Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau/Chapitre 5

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Texte établi par Henri MartineauLe Divan (Ip. 44).

CHAPITRE V


L’homme n’est pas libre de ne pas faire ce qui lui fait plus de plaisir que toutes les autres actions possibles[1].

L’amour est comme la fièvre, il naît et s’éteint sans que la volonté y ait la moindre part. Voilà une des principales différences de l’amour-goût et de l’amour-passion, et l’on ne peut s’applaudir des belles qualités de ce qu’on aime, que comme d’un hasard heureux.

Enfin, l’amour est de tous les âges : voyez la passion de madame Du Deffant pour le peu gracieux Horace Walpole. L’on se souvient peut-être encore à Paris d’un exemple plus récent, et surtout plus aimable.

Je n’admets en preuve des grandes passions que celles de leurs conséquences qui sont ridicules. Par exemple, la timidité, preuve de l’amour ; je ne parle pas de la mauvaise honte au sortir du collège.

  1. La bonne éducation, à l’égard des crimes, est de donner des remords qui, prévus, mettent un poids dans la balance.