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il avait encouragé le commerce maritime, fortunées
compagnies, il devint, dans tous les écrits, le modèle
des grands ministres. Cependant les sciences politiques
firent partout des progrès : on cherchait à les
appuyer sur des principes généraux et fixes, on en
trouva quelques-uns. On observa dans l’administration
de Colbert un grand nombre de défauts ; mais
on avait besoin d’offrir un autre objet à l'admiration
publique, et on choisit Sully : le choix était heureux.
Ministre, confident, ami d’un roi dont la mémoire
est chérie et respectée, il avait conservé la réputation d’un homme d’une vertu forte, d’une franchise austère ; il avait été un sévère économe du trésor public : on opposa donc Sully à Colbert. On alla
plus loin : on supposa que chacun de ces ministres
avait un système d’administration, que ces systèmes
étaient opposés ; que l’un voulait favoriser l’agriculture, tandis que l’autre la sacrifiait à l’encouragement des manufactures. Mais il est facile, en lisant les lois qu’ils ont faites, de voir que ni l’un, ni l’autre n’eurent jamais un système ; de leur temps il était même impossible d’en avoir. Sully fut supérieur à Colbert, parce qu’il s’opposait avec courage aux dépenses que Henri voulait faire par générosité ou par faiblesse ; au lieu que Colbert flatta le goût de Louis XIV pour les fêtes et la pompe de la cour ; que Sully mérita la confiance de Henri JV, en sacrifiant pour lui ses biens et son sang ; et que Colbert, après avoir gagné la confiance de Mazarin, en l’aidant à augmenter ses trésors, obtint celle de Louis XIV, en se rendant le délateur de Fouquet et l’instrument de