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ses compagnons, c’est tout simple ; mais que le rappel d’une guerre
ses compagnons, c’est tout simple ; mais que le rappel d’une guerre
malheureuse dont les résultats pèsent si lourdement sur la nation
malheureuse dont les résultats pèsent si lourdement sur la nation
paissent donner lieu à une série d’interminables et coûteuses
puissent donner lieu à une série d’interminables et coûteuses
réjouissances cela dépasse un peu notre compréhension euro
réjouissances cela dépasse un peu notre compréhension européenne ;
péenne ; cela rompt tout au moins avec les usages suivis jusqu’à
cela rompt tout au moins avec les usages suivis jusqu’à
ce jour par la majorité des peuples. Il y a plus encore. Ce n’était
ce jour par la majorité des peuples. Il y a plus encore. Ce n’était
pas un péruvien qui commandait les troupes au cours de ces fêtes,
pas un péruvien qui commandait les troupes au cours de ces fêtes,
c’était le général Saenz Pena. Saenz Pena est jurisconsulte de son
c’était le général Saenz Peña. Saenz Peña est jurisconsulte de son
métier et porte dans l’habitude de la vie le titre de docteur, titre
métier et porte dans l’habitude de la vie le titre de docteur, titre
qu’il échangera prochainement peut-être pour celui de président
qu’il échangera prochainement peut-être pour celui de président
de la République… Argentine. Voici vingt-cinq ans, ce futur
de la République
chef d’État, bouillonnant de jeunesse, riche et ambitieux, apporta

Argentine. Voici vingt-cinq, ans ce futur

chef d’Etat, bouillonnant de jeunesse, riche et ambitieux, apporta
son épée de volontaire au service du Pérou. Il fut un des rares
son épée de volontaire au service du Pérou. Il fut un des rares
survivants d’Arica ; Lima, en lui rendant des honneurs excep
survivants d’Arica ; Lima, en lui rendant des honneurs exceptionnels,
tionnels, ne fait qu’acquitter une dette de reconnaissance. Tout de
ne fait qu’acquitter une dette de reconnaissance. Tout de
même placer l’armée nationale sous le commandement d’un étran
même placer l’armée nationale sous le commandement d’un étranger
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pour commémorer en grande pompe un échec retentissant,
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c’est original, il n’y a pas à dire ! Heureusement pour eux, les
Péruviens ont d’autres occupations. Ils discutent en ce moment un
Péruviens ont d’autres occupations. Ils discutent en ce moment un
projet colossal et relativement aisé. Ce serait l’utilisation électri
projet colossal et relativement aisé. Ce serait l’utilisation électrique
que des eaux du fameux lac Titicaca qui est situé à plus de 3.700
des eaux du fameux lac Titicaca qui est situé à plus de 3.700
mètres au dessus du niveau de la mer et présente une superficie
mètres au dessus du niveau de la mer et présente une superficie
d’environ 6.000 kilomètres carrés. Si on le desséchait on dispose
d’environ 6.000 kilomètres carrés. Si on le desséchait on disposerait,
rait, parait-il, d’une force annuelle de ai3.ooo chevaux pendant
paraît-il, d’une force annuelle de 213.000 chevaux pendant
centannées. Mais, sans parler des autres inconvénients, ce ne serait
cent années. Mais, sans parler des autres inconvénients, ce ne serait
pas gentil pour ceux de l’an 2.000. Aussi cherehe-t-on plus simple
pas gentil pour ceux de l’an 2.000. Aussi cherche-t-on plus simplement
ment à remplacer les déversoirs partiels et inutilisés du lac par
à remplacer les déversoirs partiels et inutilisés du lac par
un déversoir unique qui dépasserait en puissance les chutes mêmes
un déversoir unique qui dépasserait en puissance les chutes mêmes
du Niagara. Après être sortie des turbines l’eau servirait à irri
du Niagara. Après être sortie des turbines l’eau servirait à irriguer
guer la côte sur laquelle il ne pleut jamais. Deux objections :
la côte sur laquelle il ne pleut jamais. Deux objections :
premièrement le lac Titicaca est légèrement salé ; deuxièmement
premièrement le lac Titicaca est légèrement salé ; deuxièmement
il est entouré de montagnes de 4-ooo mètres. Mais le projet dû à
il est entouré de montagnes de 4.000 mètres. Mais le projet dû à
l’ingénieur Guarini, professeur à l’école des arts et métiers du
l’ingénieur Guarini, professeur à l’école des arts et métiers du
Pérou, établit qu’il serait possible d’opérer une distillation suffi
Pérou, établit qu’il serait possible d’opérer une distillation suffisante
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par l’électricité et que le creusement d’un tunnel d’écoulement
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n’aurait rien de surhumain. Il s’agirait d’une dépense totale
de deux cents millions et, certes, cela en vaudrait la peine car ce
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serait la rénovation matérielle du Pérou — la création de l’Eldo
serait la rénovation matérielle du Pérou — la création de l’Eldorado
rado rêvé par les aventuriers de la conquête espagnole !
rêvé par les aventuriers de la conquête espagnole !

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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

ses compagnons, c’est tout simple ; mais que le rappel d’une guerre malheureuse dont les résultats pèsent si lourdement sur la nation puissent donner lieu à une série d’interminables et coûteuses réjouissances cela dépasse un peu notre compréhension européenne ; cela rompt tout au moins avec les usages suivis jusqu’à ce jour par la majorité des peuples. Il y a plus encore. Ce n’était pas un péruvien qui commandait les troupes au cours de ces fêtes, c’était le général Saenz Peña. Saenz Peña est jurisconsulte de son métier et porte dans l’habitude de la vie le titre de docteur, titre qu’il échangera prochainement peut-être pour celui de président de la République… Argentine. Voici vingt-cinq ans, ce futur chef d’État, bouillonnant de jeunesse, riche et ambitieux, apporta son épée de volontaire au service du Pérou. Il fut un des rares survivants d’Arica ; Lima, en lui rendant des honneurs exceptionnels, ne fait qu’acquitter une dette de reconnaissance. Tout de même placer l’armée nationale sous le commandement d’un étranger pour commémorer en grande pompe un échec retentissant, c’est original, il n’y a pas à dire ! Heureusement pour eux, les Péruviens ont d’autres occupations. Ils discutent en ce moment un projet colossal et relativement aisé. Ce serait l’utilisation électrique des eaux du fameux lac Titicaca qui est situé à plus de 3.700 mètres au dessus du niveau de la mer et présente une superficie d’environ 6.000 kilomètres carrés. Si on le desséchait on disposerait, paraît-il, d’une force annuelle de 213.000 chevaux pendant cent années. Mais, sans parler des autres inconvénients, ce ne serait pas gentil pour ceux de l’an 2.000. Aussi cherche-t-on plus simplement à remplacer les déversoirs partiels et inutilisés du lac par un déversoir unique qui dépasserait en puissance les chutes mêmes du Niagara. Après être sortie des turbines l’eau servirait à irriguer la côte sur laquelle il ne pleut jamais. Deux objections : premièrement le lac Titicaca est légèrement salé ; deuxièmement il est entouré de montagnes de 4.000 mètres. Mais le projet dû à l’ingénieur Guarini, professeur à l’école des arts et métiers du Pérou, établit qu’il serait possible d’opérer une distillation suffisante par l’électricité et que le creusement d’un tunnel d’écoulement n’aurait rien de surhumain. Il s’agirait d’une dépense totale de deux cents millions et, certes, cela en vaudrait la peine car ce serait la rénovation matérielle du Pérou — la création de l’Eldorado rêvé par les aventuriers de la conquête espagnole !