Tableau de Paris/425

La bibliothèque libre.

CHAPITRE CCCCXXV.

Procession des Huissiers.


Cavalcade assez plaisante. Le lendemain de la Trinité, les huissiers à cheval & à verge, & les huissiers priseurs montent à cheval, couverts de leurs robes noires. Ils ont mauvaise grace, & tout le peuple rit de voir ces suppôts de la justice caracoller, garder mal leurs rangs, & au moindre choc saisir le crin des chevaux. Cette main qui griffonne & faite pour l’écritoire, conduit mal la bride. Leur stile de grimoire est empreint sur leur physionomie ; ils vont saluer les principaux magistrats. On dit que les particuliers qui auroient à se plaindre de quelque mauvaise manœuvre, pourroient dénoncer le coupable subalterne ; mais les chefs les punissent si rarement, que sur cent plaintes une à peine est admise.

Comme il faut que la masse du papier timbré se débite, toutes ces mains qui le noircissent seront toujours encouragées à en vuider les magasins ; & si on leur fait quelque réprimande, le plus souvent c’est pour la forme, & six mois après ils recommencent avec plus d’intrépidité que jamais. Sans ces plumes actives, que deviendroit le riche produit de la ferme ?