Traité élémentaire de la peinture/342
Texte établi par Jean-François Deterville, Deterville, Libraire, 1803 (nouv. éd. revue, corrigée et augmentée de la Vie de l’Auteur) (p. 292).
CHAPITRE CCCXLII.
De la manière de faire paroître les choses comme en saillie, et détachées de leur champ, c’est-à-dire, du lieu où elles sont peintes.
Les choses peintes sur un fond clair et plein de lumière, auront un plus grand relief que si elles étoient peintes sur un champ obscur : c’est pourquoi, si vous voulez que votre figure ait beaucoup de force et de rondeur, faites en sorte que la partie la plus éloignée du jour en reçoive quelque reflet, parce que si elle étoit obscure en cette partie, et qu’elle vînt à se rencontrer encore dans un champ obscur, les termes de ses contours seroient confus ; de sorte que sans l’aide de quelques reflets tout l’ouvrage demeure sans grace : car de loin on ne discerne que les parties qui sont éclairées, et les parties obscures semblent être du champ même ; et ainsi les choses paroissent coupées et mutilées de tout ce qui se perd dans l’obscurité, et elles n’ont pas tant de relief.