Souvenirs d’outre-mer/10

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LE RESTAURANT DE LA CHÈVRE BLANCHE.



Avant de laisser Lourdes, notons un incident que je pourrais appeler rare et peu banal.

Dans la vallée de Lourdes, en plein cœur de la ville, le voyageur qui a besoin de rafraîchissements, trouve à sa main un gentil petit restaurant :

C’est le « restaurant de la Chèvre blanche ».

Les branches de grands ormes en font les quatre murs ; le vert gazon en forme le plancher (qui est très solide, paraît-il), et le bleu firmament lui sert de voûte, qui, il est vrai, n’est pas à l’épreuve de la pluie :

Ce restaurant d’un nouveau genre est donc bien aéré et bien éclairé.

Un berger, entouré de chèvres dociles, est le maître, le gérant et le garçon de l’établissement, qui est bien achalandé ;

Il vous offre un lait riche et réconfortant à deux sous le verre : « rien que deux sous ! »

Vous acceptez avec empressement.

Promptement, de ses mains agiles il trait quelques jets du précieux nectar de l’une de ses chèvres blanches, et vous sert avec un air tout à fait gracieux,

Mais vous avez affaire à un berger émancipé et modernisé.

Son verre est petit et s’emplit d’écume où le lait se fait rare.

Pour bien vous rafraîchir, il vous faut répéter la dose sept ou huit fois.

L’industrie du métier se rencontre partout, même chez les chevriers des Pyrénées.