Tableau de Paris/451

La bibliothèque libre.

CHAPITRE CCCCLI.

Charrettes.


Elles sont toujours trop chargées & au-delà de ce qu’il est possible à des chevaux de traîner. Si le pavé est glissant & qu’il faille monter un pont ou une rue un peu élevée, c’est un train d’enfer ; rien n’égale la brutalité, la stupidité & la barbarie du charretier. Toujours fouettant & jurant, le pavé étincele sous les nerfs tendus & impuissans des malheureux chevaux qui ne peuvent dompter la résistance du fardeau. Les coups de fouets déchirans qui retentissent tandis que les pieds des chevaux frappent & brisent le grès des pavés, font des rues de Paris une arene de tourmens pour le plus utile de tous les animaux.

Il n’y a point d’Anglois qui ne tressaille d’effroi & qui ne soit saisi de douleur, en les voyant traiter si inhumainement. Les charretiers lui paroissent fort au-dessous des chevaux qu’ils accablent de coups. Leur dureté est ce qui retarde leur course ; les mieux nourrir, les charger moins, voilà ce qui rendroit leur service plus prompt & plus durable.

Une ordonnance de police, favorable aux chevaux, seroit-elle déplacée ?