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Ceux qu’une volupté sans larmes
Ceux qu’une volupté sans larmes
Nourrit d’un bonheur calme et doux,
Nourrit d’un bonheur calme et doux,
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Version du 9 octobre 2017 à 14:15

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POÉSIES DE LA VIE RÉELLE.


LA GRAND’TANTE.


Dans le calme logis qu’habite la grand’tante,
Tout rappelle les jours défunts de l’ancien temps :
La cour au puits sonore et la vieille servante,
Et les miroirs ternis qui datent de cent ans.

Le salon a gardé ses tentures de Flandre,
Où nymphes et bergers dansent au fond des bois ;
Aux heures du soleil couchant, on croit surprendre
Dans leurs yeux un éclair de l’amour d’autrefois.

Du coin sombre où sommeille une antique épinette,
Parfois un long soupir monte et fuit au hasard,
Comme un écho des jours où, pimpante et jeunette,
La grand’tante y jouait Rameau, Gluck et Mozart.

Un meuble en bois de rose est au fond de la chambre. S
es tiroirs odorans cachent plus d’un trésor :
Bonbonnières, flacons, sachets d’iris et d’ambre
D’où le souffle d’un siècle éteint s’exhale encor.

Un livre est seul parmi ces reliques fanées,
Et sous le papier mince et noirci d’un feuillet,
Une fleur sèche y dort depuis soixante années :
Le livre, c’est Zaïre, et la fleur, un œillet.

L’été, près, de la vitre, avec le vieux volume,
La grand’tante se fait rouler dans son fauteuil…
Est-ce le clair soleil ou l’air chaud qui rallume
La couleur de sa joue et l’éclat de son œil ?

Elle penche son front jauni comme un ivoire
Vers l’œillet qu’elle a peur de briser dans ses doigts :
Un souvenir d’amour chante dans sa mémoire,
Tandis que les pinsons gazouillent sur les toits.

Elle songe au matin où la fleur fut posée
Dans le vieux livre noir par la main d’un ami,
Et ses pleurs vont mouiller ainsi qu’une rosée
La page où soixante ans l’œillet rouge a dormi.


AMOUR OBSTINE.


Ceux qu’une volupté sans larmes
Nourrit d’un bonheur calme et doux,