Tableau de Paris/478
CHAPITRE CCCCLXXVIII.
Monter à Cheval.
Le Parisien apprendra de bonne heure à se tenir en équilibre sur un pavé glissant, à éviter le pas des chevaux, à se faufiler entre des roues mobiles & des voitures roulantes : il saura escamoter son ventre, s’applatir comme un Gascon ; il saura franchir d’un pied leste les larges ruisseaux ; il saura monter un escalier de sept étages sans reprendre haleine, le descendre sans lumiere ; mais il ne saura pas monter ni se tenir à cheval.
L’espace lui manque pour cet exercice. Les académies sont très-coûteuses & en petit nombre ; elles ont encore des privileges exclusifs pour enseigner à monter à cheval. Oui, des privileges royaux : de sorte que, dans cette grande ville, le bourgeois ne peut faire aucun usage du cheval. On prend des fiacres pour la plus petite promenade, & le Parisien est & sera constamment l’homme le plus étranger à l’équitation.