« Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/57 » : différence entre les versions
m Ernest-Mtl: split |
Aucun résumé des modifications |
||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
quoy premier en luy |
quoy premier en luy ie doibue admirer, ou son oultrecuidance, ou sa besterie. |
||
Son oultrecuidance, qui sans raison, sans cause, & sans apparence, a ausé prescripre de son autorité priuee quelles choses seroient denotees par les couleurs : ce que est l’vsance des tyrans qui voulent leurs arbitre tenir lieu de raison : non des saiges & scauans qui par raisons manifestes contentent les lecteurs. |
|||
Sa besterie, qui a existimé que sans aultres demonstrations & argumens valables le monde reigleroit ses deuises par ses impositions badaudes. |
|||
De faict (comme dict le |
De faict (comme dict le prouerbe, à cul de foyrad tousiours abonde merde), il a trouué quelque reste de niays du temps des haultz bonnetz : lesquelz ont eu foy à ses escripts. Et selon iceulx ont taillé leurs apophthegmes & dictez : en ont encheuestré leurs muletz : vestu leurs pages, escartelé leurs chausses, brodé leurs guandz : frangé leurs lictz : painct leurs enseignes : composé chansons : & (que pis est) faict impostures et lasches tours clandestinement entre les pudicques matrones. |
||
En pareilles tenebres sont comprins ces glorieux de court |
En pareilles tenebres sont comprins ces glorieux de court & transporteurs de noms : lesquelz voulens en leurs diuises signifier espoir, font protraire vne sphere : des pennes d’oiseaulx pour poines : de l’ancholie, pour melancholie : la Lune bicorne, pour viure en croissant : un banc rompu, pour bancque roupte : non & un alcret, pour non durhabit, un lict sans ciel pour un licentié, que sont homonymies tant ineptes, tant fades, tant rusticques et barbares, que l’on doibvroit atacher une queue de renard au collet et faire un masque d’une bouze de vache à un chascun d’iceulx qui en vouldroit dorenavant user en France, après la restitution des bonnes lettres. |
Version du 13 décembre 2017 à 10:53
quoy premier en luy ie doibue admirer, ou son oultrecuidance, ou sa besterie.
Son oultrecuidance, qui sans raison, sans cause, & sans apparence, a ausé prescripre de son autorité priuee quelles choses seroient denotees par les couleurs : ce que est l’vsance des tyrans qui voulent leurs arbitre tenir lieu de raison : non des saiges & scauans qui par raisons manifestes contentent les lecteurs.
Sa besterie, qui a existimé que sans aultres demonstrations & argumens valables le monde reigleroit ses deuises par ses impositions badaudes.
De faict (comme dict le prouerbe, à cul de foyrad tousiours abonde merde), il a trouué quelque reste de niays du temps des haultz bonnetz : lesquelz ont eu foy à ses escripts. Et selon iceulx ont taillé leurs apophthegmes & dictez : en ont encheuestré leurs muletz : vestu leurs pages, escartelé leurs chausses, brodé leurs guandz : frangé leurs lictz : painct leurs enseignes : composé chansons : & (que pis est) faict impostures et lasches tours clandestinement entre les pudicques matrones.
En pareilles tenebres sont comprins ces glorieux de court & transporteurs de noms : lesquelz voulens en leurs diuises signifier espoir, font protraire vne sphere : des pennes d’oiseaulx pour poines : de l’ancholie, pour melancholie : la Lune bicorne, pour viure en croissant : un banc rompu, pour bancque roupte : non & un alcret, pour non durhabit, un lict sans ciel pour un licentié, que sont homonymies tant ineptes, tant fades, tant rusticques et barbares, que l’on doibvroit atacher une queue de renard au collet et faire un masque d’une bouze de vache à un chascun d’iceulx qui en vouldroit dorenavant user en France, après la restitution des bonnes lettres.