Traité élémentaire de chimie/Partie 2/Tableau 25

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Tableau des combinaisons du radical tartareux oxygéné


Tableau des combinaisons du radical tartareux oxygéné, ou acide tartareux avec les bases salifiables, dans l’ordre de leur affinité avec cet acide.



[TABLEAU]



OBSERVATIONS


Sur l’acide tartareux, & sur le Tableau de ses combinaisons.


Tout le monde connoît le tartre qui s’attache autour des tonneaux dans lesquels la fermentation du vin s’est achevée. Ce sel est composé d’un acide particulier sui generis, combiné avec la potasse, mais de manière que l’acide est dans un excès considérable.

C’est encore M. Schéele qui a enseigné aux Chimistes le moyen d’obtenir l’acide tartareux pur. Il a observé d’abord que cet acide avoit plus d’affinité avec la chaux qu’avec la potasse ; il prescrit en conséquence de commencer par dissoudre du tartre purifié dans de l’eau bouillante, & d’y ajouter de la chaux jusqu’à ce que tout l’acide soit saturé. Le tartrite de chaux qui se forme, est un sel presqu’insoluble qui tombe au fond de la liqueur, sur-tout quand elle est refroidie ; on l’en sépare par décantation, on le lave avec de l’eau froide & on le sèche ; après quoi on verse dessus de l’acide sulfurique étendu de 8 à 9 fois son poids d’eau, on fait digérer pendant douze heures, à une chaleur douce, en observant de remuer de temps en temps : l’acide sulfurique s’empare de la chaux, forme du sulfate de chaux, & l’acide tartareux se trouve libre. Il se dégage pendant cette digestion une petite quantité de gaz qui n’a pas été examiné. Au bout de douze heures on décante la liqueur, on lave le sulfate de chaux avec de l’eau froide pour emporter les portions d’acide tartareux dont il est imprégné ; on réunit tous les lavages à la première liqueur, on filtre, on évapore & on obtient l’acide tartareux concret. Deux livres de tartre purifié, donnent environ onze onces d’acide. La quantité d’acide sulfurique nécessaire pour cette quantité de tartre, est de 8 à 10 onces d’acide concentré qu’on étend, comme je viens de le dire, de 8 à 9 parties d’eau.

Comme le radical combustible est en excès dans cet acide, nous lui avons conservé la terminaison en eux, & nous avons nommé tartrites le résultat de sa combinaison avec les substances salifiables.

La base de l’acide tartareux est le radical carbone-hydreux ou hydro-carboneux, & il paroît qu’il y est moins oxygéné que dans l’acide oxalique. Les expériences de M. Hassenfratz paroissent prouver que l’azote entre aussi dans la combinaison de ce radical, même en assez grande quantité. En oxygénant l’acide tartareux, on le convertit en acide oxalique, en acide malique & en acide acéteux : mais il est probable que la proportion de l’hydrogène & du carbone change dans ces conversions, & que la différence du degré d’oxygénation n’est pas la seule cause qui constitue la différence de ces acides.

L’acide tartareux, en se combinant avec les alkalis fixes, est susceptible de deux degrés de saturation : le premier constitue un sel avec excès d’acide, nommé très-improprement crème de tartre, & que nous avons nommé tartrite acidule de potasse. La même combinaison donne par un second degré de saturation un sel parfaitement neutre, que nous nommons simplement tartrite de potasse, & qui est connu en pharmacie sous le nom de sel végétal. Le même acide combiné avec la soude jusqu’à saturation, donne un tartrite de soude connu sous le nom de sel de seignette, ou de sel de polycreste de la Rochelle.