Aller au contenu

« Page:Lebel - Les amours de W Benjamin, 1931.djvu/23 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page corrigée
+
Page validée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 20 : Ligne 20 :
D’un mouvement rapide comme la pensée
D’un mouvement rapide comme la pensée
il se baissa et mordit à pleine dents la main
il se baissa et mordit à pleine dents la main
de Grossmann. Grossmann poussa un cri de douleur et lâcha
de Grossmann.
Grossmann poussa un cri de douleur et lâcha
prise.
prise.


Ligne 35 : Ligne 37 :


Et d’un solide coup d’épaule ce dernier envoya
Et d’un solide coup d’épaule ce dernier envoya
l’Allemand rouler à dix pas sur la chaussée et.
l’Allemand rouler à dix pas sur la chaussée et
suivi de Tonnerre qui s’était emparé de la valise,
suivi de Tonnerre qui s’était emparé de la valise,
partit dans une course de géant.
partit dans une course de géant.
Ligne 72 : Ligne 74 :
tomber dans la cour, au fond de laquelle s’élevait
tomber dans la cour, au fond de laquelle s’élevait
une maison aux fenêtres closes et obscures.
une maison aux fenêtres closes et obscures.

Tous deux s’avancèrent à pas de loup vers
Tous deux s’avancèrent à pas de loup vers
la maison, avec l’espoir de trouver à l’arrière
la maison, avec l’espoir de trouver à l’arrière
Ligne 77 : Ligne 80 :
noire et déserte.
noire et déserte.


Mats comme ils atteignaient la maison, les
Mais comme ils atteignaient la maison, les
hurlements d’un chien à la chaîne s’élevèrent
hurlements d’un chien à la chaîne s’élevèrent
dans la nuit paisible. Puis un châssis à l’étage
dans la nuit paisible. Puis un châssis à l’étage
Ligne 105 : Ligne 108 :


— Nous les tenons ! firent des voix à quelques
— Nous les tenons ! firent des voix à quelques
pas de là. Et six hommes se précipitèrent bientôt.
pas de là. Et six hommes se précipitèrent bientôt
et tombèrent sur Alpaca et Tonnerre qui ne
voulurent offrir aucune résistance.
voulurent offrir aucune résistance.


Ligne 121 : Ligne 125 :


— La valise qu’ils m’ont volée, les brigands !
— La valise qu’ils m’ont volée, les brigands !

Tous les regards fouillèrent l’obscurité qui
Tous les regards fouillèrent l’obscurité qui
régnait autour. Puis un autre demanda :
régnait autour. Puis un autre demanda :
Ligne 130 : Ligne 135 :
— Du diable si l’on peut y voir des valises
— Du diable si l’on peut y voir des valises
dans cette noirceur ! grommela un autre.
dans cette noirceur ! grommela un autre.

A cette minute le propriétaire de la maison
À cette minute le propriétaire de la maison
apparaissait sur le perron, tenant une lampe
apparaissait sur le perron, tenant une lampe
d’une main et son revolver de l’autre. Et cet
d’une main et son revolver de l’autre. Et cet
Ligne 136 : Ligne 142 :


— Dites donc, tenez-vous encore les voleurs ?
— Dites donc, tenez-vous encore les voleurs ?

Mais alors, au lieu de policiers qu’il s’était
Mais alors, au lieu de policiers qu’il s’était
imaginé trouver là, le propriétaire reconnut
imaginé trouver là, le propriétaire reconnut
Ligne 183 : Ligne 190 :
Grossmann, pestant, jurant, se mit à chercher
Grossmann, pestant, jurant, se mit à chercher
sa valise par toute la cour.
sa valise par toute la cour.

Les soldats ne s’en occupèrent plus, et comme
Les soldats ne s’en occupèrent plus, et comme
ils avalent des ordres, ils entraînèrent Alpaca
ils avaient des ordres, ils entraînèrent Alpaca

Version du 29 juillet 2019 à 20:55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
LES AMOURS DE W. BENJAMIN

— Nous désirons seulement, dit Tonnerre à son tour, vous soulager de cette lourdeur massacrante.

En même temps que ces paroles il posait une main résolue sur la poignée de la valise.

— Observez, cher monsieur, reprit Alpaca, que nous vous serons d’une protection effective contre les détrousseurs d’honnêtes gens.

— Ah ! ça, lâchez donc ! hurla Tonnerre qui cherchait vainement à desserrer la poigne solide de l’Allemand.

— Prenez donc les bons moyens, maître Tonnerre ! conseilla Alpaca.

Tonnerre ne se fit pas répéter la recommandation. D’un mouvement rapide comme la pensée il se baissa et mordit à pleine dents la main de Grossmann.

Grossmann poussa un cri de douleur et lâcha prise.

— À la bonne heure ! dit Alpaca.

Mais au cri poussé par Grossmann des ombres humaines surgirent tout à coup d’une sombre encoignure à quelques pas de là, et s’élancèrent au pas de course du côté de nos amis.

— Alerte ! cria Tonnerre.

— En avant ! rugit Alpaca.

Et d’un solide coup d’épaule ce dernier envoya l’Allemand rouler à dix pas sur la chaussée et suivi de Tonnerre qui s’était emparé de la valise, partit dans une course de géant.

Les deux compères n’allèrent pas loin. Ils s’arrêtèrent net en apercevant trois hommes qui, avec une attitude résolue, s’avançaient à leur rencontre.

— Bon ! dit Tonnerre, nous voilà pris entre deux feux !

— Bah ! fit Alpaca avec un grand dédain, qu’est-ce trois hommes pour nous ?

— Certes, j’avoue que c’est peu de chose. Mais remarquez qu’il peut s’en suivre une bagarre, et dans une bagarre on ne sait jamais ce qui arrive. Il peut aussi s’en suivre que nous perdions cette magnifique valise ! Voilà donc un risque que je ne me conseille pas de prendre !

— Vous avez raison, Maître Tonnerre. Eh bien ! puisque la porte d’arrière et celle d’avant nous sont fermées, passons par celle d’à côté !

— Laquelle ? demanda Tonnerre avec surprise.

— Celle-ci ! dit Alpaca en indiquant une haute palissade qui fermait une cour très noire.

— Allons ! acquiesça Tonnerre.

Aussitôt et avec une agilité remarquable les deux anciens pitres sautèrent la palissade pour tomber dans la cour, au fond de laquelle s’élevait une maison aux fenêtres closes et obscures.

Tous deux s’avancèrent à pas de loup vers la maison, avec l’espoir de trouver à l’arrière une issue qui les conduirait sur quelque ruelle noire et déserte.

Mais comme ils atteignaient la maison, les hurlements d’un chien à la chaîne s’élevèrent dans la nuit paisible. Puis un châssis à l’étage supérieur glissa brusquement dans ses rainures, une tête d’homme se pencha par l’ouverture. Alpaca et Tonnerre levèrent les yeux. Ils virent le bras de l’homme s’allonger dans leur direction, et au bout de ce bras un revolver.

L’homme, en même temps, rugissait d’une voix de stentor :

— Au voleur !

— Tais-toi, animal ! cria Tonnerre.

Mais la voix de ce dernier fut couverte par deux coups de feu.

— À terre ! clama Alpaca.

Ce disant il s’aplatit sur le sol, exemple que suivit promptement Tonnerre.

— Au voleur ! au voleur ! répéta la voix effarée du propriétaire de la maison.

— Nous les tenons ! firent des voix à quelques pas de là. Et six hommes se précipitèrent bientôt et tombèrent sur Alpaca et Tonnerre qui ne voulurent offrir aucune résistance.

— Tenez bien ! cria l’homme à la fenêtre, je descends vous éclairer !

À ce moment accourait Grossmann jurant et criant :

— La valise !… la valise !… Otez-leur la valise !

— Quelle valise ? demanda l’un des trois hommes qui maintenaient Alpaca.

— La valise qu’ils m’ont volée, les brigands !

Tous les regards fouillèrent l’obscurité qui régnait autour. Puis un autre demanda :

— Voyez-vous une valise par ici, vous autres ?

— Aucune ! répondit une voix.

— Du diable si l’on peut y voir des valises dans cette noirceur ! grommela un autre.

À cette minute le propriétaire de la maison apparaissait sur le perron, tenant une lampe d’une main et son revolver de l’autre. Et cet homme, tout frémissant de terreur, demanda :

— Dites donc, tenez-vous encore les voleurs ?

Mais alors, au lieu de policiers qu’il s’était imaginé trouver là, le propriétaire reconnut des militaires.

Et l’un d’eux répliqua :

— Des voleurs, dites-vous ? Mieux que ça, mon vieux, ce sont des espions !

— Des espions ! répéta le propriétaire ahuri. Dans ce cas, débarrassez-en mon terrain au plus vite.

— Patience ! ça va être fait !

— Mais ma valise ! rugit Grossmann… il faut trouver ma valise !

Dans le cercle de lumière pâle décrit par la lampe que tenait le propriétaire, on se mit à chercher. On fouilla minutieusement les alentours, Après quelques minutes de recherches inutiles, l’un des militaires se tourna vers Grossmann et lui dit d’une voix bourrue :

— Tu vois bien, l’homme, qu’il n’y a pas de valise ici.

— À moins que celui-ci ne l’ait mangée ! ricana un des soldats en enfonçant son genou dans le ventre d’Alpaca, qui fit entendre une plainte de douleur.

— C’est plutôt ce petit vieux ! nargua un autre, car il m’a l’air joliment ventru !

Et, imitant le geste de son camarade, il donna un dur coup de genou dans l’abdomen arrondi de Tonnerre.

Tonnerre poussa un hurlement de douleur…

— Non, dit le soldat en riant, il n’y a rien là-dedans que du vent !

Grossmann, pestant, jurant, se mit à chercher sa valise par toute la cour.

Les soldats ne s’en occupèrent plus, et comme ils avaient des ordres, ils entraînèrent Alpaca