Tableau du royaume de Caboul et de ses dépendances dans la Perse, la Tartarie et l’Inde/Tome 3/Vizirés
Le pays de cette tribu n’est visité que par des voyageurs qui évitent le plus qu’il est possible de se trouver en contact avec les habitans.
Les Vizirées n’ont point de gouvernement qui soit commun à leurs hordes éparses ; ils vivent en petites communautés sous les ordres absolus d’un khan, ou sous une forme démocratique. Bien que ce soient de déterminés voleurs, la plus foible escorte donnée par eux suffit pour faire respecter un voyageur de toute la tribu.
En revanche, ils attaquent sans pitié les caravanes et les tribus nomades de l’ouest, à qui ils n’accordent jamais l’escorte. Ils égorgent tous les prisonniers mâles, mais traitent les femmes avec douceur. Les hommes éprouveroient la même humanité, s’ils parvenoient à entrer dans la maison d’un Vizirée. Dans ce cas, le maître de la maison est tenu de traiter l’étranger comme un hôte, et de prendre sa défense.
Il règne parmi les femmes de cette tribu une coutume singulière : elles ont la liberté de se choisir un époux. Si quelque jeune fille trouve un homme à son gré, elle remet au tambour du camp une épingle qui sert à attacher ses cheveux, et le charge d’attacher cette épingle au bonnet de son amant. Le tambour saisit l’occasion favorable, place l’épingle en présence de témoins, nomme la jeune fille qui lui a confié ce message, et le mariage s’ensuit aussitôt, si le futur est en état de payer au père de la jeune fille la somme nécessaire.