Saint Paul (Renan)/VI. Suite du deuxième voyage de saint Paul. Macedoine

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Michel Lévy (p. 135-165).


CHAPITRE VI.


SUITE DU DEUXIÈME VOYAGE DR SAINT PAUL. — MISSION DE MACÉDOINE.


La mission abordait ici des terres toutes nouvelles. C’était ce qu’on appelait la province de Macédoine ; mais ces pays n’avaient fait partie du royaume macédonien que depuis Philippe. C’étaient en réalité des parties de la Thrace, anciennement colonisées par les Grecs, puis absorbées par la forte monarchie dont le centre fut à Pella, et englobées depuis deux cents ans dans la grande unité romaine. Peu de pays au monde étaient plus purs en fait de race que ces contrées situées entre l’Hæmus et la Méditerranée. Des rameaux, divers, il est vrai, mais tous très-authentiques de la famille indo-européenne, s’y étaient superposés. Si l’on excepte quelques influences phéniciennes, venant de Thasos et de Samothrace, presque rien d’étranger n’avait pénétré dans l’intérieur. La Thrace, en grande partie celtique[1], était restée fidèle à la vie aryenne ; elle gardait les anciens cultes sous une forme qui paraissait barbare aux Grecs et aux Romains, mais qui, en réalité, n’était que primitive. Quant à la Macédoine, c’était peut-être la région la plus honnête, la plus sérieuse, la plus saine du monde antique. Ce fut à l’origine un pays de burgs féodaux, non de grandes villes indépendantes : or, c’est là, de tous les régimes, celui qui conserve le mieux la moralité humaine et met le plus de forces en réserve pour l’avenir. Monarchiques par solidité d’esprit et par abnégation, pleins d’antipathie pour le charlatanisme et l’agitation souvent stérile des petites républiques, les Macédoniens offrirent à la Grèce le type d’une société analogue à celle du moyen âge, fondée sur le loyalisme, sur la foi en la légitimité et l’hérédité, et sur un esprit conservateur, également éloigné du despotisme ignominieux de l’Orient et de cette fièvre démocratique qui, brûlant le sang d’un peuple, use si vite ceux qui s’y abandonnent. Ainsi débarrassés des causes de corruption sociale que la démocratie amène presque toujours avec elle, et pourtant libres des chaînes de fer que Sparte avait inventées pour se prémunir contre la révolution, les Macédoniens furent le peuple de l’antiquité qui ressembla le plus aux Romains. Ils rappellent à quelques autres égards les barons germains, braves, ivrognes, rudes, fiers, fidèles. S’ils ne réalisèrent qu’un moment ce que les Romains surent fonder d’une manière durable, ils eurent du moins l’honneur de survivre à leur tentative. Le petit royaume de Macédoine, sans factions ni séditions, avec sa bonne administration intérieure, fut la plus solide nationalité que les Romains eurent à combattre en Orient. Un fort esprit patriotique et légitimiste y régnait, à tel degré qu’après leurs défaites on vit les habitants prendre feu avec une facilité singulière pour des imposteurs prétendant continuer leur vieille dynastie.

Sous les Romains, la Macédoine resta un sol digne et pur. Elle fournit à Brutus deux excellentes légions[2]. On ne vit pas les Macédoniens comme les Syriens, les Égyptiens, les Asiates, accourir à Rome pour s’enrichir du fruit de leurs mauvaises pratiques. Malgré les terribles substitutions de races qui suivirent[3], on peut dire que la Macédoine a encore conservé le même caractère. C’est un pays placé dans les conditions normales de la vie européenne, boisé, fertile, arrosé par de grands cours d’eau, ayant des sources intérieures de richesses, tandis que la Grèce, maigre, pauvre, singulière en tout, n’a que sa gloire et sa beauté. Terre de miracles, comme la Judée et le Sinaï, la Grèce a fleuri une fois, mais n’est pas susceptible de refleurir ; elle a créé quelque chose d’unique, qui ne saurait être renouvelé ; il semble que, quand Dieu s’est montré dans un pays, il le sèche pour jamais. Terre de klephtes et d’artistes, la Grèce n’a plus de rôle original le jour où le monde entre dans la voie de la richesse, de l’industrie, de l’ample consommation ; elle ne produit que le génie ; on s’étonne en la parcourant qu’une race puissante ait pu vivre sur ce tas de montagnes arides, au milieu desquelles un fond de vallée qui a quelque humidité, une petite plaine d’un kilomètre font crier au miracle ; jamais on ne vit si bien l’opposition qu’il y a entre l’opulence et le grand art. La Macédoine, au contraire, ressemblera un jour à la Suisse ou au sud de l’Allemagne. Ses villages sont des touffes d’arbres gigantesques ; elle a tout ce qu’il faut pour devenir un pays de grande culture et de grande industrie, des plaines vastes, de riches montagnes, des prairies vertes, de larges aspects, bien différents de ces charmants petits dédales du site grec. Triste et grave, le paysan macédonien n’a rien non plus de la vantardise et de la légèreté du paysan hellène. Les femmes, belles et chastes, travaillent aux champs comme les hommes. On dirait un peuple de paysans protestants ; c’est une bonne et forte race, laborieuse, sédentaire, aimant son pays, pleine d’avenir.

Embarqués à Troas, Paul et ses compagnons (Silas, Timothée et probablement Luc) naviguèrent vent arrière, touchèrent le premier soir à Samothrace, et le lendemain abordèrent à Néapolis[4], ville située sur un petit promontoire en face de l’île de Thasos. Néapolis était le port de la grande ville de Philippes, située à trois lieues de là dans l’intérieur[5]. C’était le point où la voie Égnatienne, qui traversait d’occident en orient la Macédoine et la Thrace, touchait la mer. Prenant cette voie qu’ils ne devaient plus quitter jusqu’à Thessalonique, les apôtres montèrent la rampe pavée et taillée dans le roc qui domine Néapolis, franchirent la petite chaîne de montagnes qui forme la côte, et entrèrent dans la belle plaine au centre de laquelle se détache, sur un promontoire avancé de la montagne, la ville de Philippes[6].

Cette riche plaine, dont la partie la plus basse est occupée par un lac et des marécages, communique avec le bassin du Strymon par derrière le Pangée. Les mines d’or qui, à l’époque hellénique et macédonienne, avaient fait la célébrité de la contrée, étaient maintenant à peu près délaissées. Mais l’importance militaire de la position de Philippes[7], serrée entre la montagne et le marais, lui avait donné une nouvelle vie. La bataille qui, quatre-vingt-quatorze ans avant l’arrivée des missionnaires chrétiens, s’était livrée à ses portes fut pour elle la cause d’une splendeur inattendue[8]. Auguste y avait établi une colonie romaine des plus considérables, avec le jus italicum[9]. La ville était bien plus latine que grecque ; le latin y était la langue commune ; les religions du Latium semblaient y avoir été transportées de toutes pièces ; la plaine environnante, semée de bourgs, était également à l’époque où nous sommes une sorte de canton romain jeté au cœur de la Thrace[10]. La colonie était inscrite dans la tribu Voltinia[11] ; elle avait été formée principalement des débris du parti d’Antoine, qu’Auguste avait cantonnés en ces parages ; il s’y mêlait des portions du vieux fond thrace[12]. C’était, en tout cas, une population très-laborieuse, vivant dans l’ordre et la paix, très-religieuse aussi[13]. Les confréries y étaient florissantes, en particulier sous le patronage du dieu Sylvain[14], considéré comme une sorte de génie tutélaire de la domination latine[15]. Les mystères du Bacchus de Thrace[16] couvraient des idées élevées sur l’immortalité, et rendaient familières à la population des images de la vie future et d’un paradis idyllique fort analogues à celles que le christianisme devait répandre[17]. Le polythéisme était en ces contrées moins compliqué qu’ailleurs. Le culte de Sabazius, commun à la Thrace et à la Phrygie, en rapport étroit avec l’ancien orphisme, et rattaché encore par le syncrétisme du temps aux mystères dionysiaques, renfermait des germes de monothéisme[18]. Un certain goût de simplicité enfantine[19] préparait les voies à l’Évangile. Tout indique des habitudes honnêtes, sérieuses et douces. On se sent dans un milieu analogue à celui où naquit la poésie agronomique et sentimentale de Virgile. La plaine toujours verdoyante offrait des cultures variées de légumes et de fleurs[20]. D’admirables sources, jaillissant du pied de la montagne de marbre doré qui couronne la ville, répandaient, quand elles étaient bien dirigées, la richesse, l’ombrage et la fraîcheur. Des massifs de peupliers, de saules, de figuiers, de cerisiers, de vignes sauvages, exhalant l’odeur la plus suave, dissimulent les ruisseaux qui coulent de toutes parts. Ailleurs, des prairies inondées ou couvertes de grands roseaux montrent des troupeaux de buffles à l’œil blanc mat, aux cornes énormes, la tête seule hors de l’eau, tandis que des abeilles et des essaims de papillons noirs et bleus tourbillonnent sur les fleurs. Le Pangée, avec ses sommets majestueux, couverts de neige jusqu’au mois de juin, s’avance comme pour rejoindre la ville à travers le marais. De belles lignes de montagnes terminent l’horizon de tous les autres côtés, ne laissant qu’une ouverture par laquelle le ciel fuit et laisse pressentir dans un lointain clair le bassin du Strymon.

Philippes offrait à la mission un champ des mieux appropriés. Nous avons déjà vu qu’en Galatie les colonies romaines d’Antioche de Pisidie, d’Iconium, avaient accueilli très-favorablement la bonne doctrine ; nous observerons la même chose à Corinthe, à Alexandria Troas. Les populations depuis longtemps assises, ayant de longues traditions locales, se montraient moins portées aux nouveautés. La juiverie de Philippes, s’il y en avait une, était peu considérable : tout se bornait peut-être à des femmes célébrant le sabbat ; même dans les villes où il n’y avait pas de juifs, le sabbat était d’ordinaire célébré par quelques personnes[21]. En tout cas, il semble bien qu’il n’y avait pas ici de synagogue[22]. Quand la troupe apostolique entra dans la ville, on était aux premiers jours de la semaine. Paul, Silas, Timothée et Luc restèrent quelques jours renfermés chez eux, attendant, selon l’usage, le jour du sabbat. Luc, qui connaissait le pays, se rappela que les personnes gagnées aux coutumes juives avaient l’usage de se réunir ce jour-là hors des faubourgs, sur le bord d’une petite rivière très-encaissée, qui sort de terre à une lieue et demie de la ville par une énorme source bouillonnante, et qu’on appelait Gangas ou Gangitès[23]. Peut-être était-ce là l’antique nom aryen des fleuves sacrés (Ganga)[24]. Ce qu’il y a de sûr, c’est que la scène pacifique racontée par les Actes, et qui marqua le premier établissement du christianisme en Macédoine, eut lieu à l’endroit même où, il y avait un siècle, s’était décidé le sort du monde[25]. Le Gangitès marqua, dans la grande bataille de l’an 42 avant Jésus-Christ, le front de bandière de Brutus et de Cassius.

Dans les villes où il n’y avait pas de synagogue, les réunions des affiliés au judaïsme se faisaient dans de petites constructions hypèthres, ou souvent simplement en plein air dans des espaces à peine clos, qu’on appelait proseuchæ[26]. On aimait à établir ces oratoires près de la mer ou des rivières, afin d’avoir des facilités pour les ablutions[27]. Les apôtres se rendirent à l’endroit indiqué. Plusieurs femmes y vinrent, en effet, pour faire leurs dévotions. Les apôtres leur parlèrent et leur annoncèrent le mystère de Jésus. Ils furent bien écoutés. Une femme surtout fut touchée : « Le Seigneur, dit le narrateur des Actes, ouvrit son cœur. » On l’appelait Lydia ou « la Lydienne », parce qu’elle était de Thyatires[28] ; elle faisait le commerce d’un des principaux produits de l’industrie lydienne[29], la pourpre. C’était une personne pieuse, de l’ordre de celles qu’on appelait « craignant Dieu », c’est-à-dire païenne de naissance, mais observant les préceptes dits « de Noé[30] ». Elle se fit baptiser avec toute sa maison, et n’eut de cesse que quand elle eut obtenu, à force d’instances, des quatre missionnaires qu’ils demeurassent chez elle. Ils y restèrent quelques semaines, enseignant chaque samedi à la place des prières, sur le bord du Gangitès.

Une petite Église, presque toute composée de femmes[31], se forma, très-pieuse, très-obéissante, très-dévouée à Paul[32]. Outre Lydie, cette Église comptait dans son sein Évhodie et Syntyché[33], qui combattirent vaillamment avec l’apôtre pour l’Évangile, mais qui se disputaient quelquefois à propos de leur ministère de diaconesses[34] ; Épaphrodite, homme courageux, que Paul traite de frère, de collaborateur, de compagnon d’armes[35] ; Clément et d’autres encore que Paul appelle « ses collaborateurs, et dont les noms, dit-il, sont écrits dans le livre de vie[36] ». Timothée était aussi fort aimé des Philippiens et avait pour eux un grand dévouement[37]. Ce fut la seule Église dont Paul accepta des secours pécuniaires[38], parce qu’elle était riche et peu chargée de pauvres juifs. Lydie fut sans doute le principal auteur de ces dons ; Paul acceptait d’elle, car il se la savait fort attachée. La femme donne avec son cœur ; on n’a pas à craindre de sa part de reproches ni de retour intéressé. Paul aimait mieux sans doute devoir à une femme (probablement veuve) dont il était sûr, qu’à des hommes envers lesquels il eût été moins indépendant, s’il leur avait eu quelque reconnaissance.

La pureté absolue des mœurs chrétiennes écartait tout soupçon. Peut-être, d’ailleurs, n’est-il pas trop hardi de supposer que c’est Lydie que Paul, dans son épître aux Philippiens, appelle « ma chère épouse[39] ». Cette expression sera, si l’on veut, une simple métaphore[40]. Est-il cependant absolument impossible que Paul ait contracté avec cette sœur une union plus intime ? On ne saurait l’affîrmer. La seule chose qui soit sûre, c’est que Paul ne menait pas avec lui de sœur dans ses voyages. Toute une branche de la tradition ecclésiastique a prétendu, nonobstant cela, qu’il était marié[41]. Le caractère de la femme chrétienne se dessinait de plus en plus. À la femme juive, parfois si forte, si dévouée, à la femme syrienne, qui doit à la molle langueur d’une organisation malade des éclairs d’enthousiasme et d’amour, à Tabithe, à Marie de Magdala, succède la femme grecque, Lydie, Phœbé, Chloé, vives, gaies, actives, douces, distinguées, ouvertes à tout et cependant discrètes, laissant faire leur maître, se subordonnant à lui, capables de ce qu’il y a de plus grand, parce qu’elles se contentèrent d’être les collaboratrices des hommes et leurs sœurs, de les aider quand ils faisaient de belles et bonnes choses. Ces femmes grecques, de fine et forte race, éprouvent sur le retour de l’âge un changement qui les transforme. Elles deviennent pâles, leur œil s’égare légèrement ; couvrant alors d’un voile noir les bandeaux de cheveux plats qui encadrent leurs joues, elles se vouent aux soins austères ; elles y portent une vive et intelligente ardeur. La « servante » ou diaconesse grecque surpassa encore celle de Syrie et de Palestine en courage. Ces femmes, gardiennes des secrets de l’Église, couraient les plus grands dangers, supportaient tous les tourments plutôt que de rien divulguer[42]. Elles créèrent la dignité de leur sexe, justement parce qu’elles ne parlèrent pas de leurs droits ; elles firent plus que les hommes, en ayant l’air de se borner à les servir.

Un incident vint hâter le départ des missionnaires. La ville commençait à s’entretenir d’eux, et les imaginations travaillaient déjà sur les vertus merveilleuses qu’on leur attribuait, surtout pour les exorcismes. Un jour qu’ils se rendaient à l’endroit des prières, ils rencontrèrent une jeune esclave, probablement ventriloque[43], qui passait pour une pythonisse annonçant l’avenir. Ses maîtres tiraient beaucoup d’argent de cette ignoble exploitation. La pauvre fille, soit qu’elle eût vraiment l’esprit exalté, soit qu’elle fût lasse de son infime métier, n’eut pas plus tôt aperçu les missionnaires qu’elle se mit à les suivre avec de grands cris. Les fidèles prétendaient qu’elle rendait hommage à la foi nouvelle et à ceux qui la prêchaient. Cela se renouvela plusieurs fois. Un jour enfin, Paul l’exorcisa ; la fille, calmée, prétendit être délivrée de l’esprit qui l’obsédait. Mais le dépit de ses maîtres fut extrême ; par la guérison de la fille, ils perdaient leur gagne-pain. Ils intentèrent un procès à Paul, auteur de l’exorcisme, et à Silas, comme son complice[44], et les amenèrent à l’agora, devant les duumvirs[45].

Il eût été difficile de fonder une demande d’indemnité sur une raison aussi singulière. Les plaignants relevèrent surtout le fait de trouble causé dans la cité et de prédication illicite : « Ils prêchent des coutumes, disaient-ils, qu’il ne nous est pas permis de suivre, puisque nous sommes Romains. » La ville, en effet, était de droit italique, et la liberté des cultes devenait d’autant moindre que les personnes tenaient de plus près à la cité romaine. La populace superstitieuse, excitée par les maîtres de la pythonisse, faisait en même temps une manifestation hostile aux apôtres. Ces sortes de petites émeutes étaient fréquentes dans les villes antiques ; les nouvellistes, les désœuvrés, les « piliers de l’agora », comme les appelait déjà Démosthènes, en vivaient[46]. Les duumvirs, croyant qu’il s’agissait de juifs ordinaires, sans information ni enquête sur la qualité des personnes[47], condamnèrent Paul et Silas à recevoir la bastonnade. Les licteurs arrachèrent aux apôtres leurs vêtements et les frappèrent cruellement devant le public[48]. On les traîna ensuite en prison[49] ; on les mit dans un des cachots les plus reculés et on engagea leurs pieds dans les ceps.

Soit que la parole ne leur eût pas été accordée pour se défendre[50], soit qu’à dessein ils eussent recherché la gloire de souffrir des humiliations pour leur maître[51], ni Paul ni Silas ne s’étaient prévalus de leur titre de citoyens devant le tribunal[52]. Ce fut pendant la nuit, dans la prison, qu’ils déclarèrent leur qualité. Le geôlier fut fort ému ; jusque-là, il avait traité les deux juifs avec dureté ; maintenant, il se trouvait en présence de deux Romains, Paulus et Silvanus, indûment condamnés. Il lava leurs plaies et leur donna à manger. Il est probable que les duumvirs furent prévenus en même temps, car de grand matin ils envoyèrent les licteurs donner ordre au geôlier de relâcher les captifs. La loi Valeria et la loi Porcia étaient formelles ; l’application de la bastonnade à un citoyen romain constituait pour le magistrat un délit grave[53]. Paul, profitant de ses avantages, refusa de sortir ainsi en cachette ; il exigea, dit-on, que les duumvirs vinssent eux-mêmes procéder à son élargissement. L’embarras de ceux-ci était assez grand ; ils vinrent, et décidèrent Paul à quitter la ville.

Les deux prisonniers, une fois délivrés, se rendirent chez Lydie. On les reçut comme des martyrs ; ils adressèrent aux frères les dernières paroles d’exhortation et de consolation, et ils partirent. Dans aucune ville encore Paul n’avait été si aimé et n’avait tant aimé. Timothée, qui ne s’était pas vu impliqué dans la poursuite, et Luc, qui jouait un rôle secondaire, restèrent à Philippes[54]. Luc ne devait revoir Paul que cinq ans après.

Paul et Silas, sortis de Philippes, suivirent la voie Égnatienne et se dirigèrent sur Amphipolis. Ce fut une des plus belles journées de voyage de Paul. En sortant de la plaine de Philippes, la voie s’engage dans une vallée riante, dominée par les hautes masses du Pangée[55]. On y cultive le lin et les plantes des pays les plus tempérés. De grands villages se montrent dans tous les plis de la montagne. La voie romaine est formée de dalles de marbre. À chaque pas, presque sous chaque platane, des puits profonds, remplis d’une eau venant directement des neiges voisines et filtrée par d’épaisses couches de terrains perméables, s’offrent au voyageur. Des rochers de marbre blanc donnent ouverture à de petites rivières d’une limpidité incomparable. C’est là qu’on apprend à placer l’eau parfaite au premier rang entre les dons de la nature. Amphipolis était une grande ville, capitale de la province[56], à une heure environ de l’embouchure du Strymon. Les apôtres paraissent ne s’y être point arrêtés[57], peut-être parce que c’était une ville purement hellénique.

D’Amphipolis, les apôtres, après être sortis de l’estuaire du Strymon, s’engagèrent entre la mer et la montagne, au travers de bois épais et de prairies qui s’avancent jusqu’au sable du rivage. La première halte, sous des platanes, près d’une source très-froide qui sort du sable, à deux pas de la mer, est un endroit délicieux. Les apôtres entrèrent ensuite dans l’Aulon d’Aréthuse, déchirure profonde, sorte de Bosphore taillé à pic, qui sert d’émissoire aux eaux des lacs intérieurs vers la mer[58] ; ils passèrent, probablement distraits, à côté du tombeau d’Euripide[59]. La beauté des arbres, la fraîcheur de l’air, la rapidité des eaux, la vigueur des fougères et des arbustes de toute sorte rappellent un site de la Grande Chartreuse ou du Grésivaudan, jeté au seuil d’une fournaise. Le bassin des lacs de la Mygdonie, en effet, est torride ; on dirait des surfaces de plomb fondu ; les couleuvres, nageant la tête hors de l’eau et cherchant l’ombre, y tracent seules quelques rides. Les troupeaux, vers midi, serrés au pied des arbres, semblent atterrés ; n’était le bourdonnement des insectes et le chant des oiseaux, qui seuls dans la création résistent à ces accablements, on se croirait au règne de la mort.

Traversant, sans s’y arrêter, la petite ville d’Apollonie[60], Paul contourna les lacs par le sud, et, suivant presque jusqu’au fond la plaine dont ils occupent la dépression centrale, il arriva au pied de la petite chaîne de hauteurs qui ferme du côté de l’est le golfe de Thessalonique. Quand on atteint le sommet de ces collines, on voit à l’horizon l’Olympe dans toute sa splendeur. Le pied et la région moyenne de la montagne se confondent avec l’azur du ciel ; les neiges du sommet semblent une demeure éthérée suspendue dans l’espace. Mais, hélas ! déjà la montagne sainte était dévastée. Les hommes y étaient montés et avaient bien vu que les dieux n’y habitaient plus. Quand Cicéron, de son exil à Thessalonique, voyait ces blancs sommets, il savait qu’il n’y avait là que de la neige et des rochers. Paul, sans doute, n’eut pas un regard pour ces lieux enchantés d’une autre race. Une grande ville était devant lui, et il devinait par son expérience qu’il trouverait là une base excellente pour fonder quelque chose de grand.

Depuis la domination romaine, Thessalonique était devenue un des ports les plus commerçants de la Méditerranée. C’était une ville très-riche et très-peuplée[61]. Elle avait une grande synagogue, servant de centre religieux au judaïsme de Philippes, d’Amphipolis et d’Apollonie, qui n’avaient que des oratoires[62]. Paul suivit ici sa constante pratique. Durant trois sabbats consécutifs, il parla dans la synagogue, répétant son uniforme discours sur Jésus, prouvant qu’il était le Messie, que les Écritures avaient trouvé en lui leur réalisation, qu’il avait dû souffrir, qu’il était ressuscité. Quelques juifs se convertirent ; mais les conversions furent nombreuses surtout parmi les Grecs « craignant Dieu ». C’était toujours cette classe qui fournissait à la foi nouvelle ses plus zélés adhérents.

Les femmes venaient en foule. Tout ce qu’il y avait de meilleur dans la société féminine de Thessalonique observait déjà depuis longtemps le sabbat et les cérémonies juives ; l’élite de ces pieuses dames accourut aux nouveaux prédicateurs[63]. Beaucoup de païens se convertirent aussi[64]. Les phénomènes ordinaires de thaumaturgie, de glossolalie, de dons du Saint-Esprit, d’effusions mystiques et d’extases se produisirent[65]. L’Église de Thessalonique rivalisa bientôt avec celle de Philippes en piété, en attentions délicates pour l’apôtre[66]. Paul ne dépensa nulle part plus d’ardeur, de tendresse, de grâce pénétrante[67]. Cet homme, naturellement vif, emporté, était dans ses missions d’une douceur, d’un calme surprenants : c’était un père, une mère, une nourrice, comme il le dit lui même[68] ; son austérité, sa laideur même, ne faisaient qu’ajouter à son charme. Les roides et âpres natures ont, quand elles veulent être onctueuses, des séductions sans pareilles. Un langage sévère, jamais flatteur[69], a bien plus de chance de se faire agréer, des femmes en particulier, qu’une mollesse qui est souvent l’indice de vues faibles ou intéressées.

Paul et Silas demeuraient chez un certain Jésus, Israélite de race[70], qui, selon l’usage des Juifs, avait grécisé son nom en celui de Jason ; mais ils n’acceptaient rien que le logis. Paul travaillait nuit et jour de son état pour ne rien coûter à l’Église[71]. La riche marchande de pourpre de Philippes et ses consœurs auraient, d’ailleurs, été affligées que d’autres qu’elles fournissent à l’apôtre les choses nécessaires à la vie. À deux reprises, durant son séjour à Thessalonique[72], Paul reçut de Philippes une offrande, qu’il accepta. Cela était tout à fait contre ses principes : sa règle était de se suffire à lui-même sans rien recevoir des Églises ; mais il se serait fait scrupule de refuser ce présent du cœur ; la peine qu’il eût faite aux pieuses femmes l’arrêta. Peut-être, d’ailleurs, comme nous l’avons déjà dit, préférait-il contracter des obligations envers des femmes, qui ne gêneraient jamais son action, qu’envers des hommes comme Jason, à l’égard desquels il voulait conserver son autorité.

Nulle part, ce semble, autant qu’à Thessalonique, Paul ne réussit à satisfaire son idéal. La population à laquelle il s’adressait était surtout composée d’ouvriers laborieux ; Paul entra dans leur esprit, leur prêcha l’ordre, le travail, la bonne tenue vis-à-vis des païens. Toute une série nouvelle de préceptes s’ajouta à ses leçons : l’économie, l’application à sa besogne, l’honneur industriel fondé sur l’aisance et l’indépendance[73]. Par un contraste qui ne doit plus nous surprendre[74], il leur révélait en même temps les plus bizarres mystères de l’Apocalypse, tels qu’on se les figurait[75]. L’Église de Thessalonique devint un modèle que Paul se plut à citer[76], et dont la bonne odeur se répandit partout comme un parfum d’édification[77]. On nommait, outre Jason, parmi les notables de l’Église, Caïus, Aristarque et Secundus[78] ; Aristarque était circoncis[79].

Ce qui s’était déjà passé vingt fois se passa encore à Thessalonique[80] : les juifs mécontents suscitèrent des troubles. Ils recrutèrent une bande d’oisifs, de vagabonds, de ces badauds de toute sorte qui, dans les villes antiques, passaient le jour et la nuit sous les colonnes des basiliques, prêts à faire du bruit pour qui les payait. Tous ensemble allèrent assaillir la maison de Jason. On demanda Paul et Silas à grands cris ; comme on ne les trouva pas, les émeutiers garrottèrent Jason, avec lui quelques-uns des fidèles, et les menèrent aux politarques[81] ou magistrats. On entendait les cris les plus confus : « Les révolutionnaires sont dans la ville, disaient les uns, et Jason les a reçus. » — « Tous ces gens-là, disaient d’autres, sont en révolte contre les édits de l’empereur. » — « Ils ont un roi qu’ils appellent Jésus, » disait un troisième. Le trouble était grand, et les politarques n’étaient pas sans crainte. Ils forcèrent Jason et les fidèles qui avaient été arrêtés avec lui à donner caution, et les renvoyèrent. La nuit suivante, les frères menèrent Paul et Silas hors de la ville, et les firent conduire à Bérée[82]. Les vexations des juifs continuèrent contre la petite Église, mais ne firent que la consolider[83].

Les juifs de Berée étaient plus libéraux et mieux élevés que ceux de Thessalonique[84]. Ils écoutèrent volontiers, et laissèrent Paul exposer tranquillement ses idées à la synagogue. Pendant plusieurs jours, ce fut chez eux un vif accès de curiosité. Ils passaient le temps à feuilleter les Écritures pour y trouver les textes cités par Paul, et voir s’ils étaient exacts. Beaucoup se convertirent, entre autres un certain juif nommé Sopatros ou Sosipatros, fils de Pyrrhus[85]. Ici néanmoins, comme dans toutes les autres Églises de la Macédoine, les femmes furent en majorité. Les converties appartenaient toutes à la race grecque, à cette classe de dévotes personnes qui, sans être juives, pratiquaient les cérémonies du judaïsme. Beaucoup de Grecs et de prosélytes se convertirent aussi, et la synagogue par exception resta paisible. L’orage vint de Thessalonique. Les juifs de cette ville, ayant appris que Paul avait prêché avec succès à Bérée, vinrent dans cette dernière ville, et y renouvelèrent leur manœuvre. Paul fut encore obligé de partir à la hâte et sans emmener Silas. Plusieurs des frères de Bérée l’accompagnèrent pour le conduire.

L’éveil était tellement donné dans les synagogues de la Macédoine, que le séjour en ce pays semblait devenu impossible à Paul. Il se voyait traqué de ville en ville, et les émeutes naissaient en quelque sorte sous ses pas. La police romaine ne lui était pas très-hostile ; mais elle agissait dans ces circonstances selon les principes habituels de la police. Dès qu’il y avait trouble dans la rue, elle donnait tort à tout le monde, et, sans s’inquiéter du bon droit de celui qui servait de prétexte à l’agitation, elle le priait de se taire ou de s’en aller. C’était au fond donner raison à l’émeute et établir en principe qu’il suffit de quelques fanatiques pour priver un citoyen de ses libertés. Le gendarme ne s’est jamais piqué de beaucoup de philosophie. Paul résolut donc de partir et de se rendre dans un pays assez éloigné pour que la haine de ses adversaires fût dépistée. Laissant Silas et Timothée en Macédoine, il se dirigea avec les Béréens vers la mer[86].

Ainsi finit cette brillante mission de Macédoine, la plus féconde de toutes celles que Paul avait jusqu’ici accomplies. Des Églises composées d’éléments tout nouveaux étaient formées. Ce n’était plus la légèreté syrienne, la bonhomie lycaonienne ; c’étaient des races fines, délicates, élégantes, spirituelles, qui, préparées par le judaïsme, venaient maintenant au culte nouveau. La côte de Macédoine était toute couverte de colonies grecques ; le génie grec y avait porté ses meilleurs fruits. Ces nobles Églises de Philippes et de Thessalonique, composées des femmes les plus distinguées de chaque ville[87], étaient sans comparaison les deux plus belles conquêtes que le christianisme eût encore faites. La Juive est dépassée : soumise, retirée, obéissante, participant peu au culte, la Juive ne se convertissait guère. C’était la femme « craignant Dieu[88] », la Grecque, fatiguée de ces déesses brandissant des lances au haut des acropoles, l’épouse vertueuse tournant le dos à un paganisme usé et cherchant le culte pur, qui était célestement attirée. Voilà les secondes fondatrices de notre foi. Après les Galiléennes qui suivaient Jésus et le servaient, Lydie, Phœbé, les pieuses dames inconnues de Philippes et de Thessalonique sont les vraies saintes auxquelles la foi nouvelle dut ses plus rapides progrès.

  1. Remarquez les noms de Sadoc, Sparadoc, Médoc, Amadoc, Olorus, Lutarius, Leonorius, Comontorius, Lomnorius, Luarius, Cavarus, Bithocus ou Bituitus (comp. Revue num., nouv. série, t. I, 1856 ; monnaies arvernes, nos 5-6), Rabocentus, Bithicenthus, Zipacenthus (Heuzey, Miss. de Mac. p. 149 et suiv. ; Art de vérif. les dates, av. J.-C., t. III, p. 106-132). Le penchant à l’ivrognerie, si fort chez les Thraces, est en général un indice de race gauloise ou germanique.
  2. Appien, Guerres civ., III, 79.
  3. L’élément slave domine maintenant en Macédoine.
  4. Aujourd’hui Cavala, échelle maritime importante. Voir Heuzey, Miss, de Macéd., p. 11 et suiv. Cependant, on a quelquefois supposé que la ville antique était située à Lefthéro-Limani ou Eski-Cavala (le vieux Cavala), à 10 kilomètres au S.-O. de Cavala, où il y a un très-bon port. Voir Tafel, De via Egnatia, II, p. 12 et suiv. Il est plus probable que Lefthéro-Limani est l’ancien Daton, qui aura été peu à peu abandonné pour la « nouvelle ville », Néapolis ou Néopolis. Voir Perrot, dans la Revue arch., juillet 1860, p. 45 et suiv. En effet, Lefthéro est loin de la voie Égnatienne et plus éloignée de Philippes que Cavala.
  5. Appien, Guerres civ., IV, 106 ; Heuzey, p. 15 et suiv.
  6. Aujourd’hui entièrement détruite. Belles ruines. Le nom même, qui s’était conservé dans celui du village de Filibedjik, a maintenant disparu. Voir Heuzey, Miss. de Macéd., 1re partie.
  7. Heuzey, Miss, de Macéd., p. 33-34.
  8. Strabon, VII, fragm. 41.
  9. Act., xvi, 12 ; Dion Cassius, LI, 4 ; Pline, H. N., IV, 18 ; Digeste, L, xv, 6 ; les monnaies et les inscriptions : cf. Heuzey, p. 17-18, 72.
  10. Heuzey, Miss. de Macéd., toute la partie relative à Philippes et à ses environs. Plus tard, le grec reprit complètement le dessus.
  11. Heuzey, p. 40, 41, 46, 140.
  12. Heuzey, p. iv-v, 42, 137-138, etc.
  13. Heuzey, p. 78 et suiv.
  14. Cultores sancti Silvani, Heuzey, p. 69 et suiv.
  15. Orelli, Inscr. lat., no 1800 ; Steiner, Inscr. Germ., no 1275.
  16. Sur le culte de Bacchus à Philippes, voir Appien, Guerres civ., IV, 106 ; Heuzey, p. 79-80.
  17. Heuzey, p. 39. Voir surtout la belle inscription de Doxato : Heuzey, p. 128 et suiv. Cf. Comptes rendus de l’Acad. des inscr., juillet 1868, p. 219 et suiv. Comparez le tombeau sabazien de Vibia, à Rome (Garrucci, Tre sepolcri, etc., Napoli, 1852).
  18. Strabon, X, iii, 16 ; Schol. d’Arist., in Vesp., 9 ; Macrobe, Saturn., I, 18 ; Heuzey, p. 28-31, 80 ; Wagener, Inscr. d’Asie Min., p. 3 et suiv.
  19. Inscription de Doxato.
  20. Théophraste, Hist. plant., II, 2 ; IV, 14 (16), 16 (19) ; VI, 6 ; VIII, 8 ; De causis plant., IV, 12 (13) ; Pline, Hist. nat., XXI, 10. Encore aujourd’hui, près du Dekili-tasch, il y a de beaux jardins maraîchers.
  21. Voir les Apôtres, p. 294-295.
  22. Cela résulte de Act., xvi, 13 et suiv., comparé à Act., xvii, 1, 10.
  23. Appien, Guerres civ., IV, 106-107 ; Dion Cassius, XLVII, 47. Aujourd’hui rivière de Bounarbachi. Voir le plan de Philippes de M. Heuzey, et le texte, p. 97, 106, 120. Hérodote (VII, 113) parle d’une rivière Angitès (l’Angista actuel), qui, dit-il, se jette dans le Strymon à l’occident du Pangée. C’est peut-être le même nom que Gangitès ; la rivière de Bounarbachi est, en effet, le plus fort affluent du marais central de la plaine de Philippes, lequel se décharge dans l’Angista, puis dans le Strymon. Voir la carte de Turquie de Kiepert, et Cousinéry, Voy. dans la Macéd., II, p. 45 et suiv.
  24. Cette masse d’eau provenant d’une seule source, comme le Loiret, devait en effet inspirer aux anciens des idées religieuses.
  25. L’arc appelé Kiémer, situé vers l’endroit mentionné par les Actes, peut avoir été élevé en souvenir de la bataille. Heuzey, p. 118-1-20.
  26. Inscr. dans les Antiquités du Bosphore cimmérien, no 22 ; Mél. gréco-rom. de l’Acad. de Saint-Pétersb., II, p. 200 et suiv. ; Épiph., Contra hær., hær. lxxx, 1. Comp. Juvénal, iii, 296.
  27. Jos., Ant., XIV, x, 23 ; Pseudo-Aristeas, p. 67 (édit. Moriz Schmidt) ; Philon, In Flaccum, § 14 ; Tertullien, De jej., 16.
  28. Comparez comme analogue Κορινθία, Corp. inscr. gr., no 3847 n ; Le Bas, III, no 1022 ; Miss. de Phén., inscr. de Sidon.
  29. Pline, H. N., VII, 57 ; Maxime de Tyr, xl, 2 ; Valerius Flaccus, IV, 368-369 ; Claudien, Rapt. Proserp., I, 276 ; Élien, Anim., IV, 45 ; Strabon, XIII, iv, 14. Comp. Corpus i. g., nos 3496, 3497, 3498, 3924, 3938 ; Le Bas, III, 1687 ; Wagener, dans la Revue de l’instr. publ. en Belgique, 1868, p. 1 et suiv. Les juifs paraissent avoir été particulièrement adonnés à cette industrie (Wagener, l. c.).
  30. Voir Lévy, Epigr. Beiträge, p. 312-313.
  31. Act., xvi, 13 et suiv. ; Phil., iv, 2-3.
  32. Phil., i, 3 et suiv. ; ii, 12.
  33. Pour ce nom, voir Corp. inscr. gr., no 2264 m ; Perrot, Expl. de la Gal., p. 88 ; Le Bas (Waddington), III, no  782
  34. Phil., iv, 2-3.
  35. Phil., ii, 25 et suiv.
  36. Phil., iv, 3.
  37. Phil., ii, 19-23.
  38. Phil., iv, 10 et suiv. Cf. I Thess., ii, 5, 7, 9 ; II Cor., xi, 8 et suiv.
  39. Γνήσιε σύζυγε. Phil., iv, 3. Clément d’Alexandrie (Strom., III, 6) et Eusèbe (Hist. eccl., III, 30) entendent σύζυγε dans le sens d’épouse. Il est bien remarquable que Lydie n’est pas nommée dans l’Épître aux Philippiens ; l’omission totale d’une personne si importante serait singulière. Le rôle que Paul prête à la γνήσιος σύζυγος (v. 3) convient aussi très-bien à la riche Lydie (συλλαμϐάνου). Quelques-uns prennent Σύζυγος comme un nom propre ; mais on n’a pas ailleurs un seul exemple d’un tel nom.
  40. Comparez γνησίῳ τέκνῳ, I Tim., i, 2 ; Tit., i, 4. Paul appelait de même la mère de Rufus « ma mère » (Rom., xvi, 13).
  41. Outre Clément d’Alexandrie et Eusèbe, précités, voir Pseudo-Ignace, Ad Philad., 4 (Dressel). Cf. les Apôtres, p. 172.
  42. Pline, Epist., X, 97.
  43. Plutarque, De defectu orac., 9 ; Hesychius au mot Πύθων, Scoliaste d’Aristophane, ad Vesp., v. 1019.
  44. Timothée et Luc n’étaient sans doute pas présents à l’acte de l’exorcisme.
  45. C’était le nom qu’on donnait aux premiers magistrats des colonies.
  46. Voir les dictionnaires grecs au mot ἀγοραῖος.
  47. Act., xvi, 37.
  48. Act., xvi, 22-23, 37 ; I Thess., ii, 2 ; II Cor., xi, 25 ; Phil., i, 30.
  49. Le récit du témoin oculaire, tout à l’heure si net, s’embrouille ici par le désir qu’il a de trouver partout des miracles et des conversions de pécheurs ou de gens de profession infime s’opérant subitement par des coups de la grâce. Quoi de surprenant qu’un disciple de Paul crût que son maître faisait des miracles, quand Paul lui-même déclare en avoir fait ? Porphyre n’attribue-t-il pas des miracles à Plotin, son maître, avec lequel il avait vécu des années ? Les délivrances miraculeuses de prison étaient un des thèmes les plus ordinaires des miracles apostoliques : Act., v, xii. La préoccupation du geôlier se trouve même dans le récit du ch. xii, qui, du reste, comme celui que nous discutons en ce moment, vient presque d’un témoin oculaire.
  50. Act., xvi, 37.
  51. Act., v, 41 ; II Cor., xi, 23 et suiv.
  52. Pour les doutes que cet épisode soulève, voir ci-dessous, p. 526-527, note.
  53. Cic., In Verrem, II, v, 62 et suiv.
  54. Pour Timothée, cela résulte de Act., xvii, 4, 10, 14, 15. Pour Luc, cela résulte de ce que le « nous » ne reparaît plus avant Act., xx, 5, au moment de la troisième mission où Paul revient dans les parages de la Macédoine et de la Troade.
  55. On pourrait supposer que Paul prit par le nord du Pangée (Leake, Travels in northern Greece, III, p. 179-180 ; Conybeare et Howson, I, p. 340) ; mais, outre que des traces qui peuvent être celles de la voie Égnatienne se voient au sud, je me suis assuré qu’aujourd’hui, pour aller du Dekili-tasch (le khan de Philippes) à Iénikeui, on passerait par la vallée qui s’étend de Pravista à Orfani.
  56. Tite-Live, XLV, 29 (cf. Pline, IV, 17) ; nonobstant Act., vi, 12. Voir cependant Strabon, VII, fragment 21. Amphipolis a presque entièrement disparu. Un village assez actif, Iénikeui, s’est formé sur son emplacement.
  57. Act., xvii, 1.
  58. Voir Cousinéry, Voy. en Mac., I, 116 et suiv. ; Clarke, Travels, IV, p. 381 et suiv. ; Leake, III, 170 et suiv., 461.
  59. Plutarque, Vie de Lycurgue, 31 ; Vitruve, VIII, iii, 16 ; Pline, H. N., XXXI, 19 ; Aulu-Gelle, XV, 20 ; Ammien Marcellin, XXVII, 4 ; Itin. de Bordeaux, p. 604 (Wesseling) ; Anthol. palat., VII, 51 ; Clarke, l. c.
  60. Pline, IV, 17 ; Itin. Ant., p. 320 ( Wesseling) ; Étienne de Byzance, s. h. v. Identique sans doute à un site de ruines du nom de Pollina, situé au sud de l’extrémité orientale du lac Betschik-Gueul. (Voir la carte de Turquie de Kiepert ; Cousinéry, I, 115-116 et la carte ; Leake, III, p. 457 et suiv. ; Conybeare et Howson, I, p. 343-344.) Ce nom est maintenant presque inconnu dans le pays. Ne pas confondre l’Apollonie dont il s’agit avec l’Apollonie située sur la côte, entre Néapolis et l’embouchure du Strymon.
  61. Strabon, VII, vii, 4 ; Lucien, Lucius, 46 ; Appien, Guerres civ., IV, 118.
  62. Act., xvii, 1. La leçon ἡ συναγώγη paraît la bonne. Cf. Philon, Leg., § 36.
  63. Act., xvii, 4.
  64. I Thess., i, 9.
  65. I Thess., i, 5. Pour l’intelligence de ce passage, comparez Act., vi, 8 ; x, 38 ; I Cor., v, 4 ; xii, 28 ; Col., i, 11.
  66. Voir les deux Épîtres aux Thessaloniciens.
  67. I Thess., ii, 7 et suiv.
  68. I Thess., ii, 1-12.
  69. I Thess., ii, 5.
  70. Rom., xvi, 21. Sur le sens de συγγένης, voir les Apôtres, p. 108, note 6.
  71. I Thess., ii, 9 ; II Thess., iii, 8 et suiv.
  72. Phil., iv, 16 ; I Thess., ii, 5, 7, 9.
  73. I Thess., iv, 11 ; II Thess., iii, 10-12.
  74. Voir Vie de Jésus, p. 126, note.
  75. II Thess., ii, 5.
  76. I Thess., i, 7.
  77. I Thess., i, 8-9.
  78. Act., xix, 29 ; xx, 4. Cf. Corp. inscr. gr., no 1967.
  79. Col., iv, 10-11.
  80. Act., xvii, 5 et suiv. ; I Thess., i, 6 ; ii, 2, 14 et suiv., iii, 4.
  81. Comp. l’inscription de Thessalonique, Corp. i. gr., no 1967.
  82. Existe encore aujourd’hui sous son nom (Véria ou Kara-Verria). Cf. Cousinéry, I, 57 et suiv. ; Leake, III, 290 et suiv.
  83. I Thess., ii, 14 ; iii, 3, 5 ; II Thess., i, 4 et suiv.
  84. Act., xvii, 11.
  85. Act., xx, 4 ; Rom., xvi, 21 (cf. Corp. inscr. gr.)., no 1967). Sur le sens de συγγένης, voir ci-dessus, p. 160, note 1.
  86. Act., xvii, 14-15. Lisez ἕως.
  87. Act., xvi, 13 ; xvii, 4.
  88. Σεϐόμεναι ou εὐσχήμονες.