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Tableau de Paris/660

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CHAPITRE DCLX.

Ventilateur des Spectacles.


Les chymistes nous ont appris qu’il régnoit dans une salle de spectacle trois sortes d’air. Dans le bas un air lourd méphytique, très-dangereux ; dans le haut un air plus léger & non moins nuisible.

Tout air respiré cesse d’être respirable. Les petites loges sont toutes dans le haut & dans le bas de la salle ; & c’est là que viennent s’empoisonner & s’ennuyer nos femmes aux nerfs délicats.

En construisant la salle provisoire de l’opéra, on nous avoit promis un ventilateur. Ce ventilateur auroit coûté cent écus, & il n’y en a pas à la comédie françoise, il n’y en a pas à la comédie dite italienne : cet donneur est réservé à Audinot, à Nicollet & aux Variétés amusantes.

Cependant rien de plus simple que ce ventilateur, tel que l’avoit proposé l’inspecteur des objets de salubrité, M. Cadet de Vaux, qui s’occupe constamment & efficacément de tout ce qui peut intéresser la santé & la conservation de ses concitoyens.

Ce ventilateur consiste en un tuyau de cheminée, faisant l’office de fourneau à reverbere, partagé par une grille où l’on auroit allumé du charbon de terre purifié au moment du spectacle. Dans le cendrier auroient été établis des tuyaux partant des divers points de la salle, ensorte que le feu auroit aspiré par ces bouches & renouvellé l’air méphytique.

L’air respiré de nos salles de spectacles, est une source perpétuelle de maladie. L’excessive chaleur qu’on y éprouve, fait qu’on altere sa santé en voulant former son goût. La police qui a soin de bannir des pieces les mauvaises paroles, devroit s’occuper à chasser des salles de spectacles l’air respiré qui n’est plus respirable.