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L’Aumosnier<ref>''A'' L’ausmonier</ref> luy dit lors,<ref follow="p091-14">la peau, et se voyant et sentant mourir, il fit venir pour estre consolé l’un des |
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Religieux nommé Jacques Desguez, âgé de {{rom|lxxv|75}} [''1604-1630'' aagé de soixante et |
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quinze ans], {{Ancre|P34_L25}}Aumosnier de Sainct Cosme, et issu de noble maison (car ceste religion |
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veux mourir en la Religion Catholique comme mes ayeux, bisayeux, trisayeux, et |
veux mourir en la Religion Catholique comme mes ayeux, bisayeux, trisayeux, et |
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comme j’ay [''1609-1623'' l’ay | ''1630'' je l’ay] tesmoigné assez par mes escrits.</ref> qu’il ne l’entendoit en ceste sorte, |
comme j’ay [''1609-1623'' l’ay | ''1630'' je l’ay] tesmoigné assez par mes escrits.</ref> qu’il ne l’entendoit en ceste sorte, |
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mais que ce qu’il luy avoit dit, estoit<ref>''C'' qu’il ne l’entendoit en ceste façon, mais que ce qui luy en avoit dit, estoit |
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[''1604-1630'' ce qu’il luy en avoit dit, estoit]</ref> pour sçavoir s’il vouloit |
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ordonner quelque chose par forme de derniere volonté, et pour |
ordonner quelque chose par forme de derniere volonté, et pour |
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tirer de lui mesmes ceste resolution de bien mourir, qui<ref>''A'' de bien mourir qui</ref> a grand |
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efficace, quand elle nait en nous mesmes sans l’attendre d’autruy. |
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Ronsard alors print la parole et luy dit : Je desire |
Ronsard alors print la parole et luy dit : Je desire<ref>''C'' Ronsard alors luy dist, je desire</ref> donc que vous |
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et voz confreres soyez tesmoins de mes dernieres actions<ref>''A deux points après'' actions</ref>. Lesquels |
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étant venus, il<ref>''B'' Lesquels venus, il | C Alors il</ref> commença à discourir de sa vie, monstrant avec |
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grande repentance qu’il renonçoit à toutes les blandices de ce monde, |
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s’esjoüissant |
s’esjoüissant<ref>''C'' monde, qu’il estoit un tres-grand pecheur, s’esjoüissant</ref> que par ses douleurs Dieu l’eust comme reveillé |
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pour<ref>''C'' reveillé d’un profond sommeil pour</ref> n’oublier celuy qu’en prosperité nous oublions ordinairement : |
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le remerciant de bon cœur<ref>''C'' le remerciant infiniment</ref> de ce qu’il luy avoit donné |
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temps de se recognoistre, demandant pardon à chacun, disant à |
temps de se recognoistre, demandant pardon à chacun, disant à |
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toute heure : Je n’ay aucune haine contre personne, ainsi me puisse |
toute heure : Je n’ay aucune haine contre personne, ainsi me puisse |
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chacun pardonner. Puis s’addressa à ses Religieux, les enhortant de |
chacun pardonner. Puis s’addressa à ses Religieux, les enhortant de |
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bien vivre, et de vaquer soigneusement à leur devoir : que la mort<ref>''AB'' à leur devoir : Que la mort | ''C'' Puis s’adressant aux assistans, et les |
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exhortant à bien vivre, et de vacquer soigneusement à leur devoir, leur dit, que la |
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aucun prejugé de crimes et meschancetez {{ancre|P34_L18|{{lia|Commentaire historique et critique|P34_L18|*|243}}}}. Ce fait, il pria<ref>''A'' meschancetez : ce fait il pria</ref> que |
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l’un des Religieux celebrast devant luy, et apres il se | fit administrer [25] |
l’un des Religieux celebrast devant luy, et apres il se | fit administrer [25] |
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les Sacremens, attendant avec une grande constance et resolution, |
les Sacremens, attendant avec une grande constance et resolution, |
Version du 15 juillet 2021 à 02:20
L’Aumosnier[1] luy dit lors, qu’il ne l’entendoit en ceste sorte, mais que ce qu’il luy avoit dit, estoit[2] pour sçavoir s’il vouloit ordonner quelque chose par forme de derniere volonté, et pour tirer de lui mesmes ceste resolution de bien mourir, qui[3] a grand efficace, quand elle nait en nous mesmes sans l’attendre d’autruy. Ronsard alors print la parole et luy dit : Je desire[4] donc que vous et voz confreres soyez tesmoins de mes dernieres actions[5]. Lesquels étant venus, il[6] commença à discourir de sa vie, monstrant avec grande repentance qu’il renonçoit à toutes les blandices de ce monde, s’esjoüissant[7] que par ses douleurs Dieu l’eust comme reveillé pour[8] n’oublier celuy qu’en prosperité nous oublions ordinairement : le remerciant de bon cœur[9] de ce qu’il luy avoit donné temps de se recognoistre, demandant pardon à chacun, disant à toute heure : Je n’ay aucune haine contre personne, ainsi me puisse chacun pardonner. Puis s’addressa à ses Religieux, les enhortant de bien vivre, et de vaquer soigneusement à leur devoir : que la mort[10] la plus douce estoit celle à qui la propre conscience n’apportoit aucun prejugé de crimes et meschancetez *. Ce fait, il pria[11] que l’un des Religieux celebrast devant luy, et apres il se | fit administrer [25] les Sacremens, attendant avec une grande constance et resolution, à laquelle il s’estoit de long temps preparé, que Dieu disposast de luy [12]. Le lendemain il composa les deux derniers Sonets,
- ↑ A L’ausmonier
- ↑ C qu’il ne l’entendoit en ceste façon, mais que ce qui luy en avoit dit, estoit [1604-1630 ce qu’il luy en avoit dit, estoit]
- ↑ A de bien mourir qui
- ↑ C Ronsard alors luy dist, je desire
- ↑ A deux points après actions
- ↑ B Lesquels venus, il | C Alors il
- ↑ C monde, qu’il estoit un tres-grand pecheur, s’esjoüissant
- ↑ C reveillé d’un profond sommeil pour
- ↑ C le remerciant infiniment
- ↑ AB à leur devoir : Que la mort | C Puis s’adressant aux assistans, et les exhortant à bien vivre, et de vacquer soigneusement à leur devoir, leur dit, que la mort
- ↑ A meschancetez : ce fait il pria
- ↑ C Cela fait, le jour de la Nativité de nostre Seigneur il pria (1609-1623 Seigneur, il pria) le Sous-prieur d’oüir sa confession, celebrer en sa chambre, et luy distribuer la Communion, qu’il receut d’une singuliere devotion, et plus grande qu’on n’eust attendu d’un personnage nourry parmy les desbauches irreligieuses d’une
la peau, et se voyant et sentant mourir, il fit venir pour estre consolé l’un des Religieux nommé Jacques Desguez, âgé de lxxv [1604-1630 aagé de soixante et quinze ans], Aumosnier de Sainct Cosme, et issu de noble maison (car ceste religion n’en reçoit d’autre sorte), auquel, ainsi qu’il luy eust demandé de quelle resolution il vouloit mourir, il respondit assez aigrement et promptement en ceste sorte : Qui vous fait dire cela, mon bon amy ? doutez vous de ma volonté ? je veux mourir en la Religion Catholique comme mes ayeux, bisayeux, trisayeux, et comme j’ay [1609-1623 l’ay | 1630 je l’ay] tesmoigné assez par mes escrits.