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Saint Paul (Renan)/XIII. Progrès du christianisme en Asie et en Phrygie

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Michel Lévy (p. 350-370).


CHAPITRE XIII.


PROGRÈS DU CHRISTIANISME EN ASIE ET EN PHRYGIE.


L’ardeur de Paul, durant son séjour à Éphèse, fut extrême[1]. Les difficultés étaient de tous les jours, les adversaires nombreux et animés[2]. Comme l’Église d’Éphèse n’était pas purement une fondation de Paul, elle comptait dans son sein des judéo-chrétiens, qui sur des points importants résistaient énergiquement à l’apôtre des gentils. Il y avait comme deux troupeaux s’anathématisant et se déniant le droit de parler au nom de Jésus[3]. Les païens, de leur côté, étaient mécontents des progrès de la foi nouvelle, et déjà se manifestaient des symptômes inquiétants. Une fois, en particulier, Paul courut un danger si grave qu’il compare la position où il se trouva ce jour-là à celle d’un homme exposé aux bêtes[4] ; peut-être l’incident se passa-t-il au théâtre[5], ce qui rendrait cette expression tout à fait juste. Aquila et Priscille le sauvèrent et risquèrent leur tête pour lui[6].

L’apôtre oubliait tout, cependant, car la parole de Dieu fructifiait. Toute la partie occidentale de l’Asie Mineure, surtout les bassins du Méandre et de l’Hermus, se couvrirent d’Églises vers ce temps, et sans doute Paul en fut d’une manière plus ou moins directe le fondateur. Smyrne, Pergame, Thyatires, Sardes, Philadelphie[7], probablement Tralles[8], reçurent ainsi les germes de la foi[9]. Ces villes avaient déjà des colonies juives importantes[10]. La douceur des mœurs et les longs ennuis de la vie de province, au sein d’un beau et riche pays, mort depuis des siècles à toute vie politique et pacifié jusqu’à l’adulation[11], avaient préparé beaucoup d’âmes aux joies d’une vie pure. La mollesse des mœurs ioniennes, si contraire à l’indépendance nationale, était favorable au développement des questions morales et sociales. Ces populations bonnes, sans esprit militaire, féminines, si j’ose le dire, étaient naturellement chrétiennes. La vie de famille paraît avoir été chez elles très-forte ; l’habitude de vivre en plein air, et, pour les femmes, sur le seuil de leur porte, en un climat délicieux, avait développé une grande sociabilité[12]. L’Asie, avec ses asiarques, présidents de jeux et de spectacles[13], semblait une compagnie de plaisir, une association de divertissements et de fêtes[14]. La population chrétienne, aujourd’hui encore, a du charme et de la gaieté ; les femmes ont le teint clair, l’œil vague et doux, de beaux cheveux blonds, une tournure retenue et modeste, impliquant le vif sentiment de leur beauté.

L’Asie devint ainsi, en quelque sorte, la seconde province du royaume de Dieu. Les villes de ce pays, à part les monuments, ne différaient peut-être pas essentiellement alors de ce qu’elles sont aujourd’hui : entassements sans ordre de maisons en bois, avec des loges à jour couvertes d’un toit incliné ; quartiers le plus souvent étagés les uns sur les autres et toujours entremêlés de beaux arbres. Les édifices publics, nécessaires dans un pays chaud à une vie de plaisir et de repos, présentaient une grandeur surprenante. Ce n’étaient pas ici, comme en Syrie, des constructions artificielles, très-peu faites pour les mœurs, des villes à colonnes imposées à des bédouins[15]. Nulle part l’ampleur d’une civilisation satisfaite et sûre d’elle-même ne s’étale en formes plus imposantes que dans les ruines de ces « magnifiques villes d’Asie[16] ». Toutes les fois que les belles contrées dont nous parlons ne seront pas écrasées par le fanatisme, la guerre ou la barbarie, elles deviendront maîtresses du monde par la richesse ; elles en tiennent presque toutes les sources, et forcent ainsi le numéraire des peuples plus nobles à s’entasser chez elles[17]. L’Ionie, au ier siècle, était très-peuplée, couverte de villes et de villages[18]. Les malheurs de l’époque des guerres civiles étaient oubliés. De puissantes associations d’ouvriers (ἐργασίαι, συνεργασίαι, συμϐιώσεις), analogues à celles d’Italie et de Flandre au moyen âge, nomment leurs dignitaires, élèvent des monuments publics, dressent des statues, font des travaux d’utilité publique, fondent des œuvres de charité, donnent toutes sortes de signes de prospérité, de bien-être, d’activité morale[19]. À côté des villes manufacturières, comme Thyatires, Philadelphie, Hiérapolis, adonnées surtout aux grandes industries de l’Asie, les tapis, la teinture des étoffes, les laines, les cuirs, se développait une riche agriculture. Les produits variés des bords de l’Hermus et du Méandre, les richesses minérales du Tmolus et du Messogis, origine des trésors de la vieille Lydie assyrienne, avaient produit, à Tralles surtout, une bourgeoisie opulente, qu’on vit contracter des alliances avec les rois d’Asie, parfois même s’élever jusqu’à la royauté[20]. Ces parvenus s’ennoblissaient d’une manière mieux entendue encore par leurs goûts littéraires et par leur générosité[21]. Certes, il ne faut chercher dans leurs œuvres ni la délicatesse, ni la perfection helléniques[22]. On sent bien, en voyant de tels monuments d’enrichis, que toute noblesse était perdue quand ils s’élevèrent. L’esprit municipal, cependant, était très-énergique encore. Le citoyen devenu roi, ou arrivé aux faveurs de César, recherchait les fonctions de sa ville et dépensait sa fortune pour l’embellir[23]. Ce mouvement de construction était dans toute sa force à l’époque de saint Paul[24], en partie à cause des tremblements de terre qui, notamment sous le règne de Tibère, avaient désolé le pays[25], et qui nécessitaient mainte réparation.

Un riche canton de la Phrygie méridionale[26], en particulier, le petit bassin du Lycus[27], tributaire du Méandre, vit se former des centres chrétiens fort actifs[28]. Trois villes très-voisines l’une de l’autre, Colosses ou Colasses[29], Laodicée sur le Lycus, et Hiérapolis[30], y répandaient la vie. Colosses, qui autrefois avait eu le plus d’importance[31], semblait décliner[32] ; c’était une vieille cité restée fidèle aux anciennes mœurs et qui ne se renouvelait pas[33]. Laodicée et Hiérapolis, au contraire, devenaient, par l’effet de la domination romaine, des villes très-considérables[34]. L’âme de ce beau pays est le mont Cadmus[35], le père de toutes les montagnes de l’Asie occidentale, massif gigantesque, plein de sombres précipices et conservant ses neiges toute l’année. Les eaux qui en découlent entretiennent sur une des pentes de la vallée des vergers remplis d’arbres à fruit, traversés de rivières poissonneuses, égayés par des cigognes apprivoisées. L’autre côté est tout entier aux jeux les plus étranges de la nature. La propriété incrustante des eaux d’un des affluents du Lycus, et l’énorme fleuve thermal qui tombe en cascade de la montagne d’Hiérapolis, ont stérilisé la plaine et formé des crevasses, des cavernes bizarres, des lits de fleuves souterrains, des vasques fantastiques, semblables à une neige pétrifiée, servant de réservoir à des eaux qui reflètent toutes les nuances de l’arc-en-ciel, des fossés profonds où roulent en séries de cataractes des eaux retentissantes. De ce côté, la chaleur est extrême, le sol n’étant qu’une vaste plaine dallée de calcaire ; mais sur les hauteurs d’Hiérapolis, la pureté de l’air, la lumière splendide, la vue du Cadmus, nageant comme un Olympe dans un éther éblouissant, les sommets brûlés de la Phrygie s’évanouissant dans le bleu du ciel en une teinte rosée, l’ouverture de la vallée du Méandre, les profils obliques du Messogis, les blancs sommets lointains du Tmolus, produisent un véritable éblouissement. Là vécurent saint Philippe, Papias ; là naquit Épictète. Toute la vallée du Lycus offre le même caractère de rêveuse mysticité. La population n’était point grecque d’origine ; elle était en partie phrygienne. Il y eut aussi, ce semble, autour du Cadmus, un antique établissement sémitique, probablement une annexe de la Lydie[36]. Cette paisible vallée, séparée du reste du monde, devint pour le christianisme comme un lieu de refuge ; la pensée chrétienne y subit, nous le verrons, de graves épreuves.

L’évangéliste de ces régions fut Épaphrodite ou Épaphras, de Colosses, homme très-zélé, ami et collaborateur de Paul[37]. L’apôtre n’avait fait que passer dans la vallée du Lycus ; il n’y retourna jamais[38] ; mais ces Églises, composées surtout de païens convertis, n’en étaient pas moins complètement sous sa dépendance[39]. Épaphras exerçait sur les trois villes une sorte d’épiscopat[40]. Nymphodore ou Nymphas, qui réunissait à Laodicée une Église dans sa maison[41] ; le riche et bienfaisant Philémon, qui, à Colosses, présidait un semblable conventicule[42] ; Appia, diaconesse de cette ville[43], peut-être femme de Philémon[44] ; Archippe, qui y remplissait aussi une fonction importante[45] reconnaissaient Paul pour chef. Le dernier paraît même avoir travaillé directement avec Paul. L’apôtre l’appelle son « compagnon d’armes[46] ». Philémon, Appia et Archippe devaient être parents ou dans des relations intimes[47].

Les disciples de Paul voyageaient sans cesse et rapportaient tout à leur maître. Chaque fidèle à peine formé était un catéchiste zélé, répandant autour de lui la foi dont il était rempli. Les délicates aspirations morales qui régnaient dans le pays propageaient le mouvement comme une traînée de poudre. Les catéchistes allaient partout ; sitôt accueillis, ils étaient gardés comme des trésors ; chacun s’empressait de les nourrir[48]. Une cordialité, une joie, une bienveillance infinies gagnaient de proche en proche et fondaient tous les cœurs. Le judaïsme, du reste, précéda le christianisme dans ces régions. Des colonies juives y avaient été amenées de Babylone deux siècles et demi auparavant, et y avaient peut-être porté quelques-unes de ces industries (la fabrication des tapis, par exemple) qui, sous les empereurs romains, produisirent dans le pays tant de richesse et de si fortes associations[49].

La prédication de Paul et de ses disciples atteignit-elle la grande Phrygie, la région d’Æzanes, de Synnades, de Cotiée, de Docimie ? Nous avons vu que, dans ses deux premiers voyages, Paul prêcha dans la Phrygie Parorée ; que, dans le second voyage, il traversa sans prêcher la Phrygie Épictète ; que, dans son troisième voyage, il traversa Apamée Kibôtos et la Phrygie dite plus tard Pacatienne. Il est infiniment probable que le reste de la Phrygie, ainsi que la Bithynie, dut aux disciples de Paul les semences du christianisme. Vers l’an 112[50], le christianisme paraît en Bithynie un culte enraciné, qui a pénétré tous les rangs de la société, qui a envahi les bourgs et les campagnes aussi bien que les villes, et amené une longue cessation du culte officiel, si bien que l’autorité romaine en est réduite à se réjouir de voir les sacrifices reprendre, quelques fidèles revenir aux temples et les victimes trouver par-ci par-là des acheteurs. Vers l’an 112, des gens, interrogés s’ils sont chrétiens, répondent qu’ils l’ont été, mais qu’ils ont cessé de l’être « depuis plus de vingt ans[51] ». Certainement, cela suppose que la première prédication chrétienne avait eu lieu de ce côté du vivant de Paul.

La Phrygie fut dès lors et resta trois cents ans le pays essentiellement chrétien. Là commença la profession publique du christianisme ; là se trouve, dès le iiie siècle, sur des monuments exposés à tous les regards, le mot ΧΡΗΣΤΙΑΝΟΣ ou ΧΡΙΣΤΙΑΝΟΣ[52] ; là les formules tumulaires, avant de s’avouer nettement chrétiennes, renferment l’expression voilée de dogmes chrétiens[53] ; là, dès le temps de Septime Sévère, de grandes villes adoptent sur leurs monnaies des symboles bibliques, ou, pour mieux dire, conforment leurs vieilles traditions aux récits bibliques[54]. Un grand nombre des chrétiens d’Éphèse, de Rome venaient de Phrygie. Les noms qui se montrent le plus souvent sur les monuments de la Phrygie sont les vieux noms chrétiens, les noms spéciaux de l’âge apostolique, ceux qui remplissent les martyrologes[55]. Il est bien probable que cette prompte adoption de la doctrine de Jésus tenait à la race et aux institutions religieuses antérieures du peuple phrygien[56]. Apollonius de Tyane eut, dit-on, des temples chez ces populations naïves ; l’idée de dieux revêtus de forme humaine leur paraissait toute naturelle. Ce qui nous reste de la vieille Phrygie respire souvent quelque chose de religieux, de moral, de profond, d’analogue au christianisme[57]. De bons ouvriers, près de Cotiée, font un vœu « aux dieux saints et justes[58] » ; non loin de là, un autre vœu est adressé « au Dieu saint et juste[59] ». Telle épitaphe en vers de cette province, morceau peu classique, incorrect et mou de forme, semble empreinte d’un sentiment tout moderne, d’une sorte de romantisme touchant[60]. Le pays lui-même diffère beaucoup du reste de l’Asie. Il est triste, austère, sombre, portant l’empreinte profonde de vieilles catastrophes géologiques, brûlé ou plutôt incinéré, et agité par des tremblements de terre fréquents[61].

Le Pont et la Cappadoce entendirent vers le même temps le nom de Jésus[62]. Le christianisme s’alluma dans toute l’Asie Mineure comme un soudain incendie. Il est probable que les judéo-chrétiens travaillaient de leur côté à y répandre l’Évangile. Jean, qui appartenait à ce parti[63], fut reçu en Asie comme un apôtre d’une autorité supérieure à celle de Paul. L’Apocalypse, adressée l’an 68 aux Églises d’Éphèse, de Smyrne, de Pergame, de Thyatires, de Sardes, de Philadelphie, de Laodicée sur le Lycus, paraît faite pour des judéo-chrétiens. Sans doute, entre la mort de Paul et la rédaction de l’Apocalypse, il y eut à Éphèse et en Asie comme une seconde prédication judéo-chrétienne. Néanmoins, si Paul avait été pendant dix ans l’unique chef des Églises d’Asie, on ne comprendrait pas qu’il y eût été si vite oublié. Saint Philippe[64] et Papias[65], gloires de l’Église d’Hiérapolis, Méliton[66], gloire de celle de Sardes, furent des judéo-chrétiens. Ni Papias, ni Polycrate d’Éphèse ne citent Paul ; l’autorité de Jean a tout absorbé, et Jean est pour ces Églises un grand prêtre juif. Les Églises d’Asie, au iie siècle, l’Église de Laodicée surtout, sont le théâtre d’une controverse qui se rattache à la question vitale du christianisme, et où le parti traditionnel se montre fort éloigné des idées de Paul[67]. Le montanisme est une sorte de retour vers le judaïsme au sein du christianisme phrygien. En d’autres termes, en Asie comme à Corinthe[68], la mémoire de Paul, après sa mort, paraît avoir subi durant cent ans une sorte d’éclipse. Les Églises mêmes qu’il avait fondées l’abandonnent comme un homme trop compromettant, si bien qu’au iie siècle Paul paraît universellement renié[69].

Cette réaction dut se produire très-peu de temps après la mort de l’apôtre, peut-être même auparavant. Les chapitres ii et iii de l’Apocalypse sont un cri de haine contre Paul et ses amis. Cette Église d’Éphèse, qui doit tant à Paul, est louée « de ne pouvoir supporter les méchants, d’avoir su éprouver ceux qui se disent apôtres sans l’être[70], de les avoir convaincus de mensonge, de haïr les œuvres des nicolaïtes[71] », « que moi aussi je hais », ajoute la voix céleste[72]. — L’Église de Smyrne est félicitée « d’être l’objet des injures de gens qui se disent juifs sans l’être[73], et qui ne sont autre chose qu’une synagogue de Satan[74] ». — « J’ai quelque chose contre toi, dit la voix divine à l’Église de Pergame : c’est que tu as là des gens qui tiennent la doctrine de Balaam, qui apprenait à Balac à jeter le scandale devant les fils d’Israël, en les engageant à manger des viandes sacrifiées aux idoles et à forniquer[75]. Toi de même, tu as des gens qui tiennent pour la doctrine des nicolaïtes[76]. » — « J’ai contre toi quelque chose, dit la même voix à l’Église de Thyatires, c’est que tu permets à ta femme Jézabel[77], qui se dit prophétesse, d’enseigner et d’égarer mes serviteurs en leur apprenant à forniquer et à manger des viandes sacrifiées aux idoles. Je lui ai donné le temps de faire pénitence, et elle ne veut pas se repentir de sa fornication… Quant à vous autres de Thyatires, qui ne tenez pas pour cette doctrine, et qui ne connaissez pas les profondeurs de Satan, comme ils disent[78], je ne vous enverrai pas d’autre fléau[79] ». — Et à l’Église de Philadelphie : « Je permettrai à des gens de la synagogue de Satan, qui se disent juifs sans l’être et qui sont des menteurs, de venir et de se jeter à tes pieds et d’apprendre que je t’aime[80] ». — Peut-être, les vagues reproches adressés par le Voyant aux Églises de Sardes et de Laodicée[81] renferment-ils aussi des allusions au grand débat qui déchirait l’Église de Jésus.

Disons-le encore, si Paul avait été le seul missionnaire de l’Asie, on ne concevrait pas que, peu de temps après sa mort (en supposant qu’il fût mort quand l’Apocalypse parut), ses adhérents pussent être présentés comme en minorité dans les Églises de ce pays ; on ne concevrait pas surtout que l’Église d’Éphèse, dont il fut le principal fondateur, l’eût qualifié d’un sobriquet injurieux. Paul, en général, s’interdisait de travailler sur le terrain d’autrui, de prêcher et d’écrire à des Églises qu’il n’avait pas établies[82]. Mais ses ennemis n’observaient pas la même discrétion. Ils le suivaient pas à pas, et s’appliquaient à détruire son œuvre par l’injure et la calomnie.

  1. Act., xx, 20-21.
  2. I Cor., xvi, 9.
  3. Apoc., ii, 2.
  4. I Cor., xv, 32 (sur le sens de θηριομαχεῖν, comp. Ignace, Epist. ad Rom., 5 ; Hebr., x, 33 ; II Tim., iv, 17) ; xvi, 4, 7 ; II Cor., i, 8 et suiv. Le Pseudo-Héraclite (lettre vii, lignes 50, 58-60, Bernays), qui écrivait vers ce temps, présente aussi les Éphésiens comme des bêtes : ἐξ ἀνθρώπων θηρία γεγονότες.
  5. Comme l’incident Act., xix, 23 et suiv. On ne peut cependant identifier l’incident I Cor., xv, 32, et xvi, 9, avec l’incident Act., xix, 23 et suiv., celui-ci étant des derniers jours que saint Paul passa à Éphèse, et saint Paul n’y ayant pas payé de sa personne.
  6. Rom., xvi, 4.
  7. I Cor., xvi, 19 ; Act., xix, 26 ; Apoc., i, 4, 11.
  8. Épître supposée de saint Ignace aux Tralliens.
  9. Toutes ces villes, excepté Sardes, sont encore aujourd’hui des villes plus ou moins considérables.
  10. Cic., Pro Flacco, 28 ; Jos., Ant., XII, iii, 4 ; XIV, x, 11, 14, 20 et suiv. ; XVI, vi, 2, 4, 6 ; Act., ii, 9.
  11. Voir l’ignoble concours de bassesse, raconté par Tacite, Ann., IV, 55-56. Notez les titres de θεὸς σύγκλητος, ἱερὰ σύγκλητος, donnés au sénat romain en cette province. Waddington, Voyage numismatique, p. 8, 23, etc. ; le même, Explication des inscriptions de Le Bas, III, p. 142 ; Numismatic chronicle, nouv. série, t. VI, p. 119.
  12. Impression du quartier grec de Smyrne le dimanche. (Observer que les villes, même quand elles ont eu des lacunes dans leur existence, ont comme un génie propre, un esprit qui fait qu’elles sont toujours plus ou moins semblables à elles-mêmes et qu’elles renaissent telles qu’elles furent.)
  13. Sur la fonction des asiarques, voir Le Bas et Waddington, Inscr., III, nos 5, 158 a, 649, 885 ; Churchill Babington, dans Numism. chron., nouv. série, vol. VI, p. 93 et suiv. ; Strabon, XIV, i, 42 ; Ælius Aristide, Sacr., IV, 531 ; Act., xix, 31 ; Martyre de saint Polycarpe, 12 ; Corp. i. gr., 2912, 3148, 3190, 3191, 3213, 3324, 3421, 3426, 3495, 3504, 3665, 3677 ; Vaillant, Num. gr. imp. rom., p. 312-313. Mionnet, II, 549, 617 ; III, 61, 250 ; IV, 55, 128, 140, 328, 347, 362 ; suppl., V, 276, 505. Il y avait de même des bithynarques, des pontarques, des galatarques, etc. Cf. Le Bas, III, nos 1178, 1221, 1224 ; Perrot, Expl. de la Gal., p. 199 et suiv.
  14. Le κοινὸν Ἀσίας désignait des jeux, des spectacles, des panégyries qui se célébraient à tour de rôle dans les diverses grandes villes de la province.
  15. À Hiérapolis, par exemple, on sent une vraie élégance, une ville qui s’est bâtie spontanément et non officiellement ; rien de la banalité administrative trop fréquente dans les villes romaines.
  16. Ovide, Pont., II, x, 21. Se les représenter surtout par Aphrodisias et Hiérapolis, encore très-bien conservées, et par les ruines de Tralles, de Laodicée, etc. Cf. Strabon, XIV, i, 37.
  17. C’est ce que la crise du coton a montré, et ce qui sera surtout sensible dans cent ans.
  18. Jos., B. J., II, xvi, 4.
  19. Corpus inscr. gr., nos 3154, 3192, 3304, 3408, 3422, 3480, 3485, 3495, 3496, 3497, 3498, 3499, 3504, 3639 (voir Add.), 3858 e, 3924, 3938, 4340, 4340 g, 4346 (voir Add.) ; Le Bas, Inscr., III, 636, 755, 1571, 1687 ; Wagener, dans la Revue de l’instr. publ. en Belgique, 1868, 1 et suiv.
  20. Strabon, XII, iii, 29 ; viii, 16 ; XIV, i, 42. Cf. Waddington, Mél. de numism., 2e série, p. 124 et suiv.
  21. Strabon, endroits cités.
  22. Comparer, par exemple, le grand temple d’Aphrodisias aux monuments de l’Acropole.
  23. Strabon, XII, viii, 16 ; Corpus inscr. gr., nos 2947, 2948, 3935, 3936, etc. Les inscriptions énumérant les fonctions municipales, et décernant les titres d’εὐεργέτης et de κτίστης sont innombrables. Voir, par exemple, Waddington, Expl. des inscr. de Le Bas, III, no 1693 b.
  24. Strabon, XII, vii, 16 ; XIII, iv, 8 ; XIV, i, 42. Les belles ruines d’Anatolie sont en grande partie de ce temps.
  25. Tacite, Ann., II, 47 ; Strabon, XII, viii, 18 ; Pline, Hist. nat., II, 91.
  26. Strabon, XII, viii, 16 ; XIII, iv, 14.
  27. Le Tchoruk-Sou des Turcs. Strabon, XII, viii, 16 ; Hérod., VII, 30 ; Pline, V, 29 ; Hamilton, Res. in Asia Minor, I, p. 569 et suiv. ; Laborde, Voy. de l’Asie Min., p. 102 et suiv. et planches. Pour l’identification du Caprus, voir Waddington, Expl. des inscr. de Le Bas, III, no 1693 a.
  28. Col., i, 2 ; ii, 1 ; iv, 13, 15, 16 ; Apoc., i, 11 ; iii, 14.
  29. Colosses est la forme employée sur les monnaies. Mionnet, IV, p. 267-268 ; suppl., VII, p. 540-541 ; Waddington, Voy. num., p. 20 ; Churchill Babington, Numism. chronicle, nouv. série, III, p. 1 et suiv.
  30. Laodicée (Eski-Hissar) et Hiérapolis (Tamhouk- [et non Pambouk] Kalessi) sont aujourd’hui désertes. Denisli, plus avantageusement située au pied de la montagne, les a remplacées. Peut-être, le fond de la vallée étant devenu fiévreux, s’est-il passé ici la même chose que pour Éphèse et Aïa-Solouk. Colosses, dont les ruines se voient au confluent de trois rivières (Tchoruk-Sou, Ak-Sou, Bounarbaschi-Sou) dans la plaine, est aussi abandonnée. (Voir Hamilton, Res. in Asia Minor, I, 508 et suiv. ; Laborde, Voy. de l’Asie Min., p. 102 et suiv.). Chonas, qui en est à une lieue et qui a hérité d’une partie de son importance, est la ville byzantine de Χῶναι, dont le nom n’a rien de commun avec celui de Colosses, bien qu’il se rapporte aux « entonnoirs » ou trous de disparition du Lycus, près de Colosses. Cf. Jean Curopalate, Hist., p. 686-687 (Bonn). Chonas a sa raison propre d’exister, indépendamment de Colosses, comme position militaire pour défendre un passage du Cadmus.
  31. Hérodote, VII, 30 ; Xénophon, Anab., I, ii, 6 ; Pline, V, 41.
  32. Strabon, XII, viii, 13. Les ruines de Colosses sont d’une ville très-secondaire. Le théâtre est mesquin. Probablement la ville ne fut pas largement restaurée après le tremblement de terre de l’an 60 (Tac., Ann., XIV, 27 ; Eusèbe, Chron., ad ann. 10 Ner. ; Orose, VII, 7). Le site de Chonæ dut paraître bien plus agréable.
  33. La nécropole de Colosses a un caractère frappant, qui la rapproche des nécropoles des pays sémitiques. Les cippes sont de forme bizarre et anépigraphes. Beaucoup de tombes sont creusées dans le roc.
  34. Strabon, XII, viii, 16. Les ruines de ces deux villes sont de premier ordre, vraiment grandes et belles.
  35. Baba-Dagh et Chonas-Dagh.
  36. J’essayerai un jour de montrer cela, en m’appuyant sur les noms de montagnes, de rivières, de villes, et sur d’autres particularités. Touchant le culte de Laodicée, voir Waddington, Voy. numism., p. 26 et suiv. Ce Ζεὺς Ἄσεις, avec sa chèvre, est, selon moi, l’Azazel des Sémites.
  37. Col., i, 6-7 ; iv, 12-13.
  38. Ibid., ii, 1.
  39. Ibid., i, 9 ; ii, 1, 13.
  40. Ibid., iv, 13.
  41. Ibid., iv, 15.
  42. Philem., 1, 2, 5, 7.
  43. Ibid., 2.
  44. Comp. I Cor., ix, 5 ; Rom., xvi, 15. Saint Jean Chrysostome et Théodoret l’entendent ainsi.
  45. Col., iv, 17 ; Philem., 2.
  46. Philem., 2 ; cf. II Tim., ii, 3.
  47. Sans cela, on ne comprend pas Philem., 1-2.
  48. Gal., vi, 6.
  49. Jos., Ant., XII, iii, 4 ; XIV, x, 20 ; Act., ii, 10 ; Cic., Pro Flacco, 28 ; Wagener, dans la Revue de l’instr. publ. en Belg., 1868, p. 3, 4, 14.
  50. C’est la date que les dernières découvertes épigraphiques assignent à la lettre de Pline à Trajan sur les chrétiens. Noël Desvergers, dans les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions, 1866, p. 83-84 ; Mommsen, dans l’Hermès, III, 59, 96-98 (Berlin, 1868).
  51. Pline, Epist., X, 97. Comp. I Petri, i, 1.
  52. Corpus inscr. gr., nos 3857 g, p, 3865 l (cf. 2883 d) ; Le Bas, Inscr., III, nos 727, 783, 785, et les notes de Waddington ; Perrot, Expl. de la Gal., p. 126.
  53. Corpus inscr. gr., nos 3872 b, c, 3890, 3902, 3902 f, n, o, r, 3962 b, 3963, 3980 ; Le Bas et Waddington, Inscr., III, nos 1654, 1703, 1899 ; cf. Muratori, Inscr., 1949, 3. Je crois toutes ces inscriptions chrétiennes. Notez no 3865 i du Corpus, où l’on sent également un effort pour éviter les formules païennes. Comparez comme contraste, en Pisidie, les inscriptions nos 4380 r, s, t.
  54. Médailles d’Apamée Kibôtos. Eckhel, III, 132-139 ; Madden, dans Numismatic chronicle, nouv. série, vol. VI, p. 173 et suiv. Sur une particularité analogue, mais douteuse, des monnaies de la ville de Mæonie, voir De Witte et Ch. Lenormant, dans les Mélanges d’archéol. des PP. Martin et Cahier, t. III, p. 172 et suiv. ; 196 et suiv. Iconium adopta de même le mythe d’Hénoch. Voir Étienne de Byz., au mot Ἰκόνιον ; Ch. Müller, Fragm. hist. gr., III, 524 ; IV, 538 et suiv. Cf. Carm. sibyll., I, 261 et suiv. ; Hérodote, II, 2 ; Moïse de Khorène (?), Géogr., p. 349 (t. II des Mém. de Saint-Martin). Le grand marais de Lycaonie avait inspiré des mythes diluviens. Ovide, Met., VIII, 696 et suiv.
  55. Trophime, Tychique, Tryphène, Télesphore, Papias, Onésime, Abascance, etc. Ces noms sont, du reste, communs à toute l’Asie occidentale. Corpus inscr. gr., 2788, 3664, 3747 n, 3837 c, k, r, t, u, 3865 i, 3953 h, 4224 c, 4227, 4240 c, 4388 (cf. Garrucci, Diss., II, p. 183) ; Perrot, Expl. de la Gal., p. 127, 128 ; Wagener, Inscr. d’Asie Min., p. 19 ; Le Bas, Inscr., III, 22, 341, 358, 644 (nonobstant la correction), 667, 718, 737, 741, 779, 781, 784, 792, 804, 805, 807, 808, 815, 818, 819, 821, 822, 1104, 1671, 1690, 1774 ; Waddington, Voy. num., p. 55, 134. Pour le nom de Grapté (Pasteur d’Herm., vis. ii, 4), comp. Corp. i. g., 3857 q ; Le Bas, III, 782, 1567 (voir cependant Jos., B. J., IV, ix, 11 ; Orelli, 4610) ; Pape, Wœrt., s. h. v.
  56. Notez surtout Θεῷ ὑψίστῳ (Le Bas, III, no 708 ; Wagener, p. 39-40). Comp. Miss. de Phén., p. 234 et suiv.
  57. Perrot, Explor. de la Gal., p. 118.
  58. Corpus inscr. gr., no 3830.
  59. Θεῷ ὁσίῷ καὶ δικαίῳ, Le Bas ( Waddington), Inscr., III, no 1670.
  60. Inscr. no 3847 n du Corpus, 1022 de Le Bas (III) ; inscr. no 3857 m du Corpus, 775 de Le Bas, p. 125 de Perrot ; inscr. no 3857 u du Corpus, no 779 de Le Bas ; inscript. no 3827 hh du Corpus, 806 de Le Bas ; inscr. no 3827 u du Corp., 816 de Le Bas.
  61. Strabon, XII, viii, 18 ; XIII, iv, 11.
  62. I Petri, i, 1. Cf. Act., ii, 9-10.
  63. Apocal., ii et iii ; Polycrate, dans Eus., H. E., V, 24.
  64. Polycrate, dans Eusèbe, l. c.
  65. Tout l’ensemble de ses écrits.
  66. Eusèbe, H. E., IV, 26 ; V, 24. Il avait écrit sur l’Apocalypse.
  67. Eusèbe, H. E., IV, 26 ; V, 23-25 ; Chron. pascale, p. 6 et suiv. (Du Cange).
  68. Voir ci-dessus, p. 325.
  69. Denys de Cor., dans Eus., H. E., II, 25.
  70. Comp. II Cor., xi, 13.
  71. Voir ci-dessus, p. 304-305.
  72. Apoc., ii, 2, 6.
  73. Comp. II Cor., xi, 22 ; Phil., iii, 5.
  74. Apoc., ii, 9.
  75. Comp. I Cor., viii ; Act., xv, 29. Voir ci-dessus, p. 304, note 4, et ci-dessous, p. 398 et suiv., 509.
  76. Apoc., ii, 14-15.
  77. Désignation symbolique de Paul, envisagé comme infidèle et entraînant le peuple à l’infidélité.
  78. Allusion à I Cor., ii, 10. Paul désignait souvent ses révélations du nom de « profondeurs de Dieu ». Ses adversaires, par ironie, substituaient au nom de Dieu le nom de Satan.
  79. Apoc., ii, 20 et suiv.
  80. Apoc., iii, 9.
  81. Apoc., iii, 1 et suiv., 14 et suiv.
  82. Rom., xv, 20 et suiv. ; II Cor., x, 13-16.