Tableau de Paris/408

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CHAPITRE CCCCVIII.

Combien cela peut-il valoir par an ?


Question perpétuelle que l’on fait sur les charges, sur les emplois, sur les places, sur les rangs de toute espece. On dira bientôt combien vaut la royauté[1] ?

Quand un évêque passe à un archevêché, toute la remarque qu’inspire ce changement, c’est de dire il gagne à cela deux cents mille livres de rente. On demande encore combien valent par an les jetons de l’académie ?

Cette question est moderne ; autrefois elle étoit cachée, timide & honteuse dans le cœur de l’homme. Aujourd’hui elle se fait publiquement, & le commentaire dit intelligiblement : cette dignité ne seroit rien sans l’or qui l’accompagne. Virtus post nummos.

  1. Mais puisque nous en sommes sur ce chapitre, combien rapporte-t-elle intrinséquement ? De combien sont les revenus réels du roi de France, considéré d’abord comme homme, ensuite comme roi ? Un jour j’ai beaucoup étonné mon cordonnier en lui assurant que les revenus annuels du roi de France passoient quatre cents vingt millions. Sa forme lui tomba des mains, & se relevant, il me dit avec un visage à peindre : bon Dieu ! & combien paie-t-il ses souliers ?