Tout ainsi puissiez-vous, rigoureuse beauté

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Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 267).


SONNET.

 Tovt ainſi puiſſiez-vous, rigoureuſe beauté,
Conſeruer par cent ans le teint de voſtre face,
Que le lis & l’œillet y prenne touſiours place,
Que l’or de voſtre chef ne ſoit onc argenté,
 Et qu’encor ce bel œil dont ie ſuis agité
Ne terniſſe iamais le feu de ſon audace,
Comme ie gaignerai le bien de voſtre grace,
Adouciſſant le fiel de voſtre cruauté.
 Que ie crains qu’vn moſqueur vueille un iour entreprendre
De dire en ſe gauſſant, voi ton flambeau en cendre ;
La beauté eſt un bien qui dure peu de iours.
 Voulez-vous bien punir & le ris & l’enuie,
Amolliſſez un peu le tyran de ma vie,
Et ie vous fai vn aſtre eſclairant à touſiours.


A. D. V.