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doivent produire une explosion », écrivait madame Jullien le 8 août. « ''L’Assemblée me semble trop faible pour seconder le vœu du peuple, et le peuple me semble trop fort pour se laisser dompter par elle''. De ce conflit, de cette lutte, doit résulter un événement : la liberté ou l'esclavage de vingt-cinq millions d'hommes. » (p. 211). Et plus loin : « La déchéance du roi, demandée par la majorité et rejetée par la minorité qui domine
doivent produire une explosion », écrivait madame Jullien le 8 août. « ''L’Assemblée me semble trop faible pour seconder le vœu du peuple, et le peuple me semble trop fort pour se laisser dompter par elle''. De ce conflit, de cette lutte, doit résulter un événement : la liberté ou l'esclavage de vingt-cinq millions d'hommes. » (p. 211). Et plus loin : « La déchéance du roi, demandée par la majorité et rejetée par la minorité qui domine
l'Assemblée, occasionnera le choc affreux qui se prépare. Le Sénat n’aura pas l’audace de la prononcer, et le peuple n’aura pas la lâcheté de souffrir le mépris qu’on fait de l’opinion publique. » Et lorsque l’Assemblée acquitte Lafayette, madame Jullien fait cette prophétie : « Mais tout cela nous achemine vers une catastrophe qui fait frémir les amis de l’humanité ; car ''il pleuvra du sang, je n’exagère point''. » (p. 213).</ref>.
l'Assemblée, occasionnera le choc affreux qui se prépare. Le Sénat n’aura pas l’audace de la prononcer, et le peuple n’aura pas la lâcheté de souffrir le mépris qu’on fait de l’opinion publique. » Et lorsque l’Assemblée acquitte Lafayette, madame Jullien fait cette prophétie : « Mais tout cela nous achemine vers une catastrophe qui fait frémir les amis de l’humanité ; car ''il pleuvra du sang, je n’exagère point''. » (p. 213).</ref>.
<ref follow="p377">été fait sans ma participation''… Le lendemain de son arrivée à Paris, je passai avec lui une partie de la nuit ; ''il fut question entre nous de déclarer la guerre aux Jacobins dans Paris même, et dans toute la force du terme''. » Leur plan était de réunir « tous les propriétaires qui étaient inquiets, tous les opprimés qui étaient nombreux » et de proclamer : ''Point de Jacobins, point de Coblentz'' ; d’entraîner le peuple au club des Jacobins, « d’arrêter leurs chefs, de saisir leurs papiers et de raser leur maison. M. de Lafayette le voulait de toute sa force ; il avait dit au roi : ''Il faut détruire les Jacobins physiquement et moralement''. Ses timides amis s’y opposèrent… Il me jura du moins que, de retour à son armée, il travaillerait sur-le-champ aux moyens de délivrer le roi. » Cette lettre de Lally-Tolendal est donnée en entier par Buchez et Roux, XVII, p. 227 et suiv.<br />
Et malgré tout, « les commissaires envoyés à Lafayette après le 10 août avaient dans leurs instructions de lui offrir la première place dans le nouvel ordre des choses ».<br />
La trahison, à l’Assemblée, parmi les Girondins, était, on le voit, plus profonde qu’on ne le pense.

Version du 24 juillet 2016 à 16:41

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« Mon Dieu, mon ami, que tout va mal ! » écrivait madame Jullien le 30 juin 1793, à son mari. « Car, remarquez que la conduite de l’Assemblée irrite tellement la masse que, quand il plaira à Louis XVI, de prendre le fouet de Louis XIV pour chasser ce débile parlement, on criera bravo de tous côtés, dans de bien différents sentiments, il est vrai ; mais qu’importe aux tyrans, pourvu que l’accord favorise leurs desseins ! L’aristocratie bourgeoise est dans le délire, le peuple dans l’abattement du désespoir, aussi les orages couvent. » (p. 164.)

Qu’on rapproche ces mots de deux de Chaumette cités plus haut ; et l’on comprendra que pour l’élément révolutionnaire de la population parisienne, l’Assemblée devait représenter un boulet attaché aux pieds de la Révolution [1]. <ref follow="p377">été fait sans ma participation… Le lendemain de son arrivée à Paris, je passai avec lui une partie de la nuit ; il fut question entre nous de déclarer la guerre aux Jacobins dans Paris même, et dans toute la force du terme. » Leur plan était de réunir « tous les propriétaires qui étaient inquiets, tous les opprimés qui étaient nombreux » et de proclamer : Point de Jacobins, point de Coblentz ; d’entraîner le peuple au club des Jacobins, « d’arrêter leurs chefs, de saisir leurs papiers et de raser leur maison. M. de Lafayette le voulait de toute sa force ; il avait dit au roi : Il faut détruire les Jacobins physiquement et moralement. Ses timides amis s’y opposèrent… Il me jura du moins que, de retour à son armée, il travaillerait sur-le-champ aux moyens de délivrer le roi. » Cette lettre de Lally-Tolendal est donnée en entier par Buchez et Roux, XVII, p. 227 et suiv.
Et malgré tout, « les commissaires envoyés à Lafayette après le 10 août avaient dans leurs instructions de lui offrir la première place dans le nouvel ordre des choses ».
La trahison, à l’Assemblée, parmi les Girondins, était, on le voit, plus profonde qu’on ne le pense.

  1. « Dans ces moments, l’horizon se charge de vapeurs qui doivent produire une explosion », écrivait madame Jullien le 8 août. « L’Assemblée me semble trop faible pour seconder le vœu du peuple, et le peuple me semble trop fort pour se laisser dompter par elle. De ce conflit, de cette lutte, doit résulter un événement : la liberté ou l'esclavage de vingt-cinq millions d'hommes. » (p. 211). Et plus loin : « La déchéance du roi, demandée par la majorité et rejetée par la minorité qui domine l'Assemblée, occasionnera le choc affreux qui se prépare. Le Sénat n’aura pas l’audace de la prononcer, et le peuple n’aura pas la lâcheté de souffrir le mépris qu’on fait de l’opinion publique. » Et lorsque l’Assemblée acquitte Lafayette, madame Jullien fait cette prophétie : « Mais tout cela nous achemine vers une catastrophe qui fait frémir les amis de l’humanité ; car il pleuvra du sang, je n’exagère point. » (p. 213).