Aller au contenu

Tableau de Paris/741

La bibliothèque libre.

CHAPITRE DCCXLI.

Milles.


À partir du parvis Notre-Dame, en face de la cathédrale, on a placé, depuis quelques années, des colonnes de mille en mille toises. Le dixième mille se voit à l’entrée de Versailles, près la place.

Le parvis Notre-Dame est donc le point central de toutes les routes du royaume. Ces milles s’étendent aujourd’hui sur presque tous les grands chemins, & vont jusqu’au fond des provinces. Ainsi il n’y a plus de confusion ; le nom de lieues, qui étoit trop arbitraire, est remplacé par celui de milles, qui ne laide aucune équivoque ; c’est un embellissement utile & commode. Le fantassin peut mesurer sa marche, & ne point excéder ses forces.

Mais la poste aux chevaux & les messageries ont profité de ces milles pour multiplier les lieues, & faire payer d’autant plus les voyageurs. La lieue de poste n’est guère que de deux mille toises, tandis que celle de Bourgogne étoit de trois mille, celle de Languedoc de quatre mille. On a fait une lieue de poste dans un clin-d’œil ; on change de chevaux lorsqu’à peine ils sont fatigués. Au bout de trente minutes, nouveau maître de poste, nouveau postillon : ce n’est pas une course, c’est une promenade. Mais ils semblent vous faire grace en recevant votre argent ; ils se plaignent sans cesse, malgré l’augmentation du prix, & quoique le salaire des postillons soit quadruplé.