Traité élémentaire de chimie/Partie 2/Tableau 5
(1789)
* Ces radicaux par un premier degré d’oxigénation, donnent le ſucre, l’amidon, le muqueux, & en général tout les oxides végétaux.
** Ces radicaux, par un premier degré d’oxigénation, donnent la limphe animale, différentes humeurs, & en général tout les oxides animaux.
Depuis que j’ai publié dans les Mémoires de l’Académ. année 1776, page 671, & 1778, page 535, une nouvelle théorie sur la nature & sur la formation des acides ; & que j’en ai conclu que le nombre de ces substances devoit être beaucoup plus grand qu’on ne l’avoit pensé jusqu’alors, une nouvelle carrière s’est ouverte en Chimie : au lieu de cinq ou six acides qu’on connoissoit, on en a découvert successivement jusqu’à trente, & le nombre des sels neutres s’est accru dans la même proportion. Ce qui nous reste à étudier maintenant, est la nature des bases acidifiables & le degré d’oxygénation dont elles sont susceptibles. J’ai déjà fait observer que dans le règne minéral, presque tous les radicaux oxidables & acidifiables étoient simples ; que dans le règne végétal au contraire, & sur-tout dans le règne animal, il n’en existoit presque pas qui ne fussent composés au moins de deux substances, d’hydrogène & de carbone ; que souvent l’azote & le phosphore s’y réunissoient, & qu’il en résultoit des radicaux à quatre bases.
Les oxides & acides animaux & végétaux peuvent, d’après ces observations, différer entr’eux, 1o . par le nombre des principes acidifiants qui constituent leur base ; 2o . par la différente proportion de ces principes ; 3o . par le différent degré d’oxygénation ; ce qui suffit & au-delà pour expliquer le grand nombre de variétés que nous présente la nature. Il n’est pas étonnant, d’après cela, qu’on puisse convertir presque tous les acides végétaux les uns dans les autres ; il ne s’agit, pour y parvenir, que de changer la proportion du carbone & de l’hydrogène, ou de les oxygéner plus ou moins. C’est ce qu’a fait M. Crell dans des expériences très-ingénieuses, qui ont été confirmées & étendues depuis par M. Hassenfratz. Il en résulte que le carbone & l’hydrogène donnent par un premier degré d’oxygénation de l’acide tartareux, par un second de l’acide oxalique, par un troisième de l’acide acéteux ou acétique. Il paroîtroit seulement que le carbone entre dans une proportion un peu moindre dans la combinaison des acides acéteux & acétique. L’acide citrique & l’acide malique diffèrent très-peu des précédens.
Doit-on conclure de ces réflexions, que les huiles soient la base, qu’elles soient le radical des acides végétaux & animaux ? J’ai déjà ex-posé mes doutes à cet égard. Premièrement, quoique les huiles paroissent n’être uniquement composées que d’hydrogène & de carbone, nous ne savons pas si la proportion qu’elles en contiennent est précisément celle nécessaire pour constituer les radicaux des acides. Secondement, puisque les acides végétaux & animaux ne sont pas seulement composés d’hydrogène & de carbone, mais que l’oxygène entre également dans leur combinaison, il n’y a pas de raison de conclure qu’ils contiennent plutôt de l’huile que de l’acide carbonique & de l’eau. Ils contiennent bien, il est vrai, les matériaux propres à chacune de ces combinaisons ; mais ces combinaisons ne sont point réalisées à la température habituelle dont nous jouissons, & les trois principes sont dans un état d’équilibre, qu’un degré de chaleur un peu supérieur à celui de l’eau bouillante suffit pour troubler. On peut consulter ce que j’ai dit à cet égard, page 132 & suivantes de cet Ouvrage.