« Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/124 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
 
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
(Aucune différence)

Version du 22 juillet 2018 à 08:04

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’aspect du vrai mérite, tel que nous le montre Horace, cheminant loin des sentiers vulgaires, loin des intrigues, des cabales, des suffrages mendiés, des refus dégradants, renversant tous les obstacles, s’élevant d’un vol généreux au-dessus des turpitudes de la terre, resplendissant d’une gloire sans tache, et conquérant l’immortalité. »

Laurent Bigot, continuant cette ode si belle, venait de lire la strophe énergique où le poète peint le châtiment boiteux, saisissant d’une main ferme le coupable qui s’était cru sauvé, lorsque, tout-à-coup, un bruit se fit entendre à la porte de la galerie, et un magistrat fut introduit ; du moins son costume ne permettait pas de s’y méprendre ; car, en cet instant, à son extrême pâleur, à l’altération de ses traits, à son attitude humiliée, on aurait cru voir, non le lieutenant-criminel de Rouen, juge intègre et révéré, mais plutôt un de ces grands coupables qui, chaque jour, venaient trembler devant lui.

« J’ai failli, dit-il tout d’abord à Laurent Bigot, j’ai failli, je le confesse ; mais, de grâce, ne me condamnez pas sans m’entendre. »

Alors, le lieutenant-criminel commença son récit, que l’avocat du Roi écouta avec calme, tandis que les deux jeunes gens prêtaient l’oreille avec l’avide curiosité de leur âge.