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« Page:Tolstoï - Résurrection, trad. Wyzewa, 1900.djvu/81 » : différence entre les versions

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Nekhludov se rendit dans la salle à manger. Ses
Nekhludov se rendit dans la salle à manger. Ses
tantes, en grande toilette, le médecin, et une voisine
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répondait de travers, et ne pensait toujours qu’à Katucha, se rappelant la sensation de ce baiser qu’il lui avait pris. Soudain il entendit son pas dans le corridor; et dès ce moment il n’entendit plus rien d’autre. Quand
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Après le dîner, il rentra aussitôt dans sa chambre.
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Secoué d’émotion, longtemps il marcha de long en
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large, prêtant l’oreille à tous les bruits de la maison,
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avait complètement foulé aux pieds l’être aimant et loyal
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Seul, désormais, l’animal régnait dans son âme.
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voisine de celle qu’il occupait. Le médecin avait consenti à rester jusqu’au lendemain, et Katucha avait reçu
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confiant et joyeux d’auparavant : c’était un sourire plaintif, épouvanté. Il semblait dire à Nekhludov que ce qu’il faisait là était mal, qu’il ne devrait pas le faire. Et en vérité, pendant une minute, Nekhludov s’arrêta ; la lutte des deux hommes en lui faillit s’engager de nouveau.
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faisait là était mal, qu’il ne devrait pas le faire. Et en
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Version du 25 août 2009 à 16:27

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RÉSURRECTION

Nekhludov se rendit dans la salle à manger. Ses tantes, en grande toilette, le médecin, et une voisine étaient déjà à table. Tout se passait comme à l’ordinaire, mais dans l’âme de Nekhludov la tempête grondait. Il ne comprenait rien de ce qu’on lui disait, répondait de travers, et ne pensait toujours qu’à Katucha, se rappelant la sensation de ce baiser qu’il lui avait pris. Soudain il entendit son pas dans le corridor; et dès ce moment il n’entendit plus rien d’autre. Quand elle entra dans la salle, il ne leva pas les yeux sur elle, mais de tout son être il sentait, aspirait sa présence.

Après le dîner, il rentra aussitôt dans sa chambre. Secoué d’émotion, longtemps il marcha de long en large, prêtant l’oreille à tous les bruits de la maison, dans l’attente du pas de Katucha. L’animal, qui vivait en lui, à présent non seulement avait relevé la tête, mais avait complètement foulé aux pieds l’être aimant et loyal qu’avait été Nekhludov durant son premier séjour, qu’il avait été encore le matin de ce même jour, à l’église. Seul, désormais, l’animal régnait dans son âme.

Mais, bien qu’il ne cessât point d’épier la jeune fille, pas une fois, de toute la journée, il ne put se trouver seul avec elle. Evidemment, elle l’évitait. Vers le soir, cependant, elle fut obligée d’entrer dans une chambre voisine de celle qu’il occupait. Le médecin avait consenti à rester jusqu’au lendemain, et Katucha avait reçu l’ordre de lui préparer une chambre pour la nuit. Quand il entendit ses pas, Nekhludov, marchant sans bruit et retenant son souffle, comme s’il se préparait à commettre un crime, se glissa dans la chambre où elle était entrée.

Katucha avait passé ses deux mains dans une taie d’oreiller et s’apprêtait à y introduire l’oreiller, lors- qu’elle entendit la porte s’ouvrir. Elle se retourna vers Nekhludov et lui sourit ; mais ce n’était plus son sourire confiant et joyeux d’auparavant : c’était un sourire plaintif, épouvanté. Il semblait dire à Nekhludov que ce qu’il faisait là était mal, qu’il ne devrait pas le faire. Et en vérité, pendant une minute, Nekhludov s’arrêta ; la lutte des deux hommes en lui faillit s’engager de nouveau.