« Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/47 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
Aucun résumé des modifications
m <poem>
 
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
naquit un homme petit, trapu et noir. Tout effrayé, il se tenait debout, dans la posture du respect<ref>Cette posture est appdée ''andjali''. Elle consiste à se placer devant une personne, la tête un peu inclinée, et les mains rapprochées l’une de l’autre avec les paumes en dessus qui for— ment une espèce de creux. Cette posture me semble indiquée dans le {{rom|viii|8}}{{e}} livre de l’Énéide : ''Surgit, et ætherei spectans orientia solis Lumina, ritè cavis undam de flumine palmis Sustulit''.</ref>. Atri, qui le voyait trembler, lui dit : « Âssieds-toi (''nichîda''). » C’est lui qui fut le père de la race des Nichâdas<ref>Encore une de ces étymologies forcées pour rendre compte des mots : c’est une manie chez les poëtes indiens. Un Nichâda est un homme qui n’a point de caste ; c’est, par exemple, le fils d’un Brahmane et d’une Soûdrâ.</ref>. Mais comme il était né sous l’influence de l’impiété de Véna, ses enfants furent pécheurs. Ô Djanamédjaya, sache que d’autres peuples habitant le Vindhya<ref>Le Vindhya ou Bindh est la chaîne de montagnes qui sépare l’Indostan du Décan.</ref> tels que les Touchâras<ref>''Touchâra'' veut dite ''froid'', ''glace''. On désigne sans doute par ce mot les peuples sauvages qui habitent le sommet des montagnes glacées.</ref> et les Toumbouras, barbares sans loi et sans religion, sont ainsi descendus de l’impie Véna.
naquit un homme petit, trapu et noir. Tout effrayé, il se tenait debout, dans la posture du respect<ref>Cette posture est appdée ''andjali''. Elle consiste à se placer devant une personne, la tête un peu inclinée, et les mains rapprochées l’une de l’autre avec les paumes en dessus qui forment une espèce de creux. Cette posture me semble indiquée dans le {{rom|viii|8}}{{e}} livre de l’Énéide : <poem>''Surgit, et ætherei spectans orientia solis''
''Lumina, ritè cavis undam de flumine palmis Sustulit''.</poem></ref>. Atri, qui le voyait trembler, lui dit : « Âssieds-toi (''nichîda''). » C’est lui qui fut le père de la race des Nichâdas<ref>Encore une de ces étymologies forcées pour rendre compte des mots : c’est une manie chez les poëtes indiens. Un Nichâda est un homme qui n’a point de caste ; c’est, par exemple, le fils d’un Brahmane et d’une Soûdrâ.</ref>. Mais comme il était né sous l’influence de l’impiété de Véna, ses enfants furent pécheurs. Ô Djanamédjaya, sache que d’autres peuples habitant le Vindhya<ref>Le Vindhya ou Bindh est la chaîne de montagnes qui sépare l’Indostan du Décan.</ref> tels que les Touchâras<ref>''Touchâra'' veut dite ''froid'', ''glace''. On désigne sans doute par ce mot les peuples sauvages qui habitent le sommet des montagnes glacées.</ref> et les Toumbouras, barbares sans loi et sans religion, sont ainsi descendus de l’impie Véna.


Cependant les Maharchis, toujours irrités, prirent son bras droit et l’agitèrent, comme on agite l’''arani''<ref>L’''arani'' est l’instrument avec lequel les Brahmanes allument le feu du sacrifice. On fait avec le bois de samî une pièce cubique de cinq pouces de diamètre, ayant une petite ouverture dans la partie supérieure, où l’on introduit un morceau d’''aswattha'' que tirent deux personnes, chacune de son côté : la friction produit du feu.</ref>. Pareil à une flamme brillante, Prithou en sortit : son corps resplendissait comme un feu éblouissant. Il avait à sa main l’arc divin et retentissant qu’on appelle ''Adjagava''<ref>C’est le nom de l’arc de Siva.</ref>, sur ses épaules des flèches sacrées, et autour de son corps une armure étincelante. Il venait de naître, et déjà tous les mortels, ivres de joie, accouraient en foule auprès de lui. Son père fut transporté dans le séjour des dieux, ô noble rejeton de Courou : il dut à la piété de son généreux fils d’être sauvé de l’enfer destiné aux hommes morts sans enfants<ref name=page47>Le Padma-pourâna donne des détails sur la vie de Véna. On y lit qu’il avait embrassé la</ref>.
Cependant les Maharchis, toujours irrités, prirent son bras droit et l’agitèrent, comme on agite l’''arani''<ref>L’''arani'' est l’instrument avec lequel les Brahmanes allument le feu du sacrifice. On fait avec le bois de samî une pièce cubique de cinq pouces de diamètre, ayant une petite ouverture dans la partie supérieure, où l’on introduit un morceau d’''aswattha'' que tirent deux personnes, chacune de son côté : la friction produit du feu.</ref>. Pareil à une flamme brillante, Prithou en sortit : son corps resplendissait comme un feu éblouissant. Il avait à sa main l’arc divin et retentissant qu’on appelle ''Adjagava''<ref>C’est le nom de l’arc de Siva.</ref>, sur ses épaules des flèches sacrées, et autour de son corps une armure étincelante. Il venait de naître, et déjà tous les mortels, ivres de joie, accouraient en foule auprès de lui. Son père fut transporté dans le séjour des dieux, ô noble rejeton de Courou : il dut à la piété de son généreux fils d’être sauvé de l’enfer destiné aux hommes morts sans enfants<ref name=page47>Le Padma-pourâna donne des détails sur la vie de Véna. On y lit qu’il avait embrassé la</ref>.

Dernière version du 5 octobre 2017 à 12:56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naquit un homme petit, trapu et noir. Tout effrayé, il se tenait debout, dans la posture du respect[1]. Atri, qui le voyait trembler, lui dit : « Âssieds-toi (nichîda). » C’est lui qui fut le père de la race des Nichâdas[2]. Mais comme il était né sous l’influence de l’impiété de Véna, ses enfants furent pécheurs. Ô Djanamédjaya, sache que d’autres peuples habitant le Vindhya[3] tels que les Touchâras[4] et les Toumbouras, barbares sans loi et sans religion, sont ainsi descendus de l’impie Véna.

Cependant les Maharchis, toujours irrités, prirent son bras droit et l’agitèrent, comme on agite l’arani[5]. Pareil à une flamme brillante, Prithou en sortit : son corps resplendissait comme un feu éblouissant. Il avait à sa main l’arc divin et retentissant qu’on appelle Adjagava[6], sur ses épaules des flèches sacrées, et autour de son corps une armure étincelante. Il venait de naître, et déjà tous les mortels, ivres de joie, accouraient en foule auprès de lui. Son père fut transporté dans le séjour des dieux, ô noble rejeton de Courou : il dut à la piété de son généreux fils d’être sauvé de l’enfer destiné aux hommes morts sans enfants[7].


    rique. Qu’est-ce que le pied gauche, ou la main droite de Véna ? Ne serait-ce pas une partie de son royaume ? Le côté droit, en sanscrit, est le midi. Véna, prince orgueilleux et impie, veut régner sans les Brahmanes, qui se vengent de lui en soulevant les diverses contrées de son empire, et finissent par lui donner un successeur. Le mot sanscrit qui signifie battre exprime l’opération par laquelle on fait le beurre. Rien de plus commun chez les Indiens que ces images où figurent et le lait et le beurre. La Terre est une vache dont tous les êtres boivent le lait. Sous la forme de Lakchmî, elle est sortie, comme une espèce de beurre, de la mer barattée par les dieux. Ici les Maharchis se livrent à une opération pareille : c’est un barattement.

  1. Cette posture est appdée andjali. Elle consiste à se placer devant une personne, la tête un peu inclinée, et les mains rapprochées l’une de l’autre avec les paumes en dessus qui forment une espèce de creux. Cette posture me semble indiquée dans le viiie livre de l’Énéide :

    Surgit, et ætherei spectans orientia solis
    Lumina, ritè cavis undam de flumine palmis Sustulit.

  2. Encore une de ces étymologies forcées pour rendre compte des mots : c’est une manie chez les poëtes indiens. Un Nichâda est un homme qui n’a point de caste ; c’est, par exemple, le fils d’un Brahmane et d’une Soûdrâ.
  3. Le Vindhya ou Bindh est la chaîne de montagnes qui sépare l’Indostan du Décan.
  4. Touchâra veut dite froid, glace. On désigne sans doute par ce mot les peuples sauvages qui habitent le sommet des montagnes glacées.
  5. L’arani est l’instrument avec lequel les Brahmanes allument le feu du sacrifice. On fait avec le bois de samî une pièce cubique de cinq pouces de diamètre, ayant une petite ouverture dans la partie supérieure, où l’on introduit un morceau d’aswattha que tirent deux personnes, chacune de son côté : la friction produit du feu.
  6. C’est le nom de l’arc de Siva.
  7. Le Padma-pourâna donne des détails sur la vie de Véna. On y lit qu’il avait embrassé la