Tableau de Paris/402

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CHAPITRE CCCCII.

Coëffure des Enfans.


Enfin, l’on ne défigure plus la tête des enfans en les saupoudrant à blanc comme on faisoit autrefois. La nature ayant assorti une couleur de cheveux au ton de la peau, on a senti qu’il ne falloit pas la gâter dans le premier âge de la vie. On ne voit plus sur les têtes enfantines ces rouleaux, ces boucles, ce plâtrage que nos yeux fascinés par l’usage ont trop enduré.

Qu’y avoit-il de plus ridiculement bizarre qu’un enfant de sept ans, tel qu’on l’habilloit il y a trente ans ? On le poudroit à blanc, on lui mettoit une bourse, un habit à panier, de grandes manchettes, le chapeau sous le bras & l’épée au côté. Le petit monsieur ou monseigneur se tenoit déjà bien droit, faisoit une révérence grave & étoit très-maigre. Il n’avoit ni poings, ni bras, ni jambes ; mais il savoit s’asseoir & danser le menuet. Un petit monseigneur de cette espece transporté en Angleterre, introduit près du fils d’un lord de son âge, les cheveux blonds & flottans à l’aventure, la chair blanche & ferme, la tête nue, le corps souple & robuste, que paroissoit-il ? que devenoit-il ? Le petit monseigneur sembloit tout noir ; mais en revanche il était tout galonné. Il se tuoit à faire à l’autre de profondes révérences dont l’Anglois rioit ; & quand, selon l’usage françois, le petit monseigneur vouloit lui donner l’accolade, l’autre se retiroit en faisant une gambade. Non, non, disoit-il à son pere, ce n’est pas là un enfant ; on m’attrape ; ce n’est qu’un singe.

On a coëffé les enfans convenablement à leur âge : point de poudre, les cheveux en rond, bien propres & bien taillés. L’enfance a repris le caractere simple de son âge aimable.