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Traité sur la tolérance/Édition Garnier 1879/01

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Traité sur la tolérance/Édition Garnier 1879
Traité sur la toléranceGarnierŒuvres complètes, tome 25 (p. 18-26).
II.  ►


CHAPITRE I.


HISTOIRE ABRÉGÉE DE LA MORT DE JEAN CALAS.


Le meurtre de Calas, commis dans Toulouse avec le glaive de la justice, le 9 mars 1762, est un des plus singuliers événements qui méritent l’attention de notre âge et de la postérité. On oublie bientôt cette foule de morts qui a péri dans des batailles sans nombre, non-seulement parce que c’est la fatalité inévitable de la guerre, mais parce que ceux qui meurent par le sort des armes pouvaient aussi donner la mort à leurs ennemis, et n’ont point péri sans se défendre. Là où le danger et l’avantage sont égaux, l’étonnement cesse, et la pitié même s’affaiblit ; mais si un père de famille innocent est livré aux mains de l’erreur, ou de la passion, ou du fanatisme ; si l’accusé n’a de défense que sa vertu : si les arbitres de sa vie n’ont à risquer en l’égorgeant que de se tromper ; s’ils peuvent tuer impunément par un arrêt, alors le cri public s’élève, chacun craint pour soi-même, on voit que personne n’est en sûreté de sa vie devant un tribunal érigé pour veiller sur la vie des citoyens, et toutes les voix se réunissent pour demander vengeance.

Il s’agissait, dans cette étrange affaire, de religion, de suicide, de parricide ; il s’agissait de savoir si un père et une mère avaient étranglé leur fils pour plaire à Dieu, si un frère avait étranglé son frère, si un ami avait étranglé son ami, et si les juges avaient à se reprocher d’avoir fait mourir sur la roue un père innocent, ou d’avoir épargné une mère, un frère, un ami coupables.

Jean Calas, âgé de soixante et huit ans, exerçait la profession de négociant à Toulouse depuis plus de quarante années, et était reconnu de tous ceux qui ont vécu avec lui pour un bon père. Il était protestant, ainsi que sa femme et tous ses enfants, excepté un, qui avait abjuré l’hérésie, et à qui le père faisait une petite pension. Il paraissait si éloigné de cet absurde fanatisme qui rompt tous les liens de la société qu’il approuva la conversion de son fils Louis Calas, et qu’il avait depuis trente ans chez lui une servante zélée catholique, laquelle avait élevé tous ses enfants.

Un des fils de Jean Calas, nommé Marc-Antoine, était un homme de lettres : il passait pour un esprit inquiet, sombre, et violent. Ce jeune homme, ne pouvant réussir ni à entrer dans le négoce, auquel il n’était pas propre, ni à être reçu avocat, parce qu’il fallait des certificats de catholicité qu’il ne put obtenir, résolut de finir sa vie, et fit pressentir ce dessein à un de ses amis ; il se confirma dans sa résolution par la lecture de tout ce qu’on a jamais écrit sur le suicide.

Enfin, un jour, ayant perdu son argent au jeu, il choisit ce ce jour-là même pour exécuter son dessein. Un ami de sa famille et le sien, nommé Lavaisse, jeune homme de dix-neuf ans, connu par la candeur et la douceur de ses mœurs, fils d’un avocat célèbre de Toulouse, était arrivé de Bordeaux la veille[1] ; il soupa par hasard chez les Calas. Le père, la mère, Marc-Antoine leur fils aîné, Pierre leur second fils, mangèrent ensemble. Après le souper on se retira dans un petit salon : Marc-Antoine disparut ; enfin, lorsque le jeune Lavaisse voulut partir, Pierre Calas et lui, étant descendus, trouvèrent en bas, auprès du magasin, Marc-Antoine en chemise, pendu à une porte, et son habit plié sur le comptoir ; sa chemise n’était pas seulement dérangée ; ses cheveux étaient bien peignés : il n’avait sur son corps aucune plaie, aucune meurtrissure[2].

On passe ici tous les détails dont les avocats ont rendu compte : on ne décrira point la douleur et le désespoir du père et de la mère ; leurs cris furent entendus des voisins. Lavaisse et Pierre Calas, hors d’eux-mêmes, coururent chercher des chirurgiens et la justice.

Pendant qu’ils s’acquittaient de ce devoir, pendant que le père et la mère étaient dans les sanglots et dans les larmes, le peuple de Toulouse s’attroupe autour de la maison. Ce peuple est superstitieux et emporté ; il regarde comme des monstres ses frères qui ne sont pas de la même religion que lui. C’est à Toulouse qu’on remercia Dieu solennellement de la mort de Henri III, et qu’on fit serment d’égorger le premier qui parlerait de reconnaître le grand, le bon Henri IV. Cette ville solennise encore tous les ans[3], par une procession et par des feux de joie, le jour où elle massacra quatre mille citoyens hérétiques, il y a deux siècles. En vain six arrêts du conseil ont défendu cette odieuse fête, les Toulousains l’ont toujours célébrée comme les jeux floraux.

Quelque fanatique de la populace s’écria que Jean Calas avait pendu son propre fils Marc-Antoine. Ce cri, répété, fut unanime en un moment ; d’autres ajoutèrent que le mort devait le lendemain faire abjuration ; que sa famille et le jeune Lavaisse l’avaient étranglé par haine contre la religion catholique : le moment d’après on n’en douta plus ; toute la ville fut persuadée que c’est un point de religion chez les protestants qu’un père et une mère doivent assassiner leur fils dès qu’il veut se convertir.

Les esprits une fois émus ne s’arrêtent point. On imagina que les protestants du Languedoc s’étaient assemblés la veille ; qu’ils avaient choisi, à la pluralité des voix, un bourreau de la secte ; que le choix était tombé sur le jeune Lavaisse ; que ce jeune homme, en vingt-quatre heures, avait reçu la nouvelle de son élection, et était arrivé de Bordeaux pour aider Jean Calas, sa femme, et leur fils Pierre, à étrangler un ami, un fils, un frère.

Le sieur David, capitoul de Toulouse, excité par ces rumeurs et voulant se faire valoir par une prompte exécution, fit une procédure contre les règles et les ordonnances. La famille Calas, la servante catholique, Lavaisse, furent mis aux fers.

On publia un monitoire non moins vicieux que la procédure. On alla plus loin : Marc-Antoine Calas était mort calviniste, et s’il avait attenté sur lui-même, il devait être traîné sur la claie ; on l’inhuma avec la plus grande pompe dans l’église Saint-Étienne, malgré le curé, qui protestait contre cette profanation[4].

Il y a, dans le Languedoc, quatre confréries de pénitents, la blanche, la bleue, la grise, et la noire. Les confrères portent un long capuce, avec un masque de drap percé de deux trous pour laisser la vue libre : ils ont voulu engager M. le duc de Fitz-James, commandant de la province, à entrer dans leur corps, et il les a refusés. Les confrères blancs firent à Marc-Antoine Calas un service solennel, comme à un martyr. Jamais aucune Église ne célébra la fête d’un martyr véritable avec plus de pompe ; mais cette pompe fut terrible. On avait élevé au-dessus d’un magnifique catafalque un squelette qu’on faisait mouvoir, et qui représentait Marc-Antoine Calas, tenant d’une main une palme, et de l’autre la plume dont il devait signer l’abjuration de l’hérésie, et qui écrivait en effet l’arrêt de mort de son père.

Alors il ne manqua plus au malheureux qui avait attenté sur soi-même que la canonisation : tout le peuple le regardait comme un saint ; quelques-uns l’invoquaient, d’autres allaient prier sur sa tombe, d’autres lui demandaient des miracles, d’autres racontaient ceux qu’il avait faits. Un moine lui arracha quelques dents pour avoir des reliques durables. Une dévote, un peu sourde, dit qu’elle avait entendu le son des cloches. Un prêtre apoplectique fut guéri après avoir pris de l’émétique. On dressa des verbaux de ces prodiges. Celui qui écrit cette relation possède une attestation qu’un jeune homme de Toulouse est devenu fou pour avoir prié plusieurs nuits sur le tombeau du nouveau saint, et pour n’avoir pu obtenir un miracle qu’il implorait.

Quelques magistrats étaient de la confrérie des pénitents blancs. Dès ce moment la mort de Jean Calas parut infaillible.

Ce qui surtout prépara son supplice, ce fut l’approche de cette fête singulière que les Toulousains célèbrent tous les ans en mémoire d’un massacre de quatre mille huguenots ; l’année 1762 était l’année séculaire[5]. On dressait dans la ville l’appareil de cette solennité : cela même allumait encore l’imagination échauffée du peuple ; on disait publiquement que l’échafaud sur lequel on rouerait les Calas serait le plus grand ornement de la fête ; on disait que la Providence amenait elle-même ces victimes pour être sacrifiées à notre sainte religion. Vingt personnes ont entendu ces discours, et de plus violents encore. Et c’est de nos jours ! et c’est dans un temps où la philosophie a fait tant de progrès ! et c’est lorsque cent académies écrivent pour inspirer la douceur des mœurs ! Il semble que le fanatisme, indigné depuis peu des succès de la raison, se débatte sous elle avec plus de rage.

Treize juges s’assemblèrent tous les jours pour terminer le procès. On n’avait, on ne pouvait avoir aucune preuve contre la famille ; mais la religion trompée tenait lieu de preuve. Six juges persistèrent longtemps à condamner Jean Calas, son fils, et Lavaisse, à la roue, et la femme de Jean Calas au bûcher. Sept autres plus modérés voulaient au moins qu’on examinât. Les débats furent réitérés et longs. Un des juges[6] convaincu de l’innocence des accusés et de l’impossibilité du crime, parla vivement en leur faveur : il opposa le zèle de l’humanité au zèle de la sévérité ; il devint l’avocat public des Calas dans toutes les maisons de Toulouse, où les cris continuels de la religion abusée demandaient le sang de ces infortunés. Un autre juge, connu par sa violence[7], parlait dans la ville avec autant d’emportement contre les Calas que le premier montrait d’empressement à les défendre. Enfin l’éclat fut si grand qu’ils furent obligés de se récuser l’un et l’autre ; ils se retirèrent à la campagne.

Mais, par un malheur étrange, le juge favorable aux Calas eut la délicatesse de persister dans sa récusation, et l’autre revint donner sa voix contre ceux qu’il ne devait point juger : ce fut cette voie qui forma la condamnation à la roue, car il n’y eut que huit voix contre cinq, un des six juges opposés ayant à la fin, après bien des contestations, passé au parti le plus sévère.

Il semble que, que quand il s’agit d’un parricide et de livrer un père de famille au plus affreux supplice, le jugement devrait être unanime, parce que les preuves d’un crime si inouï[8] devraient être d’une évidence sensible à tout le monde : le moindre doute dans un cas pareil doit suffire pour faire trembler un juge qui va signer un arrêt de mort. La faiblesse de notre raison et l’insuffisance de nos lois se font sentir tous les jours ; mais dans quelle occasion en découvre-t-on mieux la misère que quand la prépondérance d’une seule voix fait rouer un citoyen ? Il fallait, dans Athènes, cinquante voix au delà de la moitié pour oser prononcer un jugement de mort. Qu’en résulte-t-il ? Ce que nous savons très-inutilement, que les Grecs étaient plus sages et plus humains que nous.

Il paraissait impossible que Jean Calas, vieillard de soixante-huit ans, qui avait depuis longtemps les jambes enflées et faibles, eût seul étranglé et pendu un fils âgé de vingt-huit ans, qui était d’une force au-dessus de l’ordinaire ; il fallait absolument qu’il eût été assisté dans cette exécution par sa femme, par son fils Pierre Calas, par Lavaisse, et par la servante. Ils ne s’étaient pas quittés un seul moment le soir de cette fatale aventure. Mais cette supposition était encore aussi absurde que l’autre : car comment une servante zélée catholique aurait-elle pu souffrir que des huguenots assassinassent un jeune homme élevé par elle pour le punir d’aimer la religion de cette servante ? Comment Lavaisse serait-il venu exprès de Bordeaux pour étrangler son ami dont il ignorait la conversion prétendue ? Comment une mère tendre aurait-elle mis les mains sur son fils ? Comment tous ensemble auraient-ils pu étrangler un jeune homme aussi robuste qu’eux tous, sans un combat long et violent, sans des cris affreux qui auraient appelé tout le voisinage, sans des coups réitérés, sans des meurtrissures, sans des habits déchirés.

Il était évident que, si le parricide avait pu être commis, tous les accusés étaient également coupables, parce qu’ils ne s’étaient pas quittés d’un moment ; il était évident qu’ils ne l’étaient pas ; il était évident que le père seul ne pouvait l’être ; et cependant l’arrêt condamna ce père seul à expirer sur la roue.

Le motif de l’arrêt était aussi inconcevable que tout le reste. Les juges qui étaient décidés pour le supplice de Jean Calas persuadèrent aux autres que ce vieillard faible ne pourrait résister aux tourments, et qu’il avouerait sous les coups des bourreaux son crime et celui de ses complices. Ils furent confondus, quand ce vieillard, en mourant sur la roue, prit Dieu à témoin de son innocence, et le conjura de pardonner à ses juges.

Ils furent obligés de rendre un second arrêt contradictoire avec le premier, d’élargir la mère, son fils Pierre, le jeune Lavaisse, et la servante ; mais un des conseillers leur ayant fait sentir que cet arrêt démentait l’autre, qu’ils se condamnaient eux-mêmes, que tous les accusés ayant toujours été ensemble dans le temps qu’on supposait le parricide, l’élargissement de tous les survivants prouvait invinciblement l’innocence du père de famille exécuté, ils prirent alors le parti de bannir Pierre Calas son fils. Ce bannissement semblait aussi inconséquent, aussi absurde que tout le reste : car Pierre Calas était coupable ou innocent du parricide ; s’il était coupable, il fallait le rouer comme son père ; s’il était innocent, il ne fallait pas le bannir. Mais les juges, effrayés du supplice du père et de la piété attendrissante avec laquelle il était mort, imaginèrent de sauver leur honneur en laissant croire qu’ils faisaient grâce au fils, comme si ce n’eût pas été une prévarication nouvelle de faire grâce ; et ils crurent que le bannissement de ce jeune homme pauvre et sans appui, étant sans conséquence, n’était pas une grande injustice, après celle qu’ils avaient eu le malheur de commettre.

On commença par menacer Pierre Calas, dans son cachot, de le traiter comme son père s’il n’abjurait pas sa religion. C’est ce que ce jeune homme[9] atteste par serment.

Pierre Calas, en sortant de la ville, rencontra un abbé convertisseur qui le fit rentrer dans Toulouse ; on l’enferma dans un couvent de dominicains, et là on le contraignit à remplir toutes les fonctions de la catholicité : c’était en partie ce qu’on voulait, c’était le prix du sang de son père ; et la religion, qu’on avait cru venger, semblait satisfaite.

On enleva les filles à la mère ; elles furent enfermées dans un couvent. Cette femme, presque arrosée du sang de son mari, ayant tenu son fils aîné mort entre ses bras, voyant l’autre banni, privée de ses filles, dépouillée de tout son bien, était seule dans le monde, sans pain, sans espérance, et mourante de l’excès de son malheur. Quelques personnes, ayant examiné mûrement toutes les circonstances de cette aventure horrible, en furent si frappées qu’elles firent presser la dame Calas, retirée dans une solitude, d’oser venir demander justice au pied du trône. Elle ne pouvait pas alors se soutenir, elle s’éteignait ; et d’ailleurs, étant née Anglaise, transplantée dans une province de France dès son jeune âge, le nom seul de la ville de Paris l’effrayait. Elle s’imaginait que la capitale du royaume devait être encore plus barbare que celle du Languedoc. Enfin le devoir de venger la mémoire de son mari l’emporta sur sa faiblesse. Elle arriva à Paris prête d’expirer. Elle fut étonnée d’y trouver de l’accueil, des secours, et des larmes[10].

La raison l’emporte à Paris sur le fanatisme, quelque grand qu’il puisse être, au lieu qu’en province le fanatisme l’emporte presque toujours sur la raison.

M. de Beaumont, célèbre avocat du parlement de Paris, prit d’abord sa défense, et dressa une consultation qui fut signée de quinze avocats[11]. M. Loiseau, non moins éloquent, composa un mémoire[12] en faveur de la famille. M. Mariette, avocat au conseil, dressa une requête juridique[13] qui portait la conviction dans tous les esprits.

Ces trois généreux défenseurs des lois et de l’innocence abandonnèrent à la veuve le profit des éditions de leurs plaidoyers[14]. Paris et l’Europe entière s’émurent de pitié, et demandèrent justice avec cette femme infortunée. L’arrêt fut prononcé par tout le public longtemps avant qu’il pût être signé par le conseil.

La pitié pénétra jusqu’au ministère, malgré le torrent continuel des affaires[15] qui souvent exclut la pitié, et malgré l’habitude de voir des malheureux, qui peut endurcir le cœur encore davantage. On rendit les filles à la mère. On les vit toutes les trois, couvertes d’un crêpe et baignées de larmes, en faire répandre à leurs juges.

Cependant cette famille eut encore quelques ennemis, car il s’agissait de religion. Plusieurs personnes, qu’on appelle en France dévotes[16], dirent hautement qu’il valait mieux laisser rouer un vieux calviniste innocent que d’exposer huit conseillers de Languedoc à convenir qu’ils s’étaient trompés : on se servit même de cette expression : « Il y a plus de magistrats que de Calas » ; et on inférait de là que la famille Calas devait être immolée à l’honneur de la magistrature. On ne songeait pas que l’honneur des juges consiste, comme celui des autres hommes, à réparer leurs fautes. On ne croit pas en France que le pape, assisté de ses cardinaux, soit infaillible : on pourrait croire de même que huit juges de Toulouse ne le sont pas. Tout le reste des gens sensés et désintéressés disaient que l’arrêt de Toulouse serait cassé dans toute l’Europe, quand même des considérations particulières empêcheraient qu’il fût cassé dans le conseil.

Tel était l’état de cette étonnante aventure, lorsqu’elle a fait naître à des personnes impartiales, mais sensibles, le dessein de présenter au public quelques réflexions sur la tolérance, sur l’indulgence, sur la commisération, que l’abbé Houtteville appelle dogme monstrueux[17], dans sa déclamation ampoulée et erronée sur des faits, et que la raison appelle l’apanage de la nature.

Ou les juges de Toulouse, entraînés par le fanatisme de la populace, ont fait rouer un père de famille innocent, ce qui est sans exemple ; ou ce père de famille et sa femme ont étranglé leur fils aîné, aidés dans ce parricide par un autre fils et par un ami, ce qui n’est pas dans la nature. Dans l’un ou dans l’autre cas, l’abus de la religion la plus sainte a produit un grand crime. Il est donc de l’intérêt du genre humain d’examiner si la religion doit être charitable ou barbare.


  1. 12 octobre 1761. (Note de Voltaire.) Voyez tome XXIV, pages 367, 386, 393.
  2. On ne lui trouva, après le transport du cadavre à l’hôtel de ville, qu’une petite égratignure au bout du nez, et une petite tache sur la poitrine, causée par quelque inadvertance dans le transport du corps. (Id.)
  3. Voltaire, tome XV, page 515, donne le 10 mars pour date de cette procession ; mais elle avait lieu le 17 mai, en mémoire de la victoire remportée par les catholiques sur les protestants en mai 1562.
  4. Le curé de Saint-Étienne ne protesta nullement, et disputa même le droit d’inhumation au curé de Thaur, sur le territoire duquel se trouvait l’hôtel de ville.
  5. Voyez la note de la page précédente.
  6. Lasalle.
  7. Laborde.
  8. Je ne connais que deux exemples de pères accusés dans l’histoire d’avoir assassiné leurs fils pour la religion :

    Le premier est du père de sainte Barbara, que nous nommons sainte Barbe. Il avait commandé deux fenêtres dans sa salle de bains ; Barbe, en son absence, en fit une troisième en l’honneur de la sainte Trinité ; elle fit, du bout du doigt, le signe de la croix sur des colonnes de marbre, et ce signe se grava profondément dans les colonnes. Son père, en colère, courut après elle l’épée à la main ; mais elle s’enfuit à travers une montagne qui s’ouvrit pour elle. Le père fit le tour de la montagne, et rattrapa sa fille ; on la fouetta toute nue, mais Dieu la couvrit d’un nuage blanc ; enfin son père lui trancha la tête. Voilà ce que rapporte la Fleur des saints.

    Le second exemple est le prince Herménégilde. Il se révolta contre le roi son père, lui donna bataille en 584, fut vaincu et tué par un officier : on en a fait un martyr, parce que son père était arien. (Note de Voltaire.)

  9. Un jacobin vint dans mon cachot, et me menaça du même genre de mort si je n’abjurais pas : c’est ce que j’atteste devant Dieu. 23 juillet 1762. Pierre Calas. (Note de Voltaire.)
  10. Elle fut logée chez MM. Dufour et Mallet, banquiers, puis accueillie par d’Argental et Damilaville.
  11. Mémoire à consulter, et Consultation pour la dame Anne-Rose Cabibel, veuve Calas, et pour ses enfants, 25 août 1762.
  12. Mémoire pour Donat, Pierre et Louis Calas.
  13. Mémoire pour dame Anne-Rose Cabibel, veuve du sieur Jean Calas, L. et L.-D. Calas, leurs fils, et Anne-Rose et Anne Calas, leurs filles, demandeurs en cassation d’un arrêt du parlement de Toulouse, du 9 mars 1762.
  14. On les a contrefaits dans plusieurs villes, et la dame Calas a perdu le fruit de cette générosité. (Note de Voltaire.)
  15. Choiseul s’occupait alors à faire la paix avec l’Angleterre.
  16. Dévot vient du mot latin devotus. Les devoti de l’ancienne Rome étaient ceux qui se dévouaient pour le salut de la république : c’étaient les Curtius, les Décius. (Note de Voltaire.)
  17. Voyez, tome XXIII, la note de la page 32 ; et, plus loin, le chapitre iv de l’Examen important de milord Bolingbroke.