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REVUE DES DEUX MONDES.

un moment ; sur quoi un de ses fils lui retint le bras, ce qui nous donna le temps de nous reconnaître. Notre premier mouvement fut de nous mettre en défense, quoique nous eussions peu de chances de salut en présence d’ennemis aussi nombreux. Nous battîmes en retraite jusques vers le traîneau où j’avais laissé mon fusil ; et n’osant plus le quitter, car M. Abernethy était sans armes, nous attendîmes les suites de cette affaire en nous perdant en conjectures sur l’offense que nous avions pu commettre envers les naturels depuis la veille que nous nous étions séparés en bons amis.

« Le vieux Pow-weet-yah, toujours en fureur, était en ce moment tenu en respect par ses deux fils à la fois qui lui avaient attaché les bras derrière le dos, quoiqu’il se débattît violemment. Le reste de la troupe paraissait se tenir prêt à seconder l’attaque qu’il pourrait faire contre nous. Il était clair cependant, d’après la conduite des deux jeunes gens, qu’ils étaient d’avis différens, et que tous n’étaient pas animés des mêmes sentimens hostiles, de sorte que nous pouvions encore espérer de parlementer avant d’en venir aux dernières extrémités. Ils commencèrent à parler entre eux, et se séparèrent de manière à être en mesure de nous entourer, ce qu’ils avaient déjà presque fait, lorsque, ne me souciant pas qu’ils nous coupassent le chemin du bâtiment, je signifiai à ceux qui étaient sur nos derrières de s’arrêter. Ils s’arrêtèrent en effet et prirent conseil les uns des autres ; mais bientôt ils recommencèrent à nous entourer en brandissant leurs couteaux en signe de défi, suivant leur usage habituel. Ils avaient presque atteint leur but, lorsque, jugeant qu’une plus longue patience serait dangereuse, je mis mon fusil en joue ; j’allais faire feu lorsque heureusement je m’aperçus qu’il suffisait de la menace seule pour les tenir en arrêt. Sans perdre de temps, ceux qui nous serraient de plus près, rompirent leurs rangs en désordre et se retirèrent vers leurs huttes, en nous laissant le passage libre.

« Ne pouvant cependant persuader à aucun d’eux de s’avancer ou de répondre à mes questions, nous étions depuis près d’une demi-heure dans cet état de perplexité et d’attente, lorsque nous fûmes tirés d’embarras par le courage ou la confiance d’une femme qui sortit d’une hutte, au moment où je mettais de nouveau mon fusil en joue, et qui, me criant de ne pas tirer, s’avança près de nous sans donner le plus léger signe de frayeur.

« Nous apprîmes bientôt d’elle la cause vraiment absurde de tout ce tumulte, qui eût pu néanmoins se terminer d’une manière fatale, surtout pour nous. Un des fils adoptifs de Pow-weet-yah, bel enfant de sept ou huit ans, que nous connaissions, avait été tué la nuit précédente par une pierre qui lui était tombée sur la tête. On nous attribua cet accident, à cause des pouvoirs surnaturels que nous étions censés posséder, et le