Traité élémentaire de la peinture/334

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 283-284).


CHAPITRE CCCXXXIV.

Du champ des tableaux.

La principale chose, et la plus nécessaire pour donner du relief à la peinture, est de considérer le champ des figures sur lequel les termes ou les extrémités des corps qui ont la superficie convexe, font toujours connoître leur figure, quoique les couleurs des corps soient les mêmes que les couleurs de leur fond ; cela vient de ce que les termes ou les extrémités convexes d’un corps ne prennent pas leur lumière de la même sorte que leur fond, quoiqu’il soit éclairé par le même jour, parce que souvent le contour sera plus clair ou plus obscur que le fond sur quoi il est ; mais s’il arrive que le contour ait la même couleur que le fond, et au même degré de clarté ou d’obscurité, on ne pourra discerner le contour de la figure ; et cette uniformité d’espèces et de degrés dans les couleurs, doit être soigneusement évitée par les Peintres judicieux et intelligens, parce que l’intention d’un Peintre est de faire voir que ses figures se détachent de leur fond ; et dans cette conjoncture le contraire arrive, non-seulement à l’égard de la peinture, mais encore dans les figures qui sont de relief.