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temple à jamais, adieu ! Malgré moi mes genoux plient et, ma bouche tremble en te disant ce mot sans retour. Encore un regard, encore l’offrande d’une couronne de roses nouvelles, les premières du printemps, et adieu ! C’est assez d’offrandes, c’est assez de prosternation ! Dieu insatiable, prends des lévites plus jeunes et plus heureux que moi, ne me compte plus au nombre de ceux qui viennent t’invoquer. — Mais, il m’est impossible, hélas ! en te quittant, de te maudire, ô tourments et délices ! je ne peux même pas te jeter un reproche ; je déposerai à tes pieds une urne funéraire, emblème de mon éternel veuvage. Tes jeunes lévites la jetteront par terre en dansant autour de ta statue : ils la briseront et continueront d’aimer. Règne, amour, règne, en attendant que la vertu et la république te coupent les ailes… »

La république, à ce qu’il paraît, n’avait point coupé les ailes à l’amour, mais l’un de ses fervents avait appris à l’anachorète de Nohant à sacrifier aussi à d’autres dieux. Et le second des deux récits que nous avons nommé, le Dieu inconnu, l’une des œuvres les plus parfaites de George Sand par son style, sa concision et son fini, nous apprend qu’à l’époque de la persécution des chrétiens, et de la décadence romaine, une belle grande dame de la Rome païenne, ne trouvant plus aucune satisfaction ni dans son ancienne foi, ni dans ses plaisirs, vient un jour aux catacombes trouver Pamphile, — un saint vieillard vénéré de tous les chrétiens, — et le supplie de la sauver, de la guérir de son désespoir, de lui apprendre à croire, ne fut-ce qu’à un « Dieu inconnu ». Pamphile lui enseigne en effet à chercher sa consolation dans le contraire de ce qu’elle avait considéré jusque-là comme le bonheur : dans le renoncement aux jouissances personnelles, à l’égoïsme, à l’a-