Traité élémentaire de la peinture/145

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 122-123).


CHAPITRE CXLV.

Des changemens qui arrivent aux couleurs de l’eau de la mer, selon les divers aspects d’où elle est vue.

La mer, quand elle est un peu agitée, n’a point de couleur universelle qui soit la même par-tout : car de dessus la terre elle nous paroît obscure, et vers l’horizon on y voit quelques vagues blanches d’écume et luisantes qui se remuent lentement, comme des moutons dans un troupeau ; ceux qui étant en haute mer la considèrent, ils la voient bleuâtre : or, ce qui fait que de terre elle semble obscure, c’est parce qu’elle a l’effet d’un miroir, dans lequel l’obscurité de la terre est représentée ; et en haute mer l’eau paroît bleue, parce que nous y voyons l’air qui est de cette couleur, représenté comme dans un miroir.