gens de son ennemi. Il traduit donc ainsi : « Il n’a point de souci du trait (de la malédiction). Les gens entraînent le chasseur, le prenant pour un vil animal. » Viswâmitra est pour la suite censé se comparer avec Vasichtha ; il est le cheval, et Vasichtha est l’âne.
  33. Le commentaire pense qu’il est ici question du Soleil.
  34. Voy. page 52, col. 1, note 2.
  35. C’est un des Adityas, dont le nom est synonyme de Bonheur : le dieu de la Prospérité.
  36. Le commentateur croit que le mot Parvata doit ici s’entendre des Marouts. Il faut en effet se rappeler que le nuage n’est que la forme du vent.
  37. Cette vache, suivant le commentaire, serait le nuage ; par conséquent le lieu où naît l’être lumineux serait ou la mer ou l’air. Je ne saurais accepter ce sens : l’être lumineux que le poëte désigne ici, c’est Agni dans le sacrifice.
  38. Le mot sanscrit est asouratwam, c’est-à-dire la qualité de ce qui donne la vie, de l’Asoura.
  39. C’est-à-dire pour les hommes et les dieux, habitant les uns la terre, les autres le ciel.
  40. Voy. page 41, col. 2, note 3, et section ii, lect. viii, hymne XI, stance 7.
  41. Nous avons vu ailleurs (page 109, col. 1, note 3) les explications différentes que l’on donne de l’épithète Dwimâtri, attribuée à Agni. Je crois que l’application de ce surnom varie suivant l’esprit du poëte, qui envisage le dieu dans des positions différentes. Les deux mères d’Agni sont tantôt les deux pièces de l’Aranî, dont il est extrait, tantôt les deux libations qui le nourrissent, tantôt, et ici même suivant le commentaire, le Ciel et la Terre. Nous avons vu plus haut dans cette section, lecture i, hymne xxiii, strophe 3, que le dieu Agni est appelé aussi le fils d’Ilâ, c’est-à-dire du foyer qui le soutient. Je pense que dans le passage présent les deux mères que le poëte donne à Agni sont le Foyer et la Libation que l’on verse sur le feu. Le verbe kcheti indique que la Libation repose sur le feu en le recouvrant d’une couche liquide.
  42. Le poëte désigne ici Agni devenu Soleil.
  43. Ce séjour de Rita, c’est le lieu du sacrifice ; les deux vaches, c’est le foyer (Ilâ) et la flamme (Djwâlâ), qui semblent ne pouvoir exister l’un sans l’autre. L’incertitude du commentaire sur ce passage est fort grande. Dans ces deux vaches il voit le Ciel et la Terre ; il explique le mot douhitâ, qu’il attribue au ciel, par ceux-ci doûré hitâ, (placée loin).
  44. C’est-à-dire du sacrifice. Le commentateur veut que la vache de ce passage soit le ciel ; son mugissement, c’est le tonnerre ; sa mamelle, c’est le nuage ; la pluie, c’est la langue dont il lèche le nourrisson de la terre. Rita, suivant lui, c’est Aditya, le Soleil, qui a produit le nuage.
  45. Le mot Padyâ, de pada (pied), signifie la louange, l’hymne. Dans le système du poëte, la poésie doit être représentée comme une des vaches qui contribuent à la nourriture et à l’éducation d’Agni. Le commentaire voit encore ici la Terre couverte de toute espèce d’êtres ; il y reconnaît surtout le Foyer. Suivant moi, ce dernier sens arrive trop tard.
  46. Le commentaire entend ce passage des vaches célestes, ou des nuages.
  47. Littéralement il est Bhaga, Aditya qui brille pendant le jour.
  48. Les chevaux d’Indra, ce sont les sacrifices célébrés en son honneur. Il y a six Ritous, ou saisons, qui ramènent les époques de ces sacrifices, et probablement les principaux sont au nombre de dix (dasataya). Je n’ose pas dire que ce nombre de dix a quelques rapports avec les dix points cardinaux ou disas. Voy. page 53, col. 2, note 1 ; page 121, col. 2, note 1.