« Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/171 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
Phe-bot (discussion | contributions)
Ernest-Mtl: split
 
Phe-bot (discussion | contributions)
m Typographie
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<nowiki />
<nowiki />


«Ne me jugez pas d'après elle. Vous ne me connaissez pas, me
« Ne me jugez pas d’après elle. Vous ne me connaissez pas, me
répondit-il. J'ai adopté le couvent comme un lieu de paix et de
répondit-il. J’ai adopté le couvent comme un lieu de paix et de
retraite, et cette robe comme une égide commode contre la vie et ses
retraite, et cette robe comme une égide commode contre la vie et ses
tourmens ; je ne suis pas de l'ordre de Saint-François. Les moines de
tourmens ; je ne suis pas de l’ordre de Saint-François. Les moines de
ce pays, classe d'hommes dont on dit tant de mal, sont d'une admirable
ce pays, classe d’hommes dont on dit tant de mal, sont d’une admirable
tolérance ; ils me laissent porter leur costume, partager leur vie, et ne
tolérance ; ils me laissent porter leur costume, partager leur vie, et ne
m'imposent pas leurs croyances ; ils me souffrent et m'aiment. Je suis
m’imposent pas leurs croyances ; ils me souffrent et m’aiment. Je suis
protestant. Que cela ne vous étonne pas : nous autres philosophes de
protestant. Que cela ne vous étonne pas : nous autres philosophes de
France et d'Angleterre nous ne savons pas ce que les couvens d'Italie et
France et d’Angleterre nous ne savons pas ce que les couvens d’Italie et
d'Espagne renferment de lumières et de bon sens. Jamais nos moines ne me
d’Espagne renferment de lumières et de bon sens. Jamais nos moines ne me
font subir l'ennui d'aucune controverse ; je vis avec eux, et j'y vis...
font subir l’ennui d’aucune controverse ; je vis avec eux, et j’y vis…
tranquille.»
tranquille. »


A ce dernier mot il hésita, il s'arrêta, il n'osait pas dire ''heureux''.
A ce dernier mot il hésita, il s’arrêta, il n’osait pas dire ''heureux''.
Une rêverie plus sombre nuagea ce front pensif ; des idées tristes
Une rêverie plus sombre nuagea ce front pensif ; des idées tristes
l'assiégeaient. Il garda quelques momens le silence, appuya sa tête
l’assiégeaient. Il garda quelques momens le silence, appuya sa tête
rasée entre ses mains, et me dit :
rasée entre ses mains, et me dit :


«Je suis du comté de Herford. Quan
« Je suis du comté de Herford. Quan

Version du 5 mars 2016 à 01:58

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Ne me jugez pas d’après elle. Vous ne me connaissez pas, me répondit-il. J’ai adopté le couvent comme un lieu de paix et de retraite, et cette robe comme une égide commode contre la vie et ses tourmens ; je ne suis pas de l’ordre de Saint-François. Les moines de ce pays, classe d’hommes dont on dit tant de mal, sont d’une admirable tolérance ; ils me laissent porter leur costume, partager leur vie, et ne m’imposent pas leurs croyances ; ils me souffrent et m’aiment. Je suis protestant. Que cela ne vous étonne pas : nous autres philosophes de France et d’Angleterre nous ne savons pas ce que les couvens d’Italie et d’Espagne renferment de lumières et de bon sens. Jamais nos moines ne me font subir l’ennui d’aucune controverse ; je vis avec eux, et j’y vis… tranquille. »

A ce dernier mot il hésita, il s’arrêta, il n’osait pas dire heureux. Une rêverie plus sombre nuagea ce front pensif ; des idées tristes l’assiégeaient. Il garda quelques momens le silence, appuya sa tête rasée entre ses mains, et me dit :

« Je suis du comté de Herford. Quan