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Annette, qui demanda à le connaître, vit un grand garçon, au poil roux, aux yeux candides et riants, en qui s’alliait, comme en bien d’autres de sa race, un esprit d’entreprise âpre et retors à une solidité de sentiment, d’une fraîcheur reposante. Il s’était épris sincèrement de Assia ; il ne voyait aucunement les différences des deux natures et des deux races : par réaction contre les préjugés de la sienne, il voulait croire que toutes les races étaient semblables, et il mettait à l’affirmer le même entêtement borné que ceux des siens qui se jugeaient de la race élue et refusaient aux autres l’égalité. Il n’était pourtant pas sans connaître les risques d’une compagne qui lui apportait un jeune passé déjà chargé : (on pouvait être sûr que Assia ne lui en avait rien caché ! Elle était loyale, jusqu’au vice). Mais Drake en acceptait les risques.

Il avait cette absurde et vigoureuse confiance de l’homme amoureux, et de l’Américain qui croit en sa force : c’est, après tout, la meilleure façon pour que les autres y croient ! Et (ce qui est mieux) il possédait ce respect américain pour la femme et pour les privilèges que les mâles Anglo-Saxons volontairement attribuent à leurs femelles, afin d’en rehausser, à leurs yeux, le prix.

Annette dit affectueusement à Assia qu’elle avait plus de chance qu’elle n’en méritait ; et après en avoir discuté avec elle, elle approuva son choix. Elle fut, en toutes ces circonstances, vraiment la mère de Assia. Elle ne tenait en considération que les intérêts de sa fille.

De son fils mort, il n’était pas question. Ce fut Assia qui en parla ; se taire sur ce qu’on a de profond et qui vous poigne était une vertu qu’elle ne connaissait point. Elle dit :