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même (et encore plus) si cette folie lui souffle : — « Viens ! Je te consolerai. » — Elle entend : — « Je mentirai ! Nous mentirons ensemble… » — Jamais ! Ce serait pour elle salir son deuil et son mort. Elle lui doit d’être vraie, comme il fut. Elle reste donc seule en face de lui et de son gouffre.

Et il ne lui reste plus qu’à mourir avec lui. Elle meurt…

Elle eut des jours et des nuits d’agonie intérieure, dont nul ne connut rien. Elle avait fermé sa porte. Aucun ami ne pouvait intervenir. Elle devait livrer ses combats, seule. D’affreux combats. Lorsque plus tard elle en sortit, elle avait brisé la passion la plus vitale qui la retint encore « enchantée ». Ce n’était pas seulement son fils, que les forces inconnues lui avaient donné, puis retiré. C’était elle-même, la mère, la femme, qu’elle avait laissée sur l’autre rive. Sa vie s’allongeait derrière elle, comme une ombre, au coucher du soleil. Sa vie la suivait encore. Mais c’était une ombre, près de se fondre dans la grande Ombre qui s’étendait sur la plaine. Que lui restait-il ? Qu’était-elle encore ? Elle était, sous l’immense paupière de cette Ombre, le regard intérieur de l’Être qui l’aspire.


Un matin, elle s’éveilla, comme du tombeau. Un esprit sans corps. Sa vie lui paraissait détachée d’elle. L’ombre lui tenait à peine encore aux talons…

Ce matin-là, le vieil ami italien, rentrant d’un voyage lointain, vint chez elle. Il ne l’avait point vue, depuis la mort de Marc. — Elle était, quand il entra, assise dans sa chambre. Pas un seul jour, elle n’avait consenti à s’aliter. Elle ne voulait pas subir les soins des siens et leur pitié. Ils ne remarquaient pas trop l’ébranlement de sa santé. Elle avait un apparent embonpoint,