Traité populaire d’agriculture/Titre préliminaire

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TRAITÉ POPULAIRE D’AGRICULTURE


TITRE PRÉLIMINAIRE


Généralités.

L’Agriculture est l’art de cultiver la terre et d’en tirer la plus grande quantité possible de produits utiles, de la manière la plus parfaite et la plus économique.

Son objet, c’est la production des substances alimentaires ou autres, destinées à l’homme et aux animaux domestiques.

Cette production n’est pas laissée au hasard.

La science indique la marche à suivre et l’éclaire de ses données positives ; la pratique, parcourant le chemin tracé, s’approprie les données de la science et en fait à la culture une application directe et raisonnée.

Nous diviserons donc l’agriculture en deux parties distinctes :

1ol’Agronomie ; — 2ol’Art agricole.

Afin de pouvoir retirer quelque profit de l’étude de l’Agronomie, il est très important, nécessaire même, d’avoir des notions préliminaires sur la nature des corps.

On nomme matière ou substance tout ce qui tombe immédiatement sous nos sens.

Toute quantité limitée de matière est un corps.

Tout corps peut être considéré sous le triple point de vue de sa nature, de son origine et de son état.

Au point de vue de leur nature ou de leur composition, les corps se divisent en deux grandes classes :

1o les corps simples ; — 2o les corps composés.

Les corps simples sont ceux qui ne renferment qu’une seule et même substance, comme le fer, le cuivre, l’or.

Les corps composés sont ceux qui renferment deux ou plusieurs substances différentes, comme le sel de table, le bois, le vinaigre.

Les corps composés se subdivisent en quatre classes :

1oles acides, qui ont une saveur aigre, comme le vinaigre ;

2oles bases, qui ont une saveur urineuse, comme la chaux, la potasse ;

3oles sels, qui sont toujours formés par la combinaison d’un acide avec une base ;

4oles corps neutres, qui comprennent tous les autres corps n’appartenant à aucune des trois premières classes.

Les acides, il est important de le savoir, tendent toujours à se combiner avec les bases, pour former de nouveaux corps qui portent ensuite le nom de sels.

Envisagés sous le rapport de leur origine, les corps se divisent en trois séries : ceux qui proviennent du règne animal, ceux du règne végétal et ceux du règne minéral.

On distingue, de plus, trois états des corps : 1o l’état solide, qui s’observe dans les bois, les pierres ; 2o l’état liquide, que présentent l’eau, les huiles ; 3o l’état gazeux, qu’on observe dans l’air.

Parmi les corps simples il en est un que l’on retrouve à chaque instant et qu’il importe de connaître : c’est l’oxygène.

L’oxygène est un gaz incolore, c’est-à-dire sans couleur, qui fait partie de l’air que nous respirons. Il y est mélangé avec un autre gaz appelé azote dans la proportion de un cinquième.

Lorsque l’oxygène se combine avec un autre corps, on dit que ce dernier corps s’oxyde. Ainsi du fer qu’on laisse à l’air ne tarde pas à se rouiller. Or, pour se rouiller ainsi, le fer a dû se combiner avec l’oxygène de l’air ; le fer s’est donc oxydé ; aussi la rouille porte le nom d’oxyde de fer.

La combinaison de l’oxygène avec un autre corps ou, encore mieux, pour généraliser, toute combinaison chimique se fait toujours avec production de chaleur et, dans certains cas, la chaleur ainsi produite est tellement forte, tellement vive, que le corps qui s’oxyde prend feu et se consume dans la flamme.

Nous avons alors ce qu’on appelle une combustion, qui est toujours la combinaison d’un corps comburant avec un corps combustible.

Si l’oxydation des corps, c’est-à-dire leur combinaison avec l’oxygène, se fait lentement, si, dans certains cas, elle exige des années avant de s’opérer, on lui donne le nom de combustion lente ; la combustion, au contraire, est vive, lorsque cette oxydation se fait avec une promptitude telle, que la chaleur développée suffit à enflammer les corps.

Le bois qui brûle donne lieu à une combustion vive ; les fumiers qui fermentent, les végétaux qui se décomposent, les corps qui tombent en putréfaction, voilà autant de combustions lentes.

Un autre corps qu’il importe aussi de bien connaître, c’est l’eau.

L’eau est un liquide formé par la combinaison de deux gaz : l’oxygène que nous venons d’étudier en est un, l’hydrogène l’autre.

C’est donc un corps composé.

Sous les influences chimiques qui se rencontrent à chaque pas dans la nature, l’eau se décompose, les deux corps simples qui entrent dans sa composition se désunissent, se séparent.

Au moment où s’opère une décomposition, les éléments simples soustraits à la force qui les tenait combinés, sont mis en liberté et reprennent leur forme première, leurs caractères primitifs.

Ce moment de la décomposition d’un corps composé, de la mise en liberté de ses composants, cette transition pour un corps d’un état à l’autre est spécialement connue sous le nom d’état naissant.

Or l’expérience confirme le fait qu’à l’état naissant les corps sont doués de propriétés plus énergiques, peuvent se combiner plus aisément ; certaines combinaisons même ne peuvent avoir lieu qu’à l’état naissant d’un de leurs composants.

Dans la décomposition de l’eau, l’oxygène, devenu libre, se combine avec d’autres corps et forme des oxydes ; l’hydrogène, l’autre composant de l’eau, se combine avec l’azote, ce gaz qui, par son mélange avec l’oxygène, constitue l’air atmosphérique.

Cette combinaison de l’hydrogène — provenant de la décomposition de l’eau — avec l’azote — une des parties constituantes de l’air — s’opère au moment même de la décomposition de l’eau, c’est-à-dire, lorsque l’hydrogène est à l’état naissant.

Le nouveau corps formé par cette combinaison, a reçu le nom d’ammoniaque ; c’est le grand élément de toute nutrition végétale.

En parlant de l’air atmosphérique nous avons dit que c’était un mélange de plusieurs gaz ; parlant de l’eau, nous avons avancé que c’était une combinaison de deux gaz. Nous allons expliquer le sens attaché à ces deux expressions, établir nettement la différence qui existe entre une combinaison et un mélange.

Si l’on mêle du sable magnétique avec du soufre en poudre, le mélange n’offrira plus ni la couleur du soufre ni celle du sable magnétique. Néanmoins ce n’est pas un corps nouveau, et à l’aide d’une loupe on peut facilement distinguer les grains de sable magnétique dans la poussière du soufre. On peut aussi facilement séparer le sable du soufre à l’aide d’un aimant qui attirera à lui le sable magnétique.

Ici il y a, et c’est ainsi que nous définirons le mélange, simple union de substances différentes et dans laquelle les substances unies conservent leurs propriétés, leur nature.

Si on chauffe ce mélange de soufre et de fer (sable magnétique), on verra le soufre fondre, la masse noircir et entrer elle-même en fusion.

Après le refroidissement on ne peut plus reconnaître ni le fer ni le soufre ; à la place du mélange de ces deux substances, on trouve un nouveau corps, doué de propriétés nouvelles.

Il y a ici combinaison.

La combinaison peut donc se définir l’union intime, durable d’un certain nombre de corps, suivant des proportions déterminées ; elle constitue un corps nouveau jouissant de propriétés différentes de celles des corps composants.

Ces quelques notions, empruntées à la physique et à la chimie, sont absolument nécessaires à tous ceux qui veulent faire de l’agronomie une étude fructueuse.

AGRONOMIE. DU SOL. Sol arable. Nature. Composition chimique.
Propriétés physiques.
Valeur productive. Assainissement
Ameublissement.
Amendements.
Engrais.
Mise en culture. Défrichement.
Épierrement.
Sous-sol.
DES PLANTES. Composition. Composés inorganiques.
Composés organiques.
Organisation. Organes de nutrition Racine.
Tige.
Feuilles.
Végétation. Germination.
Nutrition. Absorption.
Circulation.
Respiration.
Assimilation.
Excrétion. Transpiration.
Excrétion prop. dites.