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Traité populaire d’agriculture/Culture mixte

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ARTICLE TROISIÈME.

Culture mixte.

Ici, il y a production de fourrages destinés à l’alimentation d’un bétail qui les convertit en matières du plus haut prix possible ; il y a aussi production de récoltes alimentaires et industrielles directement livrées au commerce.

La culture mixte participe donc du système de production végétale par la culture des céréales et des plantes industrielles ; elle tient au système pastoral par la production de fourrages de toutes sortes destinés à être convertis en denrées animales et en engrais.

Elle existe par l’aide réciproque que se prêtent les cultures céréales et les cultures fourragères ; elle prospère d’autant plus que la production fourragère l’emporte sur celle des céréales.

Toutes les parties dont elle se compose ont entre elles une liaison très intime ; ainsi, le sol fournit au bétail les fourrages et la litière que celui-ci consomme, et le bétail à son tour, outre le produit spécial qu’on en tire, donne au sol le fumier, sans lequel toute culture est impossible.

Loin des villes, loin des grands centres manufacturiers, en un mot, là où le cultivateur ne peut tirer du dehors l’engrais que demande toute culture, il faut, de toute nécessité, que l’exploitation produise elle-même le fumier destiné à réparer les pertes éprouvées par le sol.

La nécessité du bétail est donc évidente ; nous considérons ici le bétail comme producteur d’engrais.

Il y a plus.

Dans les circonstances que nous venons de mentionner, le cultivateur a souvent à lutter contre les difficultés des voies de communication. Alors le bétail est non seulement une machine à engrais, il devient un produit, un produit important qui représente sous un volume comparativement petit, la masse beaucoup plus considérable des fourrages que le sol a fournis pour son alimentation. Son transport est plus facile, moins coûteux et sans compter l’engrais que donne le bétail, produit nécessaire, le cultivateur trouve profit à cette production animale : a pecu, pecunia.

Employés isolément, les deux systèmes de la culture céréale et de la culture pastorale, peuvent dans certaines circonstances, par leur impuissance à les dominer, mettre le cultivateur dans une position voisine de la misère.

Et en effet, dans une seule année, la stérilité du sol, les gelées précoces, les pluies surabondantes, la grêle peuvent détruire les espérances du cultivateur, le fruit de ses labeurs, sa seule ressource, lorsqu’il ne s’occupe que de la culture céréale ; dans une seule année aussi, l’épizootie peut enlever à la culture pastorale ses richesses et sa vie.

Dans la culture mixte, semblables accidents ne produisent pas, en fin de compte, de résultats aussi désastreux. Si la culture céréale manque, la production animale peut encore se tirer d’affaire, et inversement.

En somme, dans la généralité des cas, c’est la culture mixte qui est la plus avantageuse au double point de vue de la fertilisation du sol et de l’enrichissement de son propriétaire.