Souvenirs entomologiques/Série 1/Chapitre 22

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XXII

ÉCHANGE DE NIDS




Poursuivons la série des expériences sur le Chalicodome des murailles. Par sa position sur un galet que l’on déplace comme l’on veut, le nid de cet Hyménoptère se prête aux plus intéressantes épreuves. Voici la première.

Je change un nid de place, c’est-à-dire que je transporte à une paire de mètres plus loin le caillou qui lui sert de support. L’édifice et sa base ne faisant qu’un, le déménagement s’opère sans le moindre trouble dans les cellules. Le galet est déposé en lieu découvert et se trouve bien en vue comme il l’était sur son emplacement naturel. L’Hyménoptère, à son retour de la récolte, ne peut manquer de l’apercevoir.

Au bout de quelques minutes, le propriétaire arrive et va droit où était le nid. Il plane mollement au-dessus de l’emplacement vide, examine et s’abat au point précis où reposait la pierre. Là, recherches pédestres, obstinément prolongées ; puis l’insecte prend l’essor et s’envole au loin. Son absence est de courte durée. Le voici revenu. Les recherches sont reprises, au vol ou à pied, et toujours sur l’emplacement que le nid occupait d’abord. Nouvel accès de dépit, c’est-à-dire brusque essor à travers l’oseraie ; nouveau retour et reprise des vaines recherches, constamment sur l’empreinte même qu’a laissée le galet déplacé. Ces fuites soudaines, ces prompts retours, ces examens tenaces du lieu désert, longtemps, fort longtemps se répètent avant que la maçonne soit convaincue que son nid n’est plus là. Certainement elle a vu, elle a revu le nid déplacé, car parfois en volant elle a passé en dessus, à quelques pouces ; mais elle n’en fait cas. Ce nid, pour elle, n’est pas le sien, mais la propriété d’une autre Abeille.

Souvent l’épreuve se termine sans qu’il y ait même simple visite au galet changé de place et porté à deux ou trois mètres plus loin : l’Abeille part et ne revient plus. Si la distance est moins considérable, un mètre par exemple, la maçonne prend pied, plus tôt ou plus tard, sur le caillou support de sa demeure. Elle visite la cellule qu’elle approvisionnait ou construisait peu auparavant ; à diverses reprises elle y plonge la tête ; elle examine pas à pas la surface du galet, et, après de longues hésitations, va reprendre ses recherches sur l’emplacement où la demeure devrait se trouver. Le nid qui n’est plus à sa place naturelle est définitivement abandonné, ne serait-il distant que d’un mètre du point primitif. En vain l’Abeille s’y pose à plusieurs reprises ; elle ne peut le reconnaître pour sien. Je m’en suis convaincu en le retrouvant, plusieurs jours après l’épreuve, exactement dans le même état où il était lorsque je l’avais déplacé. La cellule ouverte et à demi garnie de miel était toujours ouverte et livrait son contenu au pillage des fourmis ; la cellule en construction était restée inachevée, sans une nouvelle assise de plus. L’hyménoptère, la chose est évidente, pouvait y être revenu, mais n’y avait pas repris le travail. La demeure déplacée était pour toujours abandonnée.

Je n’en déduirai pas l’étrange paradoxe que l’Abeille maçonne, capable de retrouver son nid du bout de l’horizon, ne sait plus le retrouver à un mètre de distance : l’interprétation des faits n’amène nullement là. La conclusion me paraît celle-ci : l’Hyménoptère garde impression tenace de l’emplacement occupé par le nid. C’est là qu’il revient, même quand le nid n’y est plus, avec une obstination difficile à lasser. Mais il n’a que très vague idée du nid lui-même. Il ne reconnaît pas la maçonnerie qu’il a construite lui-même et pétrie de sa salive ; il ne reconnaît pas la pâtée qu’il a lui-même amassée. En vain il visite sa cellule, son œuvre ; il l’abandonne, ne la prenant pas pour sienne du moment que l’endroit où repose le galet n’est plus le même.

Étrange mémoire, il faut l’avouer, que celle de l’insecte, si lucide dans la connaissance générale des lieux, si bornée dans la connaissance du chez soi. Volontiers je l’appellerai instinct topographique : la carte du pays lui est connue ; et le nid chéri, la demeure elle-même, non. Les Bembex nous ont déjà conduits à pareille conclusion. Devant le nid mis à découvert, ils ne se préoccupent de la famille, de la larve qui se tord dans l’angoisse au soleil. Ils ne la reconnaissent pas. Ce qu’ils reconnaissent, ce qu’ils cherchent et trouvent avec une précision merveilleuse, c’est l’emplacement de la porte d’entrée dont il ne reste plus rien, pas même le seuil.

S’il restait des doutes sur l’impuissance où se trouve le Chalicodome des murailles de reconnaître son nid autrement que d’après la place que le galet occupe sur le sol, voici de quoi les lever. – Au nid de l’Abeille maçonne, j’en substitue un autre pris à quelque voisine, et pareil, autant que faire se peut, aussi bien sous le rapport de la maçonnerie que sous le rapport de l’approvisionnement. Cet échange et ceux dont il me reste à parler, se font en l’absence du propriétaire bien entendu. À ce nid qui n’est pas le sien, mais repose au point où était l’autre, l’Abeille s’établit sans hésitation. Si elle construisait, je lui offre une cellule en voie de construction. Elle y continue le travail de maçonnerie avec le même soin, le même zèle, que si l’ouvrage déjà fait était son propre ouvrage. Si elle apportait miel et pollen, je lui offre une cellule en partie approvisionnée. Ses voyages se continuent, avec miel dans le jabot et pollen sous le ventre, pour achever de garnir le magasin d’autrui.

L’Abeille ne soupçonne donc pas l’échange ; elle ne distingue pas ce qui est sa propriété et ce qui ne l’est pas ; elle croit toujours travailler à la cellule vraiment sienne. Après l’avoir laissée en possession un certain temps du nid étranger, je lui rends le sien. Ce nouveau changement est incompris de l’Hyménoptère : le travail se poursuit dans la cellule rendue, au point où il était dans la cellule substituée. Puis, second remplacement par le nid étranger ; et même persistance de l’insecte à y continuer son ouvrage. Alternant ainsi, toujours à la même place, tantôt le nid d’autrui, tantôt le nid propre de l’Abeille, je me suis convaincu, à satiété, que l’Hyménoptère ne peut faire de différence entre ce qui est son œuvre et ce qui ne l’est pas. Que la cellule lui appartienne ou non, il y travaille avec ferveur pareille, pourvu que le support de l’édifice, le galet, occupe toujours le primitif emplacement.

On peut donner à l’épreuve intérêt plus vif, en mettant à profit deux nids voisins dont le travail soit à peu près également avancé. Je les transporte l’un à la place de l’autre. La distance en est d’une coudée à peine. Malgré ce voisinage si rapproché, qui permet à l’insecte d’apercevoir à la fois les deux domiciles et de choisir entre eux, les deux Abeilles, à leur arrivée, se posent à l’instant chacune sur le nid substitué et y continuent leur ouvrage. Alternons les deux nids autant de fois que bon nous semblera, et nous verrons les deux Chalicodomes garder l’emplacement choisi par eux, et travailler à tour de rôle tantôt à leur propre cellule, tantôt à la cellule d’autrui.

On pourrait croire que cette confusion a pour cause une étroite ressemblance entre les deux nids, car m’attendant fort peu, en mes débuts, aux résultats que je devais obtenir, je choisissais aussi pareils que possible les deux nids à substituer l’un à l’autre, crainte à rebuter les Hyménoptères. Ma précaution supposait une clairvoyance que l’insecte n’a pas. Je prends maintenant, en effet, deux nids d’une dissemblance extrême à la seule condition que, de part et d’autre, l’ouvrier trouve une cellule conforme au travail qui l’occupe en ce moment. Le premier est un vieux nid dont le dôme est percé de huit trous, orifices des cellules de la précédente génération. Une de ces huit cellules a été restaurée, et l’Abeille y travaille à l’approvisionnement. Le second est un nid de fondation nouvelle, sans dôme de mortier et composé d’une seule cellule à revêtement de cailloutage. L’insecte s’y occupe pareillement de l’amas de pâtée. Voilà certes deux nids qui ne sauraient différer davantage, l’un avec ses huit chambres vides et son ample dôme de pisé; l’autre avec son unique cellule, toute nue, grosse au plus comme un gland.

Eh bien, devant ces nids échangés et distants d’un mètre à peine, les deux Chalicodomes n’hésitent pas longtemps. Chacun gagne l’emplacement de son domicile. L’un, propriétaire d’abord du vieux nid, ne trouve plus chez lui qu’une cellule. Il inspecte rapidement le galet, et, sans autre façon, plonge dans la cellule étrangère d’abord la tête pour y dégorger le miel, puis le ventre pour y déposer le pollen. Et ce n’est pas là action imposée par la nécessité de se débarrasser au plus vite, n’importe où, d’un pénible fardeau, car l’Hyménoptère s’envole et ne tarde pas à revenir avec une nouvelle récolte, qu’il emmagasine soigneusement. Cet apport de provisions dans le garde-manger d’autrui se répète autant de fois que je le permets. L’autre Hyménoptère, trouvant à la place de son unique cellule, la spacieuse construction à huit appartements, est d’abord assez embarrassé. Quelle est la bonne, parmi les huit cellules ? Dans quelle est l’amas de pâtée commencé ? L’Abeille donc visite une à une les chambres, y plonge jusqu’au fond, et finit par rencontrer ce qu’elle cherche, c’est-à-dire ce qu’il y avait dans son nid à son dernier voyage, un commencement de provisions. À partir de ce moment, elle fait comme sa voisine, et continue, dans le magasin qui n’est pas son ouvrage, l’apport du miel et du pollen.

Remettons les nids à leurs places naturelles, échangeons-les encore, et chaque Abeille, après de courtes hésitations qu’explique assez la différence si grande des deux nids, poursuivra le travail dans la cellule de son propre ouvrage, et dans la cellule étrangère, alternativement. Enfin l’œuf est pondu et l’habitacle clôturé, quel que soit le nid occupé au moment où les provisions suffisent. De tels faits disent assez pourquoi j’hésite à donner le nom de mémoire à cette faculté singulière qui ramène l’insecte, avec tant de précision, à l’emplacement de son nid, et ne lui permet pas de distinguer son ouvrage de l’ouvrage d’un autre, si profondes qu’en soient les différences.

Expérimentons maintenant le Chalicodome des murailles sous un autre point de vue psychologique. – Voici une Abeille maçonne qui construit ; elle en est à la première assise de sa cellule. Je lui donne en échange une cellule non seulement achevée comme édifice, mais encore garnie de miel presque au complet. Je viens de la dérober à sa propriétaire, qui n’aurait pas tardé à y déposer son œuf. Que va faire la maçonne devant ce don de ma munificence, lui épargnant fatigues de bâtisse et de récolte ? Laisser là le mortier, sans doute ; achever l’amas de pâtée, pondre et sceller. – Erreur, profonde erreur : notre logique est illogique pour la bête. L’insecte obéit à une incitation fatale, inconsciente. Il n’a pas le choix de ce qu’il doit faire ; il n’a pas le discernement de ce qui convient et de ce qui ne convient pas ; il glisse, en quelque sorte, suivant une pente irrésistible, déterminée d’avance pour l’amener au but. C’est ce qu’affirment hautement les faits qu’il me reste à rapporter.

L’Abeille qui bâtissait et à qui j’offre cellule toute bâtie et pleine de miel ne renonce nullement au mortier pour cela. Elle faisait travail de maçonne ; et une fois sur cette pente, entraînée par l’inconsciente impulsion, elle doit maçonner, son travail serait-il inutile, superflu, contraire à ses intérêts. La cellule que je lui donne est certainement parfaite de construction, d’après l’avis du maître maçon lui-même, puisque l’Hyménoptère à qui je l’ai soustraite y achevait la provision de miel. Y faire des retouches, y ajouter surtout, est chose inutile et, qui plus est, absurde. C’est égal : l’Abeille qui maçonnait maçonnera. Sur l’orifice du magasin à miel, elle dispose un premier bourrelet de mortier, puis un autre, un autre encore, tant enfin que la cellule s’allonge du tiers de la hauteur réglementaire. Voilà l’œuvre de maçonnerie accomplie, non aussi développée, il est vrai, que si l’Hyménoptère avait continué la cellule dont il jetait les fondations au moment de l’échange des nids ; mais enfin d’une étendue plus que suffisante pour démontrer l’impulsion fatale à laquelle obéit le constructeur. Arrive alors l’approvisionnement, abrégé lui aussi, sinon le miel déborderait par l’addition des récoltes des deux Abeilles. Ainsi le Chalicodome qui commence à construire et à qui l’on donne cellule achevée et garnie de miel, ne change rien à la marche de son travail : il maçonne d’abord et puis approvisionne. Seulement il abrège, son instinct l’avertissant que les hauteurs de la cellule et la quantité de miel commencent à prendre des proportions par trop exagérées.

L’inverse n’est pas moins concluant. Au Chalicodome qui approvisionne, je donne un nid à cellule ébauchée, très insuffisante encore pour recevoir la pâtée. Cette cellule, humide en sa dernière assise de la salive de son constructeur, peut se trouver ou non accompagnée d’autres cellules contenant œuf et miel et récemment scellées. L’Hyménoptère, dont elle remplace le magasin à miel en partie plein, se montre fort embarrassé quand il arrive avec sa récolte devant ce godet imparfait, sans profondeur, où l’approvisionnement ne pourrait trouver place. Il l’examine, la sonde du regard, la jauge avec les antennes et en reconnaît la capacité insuffisante. Longtemps il hésite, s’en va, revient, s’envole encore et retourne bientôt, pressé de déposer ses richesses. L’embarras de l’insecte est des plus manifestes. Prends du mortier, ne pouvais-je m’empêcher de dire en moi-même ; prends du mortier et achève le magasin. C’est travail de quelques instants, et tu auras réservoir profond comme il convient. – L’Hyménoptère est d’un autre avis : il approvisionnait, il doit approvisionner quand même. Jamais il ne se décidera à quitter la brosse à pollen pour la truelle à mortier ; jamais il ne suspendra la récolte qui l’occupe en ce moment pour se livrer au travail de construction dont l’heure n’est pas venue. Il ira plutôt à la recherche d’une cellule étrangère, en l’état qu’il désire, et s’y introduira pour y loger son miel, dût-il recevoir furieux accueil du propriétaire survenant. Il part, en effet, pour tenter l’aventure. Je lui souhaite succès, étant moi-même cause de cet acte désespéré. Ma curiosité vient de faire d’un honnête ouvrier un voleur.

Les choses peuvent prendre tournure encore plus grave, tant est inflexible, impérieux, le désir de mettre sans tarder la récolte en lieu sûr. La cellule incomplète, dont l’Hyménoptère ne veut pas à la place de son propre magasin achevé et garni de miel en partie, se trouve parfois, ai-je dit, avec d’autres cellules contenant œuf, pâtée, et closes depuis peu. Dans ce cas, il m’est arrivé, mais non toujours, d’assister à ceci. L’insuffisance de la cellule inachevée bien reconnue, l’Abeille se met à ronger le couvercle de terre fermant l’une des cellules voisines. Avec de la salive, elle ramollit un point de l’opercule de mortier, et patiemment, atome par atome, elle creuse dans la dure cloison. L’opération marche avec une lenteur extrême. Une grosse demi-heure se passe avant que la fossette excavée ait l’ampleur nécessaire pour recevoir une tête d’épingle. J’attends encore. Puis l’impatience me gagne ; et bien convaincu que l’Abeille cherche à ouvrir le magasin, je me décide à lui venir en aide pour abréger. De la pointe du couteau, je fais sauter le couvercle. Avec lui vient le couronnement de la cellule, qui reste avec le bord fortement ébréché. Dans ma maladresse, d’un vase gracieux j’ai fait un mauvais pot égueulé.

J’avais bien jugé : le dessein de l’Hyménoptère était de forcer la porte. Voici qu’en effet, sans se préoccuper des brèches de l’orifice, l’Abeille s’établit aussitôt à la cellule que je lui ai ouverte. À nombreuses reprises, elle y apporte miel et pollen, quoique les provisions y soient déjà au grand complet. Enfin dans cette cellule, renfermant déjà un œuf qui n’est pas le sien, elle dépose son œuf ; puis elle clôture de son mieux l’embouchure égueulée. Donc cette Abeille qui approvisionnait n’a su, n’a pu reculer devant l’impossibilité où je l’avais mise de continuer son travail à moins d’achever la cellule incomplète remplaçant la sienne. Ce qu’elle faisait, elle a persisté à le faire en dépit des obstacles. Elle a jusqu’au bout accompli son œuvre mais par les voies les plus absurdes : entrée avec effraction dans le bien d’une autre, approvisionnement continué dans un magasin qui déjà regorgeait, dépôt de l’œuf dans une cellule où la vraie propriétaire avait déjà pondu, enfin clôture de l’orifice dont les brèches réclamaient sérieuses réparations. Quelle meilleure preuve désirer de cette pente irrésistible à laquelle obéit l’insecte ?

Enfin il est certains actes rapides et consécutifs tellement liés l’un à l’autre, que l’exécution du second exige la répétition préalable du premier, alors même que celui-ci est devenu inutile. J’ai déjà raconté comment le Sphex à ailes jaunes s’obstine à descendre seul dans son terrier, après avoir rapproché le Grillon que j’ai la malice d’éloigner aussitôt. Ses déconvenues multipliées coup sur coup ne le font pas renoncer à la visite domiciliaire préalable, visite bien inutile quand il l’a répétée pour la dixième, pour la vingtième fois. Le Chalicodome des murailles nous montre, sous une autre forme, semblable répétition d’un acte sans utilité, mais prélude obligatoire de l’acte qui le suit. Quand elle arrive avec sa récolte, l’Abeille fait double opération d’emmagasinement. D’abord elle plonge, la tête première, dans la cellule pour y dégorger le contenu du jabot ; puis elle sort et rentre tout aussitôt à reculons pour s’y brosser l’abdomen et en faire tomber la charge pollinique. Au moment où l’insecte va s’introduire dans la cellule, le ventre premier, je l’écarte doucement avec une paille. Le second acte est ainsi empêché. L’Abeille recommence le tout, c’est-à-dire plonge encore, la tête première au fond de la cellule, bien qu’elle n’ait plus rien à dégorger, le jabot venant d’être vidé. Cela fait, c’est le tour d’introduire le ventre. À l’instant, je l’écarte de nouveau. Reprise de la manœuvre de l’insecte, toujours la tête en premier lieu ; reprise aussi de mon coup de paille. Et cela se répète ainsi tant que le veut l’observateur. Écarté au moment où il va introduire le ventre dans la cellule, l’Hyménoptère vient à l’orifice et persiste à descendre chez lui d’abord la tête la première. Tantôt la descente est complète, tantôt l’Abeille se borne à descendre à demi, tantôt encore il y a simple simulacre de descente, c’est-à-dire flexion de la tête dans l’embouchure ; mais complet ou non, cet acte qui n’a plus de raison d’être, le dégorgement du miel étant fini, précède invariablement l’entrée à reculons pour le dépôt du pollen. C’est ici presque mouvement de machine, dont un rouage ne marche que lorsque a commencé de tourner la roue qui le commande.


Chapitre XXI   Notes