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Tableau de Paris/708

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CHAPITRE DCCVIII.

Réverbères.


Les réverbères sont mal posés. Ces malles de feu forment, comme dit Milton, des ténèbres visibles. On devroit les appliquer contre la muraille. De loin cette flamme rougeâtre blesse les yeux, de près, elle donne peu de lumière, & dessous, vous êtes dans l’obscurité. Il manque donc à cette partie de la police ce degré de perfection qu’on doit porter dans ce qui intéresse l’ordre ou le bien public. Il seroit à souhaiter d’ailleurs qu’on veillât avec plus de soin sur la conduite de ceux qui sont chargés de les allumer. Ils y mettent le moins d’huile possible ; & le plus souvent dès neuf à dix heures du soir, il y en a la moitié d’éteints. Vous n’en appercevez souvent que la trace dans certaines rues ; vous en voyez un dans le lointain, qui vous avertit de la friponnerie de l’allumeur.

Il y a quelques années qu’on entreprit de numéroter les maisons ; mais, comme beaucoup d’autres, cette besogne est restée à moitié chemin. Ces numéros avoient pourtant bien leur utilité, sur-tout dans les rues d’une certaine longueur. Ils guidoient les pas incertains, & épargnoient bien des courses en pure perte aux malheureux piétons. En général, ces numéros sont mal placés, ne ressortent point assez, & devroient être plus frappans, particulièrement pour la nuit. La plupart des bourgeois ignorent le numéro de leur maison, & même si elle en a un, tant ils sont peu apparoissans.