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Un petit cimetière de campagne. Par-dessus le mur de pierres inégales, non cimentées, entre lesquelles il y avait des jours, se renflaient les collines de terre rouge, fraîchement remuées par la charrue. On entendait au loin tinter le soc contre les pierres et, parlant aux chevaux, le laboureur. Les églantines fleurissaient aux haies. L’air tiède et pur était comme une jeune bouche. Et tout le reste était silence, — où s’éboulait la terre sèche sur le cercueil. Annette était là, penchée, et elle écouta, et elle vit tout, jusqu’à la fin. Elle lui disait :

— « Je suis là. Dors ! »

Il lui semblait qu’elle bordait dans son lit son enfant. Elle renvoya Julien. Elle resta seule, elle passa l’après-midi, assise au bord. Elle pensait :

— « Mon fils, mon fils !… Comme tu es loin, déjà ! Tu as pris de l’avance. Pourrai-je te rattraper ? »

Car une sorte d’illumination lui faisait voir le mort, comme un vivant qui s’éloignait, à grands pas. Et ses yeux suivaient, par-dessus le mur du cimetière, une silhouette d’homme qui s’en allait à travers champs. Il gravissait la colline ; et quand il fut arrivé au faîte, la silhouette se mit à décroître, s’enfonça de l’autre côté. Annette lui tendit les bras :