Tableau de Paris/482

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CHAPITRE CCCCLXXXII.

Porcs.


Il se consomme chaque année à Paris près de trente mille porcs. Les charcutiers métamorphosent le porc en cent manieres différentes ; & ce qu’on appelle saucisses, boudins, cervelats, langues, andouilles, &c. y est d’un goût excellent, qu’on n’attrappe point ailleurs. Les charcutieres, la fourchette en main, distribuent les morceaux de petit salé, renfort journalier des dîners & soupers des demi-bourgeois. Sans la tourte de quinze sols & le morceau de petit salé, les repas de la petite classe bourgeoise manqueroient les trois quarts du tems.

Mais tandis que les boucheres ont de l’embonpoint, un teint frais & vermeil, les charcutieres sont pâles & d’une carnation moins belle. C’est que l’exhalaison des viandes chaudes n’est favorable ni à la beauté ni à la santé.

Le fils de Louis le Gros traversant Paris, un cochon s’embarrassa dans les jambes de son cheval qui s’abattit, & ce jeune prince mourut de la chûte.

Les fils de France aujourd’hui traversent rapidement la ville en carrosse attelé de huit chevaux ; les troupeaux de bœufs, de moutons, de porcs & d’hommes ne retardent point leur course.