Tableau de Paris/477

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CHAPITRE CCCCLXXVII.

À trois pour un liard les Anglois.


Un Anglois qui arrive à Paris pour la premiere fois, & qui entend au bout du Pont-Neuf & dans les carrefours crier de toutes parts nombre de femmes qui s’accordent dans un concert très-discordant, pour chanter du matin au soir : à trois pour un liard les anglois, ne devine point ce que cela veut dire.

Ce cri du Pont-Neuf a pris faveur pendant la guerre présente. Ces femmes vendent sur un éventaire des petites poires qu’on nomme d’Angleterre ; & elles ont trouvé qu’il seroit plaisant & patriotique d’étourdir les passans & tout le quartier de leurs éternels, à trois pour un liard les anglois. Les sarcasmes de nos voisins, en général, sont plus durs, mais plus ingénieux.