Théorie du mouvement des corps célestes/Préf.Trad
(p. ix-xii).
En faisant paraître une traduction française du « THEORIA MOTUS » de l’illustre GAUSS, mon but a été de mettre à la portée d’un plus grand nombre un ouvrage célèbre à juste titre, et qui renferme des méthodes à l’aide desquelles la plupart des astronomes déterminent, encore aujourd’hui, les orbites des planètes et des comètes récemment découvertes.
Bien que la solution de ce problème, depuis l’apparition du Theoria motus, ait été présentée par plusieurs géomètres, parmi lesquels il faut citer Burckhardt, Laplace, Legendre, Lagrange, Binet, etc., les méthodes de Gauss sont encore celles le plus en usage. Je dois pourtant rappeler que M. Yvon Villarceau, en s’appuyant sur la méthode de Laplace, c’est-à-dire sur une méthode d’approximation fondée sur l’emploi des développements en séries, a traité ce sujet, au point de vue didactique, d’une manière très-complète, dans les « Annales de Conservatoire impérial, » tome III.
Quelques personnes penseront peut-être que ceux qui ont assez d’instruction mathématique pour comprendre les formules de Gauss doivent aussi savoir suffisamment la langue latine pour pouvoir étudier le « Theoria motus » dans le texte latin même. Qu’on me permette d’être d’un avis opposé. Les études latines sont, en général, faites en France d’une manière trop superficielle pour qu’on ne préfère pas lire en français un ouvrage scientifique ; du moins les exceptions, je crois, sont excessivement rares.
Le problème traité pour la première fois par Gauss, au commencement de ce siècle, a pris depuis 1845 une importance à laquelle les astronomes étaient certainement loin de s’attendre. Depuis cette époque, en effet, soixante-quinze nouvelles planètes télescopiques, sœurs des quatre premières découvertes de 1801 à 1807, et une grosse planète extra-Uranienne, ont été révélées à l’astronomie.
Soixante-seize orbites nouvelles ont donc été calculées et doivent être corrigées au fur et à mesure que les observations le permettent, afin de pouvoir déterminer l’orbite définitive sur laquelle doit reposer le calcul des perturbations dues aux grosses planètes de notre système solaire. C’est ainsi que l’astronomie pourra conserver à tout jamais les découvertes planétaires dont notre siècle a pu l’enrichir.
Or il est bien probable que la zone située entre Mars et Jupiter n’est pas encore suffisamment explorée et que le chiffre 79 auquel on est arrivé, sera encore augmenté. Qui sait ce que réserve l’avenir !!… Bientôt alors les astronomes officiels n’y pourront plus suffire, si des calculateurs dévoués à l’astronomie et à ses progrès ne leur viennent aussi en aide de ce côté.
En raison du développement extraordinaire pris par l’astronomie depuis quelques années, on comprend tellement, à l’heure qu’il est, la nécessité d’une sorte de collaboration astronomique générale, qu’il vient de se former en Allemagne une Société astronomique universelle, et en France une Association pour l’avancement de l’astronomie et de la météorologie, qui n’ont pas évidemment d’autre but.
Une traduction anglaise du Theoria motus a été faite en Amérique (1857) par le commander Charles Henry Davis, surintendant du Nautical Almanach. Cette traduction, publiée d’après l’ordre du ministre de la marine américaine, a été magnifiquement éditée aux frais du Nautical Almanach et de l’Institution Smithsonienne.
Si la traduction française n’offre pas autant de luxe typographique, j’ai du moins fait tout mon possible pour que, sous les autres rapports, elle ne laissât pas plus à désirer, et aussi pour que l’œuvre de l’illustre Gauss fût, autant que possible, conservée intacte, même dans sa forme. Tous les errata signalés par les Astronomische Nachrichten, la Correspondance Astronomique du baron de Zach, le Journal de Gould,… etc., ont été corrigés ; s’il s’est glissé d’autres erreurs, j’ai l’espoir qu’elles seront en petit nombre.
J’ai cru utile de faire suivre ma traduction de plusieurs notes, dont quelques-unes s’adressent principalement aux lecteurs qui n’aiment pas à rencontrer dans un texte scientifique les phrases : Il est facile de voir, on trouve sans difficulté ; enfin j’ai terminé ces notes par l’exposition de la méthode d’Olbers, suivie d’un exemple numérique. Cette méthode, qui permet d’obtenir rapidement et d’une manière suffisamment exacte l’orbite parabolique d’une comète, peut servir de premier essai à ceux qui veulent s’exercer au calcul des orbites.
Je ne crois pas inutile de rappeler aux jeunes astronomes calculateurs que le journal astronomique, Astronomische Nachrichten, édité par M. Peters, le savant directeur de l’observatoire d’Altona, est le recueil presque universel de toutes les découvertes et observations astronomiques qui s’effectuent sur le globe ; ils trouveront donc dans ce journal les éléments nécessaires à la détermination des orbites.